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jeudi 13 juin 2019

L’UTOPIE RESTE BIEN VIVANTE

Photo Journal Métro
JE NE SAIS TROP comment aborder le roman de Simon Leduc, une fresque au titre un peu étrange : L’évasion d’Arthur ou la commune d’Hochelaga. Un ouvrage qui déstabilise, fascine, peut éloigner certains lecteurs avec ses multiples personnages qui vont dans toutes les directions et qui s’expriment souvent dans une langue rugeuse. Des enfants, des éclopés, des perdus, des marginaux, des déviants qui bousculent un quotidien qui étouffe. Tous demandent une autre manière de respirer et tentent de s’en sortir. Nous voici dans une société réelle et merveilleuse qui m’a fait songer aux exclus et aux sans-abri qui se regroupaient au Moyen Âge pour vivre selon leur volonté et leurs propres lois.
  
Tout tourne autour d’Arthur (le même prénom que le fameux chevalier de la Table ronde), un petit garçon qui subit l’intimidation à l’école, vit la séparation de ses parents qui se disputent à son sujet et qui ont des idées bien différentes en ce qui concerne son éducation et son avenir. Il a l’impression d’être une boule de billard qui rebondit partout et qui ne contrôle rien de sa jeune vie. Il ne lui reste qu’à prendre la fuite dans son monde personnel. Autrement dit à se réfugier dans sa bulle.
Le père, préposé aux patients dans un hôpital, roule à vélo hiver comme été. Un écologiste avant l’heure qui recycle tout ce qu’il trouve sur les trottoirs, refuse la société de consommation et ne se préoccupe pas trop des écarts de conduite de son fils. Sa mère Anne, une intervenante de rue, est anxieuse et craintive parce qu’elle a vécu avec les éclopés et ces jeunes qui ont décroché. Elle a un emploi plus stable, mais doit affronter le stress et se sent terriblement seule devant un garçon qu’elle a du mal à comprendre. Elle finira par accepter qu’Arthur prenne le fameux Ritalin (la panacée de tous les malaises) pour le calmer et mieux l’intégrer à l’école. Les médicaments, il faudrait lire les drogues, sont la solution maintenant pour faire disparaître toutes les difficultés que l’on rencontre. Anne elle-même utilisera certaines petites pilules pour triompher de la fatigue qu’elle transporte d’un jour à l’autre. Il y a toujours une dragée de couleur vive pour combattre le stress ou encore endormir ses craintes devant une vie de plus en plus exigeante.

Rien pour arranger les affaires avec Arthur. Il s’enfonce en lui-même. Ni Pierre ni elle n’arrivent à autre chose que de lui pousser davantage le crâne entre les épaules. Regarde le marcher, voûté comme un punk qui a DROP OUT tatoué en grosses lettres sur le front. C’est certainement pas son père qui va le sortir de cette attitude-là. Mais elle, est-elle capable de mieux ? Est-elle un modèle positif pour lui ? (p.25)

Simon Leduc brasse toutes les cartes dans un secteur de la ville de Montréal, le quartier Hochelaga, où des éclopés s’affrontent et survivent en prenant souvent des décisions qui étonnent. Tout se cristallise autour d’une école désaffectée qui devient peu à peu un refuge pour les sans-abri, ceux qui souffrent de problèmes de santé mentale, n’arrivent pas à avoir le pas que la société impose. Arthur y trouve un milieu où respirer, rêver et être soi, y retrouve son père qui travaille avec certains décrocheurs. Tous imaginent une autre manière de dompter les jours, de faire face à leurs difficultés. Arthur s’épanouit dans ce groupe de marginaux où on lui demande juste d’être lui tout comme Pierre qui peut enfin croire qu’il peut aider ses semblables en les écoutant et les faisant écrire. Tout ces survivants transforment l’école, améliorent leurs conditions de vie et inventent une forteresse dans la ville. C’est le meilleur des mondes.

JEUNESSE

Je n’ai pu m’empêcher de penser aux communes qui avaient la cote dans les années 70 et qui fleurissaient le temps d’une saison pour disparaître presque aussi rapidement qu’elles étaient nées. Le roman de Simon Leduc n’est pas daté, mais on retrouve des idées qui circulaient au Québec et qui fascinaient des hommes et des femmes, souvent des scolarisés qui sortaient des facultés de philosophie ou de sociologie, des enseignants qui voulaient culbuter la société en s’accrochant à des théories politiques connues. J’ai côtoyé ces « missionnaires » qui jonglaient avec des slogans quand j’ai milité à la CSN comme président de mon syndicat. Des marxistes, des léninistes et des trotskystes. Il y en avait pour tous les goûts. Ces obsédés prenaient un malin plaisir à mettre des grains de sable dans les engrenages de notre organisme. Des gens qui vivaient dans une autre réalité et qui rêvaient d’un grand soir où tout basculerait. Ils étaient tellement prévisibles. Tous savaient exactement ce qu’ils allaient dire avant même qu’ils ne se lèvent et « partent leur cassette ».

Il faut lutter, décrète le gars du Comité du fuck toute est politique. Son nom, c’est Olivier Martel. Le poing levé, il repart sa cassette : il faut détruire ce monde de marde, foutre le bordel solide. Peut-être bien, lui répond-on, mais on n’est pas prêts à lancer une offensive frontale non plus. Faut s’intégrer davantage au milieu, en faire le noyau solide et indispensable de la communauté. (p.154)

Ce genre de discours, je l’ai entendu des centaines de fois et ces croisés avaient souvent l’art de faire perdre patience à bien des militants. Je me souviens des envolées de Michel Chartrand contre ces convertis de la dernière heure qui tentaient de se servir du mouvement syndical pour arriver à leur fin.

MONDE PARALLÈLE

Ces marginaux se débrouillent avec les moyens du bord, deviennent inventifs et créatifs. Et si une communauté différente était possible, si une autre façon de faire permettait de bousculer les choses. Je suis incorrigible. J’aime le rêve et peut-être l’utopie, croire que le poids de la vie n’est pas immuable. La littérature est là pour secouer cette réalité, ouvrir des portes et des fenêtres, faire entrevoir autre chose. Alors, pourquoi ne pas suivre ces éclopés qui cherchent par tous les moyens à transformer leur sort et à se dessiner une nouvelle existence ?

Tout le monde n’a-t-il pas envie d’appartenir à une histoire ? Arthur ne connaît pas encore la cruauté des histoires que racontent les autres. Histoires de docteurs, de psychiatres, de travailleurs sociaux, histoires de malades, de fous, d’immigrants, de musulmans, de journalistes, de chauffeurs d’autobus et de taxi. Histoires de cellules, de pilules, histoires de vie et de mort. Barbe bleue en a assez des histoires. Mais quand un enfant lui en conte une, il essayer de changer de ton. (p.130)

La commune d’Hochelaga devient un refuge pour Arthur et un endroit où il peut oublier le  poids de sa vie, l’intimidation et les exigences des dominants. Le rêve est beau pour lui et plusieurs autres. Demain peut prendre une couleur différente. Même Barbe bleue qui faisait si peur à Arthur au début se transforme en une sorte de guide dans sa folie et ses obsessions, ses fantasmes et ses visions. Tous peuvent espérer dans ce milieu où l’entraide, le partage, l’amitié imposent ses lois. Tout pourrait aller, mais la nouvelle société repose sur des bases gangrenées, les purs et durs, les militants aveugles refusent tous les compromis et cherchent la confrontation qui ne peut que se retourner contre eux.
 
UTOPIE

Notre société est capable de tout absorber, même la belle colère qui a fait sortir les carrés rouges. Le gouvernement de Jean Charest a su les manipuler et est parvenu à les épuiser. Un refus s’est transformé peu à peu en défoulement collectif qui se grisait au son des casseroles. L’étincelle du départ a vite été oubliée. Comment survivre à toutes ces tentatives de récupération ?

La bourgeoisie essaye de nous contrôler pis de nous neutraliser depuis des siècles. Elle assomme le prolétariat avec le travail, pis ceux qui arrivent pas à se trouver de job, elle les endort avec de la télé, de la bière pis des pilules. Pendant que le bourge moyen fait son frais en mangeant bio pis en se payant des psys pour se plaindre du vide de son existence, nous autres, ici, on souffre pour de vrai. (p.195)

L’affrontement est inévitable. Une véritable guerre de tranchées, sans pitié, une insurrection où le quartier Hochelaga devient une forteresse dans la ville. On sait qui va l’emporter, mais j’ai aimé croire que tout pouvait être autrement. Des péripéties, des hommes et des femmes qui se révèlent, des preuves d’amitié qui donnent des frissons. Il est si rare qu’un écrivain confronte ces sujets, décrive une expérience de vie différente et mette en scène nos tares et nos claudications. Les auteurs ont plutôt tendance à s’enfermer dans l’individuel et se contentent de suivre un gars ou une fille en abordant la dimension politique et sociale par ricochet.
Simon Leduc présente des personnages attachants, joue de tous les accords de la langue pour nous entraîner dans un milieu qui ne fait que des victimes. L’écrivain plonge dans des fresques, des mouvements de foule et arrive fort habilement à nous emporter. Une épopée qui vous sort de votre confort et qui m’a rappelé ma volonté de changer le monde par l’écriture, il y a si longtemps. C’est ce qui m’avait poussé à m’installer dans une grande maison de ferme à La Doré, mon village d’origine, au bout d’un rang quasi abandonné après mes études universitaires. Nous étions quelques-uns à secouer les obligations quotidiennes et à transformer nos jours en fête continue. Certains se prenaient pour des missionnaires et d’autres, comme moi, voulaient juste la paix, la nature tout autour, digérer cette enfance que j’avais perdu en m’exilant en ville pour l’amour des livres. Le petit groupe s’est vite disloqué, parce que nous étions tous contaminés par la société. C’est ce qui arrive dans la fresque de Leduc.
Un vrai bonheur que cette histoire qui repose sur une tornade langagière et idéologique. Parce qu’on le sait, la langue est un outil formidable de domination et d’exploitation. Chacun doit s’installer dans son propre vocabulaire pour survivre. 
Simon Leduc m’a fait connaître des moments magiques et surtout m’a rappelé que l’utopie, malgré tous les échecs, reste bien vivante. Il faut y croire et la littérature est là pour nous l’illustrer. L’impossible est toujours possible. Un roman à lire, une aventure qui ne nous laisse pas indemne. Un souffle inquiétant et fascinant.


L’ÉVASION D’ARTHUR OU LA COMMUNE D’HOCHELAGA de SIMON LEDUC vient de paraître aux ÉDITIONS LE QUARTANIER, 2019, 342 pages, 26,95 $.




mercredi 5 juin 2019

LA VÉRITÉ SUR JACK KEROUAC

JACK KEROUAC A SOUVENT mentionné ses origines bretonnes, répétant que ses ancêtres étaient des nobles écossais qui avaient migré en Bretagne pour y prospérer. Il a tenté plusieurs fois de retrouver celui (surtout lors d’un bref séjour en Bretagne) qui serait venu en Nouvelle-France pour combattre aux côtés du marquis de Montcalm. Tout comme les Kérouac d’Amérique, l’écrivain a entretenu une légende où il était question d’un trésor caché ou perdu qui appartenait à sa famille. C’est cela que Léo, le père de Jack, racontait à son fils quand il était encore un tout petit garçon qui s’émerveillait du monde à Lowell. Était-ce un fantasme ou un mythe que le temps avait magnifié après bien des versions ? La verve des conteurs, on le sait, transforme la réalité et permet d’inventer les plus belles fables.

Comme dans toutes les familles francophones d’Amérique, il a fallu qu’un ancêtre s’embarque dans un bateau pour traverser l’Atlantique pour s’installer sur les rives du Saint-Laurent, épouser une femme et s'occuper de nombreux enfants comme le voulait l’époque. Patricia Dagier et Hervé Quéméner ont eu la bonne idée, pour souligner le cinquantième anniversaire de la mort de Jack Kerouac, de réactualiser leur ouvrage qui révèle les origines bretonnes de cet écrivain mondialement célébré. Une enquête difficile et patiente qui devient rapidement une aventure singulière en Nouvelle-France. La première mouture de ce livre remonte à 1999 et une version enrichie paraît en 2009. C’est cette recherche que les deux auteurs ont choisi de rééditer.
Lors de fouilles minutieuses et que l’on devine ardues, ces limiers se sont transformés en Sherlock Holmes pour réussir à retrouver l’ancêtre de Jack Kerouac dans les archives et reconstituer si l’on veut les tribulations de Urbain-François le Bivouac, le jeune garçon qui a traversé l’océan pour s’installer au Canada où il laissera une descendance.
La famille d’Urbain-François vivait à Huelgoat en Bretagne et pratiquait le métier de notaire depuis plusieurs générations. Le père, plutôt ambitieux, entendait faire sa place dans la bonne société de son époque et ne dédaignait pas les marques de reconnaissance de son milieu.
J’adore ces personnages qui font la grande et surtout la petite histoire. Et comme je m’intéresse à Jack Kerouac depuis fort longtemps, je ne pouvais rater cette recherche, même en retard. Qui n’a pas rêvé au Québec, pendant les années soixante-dix, de prendre la route comme le célèbre romancier et d’aller au jour le jour sans se soucier de l’avenir ? Un idéal qui nous faisait voir un seul aspect des choses, masquant une réalité que l’on découvre quand on se penche un tant soit peu sur l’œuvre et les tribulations de Kerouac. Son alcoolisme, son incapacité à gagner sa vie, sa relation trouble avec Gabrielle, sa mère, son irresponsabilité et sa fuite de tout engagement sauf envers sa passion des mots. Devenue veuve, sa mère travaillera dans une manufacture de chaussures à New York pendant que Ti-Jean malmenait une machine à écrire pour inventer ses histoires. On pourrait aussi s’attarder longtemps à son ambiguïté sexuelle, ses beuveries quotidiennes même quand la popularité a fini par le rattraper.

NOTABLES

La famille des origines était constituée de notables bien établis dans leur ville, et le père François-Joachim Le Bihan de Keroac cherche par tous les moyens à faire sa place dans la société de son époque. Ses fils doivent suivre ses traces et avoir une conduite irréprochable. Nous sommes en 1720, quarante ans avant la Conquête ou la Défaite qui fera basculer la Nouvelle-France dans le giron de l’Angleterre.
Urbain-François sera notaire comme son père et son grand-père et doit faire des études en droit. Il reçoit une éducation stricte avec ses frères plus âgés et tous doivent travailler dans l’entreprise familiale, faire un long apprentissage avant de pouvoir parapher les contrats et autres documents, acquérir du prestige dans le milieu et devenir de bons bourgeois qui courtisent les gens d’influences, les nobles et le clergé. Rien qui ne destine le plus jeune des Le Bihan de Keroac à partir sur un bateau et à aller s’installer en Amérique, ce pays de forêts et de moustiques où un homme de loi a très peu à faire.

ACCUSATIONS

Tout va comme dans le meilleur des mondes jusqu’au jour où Urbain-François est accusé de vol par des proches. Il a dix-huit ans. C’est là la pire des infamies pour le notaire et pour ceux qui doivent œuvrer dans une entreprise qui doit être irréprochable. Pour laver sa réputation, François-Joachim, plutôt orgueilleux et têtu, intente un  procès qui se terminera mal.

Le scandale du 23 septembre 1720 vient contrecarrer toutes les ambitions que le père d’Urbain-François nourrissait pour lui. Défrayer ainsi la chronique n’est pas chose commune pour un jeune homme de bonne famille. Surtout dans une petite ville comme Huelgoat où il convient de filer droit. (p.25)

Les Le Bihan de Keroac sont éclaboussés même si les témoignages restent un peu flous et peu précis en ce qui concerne les délits qu’aurait pu commettre le garçon. La réputation des gens de loi est entachée et la carrière du jeune homme est compromise. Il faut faire quelque chose et frapper un grand coup pour rétablir la bonne renommée de la famille.

Pourquoi ne pas envoyer Urbain-François au Canada et mettre un terme à toutes ses frasques ? Cap sur la Nouvelle-France ! Contraint à l’exil, forcé de prendre le large, obligé de se faire oublier quelque temps à Huelgoat, « Monsieur Urbain » a ainsi embarqué et traversé l’océan Atlantique. (p.61)

On le retrouve en Nouvelle-France en 1727. Dès son arrivée au Canada, le nouvel arrivant se comporte de façon plutôt étrange. Le jeune homme fait tout pour se perdre dans la nature en quelque sorte. Comme s’il voulait effacer au fur et à mesure ses déplacements sur les rives du Saint-Laurent. Autrement dit, il prend un malin plaisir à multiplier les identités pour brouiller les pistes et se faire oublier. On peut le retracer dans certains actes notariés de l’époque où il signe différemment chaque fois. Il change de noms selon les endroits et les circonstances.
Il se fera coureur des bois et voyageur d’abord pour s’adonner au commerce des fourrures et s’enrichir le plus rapidement possible comme nombre d’arrivants cherchaient à le faire. Il apprend les langues indiennes et se déplace souvent pour ses affaires, ne semble vouloir s’installer nulle part jusqu’à ce qu’il croise Louise Bernier.

Mais il n’était pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que la famille de Louise finirait bien par le retrouver et le ramener sur les lieux de son crime. C’est en effet un crime que d’engrosser une jeune mineure. Et c’est traité comme tel par les autorités judiciaires qui donnent le choix aux criminels soit d’épouser les pauvres filles qui se sont laissées prendre soit de servir à perpétuité comme forçat dans les galères du Roi. Lorsque les victimes sont très jeunes et disent avoir été abusées sous promesse de mariage, le fautif se voit jugé pour crime de rapt. Il peut être condamné à mort.  (p.90)

Un mariage forcé avec cette jeune fille qui sort à peine de l’adolescence. Urbain-François a l’art de se mettre les pieds dans les plats si on peut dire et il n’a guère le choix s’il veut calmer son nouvel entourage. Nous sommes à Cap-Saint-Ignace. Il aura trois garçons avec Louise et disparaîtra au début de la trentaine, de mort naturelle à ce qu’il semble.
Il laisse sa veuve et ses enfants dans la misère. Urbain-François est cousu de dettes, a filouté un peu tout le monde et dépensé l’argent des autres. La pauvre Louise ne peut rien faire, surtout pas garder la propriété que son mari avait acquise et jamais payée. Elle doit retourner chez ses parents et les orphelins vivront chichement.

PARODIE

Pourquoi cette parodie et cette kyrielle d’identités qu’emprunte le Breton ? Comme s’il cherchait à semer tous ceux qui auraient eu l’intention de le retrouver. Il voulait brouiller les pistes et faire en sorte que son passé ne puisse le rattraper en Nouvelle-France, certainement. Il avait peut-être aussi l’idée de faire fortune rapidement et après avoir accumulé un bon magot, de disparaître pour retourner en Bretagne et prendre sa revanche sur une société qui l’avait banni. Avec ses multiples patronymes, il pensait échapper à toutes les poursuites et son épouse Louise ne pourrait jamais le retracer. Sauf que la mort lui a joué un vilain tour.
Les fils de Louise et d’Urbain-François donneront la grande lignée des Kérouac d’Amérique. Le frère Marie Victorin, très connu au Québec pour ses travaux scientifiques et ses écrits, est l’un des descendants de ce personnage singulier.
Les Kérouac entretiendront des légendes autour d’un héritage et d’un trésor, faisant plusieurs voyages en Bretagne pour mettre la main sur ce qui leur est dû, ciblant des Bretons qui n’a rien à voir avec eux.

Les descendants d’Urbain-François Le Bihan de Kervoac ne vont désormais avoir de cesse de se pencher sur leurs origines, leur but étant évidemment de pouvoir accrocher leurs branches généalogiques à celles des illustres familles bretonnes desquelles ils sont présumés descendre… … Et comme il n’y a évidemment pas de famille « Le Brice de Kéroack » dans les nombreux nobiliaires, ils vont faire le grand écart et jeter leur dévolu sur une famille portant à leur goût un nom suffisamment ressemblant, susceptible de faire illusions : la famille de Kerouartz. Un second mythe est né. (p.137)

Urbain-François a tellement bien brouillé les pistes que les chercheurs n’arriveront jamais à faire des liens. Même les Le Bihan de Kervoac s’arrangeront avec la loi lors du décès de celui-ci, établissant des documents pour le rayer de la liste des héritiers et usurper les orphelins et la veuve du Canada. Tout pour garder la fortune entre les mains de la branche bretonne et ne rien partager. Pour des notaires, on aurait pu attendre beaucoup mieux que ces manœuvres indécentes et discutables. Il semble bien que tous dans la famille avaient un appétit démesuré pour l’argent.

ENQUÊTE

Le travail de Dagier et Quéméner est jumelé aux grandes étapes de la courte vie de Jack Kerouac en Amérique. Les auteurs s’attardent à son comportement, ses agissements et on peut presque faire des parallèles entre l’ancêtre lointain et l’écrivain qui refusait toutes responsabilités. Je pense à Yan, sa fille, qui aurait bien eu besoin de son attention quand il a commencé à avoir du succès parce qu’elle a connu des moments difficiles. Jamais il n’a voulu la reconnaître malgré toutes les preuves de sa paternité. Il fera en sorte qu’elle ne touche pas un sou et que tout revienne à Stella qui gérera l’oeuvre de Jack qui reste bien vivante.

La fortune de Kerouac, les droits sur toute sa production littéraire qui continue de se vendre dans le monde entier, est entre les mains de la famille Sampas puisque Gabrielle Lévesque, qui a hérité de son fils, a elle-même légué l’héritage à Stella Sampas, la dernière épouse. (p.172)

La seule descendante de Jack a été privée de son héritage, de son trésor, par l’entêtement de son père tout comme ses lointains ancêtres, les garçons de Louise et Urbain-François l’ont été par la famille bretonne. L’histoire se répète. Quand on sait que le manuscrit original de Sur la route a été vendu plus de deux millions de dollars, on reste dubitatif.
Une recherche fascinante que Jack Kerouac, de l’Amérique à la Bretagne qui complète la biographie de Gerald Nicosia, Memory Babe qui s’attarde à la vie de l’écrivain au jour le jour, tout comme le Jack Kérouac de Victor-Lévy Beaulieu qui tente de rapatrier le fils de Gabrielle et Léo pour le mettre bien au chaud dans le corpus de la littérature québécoise par ses thèmes, sa pensée et ses croyances religieuses. Voilà qui permet de mieux comprendre les légendes que Jack entretenait sur ses ancêtres et qui prouve qu’il touchait un certain fond de vérité. À lire pour ceux qui s’intéressent au père de la Beat Generation.


JACK KEROUAC, DE L’AMÉRIQUE À LA BRETAGNE de PATRICIA DAGIER ET HERVÉ QUÉMÉNER vient de paraître aux ÉDITIONS LE MOT ET LE RESTE, 2019, 186 pages, 29,95 $.




jeudi 30 mai 2019

LE SAGUENAY-LAC-SAINT-JEAN


MICHEL MARC BOUCHARD
LA LITTÉRATURE DU SAGUENAY ET DU LAC-SAINT-JEAN prend son envol au début des années 1980 avec des noms qui se démarquent dès leur toute première publication. 
Nicole Houde sonne la charge avec un récit percutant, tout près de son vécu, avec La Malentendue, et remporte le Prix des jeunes écrivains du Journal de Montréal en 1983. Une carrière remarquable est lancée. Danielle Dubé fait une entrée fracassante avec Les olives noires, prix Robert-Cliche en 1984. Elle signe un succès populaire qui entraîne le lecteur en Espagne pendant la crise d’Octobre de 1970. Elle indique la route à Jean-Alain Tremblay, lauréat en 1989, avec La nuit des Perséides, puis à André Girard en 1991 avec Deux semaines en septembre. Arlette Fortin suit avec C’est la faute au bonheur en 2001. Enfin Reine-Aimée Côté, avec Les bruits en 2004, confirme une main mise presque sur cette distinction qui signale une première publication au Québec.

Alain Gagnon présente Le gardien des glaces en 1984, une histoire fascinante qui nous pousse sur la surface gelée du lac Saint-Jean en hiver, dans un monde de blancheur, d'écriture, de rêves et de fantasmes.. Une intrigue forte, dense, singulière qui joue entre le réel et le fantastique, convoque des personnages inquiétants, même un certain Louis Hémon. Un texte charnière dans le parcours de cet auteur prolifique qui sera ignoré totalement par la critique. Originaire de Saint-Félicien, il cherche sa voix depuis 1970 et explore la poésie, la nouvelle (l’un des premiers au Saguenay-Lac-Saint-Jean à se risquer dans le genre) et le roman. Dix ans plus tard, Sud (1995), déborde des frontières du Québec. Ses héros entraînent le lecteur dans les univers troubles de William Faulkner et Erskine Caldwell. Il retiendra l’attention des médias nationaux pour une fois. Thomas K, en 1997, démontre toutes les facettes de son talent dans une saga forestière où Thomas s’aventure au-delà du bien et du mal pour arriver à ses fins.
Élisabeth Vonarburg délaisse la chanson et fait paraître L’œil de la nuit en 1980. Elle se consacrera désormais à l’écriture et Chroniques du pays des mères, en 1991, la propulse sur la scène mondiale. Cette oeuvre originale et particulière (le langage est féminisé) sera traduite en plusieurs langues et madame Vonarburg devient une grande figure de la science-fiction. Là aussi, c’est le début d’une carrière exceptionnelle.
Du côté dramatique, Michel Marc Bouchard est un inconnu en 1980. Les feluettes sont jouées pour une première fois par le Théâtre Petit à Petit (Montréal) en 1987. Un succès immédiat. Ce travail unique se faufile dans l’inconscient des Québécois et surtout dévoile certains secrets des collèges classiques. Je me souviens d’une représentation à Roberval tout à fait remarquable avec Jean-Louis Millette.
Daniel Danis étonne en 1992 avec Cendres de cailloux. Lors de la première, à Jonquière, la salle était plongée dans le noir pendant tout le spectacle. Une expérience sensorielle difficile pour nombre de personnes. Plusieurs sortent ne pouvant tolérer cette aventure et ces voix qui vous encerclaient. Un an plus tard, Larry Tremblay se démarque avec The Dragonfly of Chicoutimi. Jean-Louis Millette y est criant de vérité et y jouera son ultime rôle. Jean-Rock Gaudreault écrit pour le théâtre à la fin des années 1990 et rafle de nombreux prix. Je pense surtout à Une maison face au nord (1993). Lui aussi impose un univers singulier et devient une présence incontournable dans plusieurs pays. La scène fascine les auteurs de la région et tous y excellent.

JEUNESSE

Plusieurs débutantes s’aventurent du côté des nouveaux lecteurs. Marjolaine Bouchard, avec Le cheval du Nord (1999), s’attarde à la légende d’Alexis le Trotteur. Un personnage fétiche pour cette écrivaine et elle y reviendra en en 2011 avec une biographie du héros mythique particulièrement touchante et sensible. Isabelle Larouche publie une première fois en 2003 et Sylvie Marcoux remporte le Prix Tamarac de la jeunesse en 2011.
Enfin, dans les années 2000, Hervé Bouchard s’impose sur la scène nationale avec Mailloux (2002) et Parents et amis sont invités à y assister (2006). Ces textes attirent toutes les louanges. Guy Lalancette brise le silence avec des œuvres bouleversantes. Les yeux du père en 2001 et Un amour empoulaillé en 2005 deviennent des incontournables pour plusieurs distinctions. La conscience d'Eliah ne cède pas sa place non plus. 
Samuel Archibald connaît un succès spontané avec Arvida (2011) et Geneviève Pettersen dans La déesse des mouches à feu (2014) étonne par son langage et la dureté du milieu chicoutimien qu’elle décrit. Un regard qui nous entraîne jusqu’au déluge qui frappera la région en 1996, signe peut-être pour l’écrivaine d’une société qui se défait de l’intérieur.

DES NOMS

Au fil du temps, des carrières remarquables se dessinent au Québec. Plusieurs oeuvres vivront un grand succès à l’étranger, particulièrement du côté de la scène. Larry Tremblay se montre un chef de file. Ses pièces sont traduites en une dizaine de langues et sont jouées un peu partout. Écrivain polyvalent, il fait sa marque autant dans le récit que le roman avec Le mangeur de bicyclette et Le Christ obèse. L’orangeraie connaît une popularité phénoménale et le court ouvrage sera adapté pour le théâtre et deviendra même un opéra. Michel Marc Bouchard s’impose au cinéma avec Les feluettes dès 1996 et L’histoire de l’oie en 1998. Ses textes  pour le théâtre sont joués partout et en fait l'un des dramaturges les plus joués dans le monde. Christine, la reine-garçon sera un succès au grand écran en 2014 tout comme sur la scène. Lui aussi s’est aventuré du côté de la tragédie lyrique avec son drame qui se situe à Roberval. Il reçoit l’Ordre national du Québec en 2012. Daniel Danis s’installe en France et est nommé Chevalier des arts et des lettres de la République française en 2000. Il est le seul écrivain du Saguenay-Lac-Saint-Jean à avoir remporté trois fois le prix du Gouverneur général du Canada.

ASSOCIATION

Cette production remarquable s’amorce avec quelques auteurs qui décident de fonder Sagamie/Québec, une coopérative d’édition en 1984. Le recueil Traces regroupe des nouvelles de figures connues : Gil Bluteau, Alain Gagnon, Élisabeth Vonarburg, Danielle Dubé, Guy-Marc Fournier, prix Jean-Béraud en 1973 avec L’aube. J'y serai bien sûr. D’autres jeunes y font là leur premier pas et s’effaceront rapidement de la scène par la suite. La maison s’attarde au travail de Carol Lebel, au poète d’origine haïtienne Maurice Cadet. Elle réussira un bon coup avec Ultimacolor de Gilbert Langevin en 1988. Des dissensions mettent fin à un projet qui aura au moins profité à tous et fait naître certaines vocations, permis de comprendre la nécessité d’oeuvrer ensemble pour promouvoir la littérature et les artisans de la région.
L’Association professionnelle des écrivains de la Sagamie prend le relais. L’APES rejoint tous ceux qui vivent au Saguenay-Lac-Saint-Jean et ceux qui ont migré un peu partout au Québec et même à l’étranger. Alain Gagnon en sera le premier président. Le regroupement publie le collectif Un lac, un fjord pendant une quinzaine d’années aux Éditions JCL. Plus de 200 textes courts y voient le jour. Trois numéros de XYZ, la revue de la nouvelle seront consacrés au Saguenay-Lac-Saint-Jean pendant ces années. Par ailleurs, l’APES multiplie les événements. Suzanne Jacob, Denise Desautels, Victor-Lévy Beaulieu, Louise Desjardins, Hélène Pedneault, Louise Dupré, John Saul et Nancy Huston participent à des lectures publiques avec des auteurs de la région lors de certaines manifestations qui deviennent des rendez-vous annuels. La gastronomie et le récit de voyage font bon ménage dans le Festival des mets et des mots pendant plus de cinq ans.
Le Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean, au début des années 1990, crée ses prix littéraires. Les premières lauréates sont Lise Tremblay avec L’hiver de pluie et Nicole Houde avec Lettres à cher Alain. De la même manière, le grand rassemblent de fin septembre permet de reconnaître le travail de certains écrivains connus et renommés comme le père Georges-Henri Lévesque, Gilbert Langevin, Paul-Marie Lapointe, Nicole Houde, Hélène Pedneault et Gérard Bouchard.

RAYONNEMENT

Au Québec et ailleurs, Larry Tremblay, Hervé Bouchard, Danielle Dubé, André Girard, Alain Gagnon, Élisabeth Vonarburg et Nicole Houde mettent la main sur des récompenses prestigieuses. Marie-Christine Bernard s’offre le prix France-Québec en 2009 avec Mademoiselle Personne, un livre tout à fait remarquable. Le Gouverneur général est remporté par Nicole Houde avec Les Oiseaux de Saint-John Perse (1994) et à Lise Tremblay pour La danse juive (1999). Pierre Gobeil reçoit le Grand prix de la ville de Montréal avec Dessins et cartes du territoire en 1993. La région s’enorgueillit de trois Ringuet (honneur attribué par l’Académie des lettres du Québec) consécutifs. J’ouvre la marche avec mon roman Le voyage d’Ulysse (2014), Épisodies (2015) de Michaël Lachance suit. Tas d’roches (2016) de Gabriel Marcoux-Chabot complète la trilogie.
Comment caractériser la littérature du Saguenay-Lac-Saint-Jean ? Est-ce possible ? Bien sûr, la géographie et l’espace jouent un rôle de premier plan. Le premier à faire ressentir l’aspect inquiétant du fjord du Saguenay est Gil Bluteau avec Meurent les alouettes en 1978. Un homme veut en finir avec la vie et descend le Saguenay en canot jusqu’à Tadoussac, où son aventure doit s’arrêter. Un climat présent chez André Girard, particulièrement dans Zone portuaire (1997), Lise Tremblay dans La pêche blanche (1994) et La sœur de Judith (2007), et Nicole Houde dans La Maison du remous (1986) et Je pense à toi (2008). Tout comme nous retrouverons cette malédiction dans le grand succès de Gérard Bouchard. Mistouk, une épopée jeannoise et saguenéenne qui connaîtra un très beau rayonnement au Québec et ralliera nombre d’amateurs de fresques historiques. L’enseignant universitaire s’y révèle un conteur remarquable.
Le lac Saint-Jean joue un rôle tout à fait autre dans l’imaginaire des écrivains. Il suffit de s’éloigner de la rive, d’aborder un refuge ou encore de s’installer au milieu de l’hiver comme dans Le gardien des glaces (1984) d’Alain Gagnon pour échapper aux vengeances humaines et à leurs mesquineries. Guy-Marc Fournier évoque cette présence rassurante dès 1973 dans Ma nuit.
Dans Les Feluettes, Vallier trouve le repos en disparaissant dans sa longue embarcation pour oublier toutes les intrigues, au large. Loin de tous, son âme s’apaise. Pierre Gobeil reprend le thème dans Tout un été dans une cabane à bateau (1988). Gérard Bouchard, dans Mistouk, permet à Méo de fuir les fureurs de ses ennemis en s’isolant sur un îlot du lac Saint-Jean. La violence se déclenche dès qu’il revient sur la terre ferme. Il se noie dans les rapides qui se dressent comme une frontière entre le bassin du lac Saint-Jean et la rivière Saguenay. Son grand corps de géant dérive (un crucifix sur le fjord) jusqu’à une anse tout près de Tadoussac où ses os blanchiront.
La nature et l’espace sont des présences qui bousculent les individus dans les œuvres fortes d’Alain Gagnon, de Gérard Bouchard, Michel Marc Bouchard et Guy Lalancette. Dans Le voyage d’Ulysse, le lac devient le centre de l’univers connu et imaginé. Mon personnage découvre la vie en longeant les rives du Grand Lac sans fin ni commencement pendant plus de vingt ans. Le clin d’œil à Homère est évident. Un roman d’initiation au monde magique, réel et une quête d’identité à travers les publications marquantes de certains écrivains. Je pense à Alain Gagnon, Louis Hémon, Michel Marc Bouchard, Gérard Bouchard et Guy Lalancette.

SCÈNE UNIQUE

Que serait le théâtre québécois sans Larry Tremblay, Michel Marc Bouchard, Daniel Danis et Jean-Rock Gaudreault ? Dany Boudreault s’impose comme comédien et auteur. Il écrit et joue dans Je suis Cobain (peu importe). Meilleur texte Cartes premières en 2010 et signe avec Maxime Carbonneau Descendance, une publication de L'Instant scène et sera récipiendaire du prix du Salon du Livre du Saguenay-Lac- Saint-Jean en 2014. Il propose également des recueils de poésie aux Herbes rouges.
De nouveaux romanciers se font remarquer dans l’effervescence annuelle. Marie-Christine Bernard, Richard Dallaire, Geneviève Pettersen, Samuel Archibald. Marie-Paule et Marité Villeneuve offrent des œuvres solides et singulières. Je pense encore à Hélène Lebeau et     Janik Tremblay, tout comme à Nicolas Tremblay et son travail si particulier. Marjolaine Bouchard et Hervé Gagnon mélangent l’histoire, l’action et le suspense. Le travail de Tony Tremblay, Kim Doré, Marie-Andrée Gill et Charles Sagalane retient encore l’attention du côté poétique.
Pendant des années, les Éditions JCL animeront le monde régional et après l’expérience de Sagamie-Québec, il faut mentionner l’arrivée de La Peuplade qui se démarque par son approche. À sa façon, elle réalise le rêve de la petite coopérative en s’imposant sur la scène internationale, particulièrement du côté des pays nordiques. Mylène Bouchard et Simon-Philippe Turcot révèlent des figures du Québec et d’ailleurs. Marie-Andrée Gill, entre autres, apporte une couleur autochtone à une littérature qui ne cesse de se ramifier.
Le Saguenay-Lac-Saint-Jean offre des œuvres étonnantes, se distinguant par des thèmes particuliers et uniques. La région bouscule les créateurs du Québec et leur ouvre souvent de nouvelles voies. Un univers en soi. Une production assez riche et singulière pour devenir l’objet d’études à l’Université du Québec à Chicoutimi et dans les quatre cégeps de la région. Cette étape s’avère importante et impossible à ignorer. Après avoir fait sa marque un peu partout dans le monde, il ne serait que normal que les étudiants de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean prennent conscience de ce trésor bien caché et souvent ignoré du grand public.



UNE VERSION DE CE TEXTE EST PARUE DANS NUIT BLANCHE, Numéro 150, printemps 2018.