tag:blogger.com,1999:blog-41970374208797836292024-03-15T21:10:33.545-04:00 Littérature du Québec
Chroniques d'YVON PARÉYvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.comBlogger1106125tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-16889370742741841262024-03-12T10:06:00.000-04:002024-03-12T10:06:35.494-04:00 UNE VIE QUI MÉRITE D’ÊTRE RACONTÉE<p><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibgw11mWr8x7iRgT1PoTi82HtiX7XX8HWdotcOgnpWUWQYCnyWn-5Pki6bNIGmOzNBlSzZ5GgTLDZ4QvyaaWtLjJN0Qk58_bxrV678MVq8Zo2-BECycFaX9cMj_yJ36v74Tv6eJS3Ij1wCPgEHMtbvmx9F6iqeQryYRetClCURKoL4i7oMN0qUvUzervo/s300/300.jpeg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="300" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibgw11mWr8x7iRgT1PoTi82HtiX7XX8HWdotcOgnpWUWQYCnyWn-5Pki6bNIGmOzNBlSzZ5GgTLDZ4QvyaaWtLjJN0Qk58_bxrV678MVq8Zo2-BECycFaX9cMj_yJ36v74Tv6eJS3Ij1wCPgEHMtbvmx9F6iqeQryYRetClCURKoL4i7oMN0qUvUzervo/s1600/300.jpeg" width="300" /></a></b></div><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;">LUCIE LACHAPELLE</span></b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;"> <b><span style="color: #00b050;">a été liée d’une façon ou d’une autre aux Autochtones pendant près d’un demi-siècle. Tout commence pour elle lors d’un projet étudiant. Elle a dix-huit ans et s’envole pour le Nunavik pour quelques semaines. Un voyage qui allait changer son existence. Elle devait y retourner un peu plus tard comme enseignante et jamais elle n’a perdu contact avec ces gens, étant fascinée par leur pensée et surtout leur résilience. En Abitibi, elle croise Georges Pisimopeo, un Cri, qu’elle épousera et qui deviendra le père de ses enfants. Elle raconte bellement les grands moments de son histoire. <i>Les yeux grands ouverts</i> présente des fragments, des courts récits où elle revient sur les jours marquants de sa vie.</span></b></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Dans la plupart des récits et des romans (je le disais dans une chronique où je m’attardais à <i>Qimmik</i> de Michel Jean) qui permettent de nous aventurer dans le nord du Québec, nous avons le point de vue du Sud, de celle ou celui qui débarque pour un certain temps dans une petite communauté, jamais pour s’y établir et pour faire partie de cette population. Ils sont là pour des raisons souvent un peu étranges. Je connais des hommes surtout qui sont allés dans ces territoires pour les salaires élevés. Rares sont ceux qui comme Jean Désy ont adopté le Nord en souriant, aimant ce pays plus que tout, la toundra et les gens qui y survivent. Pour Désy, ce sera une épiphanie qui changera totalement sa vie.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Les Inuit ou les Cris sont à peu près toujours présentés comme des figurants dans ces récits. Et les contacts sont utilitaires et pratiques. On y croise beaucoup d’enfants qui doivent fréquenter l’école et les adultes restent des êtres flous sauf dans des cas exceptionnels et des circonstances tragiques ou malheureuses. Presque jamais, on ne sent l’osmose ou de véritables liens d’amitié se vivre entre les Blancs et les Autochtones qui demeurent sur leurs gardes. Les aventures amoureuses semblent difficiles dans ce milieu particulier et les jeunes femmes en sont souvent les victimes. Autrement dit, rien n’est clair et précis dans le pays de la toundra et des caribous, des immenses espaces et des aurores boréales magnifiques et uniques.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;">À part les relations qu’ils entretiennent avec la population locale dans le cadre de leur travail, les Blancs restent entre eux et les contacts ne sont pas encouragés par les employeurs</span></i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">.</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.22)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Lucie Lachapelle demeurera en lien avec des Autochtones pendant une grande partie de sa vie et son regard, ses manières de penser en seront transformés. De 1974 à 2008, elle aura des liens avec eux, ayant la chance de mieux les connaître, surtout en épousant un Cri qui intervenait et aidait les communautés de l’Abitibi. Elle a pu être témoin de situations uniques et marquantes. Traumatisantes parfois. Elle y sera à la fois militante, enseignante, cinéaste, intervieweuse et surtout elle verra les changements et les bouleversements qui se sont produits dans le quotidien de ces gens. Au cours des décennies, ils finiront par se couper de leur culture et de leurs traditions. Elle pouvait écrire en 1976 des propos qui restent terriblement actuels et qui attestent certainement d’un contexte disparu maintenant.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;">Malgré l’aspect chaotique des lieux et la vétusté des maisons, ce village est beau et ses habitants aussi. Ça respire la quiétude. Il n’y a pas de voitures, de routes, d’affiches publicitaires, d’édifices en hauteur, d’antennes télé, de tours de communication. Il n’y a que des êtres humains, des chiens, une rivière, des montagnes et la toundra.</span></i><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.31)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Les choses ont bien changé. Et pas pour le mieux nécessairement. Internet sévit dans le Nunavik et la motoneige a remplacé les chiens depuis fort longtemps. Les grandes virées sur les glaces semblent du passé et nombre de témoignages montrent une population déboussolée qui ne sait plus à quoi s’accrocher.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">MUTATION<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Lucie Lachapelle s’attarde à tout ce qui l’a bouleversée et a changé les conditions de vie des Autochtones, leur faisant souvent perdre pied devant des gadgets qui envahissent leur quotidien et qui finissent toujours par les couper de leur manière de penser et d’être. </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Et que dire des fameuses réserves où ils sont confinés et gardés à vue</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Un lieu d’enfermement après avoir connu les espaces sans fin où les clôtures étaient les montagnes et les grandes rivières qui mènent à la baie d’Hudson. Ils ont subi la sédentarisation forcée quand leur esprit et leur regard reposent sur le nomadisme et l’adaptation à des saisons particulièrement difficiles. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Les fameux pensionnats où les enfants ont été agressés et blessés dans leur corps et leur âme ont laissé des traces indélébiles. Et aussi la ségrégation et le racisme qui fait partie de leur quotidien, partout sur le territoire. Nous avons eu des témoignages affolants à propos des femmes autochtones qui disparaissent sans que les autorités s’émeuvent. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;">Georges se tient debout devant moi et, dans la lueur de la lampe qu’il vient d’allumer, je vois qu’il est contrarié. Je jette un œil à </span></i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;">Nikodjash<i> qui dort paisiblement et je m’assois sur la couchette. Georges prend place près de moi. Il parle tout bas, mais je perçois dans son ton que quelque chose ne va pas. Il était étendu sur une banquette quand un employé du train lui a intimé de se lever et de quitter ce wagon, parce qu’il est un “Indien” et qu’il y a un wagon réservé pour “eux”. D’ailleurs, il ne peut pas rester avec nous. Est-ce que j’ai bien compris</i></span><i><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;">? Est-il certain</span></i><i><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;">? Oui</span></i><i><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;">! Je suis abasourdie, révoltée. C’est aussi terrible et inacceptable que l’apartheid en Afrique du Sud.</span></i><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.131)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Malgré les efforts et le bon vouloir de Lucie Lachapelle, sa curiosité et sa résilience, elle constate combien il est difficile d’établir des liens d’égal à égal. Le Blanc s’impose avec sa mentalité de colonisateur. Il débarque dans le Nord et dicte sa façon de faire, de voir, de vivre sans hésiter. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je pense à des moments que j’ai passés dans la forêt de l’Abitibi. Les Cris étaient tout près du camp forestier et certains venaient y travailler, mangeaient à la cuisine avec nous, mais il n’y avait jamais de contacts, de regards ou de sourires. On se surveillait tout simplement, méfiants et étrangers. Je réalisais mal alors que nous étions les envahisseurs dans ce pays que nous exploitions de la pire des façons en abattant des flancs de montagne, saccageant de grands pans de leur territoire.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">SITUATION<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitPk9NQxORbSMt-jNn6SDpW2CbXNvIRO4xZBzw7YL6ns3TzTZDY35GgMS3xKn9P326cjlqs7VeQZVJ66RT5xg6hdsJbsJqcHdCijBJssZcDUkei4z4bJapAskdVOrU7mOex4Aqby0_Ww15DBhfrBe-9i1LuUDkqU8lFgJ1b6W4gOCROL8oLNzEMEW-ZEI/s400/couv-YeuxGrandsOuverts_de_Lucie_Lachapelle.jpg-258x400.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="258" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitPk9NQxORbSMt-jNn6SDpW2CbXNvIRO4xZBzw7YL6ns3TzTZDY35GgMS3xKn9P326cjlqs7VeQZVJ66RT5xg6hdsJbsJqcHdCijBJssZcDUkei4z4bJapAskdVOrU7mOex4Aqby0_Ww15DBhfrBe-9i1LuUDkqU8lFgJ1b6W4gOCROL8oLNzEMEW-ZEI/w258-h400/couv-YeuxGrandsOuverts_de_Lucie_Lachapelle.jpg-258x400.jpg" width="258" /></a></div><br />Bien sûr, la situation des Autochtones est dramatique dans la plupart des réserves où ils sont confinés. Je pense aussi aux Inuit qui se retrouvent en si grand nombre dans les rues de Montréal. Une aberration. Des vies, des manières de faire ont été détruites, changées de force, à tout jamais. Tous ont été envahis, conquis de la pire des façons, dépossédés, forcés à parler une autre langue, coupés de leurs enfants qui sont devenus des étrangers après leur séjour aux pensionnats. De quoi désespérer et basculer dans les excès de l’alcool et des substances qui font perdre contact avec une réalité qui les nie. <o:p></o:p><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">L’impression qu’ils sont des fantômes dans leur pays. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Des récits troublants, touchants et une sensibilité particulière se dégage des propos de Lucie Lachapelle. Elle a connu le Nord et la forêt de l’Abitibi, partageant des manières d’empoigner le quotidien, affrontant leurs problèmes, leur misère souvent et leur impuissance. Un témoignage important, une existence exemplaire pour cette femme curieuse qui cherchait à abolir les frontières entre les peuples qui habitent le Québec sans se rencontrer et qui s’ignorent la plupart du temps. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Heureusement, depuis quelques années, des Innus et des Inuit font entendre leur voix et s’imposent sur la scène culturelle. C’est fort réjouissant. Reste qu’il n’est pas facile de combattre la méfiance, la peur et l’indifférence qui empêchent les contacts chaleureux et fraternels. Lucie Lachapelle peut dire qu’elle respire dans un pays étranger qui est aussi le sien et qui est surtout celui des Premières Nations. Un périple fascinant qui nous permet de méditer sur ce territoire que nous connaissons si mal, des populations que nous avons envahies pour le pire dans la plupart des cas. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">LACHAPELLE LUCIE</span></b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> : <i>Les yeux grands ouverts</i>, Éditions de La Pleine Lune, Montréal, 160 pages.<o:p></o:p></span></p><p><a href="https://www.pleinelune.qc.ca/titre/680/les-yeux-grands-ouverts">https://www.pleinelune.qc.ca/titre/680/les-yeux-grands-ouverts</a><br /></p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-56190430190794819632024-03-07T09:41:00.001-05:002024-03-08T06:57:31.233-05:00 LA TERRIBLE AVENTURE DE LA VIEILLESSE<p><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"></span></i></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEippfwQv50yxTN4uUQZXqwDBo0YLt0skqvmqjOv6arbLXCV7NiLiAYUIuuVqjNoRmTbHXVIuc5ksio3KXlRTNCa_jtBB1B9NlvHWOawG4epdEZ0ZgWz8utiWhHQi9r_KeP7YhVOA_p0gLKBrQL8mTJ4SHGObsJ6V1HbquVym-qvAHlufAqADRVPfSzZvaU/s600/Larry-Tremblay.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="600" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEippfwQv50yxTN4uUQZXqwDBo0YLt0skqvmqjOv6arbLXCV7NiLiAYUIuuVqjNoRmTbHXVIuc5ksio3KXlRTNCa_jtBB1B9NlvHWOawG4epdEZ0ZgWz8utiWhHQi9r_KeP7YhVOA_p0gLKBrQL8mTJ4SHGObsJ6V1HbquVym-qvAHlufAqADRVPfSzZvaU/s320/Larry-Tremblay.jpg" width="320" /></a></div></div><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;">COUP DE VIEUX</span></i></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;">, <b><span style="color: #00b050;">une pièce de théâtre de Larry Tremblay, vient d’être présentée au Trident de Québec. Avec Jacques Girard, Sylvie Drapeau, Jacques Leblanc, Marie Gignac, Linda Sorgini et Thomas Boudreault-Côté. Une mise en scène de Claude Poissant. Ce spectacle sera offert aux Montréalais dans le mois à venir. J’adore lire du théâtre, une histoire ou une tragédie qui se tisse sans artifices, par les dialogues, la parole de quelques personnages qui s’imposent dans des répliques qu’ils se renvoient comme une balle de tennis. J’aime le théâtre depuis toujours. C’est le théâtre qui m’a poussé vers la littérature. Les premières tentatives de texte que j’ai réussi à rédiger étaient pour la scène.<o:p></o:p></span></b></span></p><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je suis sensible aux œuvres des dramaturges du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Michel Marc Bouchard, Larry Tremblay, Dany Boudreault, Daniel Danis dont je n’ai plus de nouvelles depuis trop longtemps et quelques autres. Quels beaux moments j’ai vécus avec <i>Le peintre des madones</i> de Michel Marc Bouchard ou encore <i>Abraham Lincoln va au théâtre</i> de Larry Tremblay. Des instants de grâce, certainement mes textes favoris de ces deux dramaturges. Et que dire du <i>Langue-à-langue des chiens de roche</i> de Daniel Danis</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Époustouflant.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Larry Tremblay, au théâtre comme dans ses romans et récits, reste un grand observateur de la nature humaine, de ses obsessions et de ses folies. Surtout, cette violence qui sommeille dans chacun de nous et qui peut nous pousser au pire dans certaines circonstances. Je pense à <i>La hache</i> ou encore à <i>L’orangeraie</i>. Ce n’est jamais anecdotique chez Tremblay et après chaque contact avec l’une de ses œuvres, je me retrouve tout croche. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Tout comme je suis sorti sonné, récemment, après avoir visionné <i>Lucie, Grizzly et Sophie</i> d’Anne Émond, d’après <i>La meute</i> de Catherine-Anne Toupin. Une plongée dans les pulsions dévastatrices qui hantent notre monde et le détruit.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Cette fois, Larry Tremblay, s’attarde au vieillissement, une loi de la nature qui soumet tout ce qui «</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">vit et palpite</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» sur la planète Terre. Tout ce qui doit mourir pour que les espèces animales et végétales se reproduisent, se développent et évoluent. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Le dramaturge nous place devant cette fatalité qui frappe tous ceux et celles qui ont la chance de vieillir, de durer même si les facultés ou les aptitudes cognitives et physiques s’amenuisent. Une fatigue générale s’installe avec le temps, plie les femmes et les hommes peu à peu et fait en sorte qu’ils ont de plus en plus de mal à faire face aux petites tâches quotidiennes.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">TEXTE<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6MqdGO5fG0GF2LiZp_46Waz9KgwXKS9-D7Aai2C19JBWVkR9I_Fzmj5vK6r060agxcml4uSINcB00e-_lkFTiknB_Sjv4CCMLRBJQ6PM_5VJYnj0iAGe_HU897DsBoFM6-WjRYb0HmX8RtRbMrRRdJYwVkJFkVvTIl3KKs-EhlcJ2Ls5qpjD7jN1GyZc/s1190/Coup-de-vieux-C1-768x1190.jpg" style="clear: left; float: left; font-size: 21.333334px; font-style: italic; font-weight: 700; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="1190" data-original-width="768" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6MqdGO5fG0GF2LiZp_46Waz9KgwXKS9-D7Aai2C19JBWVkR9I_Fzmj5vK6r060agxcml4uSINcB00e-_lkFTiknB_Sjv4CCMLRBJQ6PM_5VJYnj0iAGe_HU897DsBoFM6-WjRYb0HmX8RtRbMrRRdJYwVkJFkVvTIl3KKs-EhlcJ2Ls5qpjD7jN1GyZc/w260-h400/Coup-de-vieux-C1-768x1190.jpg" width="260" /></a><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Trois femmes et trois hommes se débattent avec les ratés du corps et de l’esprit. Tout se défait doucement autour d’eux et, qu’ils le veuillent ou non, ils se retrouvent repliés sur eux, prisonniers d’une certaine façon, parce qu’il n’y a plus de passé et surtout pas d’avenir pour eux.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">L’action principale des personnages est de vieillir. L’arrivée d’un nouveau personnage est marquée par un “numéro d’entrée” et amorce un “coup de vieux”, amenant les personnages déjà présents sur scène à vieillir autant que lui. <o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">La scénographie participe de ce vieillissement accéléré. En ce sens, elle est aussi un personnage, se transformant de façon continue ou s’appuyant sur les numéros d’entrée des personnages. Elle représente au départ un lieu chaleureux, lyrique, accueillant qui évolue vers le sanitaire, le pratique, l’impersonnel, le vide, l’inconnu.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.8) <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Tout un programme que suggère Larry Tremblay dans cette courte note. Comment mettre en scène le vieillissement, faire en sorte que l’on soit témoin de ce phénomène qui se produit devant nous en accéléré</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Je ne sais trop pourquoi, j’ai pensé à l’éclipse solaire totale du 8 avril prochain qui risque de nous rendre aveugles si on a l’imprudence de lever la tête et de regarder cet évènement sans prendre certaines précautions. Se retrouver face à la dégénérescence est-il dangereux, fatal</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Nous voilà prévenus. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Vieillir, c’est perdre petit à petit son autonomie, composer avec certaines maladies, des trous de mémoire, l’isolement parce que les amis disparaissent et que l’aventure du couple prend souvent fin abruptement. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Les enfants sont happés par leur propre tourbillon et ne viennent presque plus les voir. Tous se retrouvent dans la plus terrible des solitudes avec leurs lubies et leurs obsessions qui s’accentuent à mesure que le temps les cerne. Même la parole fait défaut, l’esprit s’enraye et la surdité fait que l’on est de plus en plus loin de ses proches. Comme si le corps se repliait sur soi et qu’il coupait l’une après l’autre les amarres qui nous lient au réel et à l’aventure qui a été la nôtre.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Tu vas penser que je me fais des idées, j’ai l’impression de disparaître. Enfin, de commencer à disparaître. Des petits bouts, tu vois. Je l’ai remarqué avec mes mains. Mais ça s’étend. Et dernièrement, je me suis demandé si je n’étais pas justement raciste. Parce que je ressens un léger sentiment d’envahissement. Il y a tant de gens maintenant qui arrivent ici et moi je prends de moins en moins de place. Tu comprends</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">?</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.21)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Vieillir oui, s’enfoncer dans son corps comme dans un lieu étranger, se recroqueviller pour être privé de l’espace et ne plus être qu’un regard peut-être. Et dans les ultimes moments, au bout de la course, dépendre des autres pour ses besoins primaires et essentiels. Largués pour tout dire, à la dérive, semblable à un morceau de bois sur une rivière sans que l’on ne puisse plus rien contrôler. Il y a quelque chose de terriblement humain et de dramatique dans les dernières répliques de <i>Coup de vieux</i>. J'ai avalé de travers.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">WILLIAM. Tu suis les conseils de ton médecin</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">?<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> PIERRE. Ce n’est plus nécessaire.<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> LUCIE. Tu as repris tes promenades dans le parc</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">?<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> PIERRE. Il n’y a plus de parc.<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> WILLIAM. Tu n’as pas bonne mine.<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> PIERRE. Parce que j’ai un trou dans la tête.<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> ADÈLE. Tu manges bien</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">? Tu suis ta diète rigoureusement</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">?<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> PIERRE. Ne vous inquiétez pas, tout cela n’a plus d’importance.</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.57) <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">REGARDS<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Larry Tremblay effleure des phénomènes qui secouent notre société et que nous subissons sans pouvoir y changer quoi que ce soit. Le conflit des générations, par exemple, des jeunes qui accusent leurs parents d’avoir été des irresponsables et des prédateurs, ce qui n’est pas totalement faux. Il faut l’avouer, le groupe des boomers auquel j’appartiens a connu des moments formidables de prospérité, de liberté et d’insouciance. Nous en payons le prix maintenant avec les soubresauts climatiques et les bouleversements sociaux. Tout ça provoqué par un développement sauvage axé sur le gain et l’exploitation des ressources naturelles sans se préoccuper des conséquences. Nous avons inventé la pollution, vidé les océans, participé à la course à la richesse en profitant sans vergogne du tiers monde qui est devenu le fief des multinationales. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Le dramaturge ne se transforme pas en prédicateur. Il effleure ces problématiques le plus sobrement possible, par le biais de ses personnages qui se replient délicatement sur eux-mêmes. À peine s’ils peuvent formuler une remarque ou une réflexion.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">On veut changer le monde et on finit par changer de sexe. On en est rendus là.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.45)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Des constats, des propos refoulés qui surgissent au grand jour avec le temps. Tout doux, pianissimo comme sait le faire si bien Larry Tremblay. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Formidable questionnement sur le vieillissement, les pertes que l’humain doit accepter avec le plus de lucidité possible. Réflexion aussi sur les grands enjeux de notre époque, la vie qui devient de plus en plus pénible, difficile avec des conflits horribles, des comportements que nous pensions bien avoir éradiqués avec la fin de la Deuxième Guerre mondiale. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Et quand la planète prend la dimension d’une chambre, il ne reste que des pulsions primaires : la faim, le sommeil, un certain confort. Il n’y a plus que le «</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">je</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">», le soi, le moi dans un univers passablement détraqué. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Le texte de Larry Tremblay progresse sur le bout des pieds et nous laisse dans la plus inquiétante des solitudes. Pour moi qui avance vers ce grand âge, c’est comme si Larry Tremblay me présentait un miroir et me disait de bien me regarder, de bien évaluer mes obsessions, mes peurs, mes espoirs et mes rêves. Surtout, prendre conscience que tout ce qui m’a fait courir pendant tant d’années n’était peut-être pas si important. Tout ce qui compte dans les derniers spasmes de la vie, c’est d’être là, de respirer, avec ses ratés et ses manques. Un texte et des moments bouleversants. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">TREMBLAY LARRY</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> : <i>Coup de vieux</i>, Éditions Leméac, Montréal, 64 pages. <o:p></o:p></span></p><p><a href="https://www.lemeac.com/livres/coup-de-vieux/">https://www.lemeac.com/livres/coup-de-vieux/</a><br /></p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-31527321478553810472024-02-28T09:30:00.000-05:002024-02-28T09:30:23.112-05:00QUINZE PIONNIÈRES OUBLIÉES DU JAZZ<p><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpFV0syzXGaQfeafFgLoaVyNI8DDTAFCSm612MNK9X0uU19qcbwjwkOJUaV7_5cXp8m0U5yW6q3YKZw92dLIhED2z6aEFzkpdYyzekMwSV8eHL4S5_xEMU8hD0Sti8MCvhYOOd3efWDEfBeBcmSEXVsuSFFTtwjukM7HWVlZpu-SKDqbg9-UU6fthJLIM/s259/Unknown.jpeg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="259" data-original-width="194" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpFV0syzXGaQfeafFgLoaVyNI8DDTAFCSm612MNK9X0uU19qcbwjwkOJUaV7_5cXp8m0U5yW6q3YKZw92dLIhED2z6aEFzkpdYyzekMwSV8eHL4S5_xEMU8hD0Sti8MCvhYOOd3efWDEfBeBcmSEXVsuSFFTtwjukM7HWVlZpu-SKDqbg9-UU6fthJLIM/w239-h320/Unknown.jpeg" width="239" /></a></div></span></b></b></div><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;">STANLEY PÉAN</span></b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;"> <b><span style="color: #00b050;">vient de publier un livre fort intéressant dans la collection <i>Liberté grande</i> de Boréal. <i>Noir satin</i> présente, brièvement, quinze figures du jazz que l’on a oubliées, quinze femmes que je ne connaissais guère, je l’avoue. Sauf Bessie Smith, bien sûr, l’impératrice comme on dit. Des battantes, des chanteuses, des militantes pour les droits civiques et qui ont lutté contre le racisme aux États-Unis, des audacieuses aussi, des musiciennes accomplies qui ont réussi à s’approprier certains instruments que l’on réservait aux hommes. La trompette par exemple qui ne convenait pas à la féminité, selon les bonzes de la norme. Et que dire de la harpe ou du trombone</span></b></span><b><span style="color: #00b050; font-family: Arial, sans-serif; font-size: 16pt;"> </span></b><b><span style="color: #00b050; font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;">? Un voyage dans le temps plutôt fascinant que nous propose l’écrivain et animateur Stanley Péan.</span></b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt;"> </span><b><span style="color: #00b050; font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;">Et j’ai retrouvé monsieur Archambault qui signe la préface de <i>Noir satin</i>, celui qui a fait ma joie pendant des années à la radio comme celle de Stanley Péan, d’ailleurs. </span></b></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">J’ai vécu une expérience unique avec cet ouvrage. On le sait maintenant, pour le meilleur et le pire, nous trouvons à peu près tout ce que l’on souhaite sur les sites internet ou encore certaines plateformes. Comme je ne connaissais pas la plupart des artistes présentées par Stanley Péan, j’ai eu l’idée d’aller fouiner de ce côté pour entendre les musiciennes en lisant les textes. Parcourir ces courtes biographies en les ayant dans l’oreille d’une certaine façon et pour me faufiler dans leur univers sonore personnel et original. Découvrir ce qu’elles jouaient et surtout mieux comprendre les propos de l’écrivain. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je l’ai déjà écrit, j’aime le jazz et en écoute beaucoup, mais d’une façon négligente, sans trop me préoccuper de qui joue ou chante. Je suis un fidèle des émissions de jazz à la radio depuis toujours. Bien sûr, je reconnais Miles Davis, Louis Armstrong, Billie Holiday, Nina Simone, Blossom Dearie et quelques autres, mais je suis loin d’être un connaisseur. J’ai l’oreille distraite et butineuse en ce qui concerne cette musique.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Alors tout un monde s’est ouvert devant moi en me penchant sur <i>Noir satin</i>. Ma Rainey, par exemple, la «</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">mère du blues</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">». Une chanteuse qui a influencé nombre d’interprètes. Je me suis attardé chez elle juste pour le plaisir. Elle fait partie maintenant de ma liste de favorites à fréquenter. Ça commençait bien mon exploration sonore et mon aventure.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">J’ai rapidement pris goût à cette façon de faire parce que les textes de Stanley Péan prennent une autre dimension quand on les lit en étant bercé par la voix de l’artiste ou l’instrument qui vous interpelle. Et rien ne vous empêche de fouiner du côté de certaines vedettes qui ont joué avec la chanteuse ou musicienne en question. Oui, une expérience inusitée et fascinante, je vous le jure.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">NOMS<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Stanley Péan n’est pas avare de renseignements et toute une galerie de grands noms défile dans ses présentations. Des femmes sacrifiées comme Lillian Hardin qui a eu une importance considérable dans la vie et la carrière de Louis Armstrong. Elle est en quelque sorte responsable de la montée fulgurante de cette voix singulière et de ce trompettiste unique. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">En somme, ni Lovie Austin ni Lillian Hardin Armstrong n’ont cherché les feux des projecteurs</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">; conséquemment, nulle d’entre elles ne les a trouvés. À la fois parfaites accompagnatrices et cheffes d’orchestre pionnières, compositrices de standards immortels du répertoire jazz et blues, l’une comme l’autre mériterait un buste en marbre dans le panthéon des grands pianistes de l’Histoire, mais toutes deux doivent se contenter de modestes mentions dans les notes infrapaginales des livres d’histoire du jazz.</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.41)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Une belle façon de se laisser bercer par des voix, des musiques et c’est plus qu’une lecture qui se produit alors, mais une rencontre comme si l’on parvenait à se rapprocher d’elles pour saisir la quintessence d’un art et d’une vie. Des moments de grâce, je crois.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">RENCONTRES<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Bien sûr, toutes n’ont pas su me charmer à la première écoute. Ce fut quasiment un coup de foudre pourtant avec Mary Lou Williams. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Mary Lou Williams est perpétuellement contemporaine. Son écriture et ses prestations ont toujours été en avance sur son temps. Sa musique se démarque par ce niveau de qualité qui la rend intemporelle. Elle possède rien de moins qu’un supplément d’âme. (“</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">She is like soul on soul<i>.”</i>)</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">»</span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> (p.71)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">J’ai adoré <i>The Zodiac Suite</i> que j’ai écoutée avec ravissement, et ce à plusieurs reprises. Une féministe à la personnalité très forte, semble-t-il. D’autant plus qu’elle avait des notions précises sur son art et ne pouvait être plus claire quand elle s’adressait aux journalistes. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">La plupart des Américains n’ont pas idée de l’importance du jazz,</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">» affirmait-elle dans une entrevue accordée au New York Post en 1975. «</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Il est thérapeutique pour l’âme et devrait être présenté sur toutes les tribunes possibles : à l’église, dans les boîtes de nuit. Il faudrait le faire entendre partout.</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">»</span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> (p.79)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Ce qui est le cas maintenant, parce que le jazz est répandu dans le monde entier. C’est assez fascinant d’écouter une Japonaise chanter des succès de jazz, mais ce n’est plus une exception. Cette musique a su essaimer et trouver sa place sur tous les continents.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBjPOs0Z0gPuHXMnsF9oZ3cVUFuCsLy_UoM_JtzzRMFDsqPFNyhWg7IN3nnX01pYtJsOiwA555wLvYVVWgcf_w_MiAT91xWeodhJAIt-wU83jkDR1u9MQhE2_kOMSA5LU4kpB3WGDdCb0gSwDa1drtbjp-hfRcJEUs0S7msL2kPEL-RTOkvk9R9XKiPEA/s680/C1_noir_satin_WEB.jpg" style="clear: left; float: left; font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 21.333334px; font-weight: 700; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="680" data-original-width="400" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBjPOs0Z0gPuHXMnsF9oZ3cVUFuCsLy_UoM_JtzzRMFDsqPFNyhWg7IN3nnX01pYtJsOiwA555wLvYVVWgcf_w_MiAT91xWeodhJAIt-wU83jkDR1u9MQhE2_kOMSA5LU4kpB3WGDdCb0gSwDa1drtbjp-hfRcJEUs0S7msL2kPEL-RTOkvk9R9XKiPEA/w235-h400/C1_noir_satin_WEB.jpg" width="235" /></a><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">HÉSITATION<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">J’avoue que j’ai dû m’offrir quelques auditions avant de m’abandonner à la voix et aux rythmes de Valaida Snow, une trompettiste qui n’avait rien à envier à Louis Armstrong. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">De tous les instruments dont elle a appris à jouer, la jeune étoile préfère la trompette, ce qui lui vaut d’être surnommée “</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Little Louis<i>” par Louis Armstrong lui-même, lequel la considère comme la “</i>deuxième meilleure trompettiste de jazz<i>” de l’époque.</i></span><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.61)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Ou bien Hazel Scott qui se démarque par son originalité et sa connaissance approfondie de la musique. Elle s’amusait, avec une dextérité remarquable, à improviser et à plonger dans des pièces classiques pour piano qu’elle jumelait à ses créations. Un mélange étourdissant qui peut sembler racoleur, mais combien séduisant</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">! Cette musicienne m’a permis tout un voyage. Et que dire de Dorothy Donegan, une véritable virtuose qui laisse pantois.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">S’il ne fait aucun doute que Dorothy Donegan reste mésestimée en raison de sa propension au flafla, elle n’est est pas moins une pianiste exceptionnelle, dotée d’une compréhension et d’une maîtrise enviables de la palette harmonique. L’essentiel de sa discographie est constitué de captations réalisées dans des boîtes de nuit, car Donegan semblait plus à l’aise devant public qu’entre les quatre murs d’un studio. Certes, sa volubilité a eu pour effet d’éclipser par moments son sens profond du swing et son vaste répertoire</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">.</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.99)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je me suis attardé volontiers dans l’univers de Clora Bryan et sa trompette. Un véritable ravissement. Surprenante et d’une dextérité remarquable, toute de retenue et de justesse. J’ai adoré aussi Melba Liston et les ambiances qu’elle peut créer avec son trombone. Là encore, il s’agit d’une virtuose et d’une femme qui a dû défoncer bien des portes pour s’imposer. Pour certaines, ce fut de vraies pionnières et des héroïnes qui ont tracé la voie à bien des vedettes de maintenant. D’autres ont pris le chemin de l’exil pour travailler en Europe où la vie pour les Noires était plus facile qu’aux États-Unis.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">EXPLORATION<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je n’ai pas fini d’explorer l’ouvrage de Stanley Péan et il est devenu une référence et un guide quand je veux me livrer à des expériences musicales et à me risquer hors des sentiers battus. Cette musique a changé le monde et nous pouvons en découvrir des pages tout simplement, chez soi, avec <i>Noir satin</i> sur les genoux. J’ai passé des heures avec ces magiciennes grâce à Stanley Péan et à sa passion contagieuse. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Bien sûr, il faut aimer le jazz, mais pour un néophyte comme moi, ce livre peut servir de balises et permet d’aller plus loin dans l’écoute des <i>succès</i> que l’on présente peut-être trop souvent. Une manière de faire que l’on retrouve dans toutes les genres musicaux, malheureusement. Il y a ceux que l’on entend fréquemment (trop parfois) et qui prennent toute la place. Oui, il y a des artistes exceptionnelles qui méritent d’être sorties de l’ombre. On pourrait dire la même chose en ce qui concerne la littérature. Pour une poignée de vedettes qui sont sur toutes les tribunes, il y a une foule d’écrivains très intéressants qui publient dans la plus belle des discrétions. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Stanley Péan nous présente une galerie de femmes courageuses, talentueuses et audacieuses. Certaines ont été des militantes, des féministes qui ont combattu la discrimination et le racisme. Elles ont su se faufiler dans un monde d’hommes en faisant fi de toutes les règles et de toutes les lois du machisme. De grandes artistes et des modèles qui ont permis de faire avancer des principes comme l’égalité entre les sexes et qui ont vécu le racisme, cette plaie qui est à la source de tant de conflits et de guerres. Merci beaucoup Stanley Péan.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">PÉAN STANLEY</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> : <i>Noir satin</i>, Éditions du Boréal, Montréal, 208 pages.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><a href="https://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/noir-satin-4035.html" style="text-align: left;">https://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/noir-satin-4035.html</a></p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-85103542236226952102024-02-21T08:07:00.000-05:002024-02-21T08:07:21.255-05:00 UN VRAI WESTERN À LA SAUCE JEANNOISE<p><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj33O-hOSraSJ7C45TM6Ppy6Rdc1pTWFnWWVvRr6ll7E_XjdKd10Zq7S2GCF8SwW_-c7URfu_en87JqsBcGwNDUscjcepWO3UfuSoU5dAQ1SWlqMIVCiHutyRnKhdIKEkVxYtfPh7vFub3_Cwp-Xen1oyU1mtx-omE5KhnycXh9zmqyUTw2vtiEFqdibME/s1246/Se%CC%81bartien%202.heic" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1246" data-original-width="598" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj33O-hOSraSJ7C45TM6Ppy6Rdc1pTWFnWWVvRr6ll7E_XjdKd10Zq7S2GCF8SwW_-c7URfu_en87JqsBcGwNDUscjcepWO3UfuSoU5dAQ1SWlqMIVCiHutyRnKhdIKEkVxYtfPh7vFub3_Cwp-Xen1oyU1mtx-omE5KhnycXh9zmqyUTw2vtiEFqdibME/s320/Se%CC%81bartien%202.heic" width="154" /></a><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"></b></div><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;">RENÉ ET COWBOY</span></b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;"> <b><span style="color: #00b050;">sont des beaux-frères dans la vie et des partenaires à l’ouvrage. Ils dégagent les entrées dans les beaux quartiers pendant l’hiver et l’été, ils réparent les toits des maisons qui ont besoin d’être rafraîchis. Rien de particulier dans ces jobs, sauf que pendant la belle saison, ils travaillent au noir. Cowboy recycle souvent du matériel volé et fait un prix spécial à ses clients qui ne demandent qu’à fermer les yeux et à ressentir des frissons en pensant faire une passe.<o:p></o:p></span></b></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je ne sais comment interpréter le titre du roman de Sébastien Gagnon et Michel Lemieux. <i>Noir deux tons</i>. Les écrivains évoquent certainement la couleur du bardeau d’asphalte qu’ils utilisent ou la nature de leur emploi. Parce que ce recouvrement est offert en plusieurs teintes, surtout le noir, deux tons, ou le gris. Et Cowboy n’aime pas du tout la nouvelle tendance, le matériel bleu. Ça ne fait pas trop viril à son goût. Mais qui peut aller contre les penchants de la mode. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Travailler au noir, ou être payé sous la table, c’est prendre des contrats sans signer de paperasse, se faire rémunérer en argent sonnant. Aucune trace, aucun scribouillage, ni vu ni connu. Et Cowboy tient à sa réputation de bien réaliser la job. Tout cela est illégal, surtout quand on utilise du matériel «</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">recyclé</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">», mais ce type de comportement est encore fréquent. Les deux comparses exercent leur art à Normandville. C’est bien connu qu’on ne retape pas les toits des taudis, et les gens qui habitent ces endroits n’ont pas les sous pour ce genre de rénovation.<o:p></o:p></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhZ3gqPXhgWjurd0kB9i_9HN03yDPTgveVf_xIF92O-IEMJL0jIaXtu2wV85-g41-TSa0f7iloXVwUIGVIkL-7YcNjCSlbF1N7OSunqPESbbHTnYWe91oRz-wD7e6-JfWRRJv41nZfHGjY-5O8NZAEIcHe3yN3nkeQeJJuzBf1NG_JJ8pmXbsrzOo8jqxg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img alt="" data-original-height="1070" data-original-width="574" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhZ3gqPXhgWjurd0kB9i_9HN03yDPTgveVf_xIF92O-IEMJL0jIaXtu2wV85-g41-TSa0f7iloXVwUIGVIkL-7YcNjCSlbF1N7OSunqPESbbHTnYWe91oRz-wD7e6-JfWRRJv41nZfHGjY-5O8NZAEIcHe3yN3nkeQeJJuzBf1NG_JJ8pmXbsrzOo8jqxg=w217-h400" width="217" /></a></div><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">OISEAU<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">J’ai eu l’impression en lisant le roman de Sébastien Gagnon et Michel Lemieux, de voir en René un oiseau de proie jouqué sur un toit qui surveille tout ce qui se passe dans les alentours. Surtout les femmes, les jeunes filles qui profitent des jours chauds pour s’étendre au soleil et refaire leur bronzage, chasser la pâleur de cette peau qu’un hiver un peu long rend trop visible. René repère tout de son perchoir et n’attend que l’occasion de foncer sur sa victime. D’autant plus qu’il est bel homme et qu’il plaît. Un gars libre, sans attaches, sûr de soi, grand buveur et qui ne dit jamais non à une bonne bagarre. Il aime l’amour, les corps à corps, et ne refuse jamais une invitation, une nuit torride ou encore une baise rapide lors du breake. <br /><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;">Travailler sur une toiture, c’est plonger dans l’âme du voisinage. C’est aussi donner son show sur un </span></i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;">stage<i> en hauteur. On a une vue privilégiée sur les gens du quartier, qui s’habituent à votre présence, à la façon des écureuils. On peut alors les nourrir ou les tirer, au choix. René choisit toujours de les tirer.</i></span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.106)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Cowboy était marié à la sœur de René qui est décédée, il y a quelques années, d’un cancer. Malgré son air bourru, c’est un tendre qui a du mal à oublier son épouse. Il pense à elle tous les jours et vit quasi dans son garage parce que la maison lui rappelle trop sa compagne et des souvenirs. Il passe sa peine en avalant de la bière, en réparant des bidules que les gens lui confient. Une manière de s’occuper, de se distraire, plus que pour l’argent. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">MARGINAL<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">René vit dans un chalet insalubre, au milieu d’un véritable dépotoir à ciel ouvert. Un lieu retiré, au bout d’un chemin quasi impraticable, où s’entassent vieux véhicules, motos, réservoirs, matériaux de construction. Il s’occupe plus ou moins de deux chiens qu’il garde dans un enclos et qui lui servent d’avertisseur quand des intrus approchent un peu trop. Il possède aussi une bleuetière héritée de son père et refuse de vendre ses bleuets aux Dufour qui ont le monopole de «</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">la manne bleue</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">» de la cueillette à la congélation. Il arrive à faire passer sa récolte pour des bleuets sauvages ramassés en forêt. Le prix est nettement supérieur à ceux des bleuetières. C’est pour dire, je connais quelqu’un qui fait ça.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;">Il ne songe pas un instant à filer droit, René. Il ne marche sur la ligne que quand il pogne un barrage de police. La paperasse qu’il faut pour opérer quoi que ce soit d’honnête, et ensuite grappiller dans les marges de la légalité tel un colon juif qui empiète petit à petit sur le territoire palestinien, c’est trop d’ouvrage. Aussi bien rester dans l’illégal, c’est plus honnête.</span></i><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.85)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Bien sûr, René, séducteur impénitent et oiseau de proie, finit par avoir des problèmes, surtout avec Nathalie, la femme d’un Dufour, qui cherche plus que tout à s’envoyer en l’air pendant que son mari est au golf ou aux danseuses à Roberval. On peut dire que la discrétion n’est pas sa plus grande qualité.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;">Ce n’est pas trop long qu’après être entré dans la maison, René pénètre aussi dans sa propriétaire. Qui semble déterminée à le laisser savoir à l’ensemble du quartier. Le CD </span></i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;">Hot Dreams<i> de Timber Timbre amène un peu de douceur à la folie débridée de cet accouplement enragé, mais ne recouvre pas une seule seconde les cris de bête sauvage de Nathalie.</i></span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.134)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un prédateur, dans un lieu respectable, ne peut que semer la pagaille. Son auto polluante et bruyante devient une cible. Même Cowboy réussit à briser son célibat pendant cet été pas comme les autres. Il hésite parce qu’il a des difficultés érectiles comme on dit dans les ouvrages savants. La belle Jennifer a peut-être les remèdes pour secouer Cowboy et faire en sorte qu’il sorte de sa réclusion et qu’il vive de nouveau une histoire d’amour. René connaît bien son beau-frère et n’y va pas par quatre chemins pour parler de ses problèmes.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;">Plus de bonne heure à soir, je suis allé chercher mon chum Cowboy, euh, Jacques, ici présent, à l’hôpital. Y pensait avoir fait une crise cardiaque, mais c’est juste qu’y arrive plus à bander. Fait que je l’ai ramené chez nous. Pour prendre une bière.</span></i><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.217)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un roman digne d’un western où les héros s’en sortent bien sûr. Il y aura un affrontement, une véritable guerre comme dans les films de Leone, mais c’est plutôt tragi-comique malgré la mort d’un des agresseurs. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">TRUCULENCE</span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWX8SN5mdHv6gxghHsLUDvjATAAnCpB9CJXYh7locsdHHfBc4A8z9MFVMRTJDVnSfiQiO2ZaWG7THAN09Dx6gmh0BqMKMmZhmzfD5bhlkB7IqeHFGM61T8A_KRRzDwON7mpFJIzDKyZulnZyWakMGIYPN7rQJTpzgX0_enEZPMJJvN1_4FYAwqchrZCJ8/s548/4119858-gf.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="548" data-original-width="309" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWX8SN5mdHv6gxghHsLUDvjATAAnCpB9CJXYh7locsdHHfBc4A8z9MFVMRTJDVnSfiQiO2ZaWG7THAN09Dx6gmh0BqMKMmZhmzfD5bhlkB7IqeHFGM61T8A_KRRzDwON7mpFJIzDKyZulnZyWakMGIYPN7rQJTpzgX0_enEZPMJJvN1_4FYAwqchrZCJ8/w225-h400/4119858-gf.jpg" width="225" /></a></b></div><b><br /><o:p></o:p></b><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un roman truculent et magnifique de rebondissements où les deux écrivains n’hésitent jamais à jongler avec les clichés pour mieux les tordre et les secouer, montrer les grands et petits travers de la société. J’ai lu cette histoire, le sourire aux lèvres et les personnages, malgré leurs défauts, sont attachants. Oui, quand on jette un coup d’œil sous les bardeaux, on découvre des hommes tendres et généreux à leur manière. Les deux peuvent devenir romantiques après un certain nombre de bières. Cowboy va se laisser amadouer par la belle Jennifer. Et le véritable fauteur de troubles, René part pour le lointain où il semble se trouver une famille. C’est connu, dans les westerns, le héros s’en va toujours lentement sur sa monture, porté par une petite musique, vers les montagnes et le couchant, pour aller voir ailleurs s’il n’y a pas une veuve à défendre ou à séduire. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Les deux écrivains ont certainement eu un énorme plaisir à parcourir des lieux du Haut-du-Lac que l’on reconnaît parce que les noms sont à peine maquillés. Une satire décapante d’un milieu de petits bourgeois qui ont conquis une aisance matérielle, mais qui ne savent que faire de leur peau. Tous vivent en surveillant le voisin et en l’imitant. Au moins Cowboy et René sont vrais, authentiques et ne cherchent pas à être quelqu’un d’autre. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un texte cru, savoureux, violent et provocateur, mais quand on est un oiseau de proie qui niche sur le toit des maisons, on ne fait pas de chichis et de manières. Des aventures un peu rocambolesques qui m’ont rappelé bien des souvenirs. Oui, mon roman <i>La mort d’Alexandre</i> publié en 1982 (ça fait plus de quarante ans) où je plongeais dans la vie des travailleurs forestiers, des «</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">voyageurs</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">» comme ils se nommaient et qui n’hésitaient jamais à se lancer dans les pires extravagances en vidant toutes les bières. Ces travailleurs ne restaient guère en place, toujours prêts à partir, à <i>jumper</i> pour tout recommencer une centaine de kilomètres plus loin. Certains buvaient jusqu’à y laisser leur peau. J’ai comme rajeuni en lisant Sébastien Gagnon et Michel Lemieux. Une époque où je chaussais mes grosses bottes à cap et que je <i>startais</i> ma scie mécanique pour malmener un flanc de montagne en abattant tout ce qui était à la verticale. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Noir deux tons</span></i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> est un vrai thriller, un roman haut en couleur, intelligent qui montre nos travers et nos contradictions. Surtout une écriture jubilatoire, vivante, bien sentie et pétillante. Ça sonne bien et c’est un bonheur pour l’oreille. Une véritable musique. Du bel ouvrage comme dirait Victor-Lévy Beaulieu.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">GAGNON SÉBASTIEN et LEMIEUX MICHEL</span></b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> : <i>Noir deux tons</i>, Éditions Québec/Amérique, Montréal, 232 pages.</span></p><p><a href="https://www.quebec-amerique.com/collections/adulte/litterature/la-shop/noir-deux-tons-10694">https://www.quebec-amerique.com/collections/adulte/litterature/la-shop/noir-deux-tons-10694</a><br /></p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-6366201698317682542024-02-14T09:32:00.000-05:002024-02-14T09:32:03.300-05:00LES FEMMES LUTTENT DEPUIS TOUJOURS<p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6Zwz36OUeN8ch_5nlsVPaNpMKcjnpmdHrtmAhs-PnV-bBS3LK7Ng3geWNb1JiRa04XDX07e7YNQLMFJSS4-cRDO03LhgCcwzkIzgoLffEILUMg7lqwnXGRqukg2duNHOFMWPAW-7Kqy5Q8spZPwqq_Ie_sFbt52oTfapz0uiDrX_ZWUyX18Zf-OnyeoI/s954/Groff.heic" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="954" data-original-width="440" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6Zwz36OUeN8ch_5nlsVPaNpMKcjnpmdHrtmAhs-PnV-bBS3LK7Ng3geWNb1JiRa04XDX07e7YNQLMFJSS4-cRDO03LhgCcwzkIzgoLffEILUMg7lqwnXGRqukg2duNHOFMWPAW-7Kqy5Q8spZPwqq_Ie_sFbt52oTfapz0uiDrX_ZWUyX18Zf-OnyeoI/w185-h400/Groff.heic" width="185" /><b style="text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"></span></b></a></span></b></div><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;">NOUS SOMMES</span></b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;"> <b><span style="color: #00b050;">en l’an 1153, quelque part en Angleterre. L’Amérique n’existe pas encore, du moins dans l’imaginaire des Européens. Marie de France, une fille illégitime du roi (une bâtarde) est expédiée dans un monastère en Angleterre, un coin perdu, où elle doit se faire nonne même si elle n’a guère la fibre religieuse. Un lieu sinistre où les membres de la communauté crèvent de faim et où la maladie colle aux prières et suinte des murs, on dirait. Marie n’a que dix-sept ans et elle doit succéder à la vieille abbesse aveugle. Éliénor d’Aquitaine, la reine, en a décidé ainsi. <o:p></o:p></span></b></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Le monde de <i>Matrix</i> de Lauren Groff, une écrivaine américaine qui connaît le succès et dont les ouvrages ont été traduits en plusieurs langues, surtout son <i>Furies</i>, n’est pas tellement différent de notre époque. Les croisades se multiplient malgré les échecs. On dirait un prélude aux interventions américaines au Proche-Orient qui nous ont fait prendre la route de conflits qui éclatent partout, attisant le fanatisme et la plaie du terrorisme qui frappent des populations démunies. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">En 1153, la faim et la pauvreté sont de plus en plus présentes dans les campagnes tandis qu’à la cour les intrigues sont monnaie courante et que toutes les manœuvres sont bonnes pour atteindre les plus hautes sphères du pouvoir. On se croirait en 2024 tellement les choses sont semblables. La situation des femmes n’est guère reluisante et la reine doit lutter pour garder sa place et son indépendance d’esprit malgré les complots. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Partout, des tromperies et des dénonciations permettent de faire tomber des têtes. La noblesse profite de la misère et de la sueur des petites gens. La cour est un panier de crabes et les femmes en sont les premières victimes. Il y a toujours quelqu’un qui veut le siège de l’autre et le monastère n’échappe pas à certaines ambitions. Il ne manque qu’un prince Donald, chevalier à la crinière rousse, pour tenter de prendre la place du roi en mentant et répandant des rumeurs inimaginables.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Car elle est stupéfaite devant la pauvreté des lieux dans la bruine et le froid, devant ces bâtiments blêmes accrochés au sommet de la colline. Il est vrai que l’Angleterre est moins riche que la France, les villes sont plus petites, plus sombres et plus crasseuses, les gens plus malingres, couverts de gelures, mais même pour l’Angleterre, cet endroit est pathétique avec ses constructions en ruine, ses barrières détruites, son jardin enfoui sous les tas de mauvaises herbes brûlées l’an dernier.</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 16pt; line-height: 32px;"> </span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.15)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">C’est plus qu’un châtiment pour la jeune Marie de France que cet exil, mais une sorte d’enterrement dans un lieu sinistre. Pourtant, elle a connu une enfance libre avec ses tantes. Des femmes indépendantes qui maniaient les armes et ont fait la guerre, participant à une croisade pour délivrer Jérusalem. Oui, les femmes contribuaient à ces guerres contre les Sarrasins et étaient de toutes les manœuvres et des combats. Je ne peux m’empêcher de penser à Gaza. Autant ne pas trop élaborer sur cette horreur que les nations regardent en croisant les bras. Le nombre de victimes ne cesse de s’accroître et on dirait un téléthon où on veut toujours plus de morts. Il n’y a pas de quoi être fier de notre soi-disant modernité. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">TRAVAIL<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Marie devra oublier ses tantes guerrières et belliqueuses qui lui ont montré à manier l’épée et le couteau, à monter à cheval comme un homme et à rêver d’une vie libre et aventureuse. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un autre combat l’attend chez les nonnes. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Au lieu de se révolter, Marie apprend de l’abbesse aveugle et apprivoise ses sœurs avant de prendre la direction du monastère et d’entreprendre une véritable révolution. Elle fait confiance à chacune, leur permet d’exercer leurs compétences dans des fonctions spécifiques. Les règles demeurent, mais elles ne sont plus des diktats qui broient le corps au nom de la foi et de Dieu. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Peu à peu, la vie monacale devient douillette et toutes mangent à leur faim. Elle transforme le lieu malgré son jeune âge, s’impose chez les nobles des environs par son savoir-faire et finit par régenter à peu près toutes les activités de la région. La prospérité récompense ses efforts et la famine est chose du passé pour cette religieuse qui impressionne par sa taille, sa voix et son apparence. Que de changements depuis son premier regard alors qu’elle arrivait seule sur son cheval comme une âme en peine</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">!<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Marie s’avère une gestionnaire hors pair comme on dirait aujourd’hui. La sécurité alimentaire est assurée et toutes aiment le travail dans les champs où elles développent des compétences remarquables. La supérieure prend plaisir à écrire en français, ce qui n’était pas habituel alors. On utilisait le latin, la langue noble. Des textes qui échappent un peu aux règles et introduisent sa subjectivité dans ces opus qu’elle garde pour elle, bien sûr. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEisXgtS9_9D6Fk7YBpSZeD9J0wTrjPkAoYo3u4pQ_LCzFHzm7wnM_hp_8wAWpHJWjtGGzRyuBE-7LY0CKjbNQiN8LC46KiLljNdmbXQobRJEFhy8zOlvBNCSUV39f3LP9KokR1F8lzJf5XtBnXFiePGoSUO3FoeSsNeF7LwjzPm_Z8b3qoWGM0M_9esWkk/s1440/COUV_Matrix-scaled-e1687811955988.webp" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; font-size: 21.333334px; font-weight: 700; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="1440" data-original-width="900" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEisXgtS9_9D6Fk7YBpSZeD9J0wTrjPkAoYo3u4pQ_LCzFHzm7wnM_hp_8wAWpHJWjtGGzRyuBE-7LY0CKjbNQiN8LC46KiLljNdmbXQobRJEFhy8zOlvBNCSUV39f3LP9KokR1F8lzJf5XtBnXFiePGoSUO3FoeSsNeF7LwjzPm_Z8b3qoWGM0M_9esWkk/w250-h400/COUV_Matrix-scaled-e1687811955988.webp" width="250" /></a><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">RÉVOLUTION<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Tout change sous sa houlette. Le soin aux animaux, des produits qu’elles cultivent et vendent, le travail des copistes, un secteur très lucratif. La vie est douce au monastère et Marie, dans certaines visions où elle croise la Vierge, entreprend de transformer la pensée des religieuses de plus en plus nombreuses à venir frapper aux portes de l’abbaye. On peut même, discrètement, s’adonner à certains élans du corps entre recluses. C’est bon pour la santé mentale et Marie ne refuse pas ces bonheurs. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Et elle voit alors ce qu’elle n’a pas vu en entrant, le miroitement du soleil à travers les branches agitées par la brise, le roitelet huppé aux ailes invisibles qui cueille les insectes au vol, la peau récurée, pareille à l’écorce d’un noisetier, des vielles femmes aux yeux clos, visage tendu vers le soleil. La gentillesse de Nest envers son corps charnel a créé un changement en elle. Plus rien n’est sombre ou clair à présent, plus rien ne s’oppose. Bien et mal se côtoient, obscurité et lumière. La contradiction peut exister dans le même instant. Le monde contient en son centre une immense terreur qui bat. Le monde est extase au plus profond de ses entrailles.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.83)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">La jeune femme est féministe avant que le mot n’existe et fait en sorte que ses filles prennent leur place, vivent comme elles l’entendent et surtout, qu’elles ne soient jamais à la merci des hommes en créant un labyrinthe autour du cloître qui devient un véritable palais, un lieu magnifique et convoité. Même la reine pourrait venir s’y réfugier après avoir connu les turpitudes du monde. Un rêve que Marie caresse en secret. Elle aime Aliénor d’Aquitaine et la vénère en quelque sorte.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">La cinquième année, il y a vingt-six religieuses et d’autres arrivent, les dots se sont améliorées, Marie, lentement, difficilement, commence à être reconnue pour ses compétences, son long visage étrange et son allure de virago rassurent la noblesse quant au fait que leurs filles seront entre de bonnes mains. Ils hésiteraient s’ils savaient qu’elle a seulement vingt et un ans, mais sa taille, l’austérité et l’inquiétude gravées sur ses traits la font paraître bien plus vieille. Parfois quand elle se lève trop vite de son lit ou de son bureau, elle est prise de vertige à cause du manque de sommeil. Lorsqu’elle dort, elle rêve d’or, car il n’y en a jamais assez, il lui coule entre les doigts.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.71)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Marie de France est surtout pratique, logique et volontaire. Elle prend les moyens pour arriver à ses fins, croit en elle et à l’autonomie de ses consœurs, leur fait confiance et leur permet de s’exprimer. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">LIBÉRATION<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un combat pour l’autonomie et la liberté de penser et d’être. Elle ira jusqu’à confesser ses nonnes et à dire la messe, ce qui est encore interdit aux femmes après des siècles. Son monastère échappe aux folies et aux manigances des assoiffés de pouvoir. Elle n’hésite pas à sortir l’épée pour protéger l’abbaye quand des têtes brûlées tentent de l’envahir. Elle s’avère une stratège militaire remarquable. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un combat admirable et très contemporain, une figure de femme impressionnante. Surtout un roman qui nous prend aux tripes et nous emporte dans une quête qui sort des sentiers battus et nous fait entendre un air captivant d’autonomie. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Ce roman remet tout en question et permet de suivre une fois de plus tous les méandres de la lutte des femmes pour l’égalité, le respect et leur liberté sexuelle et intellectuelle. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Surtout, le refus d’être assujettie aux hommes. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Malgré l’époque où madame Groff s’aventure, nous sommes dans le monde présent. Comme quoi l’histoire recommence inlassablement, les humains répétant les mêmes bêtises et les mêmes horreurs. La liberté de penser et d’agir est constamment à défendre et à imposer. L’écrivaine nous le rappelle magnifiquement. Un récit sur fond historique qui secoue les grandes questions qui embrasent notre siècle tourmenté et si étrange dans ses excès et ses manifestations. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">GROFF LAUREN</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> : <i>Matrix,</i> Éditions Alto, Québec, 256 pages. (Traduit de l’anglais par Carine Chichereau)</span></p><p> <a href="https://editionsalto.com/livres/matrix/">https://editionsalto.com/livres/matrix/</a></p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-24779058508865342472024-02-08T09:11:00.002-05:002024-02-08T09:11:41.741-05:00ROBER RACINE NE CESSE DE ME FASCINER<p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYPZ3BeNrAOB_gF665oJuXRS0KyNYP1K1pXjdA1Fou0dYO-6CNJRiWXbWRTmIS-0Bc518cUJC6WBoPpwn300X0sW345h98-YKMijLQPxx3jD7fAiC422OBNm-WNDOWhMMHWYdJWo93gQSpSs5DJqY-qN5VmxCWnUTuP7hZ78GcJDO51JWlPFMqqSCQ9hQ/s293/A-3425-1-1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="293" data-original-width="220" height="293" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYPZ3BeNrAOB_gF665oJuXRS0KyNYP1K1pXjdA1Fou0dYO-6CNJRiWXbWRTmIS-0Bc518cUJC6WBoPpwn300X0sW345h98-YKMijLQPxx3jD7fAiC422OBNm-WNDOWhMMHWYdJWo93gQSpSs5DJqY-qN5VmxCWnUTuP7hZ78GcJDO51JWlPFMqqSCQ9hQ/s1600/A-3425-1-1.jpg" width="220" /><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"></span></b></a></b></div><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;">MÊME SI J’AIME</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"> <b><span style="color: #00b050;">beaucoup Rober Racine, cet homme aux idées singulières et originales, j’ai lambiné avant d’ouvrir sa dernière publication. C’est peut-être le titre. <i>Au square Gardette</i> ne me disait pas grand-chose et le volume a attendu pendant des semaines. Il n’y a rien de plus patient qu’un livre. Il peut être des décennies à espérer son lecteur.</span></b><span style="color: #00b050;"></span><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt; line-height: 32px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je le regrette un peu maintenant, j’aurais dû bondir parce que cet essai m’a parlé particulièrement. J’y ai appris ce qu’est la fraternité et l’amitié, la vraie, pas celle qui dure une saison ou quelques années. Une entente et une admiration qui vont au-delà de la mort. Celle de Rober Racine pour Claude Vivier, musicien et compositeur québécois que je connaissais de nom pour avoir écouté ici et là des moments de son travail sans trop y prêter l’oreille. Je suis curieux pourtant de ces musiciens un peu étranges qui explorent le monde sonore et permettent de découvrir des univers que nous n’avons pas l’habitude de fréquenter. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Claude Vivier est décédé de façon tragique à Paris, assassiné dans son appartement par un jeune prostitué. Un drame qui a fait les manchettes en mars 1983. Un meurtre sordide et d’une violence difficile à qualifier. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je connaissais peu le côté musicien achevé de Rober Racine qui a eu l’audace de jouer <i>Variations</i> d’Éric Satie. Un concert d’une durée de seize heures, rien de moins. C’est dans l’ordre des prestations de ce créateur original qui, lors de certaines de ses apparitions publiques, se moque du temps</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">.</span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> En musique et en art visuel, ce qui est assez unique. Un homme accompli et aussi l’auteur de performances remarquables comme celle de <i>Salammbô</i> de Flaubert qu’il a lu sur un escalier comprenant quatorze marches qui correspondaient à chacun des chapitres du livre. Chacun de ces segments a été lu debout, sur sa marche. Il a fallu seize heures à Rober Racine pour parcourir les 300 pages de ce roman. De véritables exploits, n’ayons pas peur de le dire. Je ne m’attarderai pas au dictionnaire. Il a découpé les 60</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">000 mots de cet ouvrage pour en faire des fiches et aborder cette «</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">bible</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» d’une façon tout à fait nouvelle. Un homme étonnant par ses performances et ses écrits. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">AMITIÉ<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Rober Racine n’est pas qu’un original qui surprend par ses performances, mais il se montre particulièrement fidèle en amitié. Il était proche de Claude Vivier et ce récit permet de plonger dans l’univers de ce musicien et de découvrir un créateur inventif, intense et attachant. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Dans<i> Au square Gardette</i>, Rober Racine tente de comprendre ce qui s’est passé dans l’appartement de Paris, lors de cette soirée qui s’est avérée fatale pour le compositeur de 35 ans. L’écrivain s’investit totalement dans sa recherche et veut aller au-delà du drame pour effleurer la nature humaine, tant chez la victime que le meurtrier qu’il retrace et tente d'apprivoiser. Pour discuter, le surprendre dans sa vie de maintenant avec ses questions et ses réflexions. Surtout l’écouter. Toujours dans le but de saisir l’âme, de s’approcher des pulsions qui peuvent briser une existence et nous priver d’un ami, d’une pensée sœur en quelque sorte. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Claude Vivier a été sauvagement battu et tué à coups de couteau dans son appartement du square Gardette par Pascal Dolzan. Un crime d’une rare violence et d’une brutalité révoltante. Surtout, un geste inexplicable. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">C’est la raison pour laquelle je me suis intéressé, dans la mesure du possible, à celui qui a enlevé la vie de cet ami. Pour essayer de savoir, quarante ans après cette nuit de mars, ce qui s’est passé en lui avant, pendant cet acte insensé, après l’irréparable. Connaître son histoire, sa vie. Je ne veux pas l’excuser, le valoriser ou le réhabiliter. Je n’éprouve pas à son égard d’animosité, de ressentiment, de haine ou de colère. Plutôt une ouverture pour un homme qui n’est plus ce qu’il a fait. Aujourd’hui il est libre. Il a soixante ans. Il a une famille. Quelques amis.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.16)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Que penser de ce moment d’égarement</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Bien sûr, Vivier aimait s’encanailler de temps en temps et s’aventurer dans des milieux louches. Mais, pourquoi un jeune homme de vingt ans l’exécute d’une façon aussi violente, tue un homme qu’il croisait pour la première fois.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1XQ_WVcL2-3CWDWjt525iBTJmroXqHk26eyoAnu489XKyio_9B4yiCWtpt1EZvzYjwgvcnQewlVCa_FmnbGUxFiyNcGWuVq_rZWSr6eIbBpzeBw7XsxrjGd8pu1KFe_G5r_gD6YVvMBddtLfct27Qw1wrfMQoatvXBKe53Q_NGnTztz08YjxWFHRFMcc/s374/C1_au_square_gardette_WEB.jpg" style="clear: right; float: right; font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 21.333334px; font-weight: 700; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="374" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1XQ_WVcL2-3CWDWjt525iBTJmroXqHk26eyoAnu489XKyio_9B4yiCWtpt1EZvzYjwgvcnQewlVCa_FmnbGUxFiyNcGWuVq_rZWSr6eIbBpzeBw7XsxrjGd8pu1KFe_G5r_gD6YVvMBddtLfct27Qw1wrfMQoatvXBKe53Q_NGnTztz08YjxWFHRFMcc/w235-h400/C1_au_square_gardette_WEB.jpg" width="235" /></a><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">SIMILITUDE<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Tous les deux ont été des enfants délaissés. Vivier a été adopté par un couple montréalais et a découvert très tôt sa passion pour la musique et la composition. Dolzan a été abandonné par sa mère à la naissance. Il a fui sa famille, adolescent (son père) pour se retrouver à Paris et vivre de la prostitution tout en détroussant ses «</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">clients</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» qui ne portaient jamais plainte pour les raisons que l’on imagine. Il aimait aussi les violenter, les bousculer. Un parcours tragique et terrible pour ce jeune garçon. Lors des audiences, on apprendra qu’il avait tué d’autres hommes avant Vivier. Même s’il subsistait de ces rapports intimes avec les homosexuels, Dolzan les haïssait.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">L’enquête de Rober Racine lui permet de reconstituer les événements autant qu’il est possible de le faire en consultant les minutes du procès et les articles des journaux pour comprendre le drame. Décoder si l’on veut des gestes et se faufiler peut-être dans la tête de la victime et celle de l’assassin. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">HISTOIRE<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">L’écrivain évoque aussi de nombreux artistes qui sont devenus des meurtriers ou des proies. La liste est impressionnante. Le Caravage, le compositeur italien, Don Carlo Gesualdo, William S. Burroughs, Louis Althusser, Bertrand Cantat, Krystian Bala, Fay DeWitt, Michael Massee, Denise Morelle tuée, Richard Niquette et Pier Paolo Pasolini. Des musiciens, des peintres, des comédiens. Victimes de circonstances horribles et assassins qui ont continué à pratiquer leur art. Y a-t-il un lien entre l’acte de la création et le geste de prendre la vie d’un autre</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Que se passe-t-il dans la tête d’un homme ou d’une femme qui commet l’irréparable comme on dit souvent</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Pourquoi certains, comme Vivier, aiment jouer avec le feu et s’aventurer sur une corde raide qui peut être fatale</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Racine effectue une lecture formidable et sensible des partitions de Claude Vivier, de ses œuvres que j’ai écoutées en boucle pour en saisir toute la beauté et l’évocation, l’atmosphère aussi et la résonance que ces compositions provoquent chez celui qui tend l’oreille. Rober Racine présente ces œuvres dans toutes leurs dimensions et leurs aspects. Nous voyons naître sous nos yeux ces moments musicaux époustouflants. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Des diagrammes illustrent les différentes textures du son (lisse, 3-5-8-13-21-34…) sont rétrogradées, permutées, en miroir. Les calculs d’harmoniques côtoient les carrés magiques ou de Vigenère. Les techniques d’analyse propres à la musique sérielle sont fréquentes. C’est de toute beauté à regarder et à lire.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.98)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je n’ai pu m’empêcher de penser à cet entretien que j’ai eu avec le compositeur et musicien Gilles Tremblay qui a eu beaucoup d’importance dans la vie de Rober Racine. Une grande figure du monde musical contemporain né à Arvida. Comme journaliste, j’ai su qu’il séjournait au Saguenay et je suis parvenu à avoir une rencontre avec lui. Je ne connaissais pas grand-chose du travail de ce compositeur renommé et je lui ai avoué mon ignorance en début d’entrevue. Il a souri et expliqué comment tout cela est venu. Il a grandi à Arvida et allait souvent, jeune adolescent, dans les sentiers qui longent le Saguenay. Il s’assoyait sur la berge et était captivé par le clapotement des courtes vagues sur les rochers qui créent une cadence et une rythmique. Tout vient de là, avait-il avoué. Ce fut une rencontre marquante dans ma carrière de journaliste.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">PORTRAIT<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un hommage formidable, une découverte particulière du monde de la musique contemporaine, des créations étonnantes. Des moments uniques, une réflexion sur la fraternité, la communication, la présence de l’autre et de son travail, avec toujours en toile de fond la mort tragique de Vivier. Pourquoi est-il décédé si tôt et qu’est-ce qui s’est passé dans la tête du meurtrier</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Pourquoi ce rendez-vous fatal</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Tout ça demeure un mystère.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Racine tente de correspondre avec Dolzan, de le rencontrer même. Pour l’avoir devant lui, lui parler, le voir réagir à certaines remarques, pour comprendre peut-être pourquoi il a tué son ami. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Formidable de savoir et de connaissances musicales, de questions existentielles et de réflexions sur les pulsions, la création, les élans qui surgissent du côté obscur de l’humain et aussi ses visions lumineuses. Saisissant</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">! Je me suis retrouvé souvent sans mots, comme étourdi devant ces élans qui se chevauchent, se croisent et peuvent pousser vers le sublime tout autant que l’horreur.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Rober Racine s’aventure très loin dans les recoins de la pensée et de l’être, des gestes qui font passer du désir à l’acte. Chose certaine, je ne peux plus écouter une composition de Claude Vivier avec la même oreille et la même attitude. Je me sens étrangement remué et touché. Concerné, j’ajouterais par cette musique qui a quelque chose de sacré en elle. Toute d’élévation et de beauté, avec souvent le gong d’une cloche qui nous ramène à notre condition de vivant et de mortel comme dans <i>Lonely Child</i>. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">RACINE ROBER</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> : <i>Au square Gardette</i>, Éditions du Boréal, Montréal, 312 pages.<o:p></o:p></span></p><p><a href="https://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/square-gardette-4015.html">https://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/square-gardette-4015.html</a> </p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-59519591598258104642024-02-01T08:07:00.001-05:002024-02-13T08:08:04.090-05:00UN HÉRITAGE TRÈS DIFFICILE À ASSUMER<p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b style="text-align: left;"><div class="separator" style="clear: both; display: inline; text-align: center;"><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFQvdHOSRKnoMH3heWGkcv9pVeNtk47FdoYcFU7f4yO5AM2b-tP1pPaLfi2Ai9uIp3XZLBz0lfar0qrXfG39TTnr17fCKG5T-e54Ycdwk-kmo5X8gOeORl7NueAnQrRH_XxVcFNYs3A6qHw-oOQtixjd_kCYu5Yoc4B5a2tuV1bQDnw4XKl5tBt35qGFQ/s1008/Fe%CC%81lix.heic" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1008" data-original-width="618" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFQvdHOSRKnoMH3heWGkcv9pVeNtk47FdoYcFU7f4yO5AM2b-tP1pPaLfi2Ai9uIp3XZLBz0lfar0qrXfG39TTnr17fCKG5T-e54Ycdwk-kmo5X8gOeORl7NueAnQrRH_XxVcFNYs3A6qHw-oOQtixjd_kCYu5Yoc4B5a2tuV1bQDnw4XKl5tBt35qGFQ/s320/Fe%CC%81lix.heic" width="196" /></a></div></span></b></div></b><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;">C’EST PARFOIS</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"> <b><span style="color: #00b050;">difficile de se faufiler dans un roman, comme si le texte cherchait à vous repousser et à vous garder à une certaine distance. On ne sait trop à quoi s’accrocher même si le monde qui s’ouvre devant vous semble familier et rassurant. C’est le cas de <i>Lait cru</i> de Steve Poutré, un premier ouvrage étonnant et terriblement troublant. </span></b></span><b style="text-align: left;"></b></p><div class="separator" style="clear: both; display: inline; text-align: center;"><span face="Calibri, sans-serif" style="font-size: 16pt; text-align: justify;"><b><span style="color: #00b050;"> </span></b></span></div></div><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un jeune garçon vit dans </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" lang="AF" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">une</span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> ferme laitière comme il y en a beaucoup dans toutes les régions du Québec. Des installations facilement reconnaissables quand vous circulez sur ce que l’on nomme les routes secondaires ou dans des rangs. Vous savez, les grandes bâtisses, toute en longueur un peu en retrait avec d’immenses silos qui se dressent, semblables aux clochers d’une cathédrale. Un monde qui a beaucoup changé depuis mon enfance sur «</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> l</span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">a terre</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» où mon père pratiquait une agriculture de survie. Quelques vaches, des cochons, des moutons, des poules, des dindons et un cheval parce qu’il aimait cet animal et qu’il avait tant d’histoires à raconter sur les chevaux qui avaient marqué sa vie dans les chantiers. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Les fermes sont devenues de grandes entreprises dites modernes, où tout est régi par l’informatique et réglé au quart de tour. Tout est planifié, géré comme dans une usine et les contacts avec les bêtes ne sont plus aussi «</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">personnalisés</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» qu’autrefois. Je ne pense pas que l’on se donne la peine maintenant de les baptiser comme nous le faisions dans mon enfance. Nous avions un cochon nommé Napoléon et il ne rêvait pas du tout de conquérir toutes les porcheries de la paroisse.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">C’est ce qui explique peut-être cette histoire qui a passionné le Québec il n’y a pas si longtemps. Oui, ce troupeau de vaches parti en cavale sans que l’on parvienne à capturer les récalcitrantes. Même les cowboys ont mordu la poussière devant ces rebelles. C’est rapidement devenu un feuilleton au Québec, un symbole de révolte et de liberté pour nombre de gens. Il semblerait, quand on a réussi à les faire rentrer, que certaines bêtes n’ont jamais pu s’adapter après avoir goûté à l’indépendance et au bonheur de déambuler sans les limites des clôtures.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Dans <i>Lait cru</i>, le jeune garçon raconte son quotidien sur l’entreprise dirigée par son père qui a hérité de ses parents. Une histoire familiale. Pas sûr qu’il est apte à prendre la relève cependant. Il s’attarde à certaines tâches, aux petits travaux qu’il doit exécuter jour après jour, aux liens avec ses proches et surtout avec les animaux, des lieux connus aussi, évocateurs, pleins d’odeurs et de souvenirs qui lui rappellent des moments et des rêves peut-être. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">FAMILLE<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Sa grand-mère habite tout près dans une nouvelle demeure construite à dix pas de la résidence ancestrale. Des générations contribuent aux tâches qui occupent tout le monde. Des oncles triment dans l’entreprise, peu rassurants. Tous participent à la routine de la traite des vaches et aux grands travaux qui mobilisent la maisonnée à la belle saison. Des moments difficiles aussi, parce que la vie et la mort se mélangent toujours sur une ferme. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">J’ai fini par comprendre après plusieurs pages que le narrateur, le jeune garçon, a été placé dans une institution parce qu’il a des problèmes de comportement pour ne pas dire de santé mentale. Il est imprévisible et a mis sa vie en danger à plusieurs reprises. C’est ce qui explique le récit embrouillé et tortueux. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Je suis loin de tout ici, au centre d’un monde qui n’est qu’un condensé de l’ailleurs, où les bonheurs se compriment et meurent dans l’indifférence du voisin. Un lieu perpétuellement vidé de son histoire, chaque recoin se réinventant au gré des modes et des humeurs. Chaque poussière remodelée par l’obsession d’y laisser sa trace. J’y vivais cent ans que je n’aurais rien d’intéressant à rapporter, hormis les combats des chats errants dans la ruelle.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.19)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Ça semble héréditaire dans cette famille. Il y a eu des suicides (le grand-père), et la grand-mère boit peut-être pour oublier cette réalité difficile malgré les apparences. Peu importe, la vague et le souffle vous emportent et vous soulèvent, comme la vie qui ne fait jamais trop de différence entre la joie et la douleur. On finit par traverser le brouillard quand on comprend la détresse du narrateur et la lutte qu’il doit mener pour se protéger de lui et de ses idées. Là, on adhère pleinement à ce récit, qui se démarque. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjPXDqPwe83BGtoyCWz-2iFcj18kjsv_Sks5XhewT7yDubEhI_N1OsVAOpBxaVfLbkv2wm6Mn07L8F6kAhpiv1_pSOSr29JzjtDcyR05OEiabfitbBt6bXeIC_COtL_LXfJbGs6Xsr64hIRissnuN3OzbDOKrn5YhEPGWlbizLyv3VQea2_WivqLd3mdKY/s1280/ALTO-LaitCru-C1-Grande-jpeg.webp" style="clear: left; float: left; font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 21.333334px; font-weight: 700; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="1280" data-original-width="810" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjPXDqPwe83BGtoyCWz-2iFcj18kjsv_Sks5XhewT7yDubEhI_N1OsVAOpBxaVfLbkv2wm6Mn07L8F6kAhpiv1_pSOSr29JzjtDcyR05OEiabfitbBt6bXeIC_COtL_LXfJbGs6Xsr64hIRissnuN3OzbDOKrn5YhEPGWlbizLyv3VQea2_WivqLd3mdKY/w255-h400/ALTO-LaitCru-C1-Grande-jpeg.webp" width="255" /></a><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">MALADIE<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Le jeune garçon avoue qu’il est bipolaire. Je ne sais si cette maladie peut être responsable de tous ses excès et de ses délires, mais cela importe peu. Il se mutile, tue des bêtes, bascule dans une violence dérangeante et n’hésite jamais à mettre sa vie en danger quand il sent la frénésie venir en lui.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Lorsque je suis pris de maux de tête, le seul moyen de m’apaiser est de la déposer sur le ventre de ma mère. Elle tourne les pages de ma chevelure pour me lire l’esprit, caresse les images qui y défilent. Ses ongles hérissent mes poils. L’animal ferme les yeux, entre dans la chair maternelle, s’oublie. Je ne peux plus bouger, figé dans le moment. Je m’assure de rester assez petit pour me lover un jour dans la caverne originelle, pour retourner dans l’œuf. Là, les voix sont douces et familières. On chuchote lentement et avec précision, comme pour endormir un bébé dragon.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.127)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Des périodes terribles de détresse et d’agitation. J’y ai retrouvé pourtant des moments heureux de mon enfance, quand je partais dans les champs et m’arrêtais devant une couleuvre ou une autre merveille de la nature qui ne cessait de m’étonner. J’allais jusqu’à la lisière de la forêt et de la rivière qui coupait nos terres, un lieu de découvertes et de surprises constantes. </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Il y avait aussi des corvées terribles lorsque venait le temps des boucheries, le cochon que l’on traînait à l’extérieur de l’étable et qui hurlait comme un humain. Je me suis souvent demandé s’il savait qu’il allait mourir. Le grand couteau que mon père enfonçait dans la gorge de l’animal pour le faire saigner, le poêlon que je tenais en tremblant pour ramasser le sang. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un monde où les bêtes, tellement elles sont nombreuses, deviennent des objets que l’on utilise sans trop les aimer pour ce qu’elles sont. Comment faire autrement dans ces énormes entreprises où les pensionnaires se multiplient et perdent leur individualité. Les fermes ont l’allure de bien des sociétés où les humains sont des numéros interchangeables.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">FARDEAU<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Mélange de folies héréditaires, d’obsessions qui se mêlent aux gestes quotidiens et aux bêtes qui n’échappent pas aux déviances humaines. C’est pathétique, terrible, émouvant et désespérant aussi parce qu’il n’y a pas beaucoup de lumière dans les jours de ce garçon en manque d’amour. Pas étonnant qu’il soit subjugué par la psychologue qui vient le visiter dans la chambre où il est interné. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Elle l’écoute surtout. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Pour la première fois de sa vie peut-être, il y a quelqu’un qui tend l’oreille et semble croire ce qu’il raconte et vit. Un jeune marqué dans son corps. Il a beau s’évader, foncer dans la forêt et y risquer sa peau, jamais il ne trouve un lieu de repos. Tout s’agite dans sa tête. Il n’y a peut-être que la médication pour le calmer un peu, l’emmailloter dans une sorte de brouillard d’où il finit par tenter de s’échapper.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Je veux me remplir sans arrêt. Je veux manger le paysage, je veux manger la nuit et le jour. Tout contenir dans mon estomac. Je ne mange pas que mes émotions. Je me gave du bruit dans ma tête. Ma conscience sort enfin de mon crâne pour nager dans une mer de pain.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.108)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un roman troublant où la violence, la folie, la démence, la cruauté, les amitiés se confrontent avec la figure du père qui est là comme un phare toujours allumé et visible, avec la mère qui pâtit dans l’ombre. Un texte émouvant, magnifique et pathétique</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">! Un hurlement qui s’étourdit dans des paroles et des gestes qui ne peuvent être entendus par ses proches. L’héritage est lourd et effrayant. Un récit fort à multiples facettes que je devrais relire en prenant le temps de m’attarder à chacun des mots parce qu’ils portent un monde, un cri et une terrible douleur. Dérangeant et pathétique. D’une beauté à donner des frissons. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">POUTRÉ STEVE</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> : <i>Lait cru</i>, Éditions Alto, Québec, 264 pages.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><a href="https://editionsalto.com/livres/lait-cru/" style="text-align: left;">https://editionsalto.com/livres/lait-cru/</a><span style="text-align: left;"> </span></p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-43162143934782524882024-01-25T08:08:00.000-05:002024-01-25T08:08:16.016-05:00JACOB WREN DÉRANGE AVEC SES PROPOS<p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh4on4hEGfzO6tuKwGQ4S-gnxd8nWSI4EgPUaiApu2j_kJBGzj5cOQvAbe7dXeDuCfYcd48kCk1eLSywofdyPlwWKL7BMiAaRRW48pJ78BpLgK7yvsFle6aO746PfjHvVmbrx1sHDdGTIGVAqB35BmUOi5S8nlBC6rGMRCvpLid4hYUhsGpLHmct1T8yAk/s378/Jacob.heic" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="344" data-original-width="378" height="291" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh4on4hEGfzO6tuKwGQ4S-gnxd8nWSI4EgPUaiApu2j_kJBGzj5cOQvAbe7dXeDuCfYcd48kCk1eLSywofdyPlwWKL7BMiAaRRW48pJ78BpLgK7yvsFle6aO746PfjHvVmbrx1sHDdGTIGVAqB35BmUOi5S8nlBC6rGMRCvpLid4hYUhsGpLHmct1T8yAk/s320/Jacob.heic" width="320" /></a></b></div><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;">JACOB WREN</span></b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;"> <b><span style="color: #00b050;">est l’écrivain le plus original que j’ai lu dernièrement. <i>La famille se crée en copulant</i> (quel drôle de titre) permet à l’auteur de s’interroger et de réfléchir à différents aspects de la société et à nos manières d’agir et de se conduire dans le quotidien. Il tâche de demeurer lucide devant les comportements des puissances occidentales et les conséquences de leurs décisions sur la planète et les individus, peu importe où ils résident et tentent de vivre décemment. En fait, il remet en question à peu près toutes nos habitudes et nos façons de faire. Surtout, il pointe les gens qui acceptent souvent un travail difficile qu’ils détestent pour payer les factures et les comptes qui ne cessent de s’accumuler.<o:p></o:p></span></b></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;"><b><span style="color: #00b050;"><br /></span></b></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;">Avoir des enfants rend plus conservateur et moins politisé. Vous devez tout à coup gagner assez d’argent pour assurer leur avenir. Vous faites parfois des choses que vous n’aimez pas faire, parce qu’il faut gagner de l’argent. Ou des choses auxquelles vous ne croyez pas. Des choses qui s’opposent, ne serait-ce qu’un peu, à vos principes éthiques. Mais ce n’est plus juste pour vous que vous les faites. Vous les faites pour votre famille.</span></i><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.20)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Bien sûr que Jacob Wren a raison. Mais il y a les responsabilités envers les enfants et ses proches que nous ne pouvons nier. Il est vrai cependant que des gens passent une grande partie de leur existence à répéter des gestes dans une entreprise et à reproduire à peu près la même chose tout en devant s’adapter à de fréquents changements technologiques. Pour ceux qui font un travail plus gratifiant, on parle de carrière où l’on peut vivre nombre d’expériences valorisantes. Surtout avoir accès au petit groupe de décideurs qui planifient et dirigent les étapes de croissance de la compagnie pour en assurer la pérennité ou encore préserver la fortune des actionnaires. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">C’est vrai que tout va de travers dans nos grandes et fascinantes sociétés où tout repose sur la consommation, le gaspillage et le saccage des ressources naturelles. La Terre est à bout de souffle. Le climat se détraque et la catastrophe a le nez collé sur la vitre de votre porte d’entrée. Et que dire des itinérants de plus en plus nombreux et présents dans la vie de tous les jours</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Wren en est particulièrement conscient. La question qu’il répète : pourquoi nous tolérons tout ça, pourquoi nous obéissons en baissant la tête, pourquoi les gens ne se révoltent pas</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;">La peur est réactionnaire. Lorsque vous avez peur, vous n’essayez pas de rendre le monde meilleur. Vous essayez de vous protéger, de protéger ce que vous possédez, de protéger le statu quo. La culture populaire encourage la peur, encourage le faux bonheur. Le faux bonheur vous fait désirer ce que vous ne possédez pas, ce qui est le plus souvent hors de portée (par exemple : le bonheur véritable en tout temps). J’aimerais vraiment être en train de dire quelque chose de neuf, mais j’ai l’impression que tout le monde sait déjà ça.</span></i><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.129)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Jacob Wren bouscule notre confort et ébranle, si vous voulez l’échafaudage de nos certitudes face à une vie qui semble se détraquer. La consommation et les nouveautés, on le constate, a abîmé la planète et nous a poussés au bord du gouffre. Nous qui avons chanté l’avenir, nous nous retrouvons devant un mur qui bouche tous les horizons et rend demain angoissant. Tout ce confort et cette indifférence qui s’appuient sur l’exploitation des sociétés moins nanties, sur le gaspillage des ressources naturelles, la fabrication d’objets inutiles et jetables, la pollution des océans par le plastique et l’endettement des individus qui permet de garder les populations dociles. Les États-Unis sont souvent la cible de l’écrivain.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;">Les États-Unis sont de plus en plus fascistes et totalitaires. Ils possèdent les moyens et la volonté d’infliger à l’humanité tous les dommages qu’il est possible d’imaginer. C’est déjà presque un problème d’histoire. Ce n’est pas une bonne année pour naître en Irak.</span></i><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.60)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Vingt ans plus tard, après l’invasion de l’Irak par les Américains en 2003, on ne peut que lui donner raison. Et ce n’est toujours pas une bonne idée de naître dans la plupart des pays du monde qui se débattent avec la misère et la famine, les guerres menées par des extrémistes, la pauvreté et les bouleversements du climat qui frappent de plus en plus fort.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">QUESTION<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQUa6Pt7dCis-bvwRppE3IXRJYC81y38bK85NxGKFvFzZK57XJ1tKKmzxDiv6xO0Ncpss4RbpfW77f7o769EUvao3c3xqKRrv2KWTO6ILBVZSB_6Tj0S3Va-Z0RAQxUOpzEeVO9IHp17i8igaASE4QxomEdvjOyPc1WJxNwXWGPN5l4Zf1v-3N2sygMsw/s542/655e1749648ff.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 21.333334px; font-weight: 700; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="542" data-original-width="360" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQUa6Pt7dCis-bvwRppE3IXRJYC81y38bK85NxGKFvFzZK57XJ1tKKmzxDiv6xO0Ncpss4RbpfW77f7o769EUvao3c3xqKRrv2KWTO6ILBVZSB_6Tj0S3Va-Z0RAQxUOpzEeVO9IHp17i8igaASE4QxomEdvjOyPc1WJxNwXWGPN5l4Zf1v-3N2sygMsw/w268-h400/655e1749648ff.jpg" width="268" /></a><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Que dire d’un Donald Trump qui ment comme il respire et se pavane à la télévision en ridiculisant la loi, les procureurs et les juges, tout en demeurant le favori des républicains et d’une grande partie de la population américaine</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Tout ça malgré les accusations qui pèsent contre lui et qui devraient l’empêcher normalement de se représenter à la présidence. C’est assez difficile de comprendre ce qui se vit actuellement dans ce pays qui se prétend la première démocratie au monde et la championne des libertés individuelles. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Comment régler tout ça et sauver la planète</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;">Arrêtez d’avoir des enfants. Vous ne vous rendez pas service et au monde non plus. Utilisez plutôt l’énergie que vous auriez dépensée à élever vos enfants pour lutter contre l’impérialisme américain. Le monde n’est plus ce qu’il était. Avant longtemps, vous enfants vous seront enlevés et se seront accoutumés aux mauvais dessins animés et aux jouets trop chers, au déficit d’attention, aux jeux vidéo violents, à la stupidité de la télévision et à la désinformation sans fin sur internet. Arrêtez-vous un instant et réfléchissez. Nous sommes déjà trop nombreux. Il y a trop de tout.</span></i><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.39)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Jacob Wren n’épargne personne dans ses propos, pas même sa personne. Oui, nos sociétés démocratiques sont de plus en plus inégales et aux mains des plus nantis. Les pauvres sont de plus en plus misérables et l’inverse est aussi vrai : les riches s’empiffrent et en demandent toujours plus. Les gigantesques entreprises de communications échappent à toutes les lois et ne paient pas d’impôts, se moquent des frontières et pillent l’information juste et équilibrée. On le vit avec la crise qui frappe les médias traditionnels. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Des guerres éclatent partout et les plus grandes puissances demeurent les bras croisés devant des massacres et des tueries de masse. Que dire de Gaza et de l’envahissement de l’Ukraine</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">? <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Le climat n’est plus certain et échappe à tout ce que nous connaissions et provoque des catastrophes qui semblent vouloir se répéter de plus en plus. Tout ce que Jacob Wren dénonce et pourfend est en train de se produire à l’échelle planétaire. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">DANGER<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Chose certaine, l’écrivain est à prendre au sérieux. C’est trop facile de le faire passer pour un fou ou un illuminé parce qu’il touche des sujets sensibles et exige des mesures énergiques si on veut sauver la planète et assurer un avenir aux générations futures. Pour y arriver, il faudra modifier radicalement nos façons de travailler et de penser. Et ce n’est pas en remplaçant des autos polluantes par des voitures électriques qui vont changer quoi que ce soit. J’imagine déjà les massacres et les ravages causés par les minières dans le nord du Québec pour exploiter les métaux précieux. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">C’est à donner des frissons dans le dos. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Bien sûr, on tique quand Jacob Wren raconte qu’il est surveillé jour et nuit par des forces de l’ordre… Un écrivain peut-il être un danger et être dans l’œil de la CIA</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Ces détecteurs de complots prennent-ils les auteurs au sérieux</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je me le demande.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un livre qui fait avaler de travers et qui nous laisse un peu étourdis et sans mots. Pourtant, nous en sommes là. Wren a raison, mais qui va l’entendre et l’écouter</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Qui va lui donner la parole dans les émissions où il y a obligation de rire et de s’éclater même pendant les tragédies. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Il faudra une détermination terrible pour modifier nos manières de faire et se mobiliser pour entreprendre le grand nettoyage de la planète. Saurons-nous le faire et aurons-nous le courage de réagir de façon adéquate</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">? En tous les cas, nous devrons faire preuve d’audace et de témérité pour réinventer nos sociétés polluantes et prédatrices. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je ne crois pas être un pessimiste, mais je doute que les humains repensent leurs comportements et parviennent à calmer leur rage d’accumuler et de consommer. Il faudrait commencer par bousculer nos gouvernements et bien des institutions pour faire un pas dans la bonne direction et ça, ce n’est pas les réformettes de Legault qui va changer quoi que ce soit. Malheureusement, Jacob Wren a raison. Oui, malheureusement.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">WREN JACOB</span></b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> : <i>La famille se crée en copulant</i>, Éditions Le Quartanier, Montréal, 160 pages.<o:p></o:p></span></p><p><a href="https://lequartanier.com/parution/675/jacob-wren-la-famille-se-cree">https://lequartanier.com/parution/675/jacob-wren-la-famille-se-cree</a> </p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-37046279687900143262024-01-22T09:35:00.001-05:002024-01-25T15:53:45.714-05:00 UN ROMAN BOULEVERSANT DE MICHEL JEAN <p><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFcK49Wzh3YoHUwvj3Yh_Zll7W-cqFJ6ZDvYpgBB0IbW8J9BS091th6vK1r4twVU9g14FWI-TLNfltLBdGG6kIPCEDG3OerI5_Qms9tBvJ0KUNYLq47ClFQ8GUTS_5CjoDDJJboelbLVh1iTrK49flm9QQeUdp5qe-xz1m6WDqO7TL8LSm79YNIwHRtp0/s598/Michel.heic" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="598" data-original-width="422" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFcK49Wzh3YoHUwvj3Yh_Zll7W-cqFJ6ZDvYpgBB0IbW8J9BS091th6vK1r4twVU9g14FWI-TLNfltLBdGG6kIPCEDG3OerI5_Qms9tBvJ0KUNYLq47ClFQ8GUTS_5CjoDDJJboelbLVh1iTrK49flm9QQeUdp5qe-xz1m6WDqO7TL8LSm79YNIwHRtp0/s320/Michel.heic" width="226" /></a></div></span></b><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;">J’AI SOUVENT</span></b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;"> <b>LU <span style="color: #00b050;">des romans qui m’ont entraîné dans le Grand Nord québécois, cette partie du pays que l’on nomme le Nunavik. La plupart du temps, ce sont des textes signés par des résidents du Sud qui vont travailler pendant quelques années dans le refuge du froid. Du moins, c’était ainsi, il n’y a pas si longtemps, avant les bouleversements climatiques. Beaucoup d’enseignants qui s’exilent et se butent à une réalité qu’ils avaient du mal à imaginer avant de descendre de l’avion et de se présenter dans une classe. Impossible d’œuvrer comme on le fait à Montréal ou à Alma. Les jeunes pensent autrement et ils n’ont pas totalement oublié la liberté qui était la leur avant l’école. Certains coopérants n’arrivent pas à s’adapter et d’autres parviennent à négocier un pacte avec eux, à vivre une forme de paix fragile. Felicia Mihali, Juliana Léveillé-Trudel, Jean Désy, la liste pourrait s’allonger. À vrai dire, ça me plaît bien de m’aventurer dans un ouvrage signé par quelqu’un qui nous présente l’envers du décor. <i>Qimmik</i> de Michel Jean se risque dans cette aventure. <o:p></o:p></span></b></span></p></div><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"><b><span style="color: #00b050;"><br /></span></b></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Michel Jean est une figure de proue dans le monde littéraire du Québec avec ses romans qui font la joie de milliers de lecteurs ici et un peu partout à l’étranger. <i>Qimmik</i>, (un mot inuktitut qui signifie un chien ou une race canine) nous entraîne dans des événements terribles qui ont marqué les gens de ce territoire et changé leur façon d’appréhender l’espace. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Sur ce continent longtemps oublié, les humains vivent avec leurs qimmiit, leurs chiens. Des chiens gros, forts, résistants et fidèles. Depuis cinq mille ans, l’inuktitut et le jappement des qimmiit résonnent dans le Nunavik. La vie y est cruelle. Mais c’est ce qui la rend belle. Précieuse.</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">»</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> (p.14)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Pour une fois, nous nous aventurons dans le quotidien des Inuit qui subsistaient naguère de la chasse et de la pêche. Michel Jean nous permet de suivre Saullu et Ulaajuk, un jeune couple, des nomades qui fuient Kuujjuaraapik. La petite agglomération connaît de grands bouleversements depuis que les Blancs du Sud ont découvert que cette portion du pays était importante. Un chamboulement survenu après la Deuxième Guerre mondiale.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Les deux vivent selon des traditions millénaires et un savoir appris des parents dès leur plus jeune âge. Ils font preuve d’ingéniosité et de patience pour manger tous les jours et avoir des vêtements chauds qui les protègent pendant des hivers à glacer le sang. Ils peuvent aussi, de temps en temps, compter sur la chance.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">SOLITUDE<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Les deux s’enfoncent dans la toundra, s’éloignent des rives de la baie d’Hudson avec leurs chiens qui sont de vrais partenaires dans toutes leurs entreprises. Sans eux, ils ne pourraient repérer les trous où viennent respirer les phoques à la surface et que la neige dissimule. Impossible non plus de se déplacer sur de longues distances sans eux. Ils peuvent même retrouver leur refuge dans une tempête où le ciel se confond avec le sol. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Nous les accompagnons dans ce territoire fascinant, magnifique et j’ai eu souvent l’impression d’être à côté de Saullu quand elle passe des heures, parfaitement immobile, attendant la remontée du phoque ou encore de suivre Ulaajuk dans ses expéditions, d’encourager l’attelage à avancer pendant les heures de cette journée si courte. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Ils bougent dans la beauté et la splendeur de ce coin de pays si mal connu, filant tout droit en longeant l’horizon on dirait. Et que dire de cette secousse sismique qui ébranle le ciel et le sol dans sa course</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Une sorte de brouillard qui flotte sur la plaine avec un bruit de commencement du monde.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Une mer vivante et grouillante. Cinq mille</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">? Huit mille</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">? Dix mille caribous les bois au vent</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">? Combien de cœurs battent au même rythme devant moi</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">? Aucun autre animal sur terre, à part les humains peut-être, ne ressent le besoin de vivre en communauté nombreuse au sein d’une nature austère. Ce troupeau parcourt la toundra depuis la nuit des temps. Ce territoire est le sien</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">.</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.128)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Michel Jean a eu la bonne idée de faire coïncider deux grands moments de l’histoire du Nord. Celle d’avant les Blancs d’abord, les tâches de la vie traditionnelle et nomade, les activités de chasse et de pêche, les déplacements constants avec les chiens, les travaux de préparation des peaux, le tannage, la confection des vêtements, des bottes, les mitaines qui occupent toutes les heures et les saisons. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">SÉDENTARISATION<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFNSb5cHxX6b3udwh2FMZQ9Z5WQ_sitnCIA4kGYrXT6qlD8V2y0wc26xowIY2uwdLzRnn8Frj6prXDoBuNbMytn_k4Ystfx8xf5ic7LCCb7WZfwsT-4BU5CSTLv7ZRqTLSSmT9GTqpYNxEkRBnK4CFpO4rMk2LMgERtFmyw73UZR2gQPzpj8gnqKtRmNo/s550/4038971-gf.jpg" style="clear: right; float: right; font-size: 21.333334px; font-weight: 700; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="550" data-original-width="362" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFNSb5cHxX6b3udwh2FMZQ9Z5WQ_sitnCIA4kGYrXT6qlD8V2y0wc26xowIY2uwdLzRnn8Frj6prXDoBuNbMytn_k4Ystfx8xf5ic7LCCb7WZfwsT-4BU5CSTLv7ZRqTLSSmT9GTqpYNxEkRBnK4CFpO4rMk2LMgERtFmyw73UZR2gQPzpj8gnqKtRmNo/w265-h400/4038971-gf.jpg" width="265" /></a><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Tous doivent se plier à la sédentarisation dans des villages qui ne répondent pas aux aspirations des familles. Ils doivent accepter les manières de faire du Sud, leurs matériaux et des maisons où ils étouffent. Ces deux manières de confronter le réel se sont imposées dès les premiers contacts entre les arrivants de France et les autochtones. La paroisse, le défrichage de la terre, l’agriculture et l’élevage opposés à la mouvance dans les forêts selon les saisons, le long des rivières qui permettaient d’aller un peu partout. Ce n’est pas pour rien que les coureurs des bois avaient si mauvaise réputation. Deux visions du monde qui se sont heurtées à l’époque de la Nouvelle-France. Oui, l’histoire s’est reproduite dans le Nord quand les gens du Sud ont décidé de s’approprier des territoires dont personne ne voulait, il y a si peu de temps.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">La venue des Blancs a été une malédiction et une véritable catastrophe pour ces nomades. La plus sauvage des conquêtes et un colonialisme aveugle qui s’est imposé de façon unilatérale. L’épopée du Nord est une tragédie que l’on ignore et qui se perpétue malgré toutes les informations et les dénonciations. Les interventions des entreprises minières qui n’ont laissé que déchets et rebut après leur départ. De ces projets qui ont noyé une partie du territoire</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Tout cela près de chez nous, au début des années cinquante, quand je me débattais dans les corridors de l’enfance et que j’apprenais à la dure ce qu’était l’autorité et les règles à la petite école. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Toujours la même approche. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Le conquérant se sent l’obligation de civiliser ces populations et de les faire entrer de force dans la modernité, la productivité et l’exploitation des ressources naturelles sans se soucier des traditions des peuples premiers. Sans les consulter bien sûr</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">! Et que dire des barrages de La Grande avec le recul</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Nous avons bien eu l’entente de la paix des Braves avec les Cris, mais les Inuit ont été oubliés dans ce pacte et n’ont pas réussi à dicter leur vision des choses alors. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Les chasseurs cris avaient dit vrai. Peut-être qu’au fond mon esprit refusait d’accepter cette réalité. Je n’en veux pas aux Inuit qui vivent ici maintenant. Ils n’ont pas eu d’autre choix que de venir. J’en veux à ceux qui ont décidé cela. Ceux qui vivent loin d’ici et nous imposent leur monde. Ce n’est pas le mien. Ce n’est pas le nôtre. Toutes ces personnes qui s’entassent les unes sur les autres sont-elles aussi effrayées que moi</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">? Nos chiens hurlent, mais aucun qimmik ne leur répond. Où sont-ils</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">?</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.170)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Et pour parvenir à les sédentariser, la police a abattu les chiens. Une véritable tragédie, un carnage. Les Américains ont fait la même chose pour soumettre les tribus de l’Ouest qui vivaient près des grands troupeaux de bison. Ils ont massacré ces bêtes jusqu’à les éliminer presque. Après, les autochtones ne furent plus que l’ombre d’eux-mêmes et ils durent se résoudre à la mort lente dans des réserves. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Un jour quatre agents sont venus chez nous avec leurs armes, comme si nous étions des criminels. Ils ont abattu nos chiens devant mon père et moi. L’un après l’autre. Nous étions paralysés, mais eux rigolaient. Ils faisaient des blagues. J’imagine que pour eux ce n’était rien d’important. Mon père les regardait et, moi, j’avais le goût de vomir. Ils ont tué tous nos chiens en riant. Puis ils sont allés chez les voisins. Je les ai suivis pour les avertir, mais ça n’a rien donné. La douleur que j’ai ressentie ce jour-là fait partie de moi. Je vis avec elle chaque jour. Et c’est intolérable. Ils étaient quatre de la Sûreté du Québec. Ils ont osé rire. Ils ne rient plus maintenant. On est quittes.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.176)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un roman bouleversant, terrible de justesse et de beauté. Michel Jean a eu la bonne idée d’évoquer la tragédie de ceux et celles qui doivent venir à Montréal, la plupart du temps pour des soins dans les hôpitaux, et qui n’ont pas d’argent pour retourner dans leur pays. Ils se retrouvent à la rue, totalement démunis et perdus, inutiles et vulnérables, dépossédés de tout leur passé et sans avenir. Une actualité épouvantable et choquante. Une quête d’identité aussi pour Ève qui a été adoptée par une famille francophone et qui peut, à cause de son métier d’avocate, défendre les siens. Particulièrement un Inuit accusé du meurtre d’anciens policiers de la Sûreté du Québec. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Michel Jean a trouvé le ton et surtout la retenue nécessaire pour sensibiliser le lecteur à cette tragédie qui a eu lieu dans un coin du Québec sans que nous en ayons pris conscience vraiment. Bien sûr, les écrivains parlent de drames, d’alcoolisme, de drogues, de violence, mais qui est à la source de tout ça</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Pourquoi les Inuit sont déboussolés et ne savent plus que faire de leur vie</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Il faut des voix comme celle de Michel Jean pour le dire, l’expliquer, mettre le doigt sur des malheurs effroyables et, et des comportements que nous avons du mal à reconnaître. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">JEAN MICHEL</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> : <i>Qimmik</i>, Éditions Libre expression, Montréal, 224 pages. </span></p><p><a href="https://editionslibreexpression.groupelivre.com/blogs/auteurs/michel-jean-jean1062">https://editionslibreexpression.groupelivre.com/blogs/auteurs/michel-jean-jean1062</a><br /></p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-12521259887267959662024-01-18T07:54:00.000-05:002024-01-18T07:54:12.846-05:00 LA TERRIBLE AVENTURE DE DEVENIR VIEUX<p><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 18pt;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIa3GjjI4h-EYWLEeCk2Lq3sOKGgujZMTNO8toqIAMG8XQfcB0rbQeKqJX89_c0GxDIQhjC-DrqhZWIm9lZ3mR0UAH07oBKHgzLFZvc422jfBjyndywP-SxTKUWIunD1hN5RfPFrsuiOYVQDKz8u6R4f6cwHFr5MTlkMtLD-JgxMPtLvDbMqlDlIc9DFo/s293/Archambault_G_w56678.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="293" data-original-width="220" height="293" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIa3GjjI4h-EYWLEeCk2Lq3sOKGgujZMTNO8toqIAMG8XQfcB0rbQeKqJX89_c0GxDIQhjC-DrqhZWIm9lZ3mR0UAH07oBKHgzLFZvc422jfBjyndywP-SxTKUWIunD1hN5RfPFrsuiOYVQDKz8u6R4f6cwHFr5MTlkMtLD-JgxMPtLvDbMqlDlIc9DFo/s1600/Archambault_G_w56678.jpg" width="220" /><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 18pt;"></span></b></a></b></div><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 18pt;">CE N’EST PAS </span></b><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 18pt;">que je souhaite mettre de la pression sur Monsieur Archambault, mais j’ai toujours hâte d’avoir un nouveau livre de lui. <i>Vivre à feu doux</i>, un recueil de courtes nouvelles, nous plonge dans l’univers de ceux et celles qui sont «</span></b><b><span face="Arial, sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 18pt;"> </span></b><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 18pt;">victimes de la vieillesse</span></b><b><span face="Arial, sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 18pt;"> </span></b><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 18pt;">». Qu’on le veuille ou non, nous sommes tous aux prises avec ce problème quand on reste dans l’équipe des vivants et que l’on se dirige vers la ligne mythique que sont les cent ans, une frontière qui semble particulièrement difficile à atteindre. Un plaisir de lecture que j’ai savouré tout doucement, au coin du feu, par les soirs de janvier avec la musique que diffuse l’émission de Marie-Christine Trottier à Radio-Canada en sourdine. Juste de la musique, pas trop de paroles, comme j’aime.</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 18pt;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 18pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un véritable cadeau des Fêtes que de recevoir le dernier livre de cet écrivain que je fréquente depuis des décennies. Surtout en cette période un peu terne, où l’hiver avait oublié de se présenter par chez nous. Belle façon de se moquer des caprices de la saison et d’attendre patiemment que la neige permette de partir sur mes skis et de me griser de la forêt. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Oui, Monsieur Archambault a réussi l’exploit une fois de plus. Parce que publier un livre, dans une vraie maison d’édition, surtout pour un vétéran, relève souvent de la prouesse. D’abord le travail d’écriture, ce terrible combat pour ajuster les mots à la phrase et la propulser dans ce qu’elle doit être, sans que rien ne dépasse. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Il ne faut pas croire que c’est plus facile avec l’âge. Monsieur Archambault reste pleinement dans la réalité qui est sienne. Il est l’un des rares écrivains maintenant à mettre la date de sa naissance dans les informations éditoriales. Pas besoin d’être Albert Einstein pour comprendre qu’il est parfaitement conscient de sa situation et du temps qui file.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Nous sommes vieux, tous les deux. Ce qui explique sûrement nos goûts. Jouvet, plus personne ne le connaît. Cela n’a aucune importance, estimons-nous.</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.13)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Monsieur Archambault ne finasse jamais avec l’aventure de l’âge et il utilise toujours les mots justes. Pas de masques, de métaphores pour décrire une période où la plupart des gens tentent de tricher, même si le corps devient de moins en moins mobile et doit composer avec tous les oublis que la mémoire se permet. Le nom des politiciens, des amis, par exemple, qui nous échappe souvent dans les conversations, ou un écrivain que l’on voudrait évoquer. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Voilà qui dit tout ou presque. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Les personnages de Monsieur Archambault sont des vieux et l’avenir n’est pas un sujet que l’on envisage avec enthousiasme. La fin se tient là, tout près, à portée de main, menaçante jusqu’à un certain point. Parce qu’arrive ce moment où le passé s’impose de plus en plus et fusionne on dirait avec le présent pour oublier ou nier le futur</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">! <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">VIRAGE<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Le temps se recroqueville et le voilà déjà dans le dernier virage. C’est peut-être le propre de l’âge que de douter, de ne pas savoir s’il y a de la place pour demain et si c’est utile de faire des projets. Tout devient si fragile et précaire. Et ils vivent, ces hommes et ces femmes, en ayant un œil sur le rétroviseur. J’ai pu le constater avant Noël en allant faire la lecture dans les Résidences pour personnes âgées. Tous, après avoir écouté nos contes, sentaient le besoin de parler d’eux, de dire qu’ils existent et qu’ils ont un passé rempli et intéressant. J’ai eu le sentiment qu’ils attendaient, simplement, que la vie fasse son temps. «</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Il ne nous reste qu’à rire maintenant</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» d’affirmer une dame plutôt joviale.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Quant à l’avenir, voilà un vaste espace dont ils ne connaissent pas les frontières. Presque tous les amis ont disparu et ils ont de plus en plus l’impression d’avancer sur un terrain miné et d’avoir été oubliés ou d’avoir raté le train qui les emportait tous. Et quelle solitude</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">!<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">J’ai tout fait pour éviter de participer à cette réunion de vieux écrivains. Nous sommes attablés sur une estrade, tous les quatre. À des degrés divers de décrépitude physique et mentale. Comment avons-nous pu venir à bout de l’escalier branlant qui mène à la scène</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">? J’y suis parvenu sans trop de peine, mais comment pourrai-je en redescendre avec un minimum d’élégance</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">? Je me débrouille mal avec le déclin qui accompagne l’âge.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.39)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Monsieur Archambault parle avec justesse de son état ou de sa condition. Humour noir, un peu, certainement. Pourquoi pas</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhq43yn6ABDjPkaCdV2r0B3w1x-ClPfze1WWg5EgsDvVf3AuFZvviA5l_-XSOVkbBGEDxWd0e8XN1t4jqt-kAUGPUSFoLshcc9jz4jYRRR-1eGGptkc8WyxsFBtrq8_qmZA7daC3BR7t4-IEib2LgOSMjBtFh3RBcH00tftKGThWOEAGk5NiGb2FgT0Eqc/s640/C1_vivre_a_feu_doux_WEB.jpg" style="clear: right; float: right; font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 24px; font-weight: 700; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="640" data-original-width="400" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhq43yn6ABDjPkaCdV2r0B3w1x-ClPfze1WWg5EgsDvVf3AuFZvviA5l_-XSOVkbBGEDxWd0e8XN1t4jqt-kAUGPUSFoLshcc9jz4jYRRR-1eGGptkc8WyxsFBtrq8_qmZA7daC3BR7t4-IEib2LgOSMjBtFh3RBcH00tftKGThWOEAGk5NiGb2FgT0Eqc/w250-h400/C1_vivre_a_feu_doux_WEB.jpg" width="250" /></a><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">LIBÉRATION<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Il semblerait qu’avec le vieillissement, les gens perdent toute retenue et n’hésitent plus à dire ce qu’ils pensent haut et fort. Ils livrent leurs réactions spontanément, affirment ce qu’ils n’auraient jamais osé dire en public, il y a quelques années. Ça peut paraître dur et cruel certainement. Ça donne de formidables livres en tout cas.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je crois que cela demande une grande honnêteté et une lucidité particulière pour écrire comme Monsieur Archambault le fait.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">J’ai dû la revoir une bonne quinzaine de fois depuis. Toujours chez moi. On s’étonnera peut-être de l’apprendre, mais si j’aime nos retrouvailles, c’est parce qu’elles me replacent dans une partie de mon passé que je réprouve. On jurerait qu’agissant de la sorte je réussis à réparer les erreurs d’autrefois. Rien n’est plus faux. J’aime me complaire</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">.</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.72)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Encore une fois, l’écrivain prouve qu’avec la vieillesse, ce sont de toutes petites choses qui prennent de l’importance et que juste le fait de bouger, de croiser des gens, de discuter avec des amis, ou ceux que l’on considère comme tels, demande des efforts particuliers. Un rendez-vous avec un proche, un dernier au revoir lors d’un décès, le hasard d’une rencontre qui nous pousse devant une ancienne flamme ou une complicité que l’on croyait très forte et qui vous laisse maintenant indifférent. Une occasion aussi de prendre conscience que ce que l’on jugeait comme primordial et essentiel s’avère futile avec le temps. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un monde qui se rétrécit et dans lequel le silence et l’isolement s’imposent. Un vécu qui continue plus par habitude que par effort de volonté. Monsieur Archambault se demande souvent pourquoi il est toujours du côté des survivants, pourquoi il patauge dans une existence que la plupart de ses connaissances ont eu l’élégance de céder aux plus jeunes</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Tout cela en demeurant conscient que le grand rendez-vous approche, celui de l’anéantissement.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Oui, Monsieur Archambault m’offre des textes essentiels, me tend un miroir qui indique la direction que je dois suivre. C’est l’occasion de me secouer et de mettre les pendules à l’heure. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Ça me fait tellement de bien et me donne un élan formidable, l’envie de continuer à fréquenter les mots pour en faire des paragraphes et des histoires. Et, Monsieur Archambault, vous ne devez pas laisser toute la place à Jeannette Bertrand. Vous aussi avez droit à votre espace et à des petits moments de gloire et de triomphe. Juste ce qu’il faut, cependant, la modestie s’impose, vous le savez. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">ARCHAMBAULT GILLES</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> : <i>Vivre à feux doux</i>, Éditions du Boréal, Montréal, 112 pages.</span></p><p><a href="https://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/vivre-feu-doux-4026.html">https://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/vivre-feu-doux-4026.html</a></p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-89960067550969236242024-01-16T10:57:00.002-05:002024-01-16T10:57:38.573-05:00 LES HUMAINS SONT DES ÊTRES DANGEREUX<p><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCFF52FrnzpqBi5CMSI5uRe637QOwB4aKeO-2q1fE49lEnkJsI0jDcQ2WGegdvOWolkWrQAjH4QE2etusjsGpAczQrGzNb_aNleCQMOlr5WansI5WxJg2wN7ffBFjh1mf7Yk24L_LItp5e6OD9a6BB-1ywQDwM7TC_DIESRpWZheZCZpXCd4MpuNvWeOc/s1226/Mireille.heic" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1226" data-original-width="508" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCFF52FrnzpqBi5CMSI5uRe637QOwB4aKeO-2q1fE49lEnkJsI0jDcQ2WGegdvOWolkWrQAjH4QE2etusjsGpAczQrGzNb_aNleCQMOlr5WansI5WxJg2wN7ffBFjh1mf7Yk24L_LItp5e6OD9a6BB-1ywQDwM7TC_DIESRpWZheZCZpXCd4MpuNvWeOc/s320/Mireille.heic" width="133" /></a></b></div><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;">LE TITRE DU<span style="color: #00b050;"> récent roman de Mireille Gagné, <i>Frappabord</i>, est un peu étonnant et pas très attirant, surtout pour moi qui ai eu souvent maille à partir avec ces bestioles têtues et voraces. Je ne peux qu’évoquer l’époque où je courais le marathon et faisais de longues sorties dans la forêt pour m’entraîner. Immanquablement, un frappabord me surveillait et se mettait à tourner autour de moi dès mes premières foulées, au moment où je commençais à transpirer. Cette grosse mouche me suivait sur une vingtaine de kilomètres et parfois plus, gâchant mon plaisir. Il n’y avait qu’une façon de m’en débarrasser : m’arrêter et attendre patiemment qu’elle se pose sur un bras ou une épaule. La tape devenait l’arme ultime contre cette obsédée. Le frappabord peut rendre fou</span></span></b><b><span face="Arial, sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;"> </span></b><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;">!<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Mireille Gagné semble avoir un faible pour les animaux et les insectes. Son dernier roman avait pour titre <i>Le lièvre d’Amérique</i>. Je comprends : ce mammifère est une bête plutôt sympathique et j’ai aimé cette fiction où cet animal, bien implanté dans mon environnement, change de couleur avec les saisons et marquait pour ainsi dire le comportement des personnages. Mais de là à affectionner les frappabords, il y a une marge. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Thomas, un spécialiste des insectes, est mobilisé par l’armée pendant la Deuxième Guerre mondiale pour une mission spécifique. Il doit rejoindre des savants sur Grosse-Île, au milieu du Saint-Laurent, un lieu connu qui a servi, pendant près d’un siècle, de zone de quarantaine pour les migrants, particulièrement les Irlandais. Un séjour obligatoire avant de s’installer quelque part au Québec ou au Canada pour ces nouveaux citoyens.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Ces équipes, dirigées et surveillées par des militaires, doivent effectuer des recherches dans la plus grande des discrétions. En fait, Thomas doit trouver un moyen d’inoculer un insecte d’un virus pour semer la mort chez les ennemis. Vous imaginez une nuée de maringouins qui s’abat sur une population et c’est la catastrophe. Les humains sont capables de n’importe quoi pour conquérir des territoires et éliminer ceux qui s’opposent à leurs ambitions. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Personne n’en savait beaucoup plus que ce que le major Walker leur avait dévoilé après leur arrivée. Le programme de guerre bactériologique déployé sur l’île était une collaboration entre les Américains, les Britanniques et les Canadiens. Les autorités de Washington suivaient l’état d’avancement des recherches.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.44)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Au même moment, au Nouveau-Mexique, Robert Oppenheimer poursuivait ses explorations sur le nucléaire et participait à créer, avec toute une équipe, la bombe que l’aviation américaine larguerait sur Hiroshima et Nagasaki. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">EXPÉRIENCES<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Après différentes expériences sur les insectes, Thomas choisit le frappabord pour son avidité (j’en sais quelque chose) et sa ténacité. Cet insecte peut devenir une arme de guerre efficace et terrible. Surtout, la canicule, un début de réchauffement de la planète certainement, même si on est dans les années 40, permet à ce moustique de se reproduire en ville. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Dans son rapport, il mentionnait que ces mouches piqueuses, vives malgré leur grosseur, étaient dotées d’un instinct vorace, se multipliaient rapidement, pouvaient couvrir de grandes distances et que, particularité cruciale, les femelles avaient besoin de plus de sang pour procréer que les autres espèces</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">.</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.51)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Thomas, en réalité, se retrouve prisonnier au milieu du Saint-Laurent et de son laboratoire, n’ayant que très peu de contacts avec les chercheurs. Il crée des liens avec des habitants de l’île, une famille qui effectue différents travaux pour l’armée, dont un jeune homme nommé Émeril.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">POINTS DE VUE</span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhN-B31NtX2KIKHPB6MmxoRjnLDldWKjAs1cyUr2idS4h1vPblT9LsszUruT_OlGJ-9wQNX458-NaOof4XPJSXsRXW5Fi1QxLRk9tHTn8sAGkbQZGTENHlYEAxPL5hDH4IFmqEqW49DZMwiTkVHAy7g1OPzAv7-XvHYqvvIUySXvKcJuKT2faEvOQpSt6Y/s556/frappe.heic" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="556" data-original-width="384" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhN-B31NtX2KIKHPB6MmxoRjnLDldWKjAs1cyUr2idS4h1vPblT9LsszUruT_OlGJ-9wQNX458-NaOof4XPJSXsRXW5Fi1QxLRk9tHTn8sAGkbQZGTENHlYEAxPL5hDH4IFmqEqW49DZMwiTkVHAy7g1OPzAv7-XvHYqvvIUySXvKcJuKT2faEvOQpSt6Y/w278-h400/frappe.heic" width="278" /></a></b></div><b><br /><o:p></o:p></b><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">En amorçant ma lecture, je me suis buté à trois récits. Théodore, un travailleur en usine, un solitaire et un taciturne, voit son appartement envahi par les fameuses mouches. Je ne sais pas, mais il me semble que les frappabords ne se trouvent pas souvent en ville. Mais nous sommes dans une fiction et tout est possible. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Son grand-père vit dans une résidence et il n’en a plus pour longtemps, étant dans les derniers moments de son existence. Le plus étonnant, c’est quand le frappabord prend la parole et témoigne de sa soif de sang, de sa frénésie quand il s’approche des gens. Une histoire d’amour presque. Il nous livre ses secrets, ses plaisirs, sa quête, ses capacités et son excitation surtout. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Voilà un suspense qui sort des sentiers battus. Ces points narratifs ou de convergences finissent par faire un tout dans le roman de Mireille Gagné. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Tous les fils se nouent.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Rapidement, j’ai été aspiré par cette histoire un peu étrange où les humains se montrent beaucoup plus voraces que la pauvre mouche à chevreuil (un autre nom du frappabord).<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">On ne manipule pas les bactéries et les matières dangereuses sans risquer de contaminer les gens qui participent aux travaux. Une erreur, un geste et le pire arrive. Et ça se produit, bien sûr, dans le récit de madame Gagné. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Frappabord</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> m’a inquiété. Surtout, Mireille Gagné le précise, que le Canada a effectué ce genre d’expériences à Grosse-Île pendant des années. Cette mouche têtue et vorace devient quasi sympathique. Et comme dans tout bon thriller, nous voulons savoir comment tout ça va se terminer. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Une histoire où les personnages parlent peu ou pas. Ils ont le flegme d’un insecte. Théodore, Thomas et Émeril, le grand-père, ne sont guère des bavards. Et par certains aspects, ils se rapprochent du frappabord qui a droit au premier rôle. Je ne vous dis rien de la fin, c’est à donner froid dans le dos. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">SENSIBILISATION<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Le roman de Mireille Gagné nous sensibilise aux risques que des dirigeants et des chercheurs prennent en manipulant des matières dangereuses ou encore en tentant de modifier le code génétique de certains animaux. Ça peut donner des atrocités si on s’en sert pour faire la guerre et éliminer des gens. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Au bout de longues minutes, les </span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Tabanus Flos cadaver<i> semblaient avoir disparu. Les avaient-ils tous tués</i></span><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">? Thomas ne pouvait l’affirmer. Les trois hommes se regardaient, effrayés, sans parler. Le temps pressait, ils ont continué à brûler et à sectionner les plantes, avec pour unique objectif de ter miner cette horrible tâche et de pouvoir quitter l’île au plus vite. Thomas a pensé à Émeril. Il avait raison. Il y a des chemins que les hommes ne devraient pas emprunter.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.194)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Que dire de l’agent orange que les Américains ont utilisé au Vietnam, un poison épouvantable</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Un défoliant qui a ravagé des pans de la jungle. Et le gaz sarin, cette peste que l’on soufflait sur les lignes ennemies. Sans parler des bombes à fragmentations, le nucléaire et bien d’autres armes que j’ignore. Incroyable ce que l’humain peut inventer pour tuer et dominer ses semblables. Madame Gagné nous sensibilise à ces folies que l’on peut commettre au nom de la science et de la légitime défense. </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="background: repeat white; color: #202124; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Netanyahou</span><span class="apple-converted-space"><span face="Arial, sans-serif" style="background: repeat white; color: #202124; font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">devrait lire le roman de madame Gagné, il connaîtrait peut-être un moment de lucidité.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">GAGNÉ MIREILLE</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> : <i>Frappabord,</i> Éditions de La Peuplade, Chicoutimi, 216 pages.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt; line-height: 32px;"> </span><a href="https://lapeuplade.com/archives/livres/frappabord" style="text-align: left;">https://lapeuplade.com/archives/livres/frappabord</a></p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-63944663029628782172024-01-10T10:30:00.001-05:002024-01-10T10:30:34.914-05:00LA TERRIBLE AVENTURE DE LA VIEILLESSE<p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"></span></i></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOiTm7KqUcrzIyfE0c4BQumbHFuCTdR_OxeJ98kDcwjE62dxqzPbHf5U_-XCKOmoT68Aox0mD_0roQoN_G5nKahHdxjeuFHsPjZC9W3kMWylfUq9ZD5FIRKuA5dpR9ja3kC7oVKue0J6fj3euqA_zdV1gXWrsolYB3x9IR9dYrMocSJohCNgfsLVRhCZw/s596/Monique.heic" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="596" data-original-width="382" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOiTm7KqUcrzIyfE0c4BQumbHFuCTdR_OxeJ98kDcwjE62dxqzPbHf5U_-XCKOmoT68Aox0mD_0roQoN_G5nKahHdxjeuFHsPjZC9W3kMWylfUq9ZD5FIRKuA5dpR9ja3kC7oVKue0J6fj3euqA_zdV1gXWrsolYB3x9IR9dYrMocSJohCNgfsLVRhCZw/s320/Monique.heic" width="205" /></a></i></b></div><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;">BONNE NUIT, LUCETTE</span></i></b><span style="color: #00b050; font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;">, <b>un recueil de nouvelles de Monique Le Maner, aborde un sujet qui fait rarement les manchettes dans les médias. L’écrivaine s’aventure dans le territoire de la vieillesse et du grand âge où, qu’on le veuille ou non, tous voient leurs facultés diminuer et la vie se recroqueviller. Tous, avec le temps, finissent par n’occuper que l’espace d’une chambre et, à la toute fin, l’univers d’un lit. Vingt-cinq nouvelles où l’on se faufile dans l’intimité de Gaston et Lucette qui deviennent les figures de proue de ces personnes qui doivent composer avec un corps de moins en moins fiable.<o:p></o:p></b></span></p><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;"> </span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Les gens âgés ont été un sujet médiatique pour de bien mauvaises raisons pendant la pandémie de COVID. Un mal qui n’a épargné aucun pays, encore moins le Québec qui a été affecté de façon assez particulière. Nous avons connu des tragédies dans certains CHSLD où des résidents ont été abandonnés et coupés de leurs proches aidants dans le plus terrible des confinements. Un drame qui a laissé les intimes de ces parents, souvent un fils ou une fille, impuissants et la rage au cœur. Qui aurait pu imaginer que le Québec allait vivre une calamité du genre avant ce virus qui a effectué une virée planétaire. Et je ne crois pas que la situation s’est bien améliorée dans ces établissements depuis. Notre gouvernement a l’art de ne rien changer, quand ce n’est pas d’empirer les choses par certaines réformes qu’il est bien difficile de comprendre. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Ces personnes âgées ont fait la société avec ses grandeurs et ses faiblesses et nous avons souvent l’impression qu’ils sont devenus embarrassants. Pourtant, le présent n’a de sens que s’il s’appuie sur le passé. Sans le passé, il n’y a pas de présent et encore moins de futur. Mais où ces gens quasi centenaires trouvent leur place dans un entourage virtuel et la cacophonie des réseaux sociaux qui ne servent qu’à étaler son «</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">je</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» à toutes les occasions imaginables.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Elle était le village, elle peuplait la rue, elle était plus qu’une région, qu’un pays, elle était le monde</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">.</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.16)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Juste une phrase comme celle-là de madame Le Maner est à méditer et à répéter tous les matins avant de faire un pas dans le jour.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">PRIVILÈGE<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je répète souvent que vieillir est un privilège. Plusieurs n’ont pas cette chance, étant frappés très tôt par un cancer ou encore des cafouillis cardiaques. Une prérogative parce que nombre de compagnons, de connaissances, de collègues de travail, des amis n’ont pas eu la possibilité d’enjamber une certaine frontière et de s’aventurer dans l’âge que j’ai. À commencer par mes frères et ma sœur, tous disparus prématurément. Nous ne sommes pas tous des Jeannette Bertrand qui foncent vers son siècle d’existence en secouant de multiples projets. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Pourtant, ma mère a failli être centenaire. Il ne lui manquait que quelques années à son décès. Il a fallu que ce soit ma tante Lucie qui décide de franchir cette ligne qui devient comme la limite ultime de la vie humaine. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Et je me retrouve les deux pieds sur le seuil de ce vieillissement. Il fait partie de tous les instants de ma réalité. Bien sûr, nous sommes tous en contact avec des gens âgés à un moment ou à un autre. À commencer par nos parents que nous accompagnons plus ou moins fidèlement dans cette période particulière. Comment oublier mes visites à ma mère qui a vécu tant d’années dans le foyer de La Doré, passant ses jours à regarder par la fenêtre, racontant les soubresauts de ses heures qui n’étaient que répétitions et recommencements quand je prenais le temps de l’écouter. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">J’ai eu la chance dernièrement, avec des collègues, Danielle Dubé et Marjolaine Bouchard, de me rendre dans des résidences pour personnes âgées et de lire un conte de Noël spécialement rédigé pour eux. Un moment formidable de tendresse et d’empathie. Des gens attentifs qui ont une terrible envie de contacts humains et de se confier, d’aller vers l’autre pour dire qui ils sont et ce qu’ils ont réalisé dans leur parcours. J’ai de plus croisé une centenaire qui aime encore les livres et se déplace d’un pas certain même si elle doit piloter une marchette. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Une femme admirable de pétulance et de vie.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">TOUT DROIT<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Monique Le Maner n’y va pas par quatre chemins. Son Gaston et sa Lucette sont aux prises avec tous les problèmes qui accablent les gens âgés. Perte de mémoire, quand ce n’est pas la terrible maladie d’Alzheimer qui frappe un peu partout autour de nous, cancer, disparition d’un compagnon ou d’une compagne après une pneumonie, aide médicale à mourir qui est là maintenant comme ressource ultime, séjour prolongé à l’hôpital et vie qui se recroqueville entre les murs d’une chambre. Tout y est bousculé et dit. L’abandon des enfants qui ne viennent plus ou presque, les journées qui se mélangent au milieu d’une foule d’objets que les héritiers jetteront à la poubelle, comme s’il fallait s’en débarrasser le plus rapidement possible pour passer à autre chose. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Certains qui nous ont connus tous les deux, y compris l’aîné quand il revient me voir (un peu plus souvent maintenant), me disent que Lucette est partie pour toujours avec sa mauvaise grippe il y a deux semaines. Que j’ai même pleuré. Je ne me souviens plus. Je pense bien qu’ils se trompent, je vais y retourner avec elle, chez Provigo, dimanche prochain.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.31)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Confusion, peur, angoisse devant la vie qui connaît des hoquets et les facultés cognitives qui s’amenuisent. Surtout des gestes et des activités qui deviennent inaccessibles peu à peu. Tout ce qui se faisait naturellement, il n’y a pas si longtemps, est de plus en plus difficile à réaliser. La déambulation est dangereuse parce qu’il faut faire attention à la fameuse culbute et pas question de sortir quand la glace s’est installée un peu partout. Les os sont fragiles et peuvent se briser à la moindre secousse. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">La position verticale devient périlleuse. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Comme si on revivait les heures de l’enfance à l’envers, les hésitations et les chutes qui nous ont permis de nous tenir debout, de marcher et de courir. Si alors, c’était l’apprentissage de l’autonomie, une fois dans le grand âge, c’est la découverte de la résignation et l’acceptation d’être coupé du monde extérieur de plus en plus.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1os4T1kx2SmHPDJN771LTs33robiJAdnBZ7M4_LIBtRjgwRjdOpG9c1WhvMNBKnZ-SFzfmHqvExm9FvJgKTELwzZKqRzzLPewDb7hzttfZCqR0zFTzpO12bQfTiqzBEFeBDTxieRXs_tzBLqkyXDwL0BPNcLd9oGT-CsE83moEB5gkcLDXXQ5RHntqU4/s955/Couv_Bonne_nuit_Lucette_C1.jpg-550x955.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="955" data-original-width="550" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1os4T1kx2SmHPDJN771LTs33robiJAdnBZ7M4_LIBtRjgwRjdOpG9c1WhvMNBKnZ-SFzfmHqvExm9FvJgKTELwzZKqRzzLPewDb7hzttfZCqR0zFTzpO12bQfTiqzBEFeBDTxieRXs_tzBLqkyXDwL0BPNcLd9oGT-CsE83moEB5gkcLDXXQ5RHntqU4/w230-h400/Couv_Bonne_nuit_Lucette_C1.jpg-550x955.jpg" width="230" /></a></b></div><b><br /></b><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">VIRUS</span></b><b><br /><o:p></o:p></b><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Et la maladie, les virus, les variants, celui né à Dolbeau, un produit du bleuet peut-être dans sa nouvelle intitulée <i>Une petite fin de l’humanité</i> s’avère le plus foudroyant et impitoyable. Dolbeau était déjà devenue contagieuse avec des chanteuses comme Marie-Nicole Lemieux et Julie Boulianne. Pourquoi pas un germe du COVID particulièrement féroce</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">… </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">c’est que je suis dans les dernières pages, les pages de la vie, je veux dire, vous m’aurez compris, et que, comme chacun sait, les pages se tournent de plus en plus vite à mesure qu’on vieillit. Tout s’accélère en même temps que tout se contracte et se ressemble, on ne remarque plus les numéros de pages du roman parce qu’on n’en a plus que faire ou qu’ils vous épouvantent, tant ils se confondent. Et voilà, on aimerait faire un bilan, un vrai, un bien serré, qui tiennent debout : pas possible.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.123)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je ne sais l’âge de Monique Le Maner, mais c’est formidablement précis et évocateur ces nouvelles. C’est touchant de justesse et d’empathie, d’humour aussi pour Lucette et Gaston qui se débattent avec les derniers pièges de la vie. Nous les suivons dans leurs égarements, leur solitude et leur retrait de la réalité, leur révolte bien inutile. Les deux s’accrochent, survivent, perdent contact avec les leurs et leur environnement devient une résidence où ils sont gardés à vue en quelque sorte.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Des textes émouvants qui résonnent comme la marche implacable du temps, des nouvelles qui nous permettent d’entrer en contact avec une phase de la vie qui nous attend tous, comme si on surprenait son avenir dans un miroir. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Monique Le Maner est de cette race qui parle haut et fort d’une réalité que l’on occulte. Un recueil de courts textes, mais aussi un terrible effort de lucidité qui nous plonge dans une période que l’on a tendance à édulcorer ou enjoliver. </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je pense à cette dame rencontrée lors de ma tournée des résidences pour personnes âgées qui m’a dit : «</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"><i>Ici, il ne nous reste qu’à passer le temps et à rire le plus souvent possibles</i>.</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» C’est beaucoup plus que de la littérature que <i>Bonne nuit, Lucette</i>, mais un témoignage important, une confidence et certainement une prise de conscience pour plusieurs.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je sais que mes lecteurs n’aiment guère ces sujets. Quand j’aborde la mort ou le vieillissement, vous ne réagissez guère. Pas du tout même</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">! Alors, je persiste parce que cela fait partie de la réalité et que nous avons la chance maintenant d’avoir des auteurs de talent qui peuvent raconter cette période de l’existence et nous la faire sentir de l’intérieur. Oui, cette perte de vitalité et de conscience qui frappe tous les hommes et les femmes qui résistent au temps. Dire que monsieur Archambault publiera bientôt un nouveau recueil de nouvelles à 90 ans. Je viens de recevoir son livre et je suis tout ému. Voilà un cadeau précieux qui m’est offert par un écrivain qui devient un témoin et un éclaireur. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">LE MANER MONIQUE</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> : <i>Bonne nuit, Lucette</i>, Éditions de la Pleine Lune, Montréal, 168 pages.</span><span style="text-align: left;"> </span><a href="https://www.pleinelune.qc.ca/titre/672/bonne-nuit-lucette" style="text-align: left;">https://www.pleinelune.qc.ca/titre/672/bonne-nuit-lucette</a></p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-84122552095993053762024-01-05T09:51:00.000-05:002024-01-05T09:51:43.223-05:00QUE FAIRE LIRE À DES ÉTUDIANTS DE CÉGEP<p><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"><b style="text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiKPaUY6JAKCi3Bk9_1hzcavnfTO1BrjnWXtu_cN9pYkOAwc6OJy873kib_H4WVp7UgtUM_B99WH4lCpshWoSnHUzIap65qbSx33u31WSikkd_GHKufisHG6ldOQcZ8GDfoXEtTpLXKdYNO4je1kA5HjhXr-aL2cu8H9lJ670Dmgn4XY3pR809jnm5Ex8M/s275/Unknown.jpeg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="275" data-original-width="183" height="275" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiKPaUY6JAKCi3Bk9_1hzcavnfTO1BrjnWXtu_cN9pYkOAwc6OJy873kib_H4WVp7UgtUM_B99WH4lCpshWoSnHUzIap65qbSx33u31WSikkd_GHKufisHG6ldOQcZ8GDfoXEtTpLXKdYNO4je1kA5HjhXr-aL2cu8H9lJ670Dmgn4XY3pR809jnm5Ex8M/s1600/Unknown.jpeg" width="183" /></a></div><p class="MsoNormal" style="font-size: medium; font-weight: 400; margin: 0cm;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;">QUELLE BONNE IDÉE</span></b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;"> <b><span style="color: #00b050;">que celle de Virginie Blanchette-Doucet, une écrivaine que j’ai découverte il n’y a pas si longtemps</span></b></span><b><span style="color: #00b050; font-family: Arial, sans-serif; font-size: 16pt;"> </span></b><b><span style="color: #00b050; font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;">! Elle est également enseignante au cégep de Saint-Hyacinthe, de littérature bien sûr. Comme tous ceux qui pratiquent ce métier, elle doit sélectionner des ouvrages québécois et les présenter à ses étudiants. Quel auteur favoriser</span></b><b><span style="color: #00b050; font-family: Arial, sans-serif; font-size: 16pt;"> </span></b><b><span style="color: #00b050; font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;">? Des valeurs sûres, des classiques qui permettent de remonter dans le temps ou encore se rapprocher des jeunes et de leur réalité en leur proposant des romans plus récents. «</span></b><b><span style="color: #00b050; font-family: Arial, sans-serif; font-size: 16pt;"> </span></b><b><i><span style="color: #00b050; font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;">Il me semble que c’est un grand pouvoir. Choisir un livre, c’est en délaisser tant d’autres</span></i></b><b><span style="color: #00b050; font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;">…</span></b><b><span style="color: #00b050; font-family: Arial, sans-serif; font-size: 16pt;"> </span></b><b><span style="color: #00b050; font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;">» dit-elle dans sa préface. Oui, les professeurs sélectionnent les auteurs qu’ils souhaitent enseigner en établissant leur programme de session. Un privilège certainement qui peut amener certains à choisir des titres fort discutables. <i>Canons</i> permettra aux éducateurs d’élargir leur horizon, je l’espère.<o:p></o:p></span></b></p></span></b></span></b></div><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je ne sais trop comment cela se passe dans les cégeps. J’y suis allé une fois en tant qu’écrivain pour l’un de mes romans. Un enseignant avait eu la bonne idée de choisir <i>Le violoneux</i> et de le faire lire à ses étudiants. J’ignore ce que ce groupe d’une vingtaine de garçons a retenu de ma fable poético-politique. Personne n’avait saisi la trame que j’ai soigneusement dissimulée dans ce roman qui tient du conte. Pour tout dire, je suis sorti de cette rencontre assez traumatisé. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Deux gaillards avaient fait un travail en équipe. J’étais resté sans mots devant mon livre éventré, déchiré en deux parts à peu près égales. L’un d’eux m’avait expliqué avec un grand sourire qu’il avait lu la première partie et que son comparse s’était occupé de la suite. Je n’avais qu’un terme en tête alors : sacrilège. Pour un amoureux des volumes comme moi, charcuter un roman ainsi était impensable. Je n’ai jamais osé demander au professeur comment il avait noté ce travail. J’avais trop peur de la réponse. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Et que dire des professeurs-écrivains qui n’hésitent pas à mettre leur propre ouvrage au programme</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Il me semble qu’ils devraient se garder une petite gêne et refuser de s’aventurer dans ce genre d’exercice. Comment demeurer neutre alors, faire lire cet ouvrage et partager son enthousiasme… pour soi</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Ça ne devrait pas être toléré dans un cégep. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">QUESTION<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Onze écrivains ont accepté de répondre à la question de Virginie Blanchette-Doucet. Ils ont bien voulu se compromettre et choisir une œuvre québécoise pour expliquer pourquoi cet ouvrage a été si important dans leur parcours et comment il a changé leur vie. Les auteurs, parmi les élus, sont Michel Tremblay, Anne-Marie Alonzo et Denise Desautels, Gilles Vigneault, Pierre Vadeboncoeur, Gérald Godin, Germaine Guèvremont, Gabrielle Roy, Marie-Célie Agnant, Nelly Arcan, Mavis Gallant et Genevière Desrosiers. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Celles et ceux qui ont accepté de se confier sont Marie-Célie Agnant et Virginie Blanchette-Doucet, Étienne Beaulieu, Julie Boulanger et Amélie Paquet, Nicholas Dawson, Ayavi Lake, Catherine Lavarenne, Pattie O’Green, Heather O’Neill, Francis Ouellette, Akos Verboczy et Adis Simidzija. Des noms que j’ai fréquentés pour la plupart. Un choix fort pertinent qui témoigne de la réalité québécoise de maintenant. Plusieurs sont des émigrants qui ont croisé un écrivain ou une écrivaine du Québec à un moment important de leur vie. Une rencontre qui a transformé leur regard et leur quotidien dans leur société d’adoption. Ce fut un déclic et cela leur a permis de se sentir vraiment à la maison. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Tous et toutes devaient sélectionner une œuvre d’un écrivain ou écrivaine du Québec. Fort heureusement. Je suis persuadé que si on leur avait laissé pleine liberté, le choix aurait été autre. Cela dit sans arrière-pensées.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">RÉUSSITE<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhCNW2tlpHm66q0mfIDw7KY94gy7sur0W_Tlrty_mQr2k_L_g24qq4YRSqQ4PBwZYqqGZGlMlZDVxO6B1fMNzHvG3oz2h6EZfmqfLihYeOYKOUvysfwQsmkCLGOMaardnJAahPwBY8yYaehmFBBxQJtdbjJSUWqtUtOx-mCziCsx4m1fo8Jg9rt9Ab3t7Q" style="clear: left; float: left; font-size: 21.333334px; font-weight: 700; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img alt="" data-original-height="550" data-original-width="378" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhCNW2tlpHm66q0mfIDw7KY94gy7sur0W_Tlrty_mQr2k_L_g24qq4YRSqQ4PBwZYqqGZGlMlZDVxO6B1fMNzHvG3oz2h6EZfmqfLihYeOYKOUvysfwQsmkCLGOMaardnJAahPwBY8yYaehmFBBxQJtdbjJSUWqtUtOx-mCziCsx4m1fo8Jg9rt9Ab3t7Q=w277-h400" width="277" /></a><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Voilà une aventure réussie. Que de belles choses y sont dites dans ces textes qui expliquent le pourquoi et le comment de leur choix</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">! Surtout, comment cette rencontre a bouleversé leur existence et leur a pour ainsi dire ouvert un chemin vers l’écriture. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Dans mon cas, si j’avais eu à faire cet exercice, j’aurais opté pour <i>Une saison dans la vie d’Emmanuel</i> de Marie-Claire Blais. Cet ouvrage a changé ma vie de lecteur et aussi de futur écrivain. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Des moments uniques, des circonstances qui permettent de croire, du moins pour ceux et celles qui rêvent de manier les mots, qu’ils peuvent se lancer dans la folle entreprise de dire le monde. L’une de ces rencontres improbables est certainement celle de Gilles Vigneault et d’Akos Verboczy. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Comme vous, le recueil était déjà vieux. On avait massicoté ses pages grises des décennies plus tôt, ses coins cornés trahissaient un lecteur avide. Mais les poèmes qu’il enfermait restaient tout jeunes. Je l’ai encore. Il est placé bien en vue dans ma bibliothèque. Pour me rappeler cette rencontre avec ma première blonde et cette autre rencontre avec vos mots qui, toutes deux, disent cette chose bizarre : il y a ici un pays, qui n’est pas tout à fait un pays, mais qui est le mien.</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.65)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je pourrais m’attarder à chacun de ces textes forts intéressants et signifiants. Tous témoignent d’une sorte de coup de foudre, d’un dialogue qui ne peut survenir que par la lecture qui touche le corps et l’âme. Je signale Étienne Beaulieu et tout ce qu’il dit de si percutant sur Pierre Vadeboncoeur que j’ai côtoyé un certain temps à la CSN et à l’Union des écrivains et des écrivaines du Québec. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Avec le recul, je pense que ce recueil d’essais constitue un moment crucial, non seulement dans son parcours d’écrivain ou dans celui de l’histoire de l’essai québécois, mais aussi dans l’évolution du Québec moderne et peut-être de la pensée elle-même.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.134)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Ou encore ce qui a séduit Heather O’Neill dans les écrits de Mavis Gallant. Elle y a trouvé une sœur et une confidente.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Je connais parfaitement ce sentiment. Quand j’étais petite, les membres de ma famille me traitaient comme si j’étais en quelque sorte un sous-homme. Si j’essayais de dire que j’étais malheureuse, ils se moquaient de moi. Comme si c’était stupide de ma part de supposer que quelqu’un se souciait de mes sentiments. J’étais trop pathétique pour ressentir de la joie ou de la tristesse. Mon but dans la vie était de me soucier de leurs sentiments à eux. Ils me traitaient comme si j’étais l’esclave de la famille. <o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Ils insultaient mes amis et s’en moquaient régulièrement. Mon père appelait leurs parents et leur disait que je n’avais pas le droit de jouer avec eux. On ne me laissait jamais parler de mes projets d’avenir. On m’a dit que je ne serais jamais autorisée à déménager. Je n’avais pas le droit de me marier ni d’aller à l’université. Je devais rester dans ce petit appartement avec mon père pour le restant de mes jours. Ma vie ne m’appartenait pas. Elle lui appartenait.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.34)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Ces textes devraient être placés dans les mains des étudiants pour leur faire comprendre qu’un livre est beaucoup plus qu’une histoire ou un travail que l’on oublie rapidement. C’est surtout une rencontre entre deux esprits, deux souffles, deux âmes qui se parlent et fusionnent en quelque sorte. Surtout pour prendre conscience que ce contact va les suivre tout au long de leur vie et qu’elle peut orienter leur regard sur leurs proches, la société et les affaires des humains. S’aventurer dans un livre et le savourer pour ce qu’il est, pas juste un travail scolaire. La lecture d’un ouvrage de fiction permet à un lecteur et un écrivain de s’accompagner dans la belle entreprise de découvrir leur milieu. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Je pense qu’une œuvre devient majeure à partir du moment où elle crée des ponts qui n’existaient pas encore : des ponts entre des phénomènes en apparence irréconciliables, entre les émotions contradictoires, mais aussi entre nous et les autres, entre nous et le monde.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.117)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Et aucun des participants n’a eu la tentation de déchirer un roman et de le partager avec un autre, fort heureusement. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Canons</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> permet de plonger dans l’univers d’écrivains, de découvrir ce qui crée des liens entre eux et aussi tout le pouvoir que certains volumes peuvent avoir chez un lecteur. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Une lettre d’amour, une rencontre unique, importante, une idée formidable qui peut devenir une initiation à la lecture d’ouvrages de fiction et qui devrait circuler dans les classes des cégeps. Je l’espère. Un livre peut transformer une vie, je le sais. Et, je vous le jure, ça peut se produire plusieurs fois dans les tribulations de celui ou de celle qui s’abandonne totalement à l’aventure de la lecture. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">BLANCHETTE-DOUCET VIRGINIE</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> : <i>Canons</i>, Éditions VLB Éditeur, Montréal, 156 pages.</span></p><p><a href="https://editionsvlb.groupelivre.com/products/canons?variant=43981690667265">https://editionsvlb.groupelivre.com/products/canons?variant=43981690667265</a><br /></p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-51464646162852768872023-12-29T10:09:00.000-05:002023-12-29T10:09:41.788-05:00TOUS CONDAMNÉS À CHERCHER LE MATIN<p><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMvYVDniQnZhHr3K6sP-fRRcaI-fWRMXW9SgKVG1lM4WqclFbw8FUkIciONuoNy_K80Vsb57VBHpIJcdARYkCwN34QlBlKc503-d707uegwhKSu_GxNzTlQIX3pQfNBbLabuv1NBRmQT8sS3h7fIGRmCuUCtFYwH6MuAYsdZYvDxJGOfkS4VozE-4XWoA/s293/A-7706-1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="293" data-original-width="220" height="293" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMvYVDniQnZhHr3K6sP-fRRcaI-fWRMXW9SgKVG1lM4WqclFbw8FUkIciONuoNy_K80Vsb57VBHpIJcdARYkCwN34QlBlKc503-d707uegwhKSu_GxNzTlQIX3pQfNBbLabuv1NBRmQT8sS3h7fIGRmCuUCtFYwH6MuAYsdZYvDxJGOfkS4VozE-4XWoA/s1600/A-7706-1.jpg" width="220" /></a></span></b></div><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;">QUAND J’AI REÇU</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"> <b><i><span style="color: #00b050;">Matin, où es-tu</span></i></b></span><b><i><span face="Arial, sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;"> </span></i></b><b><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;">?</span></i></b><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;"> de Pierre Morency, c’était quelque part en automne, au moment où les couleurs suintent dans la forêt qui longe le grand lac. Aussitôt, j’ai su que j’avais là mon cadeau de fin d’année, que je lirais ce recueil lorsque je pourrais traîner sur chaque mot, pour les scruter et les ausculter de toutes les façons possibles et imaginables. </span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;">Et j’oublie quand la tentation est venue d’ouvrir le livre, de le toucher, de m’attarder sur une phrase pour voir comment elle débordait dans l'espace. Une manière d’apprivoiser l’univers de Morency, de me risquer dans l’éternité d’un poème avant de refermer ce beau recueil pour faire durer la découverte. D’autant plus que Pierre Morency, au début, se niche plutôt du côté de la prose. La strophe éclate en se renversant. Une fleur de pivoine, que je me disais, qui ne cesse de multiplier ses pétales pour donner corps à la beauté. En fait, je ne lisais pas vraiment. Je butinais plutôt, flânais, permettais au texte de monter en moi. Et là, juste après Noël, après les libations, j’ai osé le long vol plané sur ces pages impressionnantes, me laissant porter comme le hibou qui traverse tout le ciel sans battre des ailes.</span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;"> </span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Pierre Morency n’en est plus à l’âge des découvertes, mais plutôt à un moment où l’on médite sur le temps qui glisse entre les doigts. Le poète sent que son parcours n’est plus le même et que ses pas se font plus lents, pour ne pas dire plus prudents. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">J’écris dans mon enfance et mon après-jeunesse.<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> Dans ce traîneau filant vers un destin.<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> Dans ma vieille douleur et dans ma joie d’être en vie.<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> Sur une grève de crans et de tufs à Lauzon</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">.</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.12)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Arrive un moment où la lecture n’est plus seulement une excursion dans le monde d’un auteur pour moi. Tout ralentit, tout m’interpelle et me voilà sur un texte de Morency à tourner comme les enfants qui découvrent la joie du patin sur le lac gelé depuis peu. Parce que moi aussi je suis dans ce «</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">traîneau qui file vers le destin</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» et un avenir de plus en plus court et inquiétant.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Pierre Morency en est dans «</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">son après-jeunesse</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">», heureux d’être du côté des vivants. Parce que, moment terrible de cette rencontre, l’écrivain révèle qu'il a subi un AVC et s’est retrouvé sans paroles, le pire pour celui qui va toujours avec quelques mots dans ses poches et des bouts de phrases qu’il caresse entre le pouce et l’index.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Dans un accident de tête<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> Et cet orage en mes cellules<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> À l’aube j’avais perdu ma parole.<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> Les heures se traînaient.<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> Je cherchais et cherchais.<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> Ne trouvait que cela à l’hôpital :<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> Écrire bafouiller sur bouts de feuilles<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> J’amo j’ame j’amions<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> Pour dire que beaucoup je goûte<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> Avec toi qui es là<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> La vie.</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.77)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je me suis imaginé sur un lit d’hôpital, tentant d’écrire quelques phrases dans mon carnet, n’arrivant plus à trouver les mots. J’avais du mal à penser Pierre Morency égaré dans le pays où les paroles s'effilochent. Balbutiant comme un jeune humain qui commence par imiter des sons avant d’entreprendre de déchiffrer l’encyclopédie du monde.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Tu le sais bien<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> J’avions tant aimé ces jours bleus<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> Où l’aile des oiseaux me soulevait<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> <o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> Oh que j’aimerions<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> Que me reprenne l’envol<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> Où toute la vie tremblait vers le haut.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.82)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBjJRYDswx0acttRW7-8OCvnifcKGuZ5z3FfkfLnM-iKtjOKTqlqZlQWLi2ZUzmrFlBfLvWkhfcIDIEAEVyObVExX2s_2C3CgVLZGcLG_nzR_w8fPqZ472-yYcvIFHlFukbBBQJt3qOE42MI2nYeuBhO6U9kGEbWZlQ1rPj9XVwdHhDayPWDbtOpRzYZ0/s293/couv_seule_matin_ou_es_tu_WEB.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="293" data-original-width="220" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBjJRYDswx0acttRW7-8OCvnifcKGuZ5z3FfkfLnM-iKtjOKTqlqZlQWLi2ZUzmrFlBfLvWkhfcIDIEAEVyObVExX2s_2C3CgVLZGcLG_nzR_w8fPqZ472-yYcvIFHlFukbBBQJt3qOE42MI2nYeuBhO6U9kGEbWZlQ1rPj9XVwdHhDayPWDbtOpRzYZ0/w240-h320/couv_seule_matin_ou_es_tu_WEB.jpg" width="240" /></a></span></div><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">L’auteur de <i>Matin, où es-tu</i></span><i><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></i><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">?</span></i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> se retrouve hors de son monde et de ses repères. Il claudique, glisse vers il ne sait quoi, une langue très ancienne ou autre, un temps où les verbes sonnaient différemment. Tout est épars, comme des éclats de glace emportés par la poussée d’une rivière. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Il n’y a pas de repos salutaires dans la vacance de l’esprit.</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Les mots nous aident à former notre assise, à creuser notre mémoire, à travailler notre amour. Dans les grands cahiers luit le caractère durable des feuillages, et les vivants deviennent des présences chargées de vérité. C’est là que tu t’appliques à inventer, chaque jour, un chemin vers la rondeur de ta vie.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.102)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Que c’est émouvant «</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">ce retour au langage</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» de Pierre Morency, ces moments où les vocables tant courtisés n’arrivent plus à adhérer au monde qui était le sien. Tout s’est éparpillé dans une étrange farandole. Et comment se reconnaître dans les égarements de son esprit</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Et il y a cette compagne qu’il avait ignorée ou fait semblant de ne pas voir. La voilà présente, toute proche, celle qui l’accompagnait et le suivait comme son ombre. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">La mort. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Faut-il l’appeler par son nom</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Elle est là, confiante, comme jamais auparavant.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Le maître du calme dit : il y a blessure dans ton esprit. Il veut qu’on le délivre car il sait ce qui doit être délivré. Ton esprit souffre de n’être pas très à l’aise dans ton corps, ton corps souffre de ce que tu n’oses pas dire. Si tu es un écrivain qui a des lecteurs, tu dois dire ce que tu portes car tu as charmé des esprits qui souffrent dans des corps. Seras-tu honnête ou seulement poète</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">?</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">»<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> (p.139)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Matin, où es-tu</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">?</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> devient particulièrement touchant et important. Chacun des mots ou des segments de phrases se transforment en bouées auxquelles le poète s’accroche. Il a tâté l’ombre, le pire, fréquenté le flou. Toutes les promesses se sont envolées comme le plus beau et le plus étrange mariage d’oiseaux. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">J’ai ressenti la fragilité de l’homme, de celui qui s’égare un peu et hésite dans sa parole et sa pensée, se retrouvant en vieil enfant qui doit réapprendre à tout dire et à se situer dans la vie. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je me suis attardé sur chaque phrase comme une hirondelle qui s’accroche à un fil pour surveiller le monde qui l’entoure, pour arriver à tisser ce présent avec lui, ce lieu où il fait bon respirer et écrire.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Notre pauvre petit espace de temps pour dire<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> l’infini.<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> Infini est un mot qui appelle. Soif est notre<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> condition de passage.<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> Ton amour flambe comme un soleil dans le<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> ruisseau. L’envol d’un feu qui chante.<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> Un pays de mépris, terre de méprise, avenir d’un<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> massacre. <o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> Tu auras vécu entre deux guerres et c’est la source<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> de ton angoisse.<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> Ce ne sont pas les oiseaux qui nous tueront, mais<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> bien notre désir d’enfermer les volants pour mieux<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> leur tordre le cou.</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.155)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Témoignage, réflexion, méditation sur le voyage de vivre, la perte et la parole. Pierre Morency nous emporte dans la magnifique aventure d’être vivant malgré tout et où vieillir devient un privilège. Ça m’a terriblement remué comme si monsieur Morency effleurait du doigt des questions que je néglige de secouer même si je sais qu’elles sont là. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je n’ai pas lu <i>Matin, où es-tu</i></span><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">?</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> Non. Je l’ai ressenti dans toutes les fibres de mon être et de mon corps. Dans tous les recoins de mon âme peut-être. Et à la toute fin, je me suis redressé dans l’aube qui remet toutes les choses en place. Toujours devant une fenêtre en éternel poseur de questions et chercheur de beauté. Du moins, je le veux. Sans oublier la désespérance de ceux qui se nourrissent de bombes et de morts en terre de Gaza et d’Ukraine. Heureusement, il y a des jardins, des lieux de paix, tout près d’un lac gelé, quelqu’un dans les plis du jour qui ouvre la porte d'une maison et trouve le matin au bout de la galerie, avant de déjeuner sur la grande table de l’univers. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">MORENCY PIERRE</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> : <i>Matin, où es-tu</i></span><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">?</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> Éditions du Boréal, Montréal. 184 pages.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"><a href="https://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/matin-3999.html">https://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/matin-3999.html</a><br /></span></p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-23029484274505581822023-12-21T09:44:00.000-05:002023-12-21T09:44:26.059-05:00 UNE FORMIDABLE QUÊTE D’IDENTITÉ<p><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 16pt;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvDfpn3vWPlGD-v8yD-UzaBnHLrerjvtYOLLna0r8VQ7e_DfreeZnrKG9D0sq_-ixxbv-6FelJXCkD14wR86OJ4oTHwlEazqljQDnFIsLz_9wZBPp66R75KXyT35AQj-rjKCAJJ9Li2VQPiVCUv2YJFN5DR_FzdImRIOfpoWnJyAy_oi_oqDrPupSC-zA/s594/c4cdd9e337942bb8e19993a5887294d808408c7f-nicolass-chapitre15-portrait-hr-copie.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="594" data-original-width="396" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvDfpn3vWPlGD-v8yD-UzaBnHLrerjvtYOLLna0r8VQ7e_DfreeZnrKG9D0sq_-ixxbv-6FelJXCkD14wR86OJ4oTHwlEazqljQDnFIsLz_9wZBPp66R75KXyT35AQj-rjKCAJJ9Li2VQPiVCUv2YJFN5DR_FzdImRIOfpoWnJyAy_oi_oqDrPupSC-zA/s320/c4cdd9e337942bb8e19993a5887294d808408c7f-nicolass-chapitre15-portrait-hr-copie.jpeg" width="213" /></a></b></div><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 16pt;">CERTAINS LIVRES</span></b><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 16pt;"> <b><span style="color: #00b050;">viennent vous séduire, tellement que l’on souhaiterait rencontrer les personnages pour discuter, prendre un café, faire un bout de chemin avec eux et parvenir, peut-être, à se faire une petite place dans leur univers. C’est ce qui s’est produit avec <i>Chapitre 15</i> de Sylvie Nicolas. Comment ne pas aimer John Pelham, cet anglophone généreux, originaire des maritimes, qui vit à Québec, dans le quartier Saint-Sauveur. Avec Élène qui débarque comme ça, arrivant de Toronto, après une longue absence. Jérôme aussi, l’homme à tout faire, un grand cœur toujours prêt à aider et à s’occuper des autres. En plus, je me suis retrouvé dans une librairie de livres anciens et d’occasion, le <i>Déjà-lus</i>. Je me suis mis à rêver que je repêchais mes premières publications qui ne sont plus sur les tablettes des librairies depuis je ne sais plus quand. Surtout que les clients ne se bousculent pas dans ce lieu paisible, et que John peut se permettre de prendre son temps, de vivre sa passion pour les ouvrages rares et précieux. Il participe même à des rencontres internationales pour croiser des collègues et s’informer sur certains documents.</span></b></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face="Arial, sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;"> </span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Élène revient à Québec après la mort tragique de son amoureux, s’installe chez John qui l’accueille sans poser de questions comme un véritable ami le fait. Elle a sa place dans la librairie de la rue Saint-Vallier, dans le petit studio, tout en haut, au premier, pour guérir et surtout, peut-être, oublier ou du moins accepter les épreuves qu’elle vient de vivre. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Elle donne un coup de main à John qui lui laisse le temps de se retrouver même si la vie bouscule toujours un peu tout le monde et ne cesse de surprendre.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">La mort d’Adeline par exemple, une cliente, une dame fort attachante qui avait adopté Élène. Cette dernière allait chez elle, pour lui faire la lecture, au moins une fois par mois. Tout change avec l’étrange héritage d’Adeline, des textes plus ou moins longs qu’elle lègue à sa lectrice. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">COMA<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Adeline y raconte des comas qui ont marqué son existence. Une sortie hors de sa vie consciente pour se retrouver dans un milieu idéal peut-être, avec des amis fort sympathiques, un amour sans doute. Cette léthargie reste un état bien mal connu. Le cerveau cesse-t-il toute activité lucide alors ? Bien des questions demeurent sans réponses.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Une rencontre avec Guylaine Fortin, la notaire chargée d’exécuter les volontés d’Adeline, lui permet de recevoir cet héritage et tout un monde s’impose. La vieille dame parle de son autre existence, de ses liens dans ce monde incertain, peut-être pas si inaccessible que l’on pourrait le croire.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">« </span><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Je suis resté un long moment les yeux rivés au feuillet, la tête à la fois pleine et vide. Je me sentais incapable de décacheter une autre enveloppe. Je n’aurais su dire ce qui venait de me traverser, mais à cet instant précis, j’aurais voulu glisser dans un univers de sommeil semblable à celui d’Adeline</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">.</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> » (p.77)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Élène et John s’aventurent dans une quête, disons-le, qui permet de se retrouver, de respirer après des remous qui secouent et font perdre pied souvent. La vie est comme ça et même dans le rêve, rien ne semble de tout repos.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">AMIS<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Les personnages de Sylvie Nicolas sont des gens ordinaires que l’on pourrait rencontrer en sortant de chez soi, saluer ou encore inviter à prendre un verre pour un bout de conversation, un moment de bonheur qui rend la journée intéressante, pour ne pas dire précieuse. Des individus qui vous permettent de mieux vous sentir dans votre espace, un peu comme les hommes et les femmes de Jacques Poulin. Comme si on tombait en amour avec ces personnages.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Élène cherche à oublier Carl, un photographe de talent. Sa mort l’a dévastée. Elle est fragile, a tout abandonné derrière elle pour tenter de faire le ménage dans sa tête. John comprend très bien son amie et demeure particulièrement discret. Lui aussi n’a pas été épargné. May, son amoureuse, l’a quitté pour une secte religieuse qui rend un culte un peu étrange à la Vierge Marie. Un groupe qui n’a rien de rassurant. Les hommes qui viennent demander de l’argent à John ont plus à voir avec la mafia que des anges convertis.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Jérôme, la bonne âme, le généreux de son temps et de son savoir, celui qui règle tous les problèmes quotidiens, se remet mal de la mort d’Adeline qui était plus qu’une amie, du moins dans son cœur et sa tête. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Et tout s’ébranle, secoue ces gens avec les petits événements qui leur font oublier leurs soucis.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">« </span><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Guylaine vous aura mentionné que vous devez vous sentir libre d’accepter les enveloppes ou de les lui laisser. Si vous en prenez possession, vous resterez libre de les ouvrir ou pas. Libre de lire le contenu de la première de jeter les autres. Libre de lire le contenu de la première et de jeter les autres. Libre, quoi. Il n’y a aucune obligation de votre part. Et de ma part, aucune intention de vous encombrer.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> » (p.31)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Il n’y a pas de meilleure façon de vous lier. Et voilà Élène avec bien des questions. Tous tentent de l’aider, de comprendre que le réel n’est peut-être pas ce que l’on pense. Adeline a vécu des événements particuliers dans un autre monde.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">LECTURE<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">À deux reprises, Adeline a sombré dans un coma profond pour rejoindre, pour ainsi dire des amis, des gens dans cet autre univers. Des enfants, des amoureux. Il y est question de son pays d’origine, de Forillon qui a été rasée pour faire place au parc national que nous connaissons. Une allégorie, certainement, de Sylvie Nicolas pour nous parler de ces gens qui ont été dépouillés de leur récit et coupés de leurs racines. Ils se retrouvent dépourvus, comme s’ils n’avaient jamais existé, n’avaient jamais eu de passé. Et pour apprivoiser cette vie perdue, ils doivent basculer dans une sorte de sommeil onirique pour ranimer leur histoire. Tout se complique un peu quand on apprend que le père de la notaire Fortin, lui aussi originaire de ce coin de pays, a vécu des comas qui coïncident avec ceux d’Adeline. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgojEGL7uIpwHRIr-F-s9yHurq7yl1LOSjqR7RuiaZb1rdTcq1ChL8tMqIJvjCacyQtKAMTKG9kzuti6SN_iqRtyk4lZ9O71b9VgDvnfc53cwIdWue-jRmgM0xoGFPScZKlVo1-YPz8cwbcqO1VfmiN70Ete31B8iH00wb8WGfnW7k5AWy0vinJUIWZFjM/s480/6339a78009b382fff2faf3cc33b98cd2732d495d-nicolass-chapitre15-c1-hr.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="306" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgojEGL7uIpwHRIr-F-s9yHurq7yl1LOSjqR7RuiaZb1rdTcq1ChL8tMqIJvjCacyQtKAMTKG9kzuti6SN_iqRtyk4lZ9O71b9VgDvnfc53cwIdWue-jRmgM0xoGFPScZKlVo1-YPz8cwbcqO1VfmiN70Ete31B8iH00wb8WGfnW7k5AWy0vinJUIWZFjM/w255-h400/6339a78009b382fff2faf3cc33b98cd2732d495d-nicolass-chapitre15-c1-hr.jpg" width="255" /></a></b></div><b><br /></b><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">MISSIVES</span></b><b><br /><o:p></o:p></b><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Les fameux écrits rappellent des gens, des événements qu’il est difficile de percevoir et de comprendre, surtout pour John et Élène. Guylaine, la notaire, par la même occasion, tente de trouver les morceaux manquants de sa vie avec un carnet rédigé par son père.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Tous tâchent de reconstituer le puzzle de cette histoire pour retrouver leur équilibre. Élène, qui a tant de mal à évoquer le suicide de Carl. John qui a quitté son pays des maritimes et qui a vu May s’évader dans un autre monde. Jérôme qui s’occupe de sa sœur et d’une amie qu’il qualifie de « femme de sa vie ». Tous, pour envisager l’avenir, doivent apprivoiser leur passé et l’accepter avec sérénité.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">« </span><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Le document s’achevait sur l’amour immense, impossible à formuler, qu’elle portait à ces petits. Non pas comme une femme de son âge, écrivait-elle, mais comme l’enfant qu’elle avait été dans ce monde où les pères et les mères avaient disparu. Elle et les marmots partageaient le même chagrin : celui de leur mémoire effacée</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">.</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> » (p.165)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un formidable roman, une quête d’ancrage qui nous emporte. Des personnages vibrants et fragiles qui se tendent la main, toujours prêts à aider leurs proches. Ils refont surface dans une belle solidarité malgré les embûches et des blessures que l’on pense souvent impossibles à guérir. Et il y a des épreuves, la covid, les guerres qui permettent de se serrer les coudes devant l’horreur. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">L’impression de perdre des amis en refermant ce roman lumineux. Oui, j’ai ressenti une peine d’amour en abandonnant Élène et John, Jérôme qui se retrouve seul à la mort de sa sœur. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Mais, il y a la vie, le présent et des hommes et des femmes qui s’aident, font tout pour devenir plus généreux et attentif aux autres. Et quelle magnifique maîtrise de l’écriture par Sylvie Nicolas. Une retenue que je lui envie, un monde qui vit, palpite et fait de la vie la plus belle et la plus folle des aventures. Et pour le titre, vous devrez faire l’effort de lire ce roman, de suivre ces personnages impossibles à oublier. Vous m’en reparlerez.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">SYLVIE NICOLAS</span></b><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> : <i>Chapitre 15</i>, Éditions Druide, Montréal, 240 pages.<o:p></o:p></span></p><p><a href="https://www.editionsdruide.com/livres/chapitre-15">https://www.editionsdruide.com/livres/chapitre-15</a><br /></p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-57755419791391864322023-12-13T10:25:00.000-05:002023-12-13T10:25:53.406-05:00 RITA LAPIERRE-OTIS GARDE L’ŒIL OUVERT<p><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiELUvwQgXEkm5qESSHM6jGcyi57qBvkL3wLfuDUu25rdxXDOwI38Y-fsKFY55TW9CguaMVYlz32A_VN1nYGTAtX7lLbDDhIUtmDnLWpMlOlA8snx7qsmHU9FzFEkTg1ibE0m9V9UM6TdnXpnZQw5uOVfrUzHRHXrVjv8P9kGCx46D6Kk-FlB7YYgQ79xg/s323/RitaLapierreOtis_photo-YvonOtis-200x0-c-default.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="323" data-original-width="200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiELUvwQgXEkm5qESSHM6jGcyi57qBvkL3wLfuDUu25rdxXDOwI38Y-fsKFY55TW9CguaMVYlz32A_VN1nYGTAtX7lLbDDhIUtmDnLWpMlOlA8snx7qsmHU9FzFEkTg1ibE0m9V9UM6TdnXpnZQw5uOVfrUzHRHXrVjv8P9kGCx46D6Kk-FlB7YYgQ79xg/s320/RitaLapierreOtis_photo-YvonOtis-200x0-c-default.jpg" width="198" /></a></span></b></div><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;">RITA LAPIERRE-OTIS, <span style="color: #00b050;">dans <i>L’infini du regard</i></span></span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;">, <b>un carnet,</b> <b>garde les yeux bien ouverts pour décrire le monde qui l’entoure. L’écrivaine récidive après m’avoir charmé en 2021 avec <i>Territoires habités, territoires imaginés</i>. Encore une fois, elle invite le lecteur à la suivre dans son petit et merveilleux univers. Celui des arts visuels qu’elle a exploré pendant des années, produisant des œuvres avec patience et ténacité, s’offrant même une apothéose au <i>Centre national d’exposition de Jonquière</i>. Mais, comment nous rendre vigilants à tout ce qui nous voisine, habite notre espace et en fait sa plénitude et sa formidable densité</b></span><b><span face="Arial, sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;"> </span></b><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;">? Tout passe par l’œil qui nous permet de prendre conscience de soi et des autres, du monde qui nous entoure et nous permet la durée. Il faut ce regard pour se sentir vibrant, réceptif à la beauté que la nature sème autour de nous. Rita Lapierre-Otis se risque dans l’aventure de décrire la vie, nous donne l’occasion de rester attentif à son environnement et au nôtre. J’aime cette «</span></b><b><span face="Arial, sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;"> </span></b><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;">femme à la fenêtre</span></b><b><span face="Arial, sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;"> </span></b><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;">» qui observe les travaux des oiseaux, les chamboulements dans les arbres avec les saisons et aussi qui n’hésite jamais à faire un pas en arrière, quand une teinte dans le bouleau, une odeur ou encore un objet la ramène à son enfance et ses souvenirs. Il ne faut pas oublier non plus les grandes manigances du chat des voisins qui sait si bien se fondre dans le boisé derrière la maison.<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;"> </span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je répétais souvent, lors des ateliers que j’ai donnés au <i>Camp littéraire Félix</i>, qu’un écrivain est avant tout un lecteur du monde qui l’entoure. Un curieux insatiable aussi des auteurs, ses contemporains surtout, pour comprendre leurs regards sur son époque. Je n’inventais rien, m’inspirant des propos du frère Marie-Victorin qui affirmait ceci : «</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">On ne possède pas un territoire qu’on n’a pas nommé. On ne connaît pas un territoire dont on ne connaît pas le nom.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» Dire, décrire, peindre dans une certaine mesure ce pays dans ce qu’il est. Les plantes omniprésentes, les arbres pour l’ombre, les chants du vent, les bouchées de verdure du printemps et les tellement beaux coloris d’automne</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">; les oiseaux aussi qui surveillent nos jours et nos nuits, nous accompagnent parfois dans nos folles randonnées. Mettre le monde en mots, cet univers qui nous entoure avec les êtres courants, rampants, volants qui occupent tout l’espace. Tout cela pour être conscient de son environnement, de tout ce qui palpite et nous cerne, nous secoue et nous empêche de demeurer des touristes pendant toute notre existence. Nous passons si souvent dans nos petits pas, sans voir tout ce qui rend heureux, sans prendre la peine d’admirer la mésange qui s’accroche à la mangeoire ou encore, dans l’effervescence de l’été retrouvé, tout ce qui fleurit, pousse, éclate dans le boisé ou la cour arrière. Rita Lapierre-Otis nous apprend à ouvrir les yeux, à observer ce qui nous constitue.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Je reviens à mon carnet d’atelier, ce grand album couvrant des sujets récurrents : le temps, les racines, l’identité, la nature du territoire, les arts visuels et l’environnement. Rassemblés, des écrits, notes, citations, croquis, dessins, collages qui font constater qu’on demeure profondément ce que l’on a été. Mais toujours de façons différentes</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">.</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.20)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Rita Lapierre-Otis est semblable au chat à l’affût de ce qui remue près de lui lors de ses expéditions quotidiennes. Je me suis déjà attardé à observer l’une de mes chattes dans l’univers qui s’étend autour de la maison, la suivant discrètement, m’arrêtant quand elle figeait, tentant de deviner ce qu’elle apercevait, ce qu’elle sentait et tout ce qui faisait bouger ses oreilles. Elle m’a permis d’être plus attentif aux froissements des feuilles, aux effluves qui flottent dans l’air en empruntant des chemins imprévisibles, les frémissements dans les herbes et peut-être aussi au bruit que fait une fleur de lilas en s’ouvrant. Une expédition qui m’a fait voir autrement le bouleau, les pivoines et les rhododendrons. Et l’appel du merle et de la corneille au loin, du chardonneret et de la tourterelle triste. Depuis, je réponds aux salutations des mésanges et aux visites des durbecs des sapins.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">QUÊTE<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Le quotidien de Rita Lapierre-Otis se fait quête où elle tente le plus souvent possible de «</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">voir réellement</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» ce qui l'entoure et ce qui lui est si familier tout en restant inconnu. Les objets qui s’accumulent dans l’atelier et qui rappellent des moments d’enfance, l’époque où elle ouvrait les yeux et ses oreilles au monde. Des réminiscences aussi qui la suivent depuis toujours et qui font ce qu’elle est. Parce que nous sommes faits autant du passé, celui des parents et des ancêtres, que de nos propres aventures.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">C’est bien là, le mystère du temps. Mais inutile de vouloir suivre pas à pas les méandres de la mémoire. Et sait-on, avec le temps, ce qui a été rehaussé, enjolivé, idéalisé ou interprété</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">? Par ailleurs, ces histoires mnémoniques ne procurent-elles pas à “</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">la dame qui écrit<i>”, une matière souple et un large champ d’interprétations dans ce désir profond de réinventer son monde</i></span><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">?</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.55)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">C’est ainsi que j’ai accompagné «</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">la femme qui regarde</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» pendant à peu près toute une année dans ses métamorphoses et ses surprises. Peu importe que ce soit pendant l’éclatement du printemps ou pendant l’effervescence enluminée de l’automne, Rita Lapierre-Otis s’efforce de demeurer attentive à toutes les petites choses qui nous suivent dans une journée. Le café matinal, une fleur qui s’ouvre dans sa couleur, les geais dans l’arbre, le chat en chasse, un livre qui traîne tout près avec une phrase qui la ralentit. Même quand la neige barbouille les cèdres et les épinettes du cran si souvent étonnant, elle est là, pleinement dans son regard. Toujours, malgré les humeurs du temps et les grâces du moment, il y a quelque chose à surprendre et à étudier pour l’artiste. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBhttX_2svReyO10ywrBmNbmseles0vB5oZoIzOyoE3BoTdsx-PtxOkg1yvrW_cCM7i1ncL_V3MK-GY87dMKVFPIWJxUm0_WsYf-Xq4lMx10vb1W_B2sQZ1Jk0ar69YyOB8OMFgYu-RWXY_FV72przc2tIcc8pBF5JMcP2oeEtFmWYXQME2exd3lxHCF0/s469/Couv-InfiniRegard-270x0-c-default.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="469" data-original-width="270" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBhttX_2svReyO10ywrBmNbmseles0vB5oZoIzOyoE3BoTdsx-PtxOkg1yvrW_cCM7i1ncL_V3MK-GY87dMKVFPIWJxUm0_WsYf-Xq4lMx10vb1W_B2sQZ1Jk0ar69YyOB8OMFgYu-RWXY_FV72przc2tIcc8pBF5JMcP2oeEtFmWYXQME2exd3lxHCF0/w230-h400/Couv-InfiniRegard-270x0-c-default.jpg" width="230" /></a></span></div><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Bien sûr, il faut apprendre à respirer et à être dans toutes les frontières de son corps, dans le présent, sans se laisser distraire pour lire tout ce qui se transforme dans son jardin, allant à petits pas dans la galaxie qui jouxte sa maison, reconnaissant et saluant les fleurs qui s’épanouissent dans des petits cris d’émerveillement certainement, que seule la poète parvient à enfermer dans un haïku. </span></p><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">douce odeur de forêt<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> pin sylvestre sapin beaumier<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> le goût d’un thé des bois</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.60)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Il y a tant à découvrir. Les geais bleus si bavards et expressifs, les sittelles qui voient le monde à l’envers, les quiscales toujours un peu bruyants, les papillons, encore les perce-neige, et peut-être aussi un éclat de soleil dans les épinettes qui capte l’attention de l’artiste. Des moments de recueillement et d’apprentissage pour être tout droit dans son regard et son corps, dans l’instant même et pas ailleurs. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">APPRENDRE<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Voir, respirer, écrire en retenant son souffle pour ne pas effaroucher le monde vivant, se sentir toute là, les pieds sur le sol chaud, devant une pivoine qui se courbe, épuisée par sa beauté. Et pour laisser monter en elle les marées du souvenir, les grandes vagues qui éclaboussent les rives des Îles-de-la-Madeleine d’où viennent ses ancêtres. Le son du violon de sa mère quand elle s’abandonnait à la tristesse, à la mélancolie et les mélodies qu’elle jouait, celles apprises avec patience dans une enfance qui se recroqueville dans un album de photos.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">échos d’hier<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> dans l’aventure du carnet<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> l’enfance en partage</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">»</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> (p.112)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un carnet formidable que <i>L’infini du regard</i>, un hymne à la création, un chant qui porte la splendeur de tous les matins du monde. Rita Lapierre-Otis voit, sait puiser dans les mots des autres une expression, une image qu’elle scrute comme une pierre précieuse. Parce qu’elle écrit en prenant son temps, tout lentement, debout à la fenêtre, devant un univers qui n’arrête jamais de la captiver. Attentive, là, concentrée dans son regard, dans son sourire certainement au plus chaud du jour et parfois de la nuit. Et aussi pendant une escapade avec des amis pour se frotter à la beauté du fjord du Saguenay, un paragraphe d’un livre qui ne cesse de l’émerveiller et de la combler. La carnetière a l’art de nous présenter ces moments qui rendent plus conscients de notre aventure d’être. Un calepin où elle médite et nous transmet son bonheur du monde. Même quand tout semble aller un peu de travers, elle sait se relever devant le miracle d’un autre matin qui s’impose en enjambant la tête des arbres. Avec ici et là, un haïku, comme une tranche de temps, une toute petite aquarelle. Mille fois merci à cette écrivaine qui permet de nous évader dans les merveilles quotidiennes, de se perdre dans l’abîme du regard. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">LAPIERRE-OTIS RITA</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> : <i>L’infini du regard</i>, Éditions L’instant même, Longueuil, 136 pages.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><br /></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> <a href="https://instantmeme.com/livres/l-infini-du-regard/">https://instantmeme.com/livres/l-infini-du-regard/</a></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt; line-height: 32px;"> </span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;"> </span></b></p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-26183408807997721162023-12-07T07:40:00.000-05:002023-12-07T07:40:29.572-05:00 FRÉDÉRICK LAVOIE SE QUESTIONNE<p><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjitztBmUcRfRuwQIb07cVoJes6TloYi5hS69semXtYrSLIkwzz8yGa1Uo1jfZliXOeCAVdaTqIqLjqbQVgeNsAtrQkYR3shMXWsXz2_naH26KVRd9oGP4FDTxa8DMvJNYW-FH37YVAk85zp57xtm2lWmE1apks8l2sK5VlchpnIME_gaGpu4AwSSmTH5A/s1120/Fre%CC%81de%CC%81rick.heic" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1120" data-original-width="532" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjitztBmUcRfRuwQIb07cVoJes6TloYi5hS69semXtYrSLIkwzz8yGa1Uo1jfZliXOeCAVdaTqIqLjqbQVgeNsAtrQkYR3shMXWsXz2_naH26KVRd9oGP4FDTxa8DMvJNYW-FH37YVAk85zp57xtm2lWmE1apks8l2sK5VlchpnIME_gaGpu4AwSSmTH5A/s320/Fre%CC%81de%CC%81rick.heic" width="152" /></a></div><p class="MsoNormal" style="font-size: medium; font-weight: 400; margin: 0cm;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;">FRÉDÉRICK LAVOIE</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"> <b><span style="color: #00b050;">a reçu une bourse de la Fondation Aga Khan Canada pour effectuer une série de reportages portant sur le problème de l’eau au Bangladesh. Les experts prévoient, avec les changements climatiques, que ce pays situé au niveau de la mer presque pourrait perdre cinquante pour cent de ses terres avec la hausse du niveau de l’océan et provoquer un mouvement migratoire intense et rarement vu. Rendre compte de cette situation dans une société dont on ne possède pas la langue, n’est pas une tâche facile pour un journaliste même si Frédérick Lavoie a l’habitude des pays étrangers. On a connu son audace où, se fiant à son instinct et au hasard, il s’est retrouvé en prison dans l’ex-empire soviétique. Il a raconté cette expérience dans <i>Allers simples, aventures journalistiques en Post-Soviétie</i>. Cette fois, il a dû faire appel à un interprète, un «</span></b></span><b><span face="Arial, sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;"> </span></b><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;">truchement</span></b><b><span face="Arial, sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;"> </span></b><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;">» comme on disait à l’époque des coureurs des bois. Il le devait pour expliquer sa présence aux Bangladais qui se demandaient qui était cet étranger qui posait tant de questions. Lavoie a dû faire confiance totalement à cet interprète. Ça complique drôlement les choses. Et traduire, c’est souvent aussi un peu trahir. Le voilà donc dans ce vaste pays où l’on parle le bengali avec un horaire serré. Il croise des gens lors de ses déplacements, n’est pas trop certain qu’ils comprennent ses préoccupations et surtout s’ils lui disent toute la vérité. <o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-size: medium; font-weight: 400; margin: 0cm;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;"><br /></span></b></p></span></b></b></div><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Le Bangladesh est un pays fragile qui se retrouve à la merci des changements climatiques avec la mousson qui crée des inondations de plus en plus importantes, noyant terres et villages, ravageant les récoltes et contaminant les puits. Des conditions de vie difficiles et il semble que les paysans et les pêcheurs, doivent toujours recommencer ce que la nature et les activités de certains humains prennent un malin plaisir à dévaster. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Et c’était tout le cœur de mon problème avec </span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Dompter les eaux<i> : je n’arrivais même pas à déterminer ce qui me permettrait de prétendre avoir été juste à l’égard de ces gens, et donc d’avoir été à la hauteur de mes principes. Leur univers m’était demeuré trop opaque pour que j’ose y plaquer mes interprétations avec une quelconque confiance.</i></span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.47)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Bien plus, le journaliste a l’impression que les hommes et les femmes avec qui il discute ne sont pas du tout intéressés par les sujets qu’il aborde. Cela crée un malaise chez le manieur de questions, on le comprend. Voilà donc de sérieuses difficultés de communications et la certitude qu’il passe trop vite dans les villages, ne consacre pas assez de temps à ses interlocuteurs pour leur rendre justice dans ses comptes rendus. Comment parler de la survie, du pays qui se défait et mute devant une crise planétaire pendant une escale de quelques heures tout au plus</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Un danger qui touche tous les scribes, peu importe l’endroit où ils se trouvent. Tous doivent faire rapidement, résumer en quelques minutes pour un court récit à la radio ou à la télévision. Pas le temps de s’attarder, de réfléchir, de sentir les soucis des gens. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Gros problème de conscience pour le journaliste. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Le reporter, après un séjour trop bref dans un patelin, doit donner l’impression lors du compte rendu de tout savoir et de tout comprendre. Il y a là, certainement, une forme d’imposture sinon un malaise que j’ai maintes fois ressenti dans ce travail où il faut surprendre l’être vivant derrière l’événement. C’est peut-être aussi pourquoi j’ai toujours gardé un pied dans le récit et le roman pour arriver à cerner des sujets et des personnages. Encore cette terrible impression de rester à la surface quand on fait le métier de cueilleur de nouvelles et de peintre en humanité. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">PROBLÈMES<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Bien sûr, Frédérick Lavoie a le sentiment de se comporter souvent en abeille butineuse, d’effleurer les conséquences des changements climatiques sur le quotidien des populations. Il y a aussi la pollution qu’il voit autour de lui, poussée à un point qui donne le vertige. Surtout celle provoquée par les tanneries qui souillent les rivières et empoisonnent tout ce qui y vit. Alors, que peuvent les pêcheurs devant un tel désastre</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Et les produits utilisés dans ces entreprises sont extrêmement dangereux et néfastes pour les ouvriers. Conséquences de tout ça. L’eau de surface n’est plus propre à la consommation. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIQOrmYAU5HcBmsjmEOMpulolsgi-qLUt8J795dnsGCvOtIqpjCZ9TkwqJ9pHaISb15oR7OjatEsY0vFkE6OogXXAaYvRqXJzFNQYdy2sbdmJ4XhxPGZ0JmbE8Lj4dFL4y_EBk3WMu9osYKG3wtSc3Ilm8GvGLhyphenhyphen2eETe-Vv2LIQnmITrMNw2UW2e3ob4/s339/LP2023-TROUBLER-LES-EAUX-C1-226x339.jpeg" style="clear: left; float: left; font-size: 21.333334px; font-weight: 700; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="339" data-original-width="226" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIQOrmYAU5HcBmsjmEOMpulolsgi-qLUt8J795dnsGCvOtIqpjCZ9TkwqJ9pHaISb15oR7OjatEsY0vFkE6OogXXAaYvRqXJzFNQYdy2sbdmJ4XhxPGZ0JmbE8Lj4dFL4y_EBk3WMu9osYKG3wtSc3Ilm8GvGLhyphenhyphen2eETe-Vv2LIQnmITrMNw2UW2e3ob4/w268-h400/LP2023-TROUBLER-LES-EAUX-C1-226x339.jpeg" width="268" /></a><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Le gouvernement a fait creuser des puits artésiens, pour puiser l’eau plus profondément dans le sol. Tout semblait réglé dans un premier temps. Les paysans et la population avaient retrouvé de l’eau et certaines maladies, surtout infantiles, ont disparu presque. Et un peu plus tard, on a constaté que l’eau contenait de l’arsenic à un taux inquiétant, que cette eau si vitale était, encore une fois, un danger. Creuser plus profondément, s’enfoncer dans la nappe phréatique</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Et en forant, est-ce que l’on contamine cette nappe d’eau si précieuse</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Les autorités du Bangladesh font face à un problème insoluble, semble-t-il. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Selon les estimations, entre 20 et 77 millions de Bangladais-es et plusieurs millions de personnes au Bengale-Occidental risquaient une mort prématurée en raison de cet empoisonnement à l’arsenic, appelé </span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">arsenicose</span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.95)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Frédérick Lavoie, avec son guide et son interprète, se rendent dans les îles, croisent des gens, posent des questions, reçoivent des réponses et le journaliste écrit des reportages pour <i>Le Devoir</i> entre autres, mais il reste sur sa faim, a toujours l’impression de passer comme une bourrasque qui se calme tout de suite après une dernière salutation. Il n’en a pas fini avec le Bangladesh, ce pays où les problèmes de la planète semblent converger. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Il veut avant tout raconter ces hommes et ces femmes, les entendre pour de vrai, comprendre leurs propos et montrer ce qu’ils sont dans leur vie de tous les jours. Mais comment parler de ces gens sans les trahir, sans en faire une sorte de caricature bien involontairement quand on soulève de la poussière dans un village qui retombe trop rapidement</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Les inspirations qui m’ont aidé à me sortir de mes impasses sont multiples. Elles me sont arrivées de domaines variés, de la philosophie à l’éthologie, en passant par la science-fiction, la poésie, la psychologie ou encore la traductologie. C’est cependant dans les débats qui ont cours en anthropologie que j’ai trouvé le plus naturellement matière à réflexion. Cela n’est pas tout à fait surprenant, compte tenu de la parenté entre cette discipline et le journalisme, et particulièrement le journalisme international</span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.284)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Chose certaine, un tel travail n’est jamais facile. Comment rencontrer l’autre, écouter, regarder et surtout montrer ce qu’il est dans son quotidien</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Avec la barrière de la langue, c’est encore plus difficile. Le pire ennemi du journaliste est le temps. Il doit courir, toujours, aller rapidement, et c’est souvent pourquoi les reporteurs restent à la surface. Même que maintenant, on leur demande d’être des voyants et de prévoir ce qui peut se produire. Ce qui est tout à fait contraire à cette profession.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Troubler les eaux</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> est un livre franc, honnête d’un journaliste qui se questionne et qui veut entrer en contact avec son lecteur, avec les gens qu’il rencontre dans ses enquêtes pour rendre compte de leurs grandes et petites misères. Rien n’est jamais sûr dans ce travail étrange où l’on devient pêcheur qui jette sa ligne à l’eau et qui attend que le poisson vienne à lui. Pour cela, il faut de la patience et un certain savoir-faire. Parfois, la pêche sera bonne et souvent, le journaliste revient avec les mains à peu près vides. Et ce métier veut que l’on relate quelque chose quand même, toujours. J’ai passé ma vie de journaliste à me questionner et à tenter de trouver des manières d’entrer en contact avec les gens pour les dire le mieux possible. Même raconter un événement, un spectacle, une conférence, demande une terrible attention et aussi une capacité à saisir et traduire ce que l’on entend. Les récits <i>Le tour du lac en 21 jours</i> et <i>Le bonheur est dans le fjord</i>, répondent à cette nécessité. Cela m’a permis de reprendre tout ça dans une fiction : <i>Le voyage d’Ulysse</i>.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">J’ai aimé le questionnement de Frédérick Lavoie, mais une petite chose m’a dérangé dans cette quête du journaliste qui tente de trouver une forme de certitude. L’utilisation de l’écriture inclusive m’a empêché de savourer pleinement sa pensée. Pourquoi employer un tel langage</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Un idiome qui veut personnifier tout le monde finit par ne représenter personne. Qui peut prétendre englober tous les humains</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Les <i>celleux</i> et les <i>toustes</i> ne font pas partie du vocabulaire des journalistes, pas encore du moins, je l’espère. Une autre matière à réflexion pour Frédérick Lavoie. Je pense, sincèrement, que ce n’est pas très heureux malgré les bonnes intentions de l’auteur, je n’en doute pas. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">LAVOIE FRÉDÉRICK</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> : <i>Troubler les eaux</i>, Éditions La Peuplade, Chicoutimi, 360 pages. </span></p><p><a href="https://lapeuplade.com/archives/livres/troubler-les-eaux">https://lapeuplade.com/archives/livres/troubler-les-eaux</a><br /></p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-2886478200904810612023-11-30T12:06:00.002-05:002023-12-03T10:01:23.760-05:00 STANLEY PÉAN SE FAIT GUIDE D’AVENTURES<p><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUSPzf9aOpWxAuMuVrnUNW6ktW5l94FahQSE43XLexFmVzUwni4LFhAMBipv12kykj-8fB-fEWCO2mmK3DIzFU6luxLyfGFcus2iK-uzcbRl5TT1bnES19LQtoLonxtNmVUocgJ5p0o0kZziiYuzZLpyfSYdkmehC-5V96cKb-TStqWepDK8PW-tzTprg/s1000/Stanley-Pean_portrait_01-af70e858.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="667" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUSPzf9aOpWxAuMuVrnUNW6ktW5l94FahQSE43XLexFmVzUwni4LFhAMBipv12kykj-8fB-fEWCO2mmK3DIzFU6luxLyfGFcus2iK-uzcbRl5TT1bnES19LQtoLonxtNmVUocgJ5p0o0kZziiYuzZLpyfSYdkmehC-5V96cKb-TStqWepDK8PW-tzTprg/s320/Stanley-Pean_portrait_01-af70e858.webp" width="213" /></a></b></div><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;">VOILÀ UN RECUEIL <span style="color: #00b050;">de nouvelles qui nous sort des repères que nous avons l’habitude de suivre. Stanley Péan et Jean-Michel Girard ont eu la bonne idée de jumeler illustrations et écriture dans <i>Cartes postales d’outre-monde</i>. Girard a créé trente-cinq planches, s'inspirant de celles que l’on retrouvait dans les fanzines où j’ai lu les aventures de Dick Tracy, le détective qui n’avait rien à envier à Hercule Poirot, Tarzan aussi, et le Fantôme. Des photos sépia, marquées par le temps, la couleur d’une époque en allée. Comment ne pas ressentir une certaine nostalgie en se penchant devant ces images</span></span></b><b><span face="Arial, sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;"> </span></b><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;">? Vingt-trois des illustrations, des créations originales et uniques de Jean-Michel Girard, s’attardent à des femmes et les douze autres à des hommes, souvent des Noirs. Toujours des décors un peu flous, inquiétants et propices à faire galoper l’imagination fertile de Péan qui se plaît à nous entraîner dans son monde particulier. Le défi pour l’auteur était d’écrire de courtes nouvelles, à partir du personnage, du milieu représenté et de l’action que suggère la scène. Parce qu’il y a un scénario dans ces illustrations. Tout y passe ou presque. Il y en a pour tous les goûts.</span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;"> </span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Cette idée fort originale m’a happé dès la première image. Je me suis rapidement amusé à inventer une histoire face à cette femme bien mise, triste, qui tient la pose, perdue dans ses pensées, un peu boudeuse aussi et qui semble attendre que quelqu’un la secoue. La bouteille d’alcool tout près devient particulièrement importante, avec la couronne de Noël au mur. Sommes-nous devant la trahison d’un amoureux, la mort d’un proche, quelqu’un d’invisible qui tente de lui faire entendre raison</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Un simple caprice d’une bourgeoise assuré de son quotidien. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Comment savoir</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitkxRs2dSheTI8cFysacPwpn_nlYyVbHyMbSGE0kZG9BHTrqUAchHMcIp0ArkjZbWdeS5zpgQHxio82eFoUyfX2FJYC54l_IjtXHiTyF5cy-r9_CCwxLf97JnFyipj3dQXgdMZX8qTtJHAgCxQmgTf70quOwfJ7c46xQFa3ZOTKePAXUk-odGZYLXe47g/s1000/JM.Girard_portrait_01-e2a98cb5.webp" style="clear: left; float: left; font-size: 21.333334px; font-weight: 700; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="667" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitkxRs2dSheTI8cFysacPwpn_nlYyVbHyMbSGE0kZG9BHTrqUAchHMcIp0ArkjZbWdeS5zpgQHxio82eFoUyfX2FJYC54l_IjtXHiTyF5cy-r9_CCwxLf97JnFyipj3dQXgdMZX8qTtJHAgCxQmgTf70quOwfJ7c46xQFa3ZOTKePAXUk-odGZYLXe47g/s320/JM.Girard_portrait_01-e2a98cb5.webp" width="213" /></a><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je me suis jeté un peu partout avant de me pencher sur le texte de Péan. Oui, il avait remarqué des choses, les mêmes que moi, mais jamais je n’ai jonglé avec ce qu’il a fait dans son récit. Tout cela pour voir<br /> comment nos imaginaires réagissent devant des scènes ou scénarios possibles. Un exercice qui m’a révélé, ce que je pensais déjà, que pas un auteur n’emprunte un même chemin malgré le point de départ. Je ne vous assommerai pas avec toutes les péripéties que j’ai rédigées dans ma tête, mais je me suis fort amusé. Ça m’a permis de belles trouvailles, et qu’il y a autant de récits et d’aventures qu’il y a d’écrivains. Oui, il y a des dizaines de lectures possibles dans une nouvelle.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Jean-Michel s’était inspiré du style de Norman Rockwell, ainsi que de celui des artistes dont les œuvres ornaient les couvertures des </span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">pulp magazines<i> d’antan, ces publications américaines et italiennes de littérature populaire où fleurirent des fictions allant de la romance à l’épouvante, en passant par les enquêtes criminelles, les histoires de science-fiction ou d’épopée fantastique</i>.</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.9)<o:p></o:p></span></p><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">J’ai retrouvé l’univers de Stanley Péan, malgré les contraintes, sa fascination pour l’étrange, une certaine forme de rites occultes, les bars inquiétants et enfumés, avec, c’est une obligation, le jazz un peu langoureux qui berce les clients qui boivent trop ou pas assez, c’est selon, grillent une cigarette, tout en prêtant l’oreille à la voix d’une chanteuse qui se déhanche ou encore à un instrumentiste qui se concentre sur son morceau de saxophone. Bien sûr, le piano est là, toujours, omniprésent, menant la marche en éparpillant ses gouttes de musique entre les mouvements. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Une belle façon de s’aventurer dans le territoire de Péan qui se veut, la plupart du temps, urbain. Il aime s’attarder dans un quartier populaire avec les coins sombres, plutôt mal odorants et des culs-de-sac où tout peut arriver. Jean-Michel Girard l'a bien servi sous cet aspect.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">MONDE<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Des textes inédits, sauf cette fabuleuse histoire qu’est <i>Plus bleu que le blues</i> où il met en scène une chanteuse blanche, Lorrie, et un musicien noir, Lester «</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Sweet Lips</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» Washington. Un amour fou, torride, qui bouscule le corps et l’âme et nous plonge dans le racisme qui marque la société étasunienne, cette plaie qui fait une tache indélébile sur le passé de nos voisins du Sud. Des passions interdites et une fin horrible. Cette nouvelle a paru dans <i>Lettres québécoises</i> à l’été 2023.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg11niKNRRdKHFGJtuivpUm6pKpOtuxS6Zq05sgvysgnWtifz9iHSvChAYC-G7__qweFQpB1Wh8LYfl7FTXUa9T2BUKxfjwJLxbIbk3JssbwkrFuggtef1Bmm1FL8QTS3Tn0PMY87xNcETz3D633I1wLhjT-4wrdvCVMqxjblLn10ihcKT-Bjx_P2i9asU/s500/MainsLibres_CartesPostales_S.Pean-9d1fec03.webp" style="clear: right; float: right; font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 20px; font-style: italic; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="318" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg11niKNRRdKHFGJtuivpUm6pKpOtuxS6Zq05sgvysgnWtifz9iHSvChAYC-G7__qweFQpB1Wh8LYfl7FTXUa9T2BUKxfjwJLxbIbk3JssbwkrFuggtef1Bmm1FL8QTS3Tn0PMY87xNcETz3D633I1wLhjT-4wrdvCVMqxjblLn10ihcKT-Bjx_P2i9asU/w255-h400/MainsLibres_CartesPostales_S.Pean-9d1fec03.webp" width="255" /></a><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Stanley Péan n’avait guère le choix. Les illustrations sont suggestives et indiquent une direction qu’il est impossible de négliger. Girard l’a entraîné dans une Amérique qui sort à peine des turbulences économiques des années 1930. Les bars clandestins se multiplient, là où la musique de jazz fleurit, celle de Billie Holiday ou de Lester Young. La fumée des cigarettes rend l’air irrespirable, l’alcool coule à flots. Les truands se tiennent un peu en retrait tout en ayant l’œil sur la clientèle. La vie, le plaisir, l’enivrement de tous les sens, mais aussi une violence omniprésente, le racisme et des règlements de compte dans les ruelles. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">J’ai retrouvé tout ça dans les textes de Stanley Péan. Parce que l’œuvre de cet écrivain et amateur de jazz ne cesse de nous surprendre et de nous entraîner dans ce monde où la musique devient un personnage qui dicte tous les comportements des protagonistes, comme s’ils faisaient tous partie d’un grand orchestre.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">EXPLORATION<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Voilà une belle manière d’explorer des territoires que l’on délaisserait autrement et de décrire des travers humains, mais aussi les côtés plus lumineux des passionnés qui cherchent à échapper à un environnement étouffant. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Les femmes de ces nouvelles sont souvent des chanteuses seules. Il y a parfois un enfant dans leur quotidien et les mâles se sont éloignés comme des abeilles butineuses. Elles expérimentent de modestes succès sur la scène et après avoir rêvé de gloire et de richesse, elles se prostituent pour survivre et nourrir leur progéniture. Bien sûr que tout ça ne peut que mal finir. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Que d’instants formidables dans cette suite de tableaux, de véritables condensés de vie</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">! Je pense à <i>Solo</i> qui nous permet de revoir le personnage de Lester «</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Sweet Lips</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» Washington de la nouvelle <i>Plus bleu que le blues</i>. Il se retrouve dans une maison de gens âgés, perdu, vivant des moments lumineux quand il reprend son harmonica pour étonner tout le monde. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Malgré l’absurdité de la situation, leur nouveau collègue la fascinait et l’attendrissait. En dépit de son imperméabilité à tout ce que jouaient Tristan et elle, l’harmoniciste faisait preuve d’une ahurissante virtuosité. Sans rapport avec les sélections du duo, ses improvisations témoignaient d’une maîtrise absolue de son instrument et d’une évidente capacité de s’y investir corps et âme, de traduire en musique souvenirs et sentiments profondément enfouis en son for intérieur.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.232)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Une nouvelle forte qui permet à Stanley Péan de démontrer que le temps efface tout, même des moments que l’on pensait gravés dans la pierre de granite. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un recueil étonnant, celui d’un virtuose qui ne se laisse jamais démonter par l’atmosphère, le public ou encore les imprévus. Toujours, il nous plonge dans l’action et nous entraîne dans un monde qui est bien le sien malgré les balises. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je signale également un récit magnifique d’espoir, d’amour et de terribles déceptions. <i>Au-delà des montagnes</i> est un petit bijou. L’illustration fait la page couverture et révèle un peu tout. Le désir d’échapper à son destin, de connaître la grande aventure, peut-être aussi une autre vie. Péan s’y surpasse et nous fait glisser dans l’attente et la confiance qui s’amenuise peu à peu. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Elle avait passé le plus clair de son enfance à ne pas trop savoir qui elle était vraiment, à quelle communauté elle s’identifiait. Sa défunte mère, une Philippine tout juste sortie de l’adolescence, travaillait comme femme de ménage au domicile d’un riche magnat de l’industrie de la construction, dont elle avait eu à subir les agressions coutumières jusqu’au jour où il l’avait licenciée en apprenant la nouvelle de sa grossesse. Rejetée par sa propre famille, sa maman avait trouvé du réconfort dans les bras de celui que Josie appellerait son papa toute sa vie durant, tout en sachant qu’i n’était pas son géniteur.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.165)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Il faut souligner le travail de <i>Mains libres</i>, la facture de ce recueil de nouvelles. Papier glacé, belles planches mises en évidence, soignées, particulièrement, avec l’écrit enluminé qui sort du travail ordinaire d’un éditeur. Vraiment un magnifique ouvrage. Tout cela pour donner autant d’importance aux illustrations qu’au texte, pour établir le lien entre Péan et Girard. Que demander de plus</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">PÉAN STANLEY</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">, <i>Cartes postales d’outre-monde</i>, Éditions Mains Libres, Montréal, 266 pages.</span></p><p><a href="https://editionsmainslibres.com/livres/stanley-pean/cartes-postales-d_outre-monde.html">https://editionsmainslibres.com/livres/stanley-pean/cartes-postales-d_outre-monde.html</a><br /></p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-89991547735825883532023-11-22T07:31:00.000-05:002023-11-22T07:31:15.063-05:00 DESPATIE NOUS OUVRE TOUT UN MONDE<p><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgweRD4MHDH_MsQv1wxHwuOYgf2mCrf6ye3aNq-sG7uiwPM50-LeRUIaF6-v01v8e0Bqs3dDriM5Ny1dpywwAuP5aitdnxoLwOiZfB9NwXAge5AYuGDKWrjkLO6BnN_0mC2tEwsG-zs17m7EZsBAJZUwiv8gB5cVYoSWSdtLSMt0JUgpK3Nf78dxfUstk/s1152/Ste%CC%81phane.heic" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1152" data-original-width="482" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgweRD4MHDH_MsQv1wxHwuOYgf2mCrf6ye3aNq-sG7uiwPM50-LeRUIaF6-v01v8e0Bqs3dDriM5Ny1dpywwAuP5aitdnxoLwOiZfB9NwXAge5AYuGDKWrjkLO6BnN_0mC2tEwsG-zs17m7EZsBAJZUwiv8gB5cVYoSWSdtLSMt0JUgpK3Nf78dxfUstk/s320/Ste%CC%81phane.heic" width="134" /></a></span></b></div><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;">STÉPHANE DESPATIE a surtout publié de la poésie jusqu’à maintenant, une douzaine de recueils. Et le voilà qu’il nous offre un gros roman au titre un peu étrange : <i>Fretless</i>. La jaquette toute noire, révélatrice certainement où, debout, comme un personnage, une guitare basse à quatre cordes, monte la garde. L’auteur prend la peine de nous informer sur la quatrième de couverture. «</span></b><b><span face="Arial, sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;"> </span></b><b><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;">Fretless est le nom que l’on donne à une basse électrique dont le manche est dépourvu de frettes, à l’instar de nombreux instruments à cordes. Cela permet une continuité d’une note à une autre lors des glissés et dans ce roman, on glisse beaucoup.</span></i></b><b><i><span face="Arial, sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;"> </span></i></b><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;">» Comme les instruments de musique gardent tous leurs mystères pour moi, j’ai fait des recherches pour mieux comprendre. «</span></b><b><span face="Arial, sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;"> </span></b><b><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;">Les frettes sont des petites barres métalliques que l’on peut retrouver sur un manche de guitare. Elles sont perpendiculaires à l’axe du manche généralement et son légèrement arrondies.</span></i></b><b><span face="Arial, sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;"> </span></b><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;">» Voilà, vous savez tout maintenant ou presque. Un roman magnifique, un chant prenant qui puise dans les blessures de l’enfance, les espoirs, les élans, les amitiés si importantes qui vous permettent d’aller de l’avant, de découvrir une passion qui vous aspire. Un livre terriblement humain qui vient vous chercher et vous emporte au bout de soi, vous plonge dans la création qui devient vertige et refuge contre toutes les brutalités de la société. Et qui, parfois, vous fait croiser l’amour. </span></b></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">En ce moment où on ne parle que du décès de Karl Tremblay et des <i>Cowboys fringants</i>, on peut croire à une coïncidence fascinante pour Stéphane Despatie. Oui, il est question de chansons, d’un groupe nommé <i>Rouge Malsain</i>. Ralph, le narrateur, est le bassiste et le parolier de cet ensemble. Des amis proches, toujours sur la route, nous plongent dans un milieu peu fréquenté par les écrivains. Bien sûr qu’il faut des connaissances pour se risquer dans cette voie. Je dois avouer que cet univers reste mystérieux pour moi, même si j’écoute beaucoup de musique, et ce dans tous les styles. Je ne suis pas passionné cependant au point de faire des recherches sur des interprètes que j’aime ou encore sur des ensembles réputés.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Voilà une belle raison pour s’aventurer dans ce roman un peu déstabilisant par certains aspects. Despatie nous entraîne dans le monde de la scène populaire, dans la vie de ces nomades du spectacle. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiXAW_4PXqyTdawFeM0NpiHb2GLnkReskecXWrDgT_24TPEIVmpW9ETdIifuF13t3A-tBWR78zM4IKiLNkDAgXw7nyvZhAvaXFONmzOmaXnnIocCvLH7qG4uYGw5vC7uIyV47DYcgRj5v31IkHc5ISqM1aqUbq1VIhsGeIP3zoPE7NL7wwh9BvJBy51-dk/s500/MainsLibres_Fretless_S.Despatie_v3-e2a70dfc.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="318" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiXAW_4PXqyTdawFeM0NpiHb2GLnkReskecXWrDgT_24TPEIVmpW9ETdIifuF13t3A-tBWR78zM4IKiLNkDAgXw7nyvZhAvaXFONmzOmaXnnIocCvLH7qG4uYGw5vC7uIyV47DYcgRj5v31IkHc5ISqM1aqUbq1VIhsGeIP3zoPE7NL7wwh9BvJBy51-dk/w255-h400/MainsLibres_Fretless_S.Despatie_v3-e2a70dfc.webp" width="255" /></a></span></b></div><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"><br />UN MONDE<o:p></o:p></span></b><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Ce roman m’a rapidement aspiré et c’est tout un univers qui s’est offert à moi. Le groupe connaît un certain succès et il franchit les frontières pour se retrouver en France et parfois ailleurs. Une vie trépidante avec des déplacements constants, des spectacles qui s’enchaînent, des rencontres marquantes avec certaines vedettes, des amours qui durent le temps d’une nuit, l’alcool et les substances qui vous plongent dans des stances quasi mystiques. C’est surtout un monde d’amitiés qui prend ses sources dans l’enfance, à Montréal, dans un quartier populaire. C’est touchant de voir les efforts de ces jeunes adolescents qui tentent de s’arracher à leur milieu difficile par la musique, la composition et les concerts. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Ralph raconte des périodes heureuses et intenses, celles du groupe, des complicités qui se nouent et qui provoquent des tensions, des moments douloureux, les gangs et les confrontations, les coups pour survivre. Il y a ceux qui s’en sortent et ceux qui n’y parviennent pas, des filles qui se retrouvent à la rue et qui finissent dans un parc, assassinées par un psychopathe. Certaines de ces amies, d’anciennes flammes, hantent Ralph et il arrive difficilement à les oublier. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Si se battre était l’arme pour éviter d’être un souffre-douleur, aux échecs, montrer qu’on avait ce qu’il faut pour se battre pavait la route pour la victoire. Finalement, tout ça, encore une fois, était une affaire de reconnaissance. Pour la majorité d’entre nous, il n’était pas question de dominer ou je ne sais quoi du genre, mais bien de survivre. Je ne parle pas de survivre physiquement</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">; les coups échangés se concluaient rarement en blessures graves. Quoiqu’à bien y penser, des commotions cérébrales, ce n’est pas rien, et on en a eu probablement plusieurs. Moi le premier.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.70)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">La musique avant tout qui soude les instrumentistes, qui permet de perdurer et de s’inventer une vie autre. Un milieu où tout le monde connaît les tares et les aspects lumineux des organisateurs, de certaines vedettes, des agentes qui luttent pour que leur groupe s’impose et continue d’avoir accès aux scènes les plus prestigieuses. Des affinités avec certains et d’autres qui semblent posséder l’art de susciter la grogne autour d’eux. Tout cela avec un passé qui marque le présent, une enfance qui leur a donné un élan. </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Tous restant des «</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">étoiles filantes</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» jusqu’à un certain point même quand le feu sacré commence à s’éteindre. La vie de ces musiciens qui faisaient la fête chaque soir, avec des filles interchangeables, en a brisé plus d’un. Et souvent, ils sont là le temps de quelques succès et après, chacun va son chemin, vers un quotidien plus rangé et moins exigeant.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">À cette époque, Michel se prenait un peu pour Jim Morrison et dans son exercice d’approfondissement du personnage, il lui arrivait parfois d’expérimenter les limites, les crêtes, les sommets ou plus précisément, les bords de tout. Il les cherchait, surtout lorsqu’il était tard.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.129)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Cela m’a fait penser à mon séjour à Montréal, où nous nous retrouvions régulièrement à <i>La casa de Pedro</i>. Gilbert Langevin m’entraînait partout et m’initiait à la vie nocturne, celle des poètes, des marginaux qui espéraient écrire le succès du jour. J’y ai croisé Claude Gauvreau et Armand Vaillancourt, Gaston Miron parfois, pas très souvent, Ginette Letondal la comédienne à la voix envoûtante. Claude Dubois en était à ses débuts et Pierrot le fou ne savait quoi inventer pour attirer l’attention. Bien des inconnus maintenant qui rêvaient de gloire et de célébrité. La bohème, la fête, les querelles pour une strophe ou un poème que l’on s’accusait de voler à l’autre, des moments de grâce à écouter Langevin délirer ou Miron prêcher comme un ancien curé.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">AMOUR<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Tout ça avec l’amour de Ralph pour Émilie qui l’envoûte et qui reste une sorte de fantasme inaccessible malgré des rencontres et des moments d’intimité. Une femme furtive et insaisissable comme ce tableau qu’il a vu, un triptyque d’un peintre montréalais qui le hante, l’obsède et qu’il veut acquérir à tout prix.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Une quête, une recherche du beau, du bon, d’un art qui vous élève l’âme et le cœur, qui vous place devant une œuvre qui parle à l’être. Une espèce de mutation ou d’envol, semblable à la chenille qui se transforme pour connaître l’ivresse, le léger et le vertige de l’espace. C’est tout cela ce roman touffu, dense comme une jungle avec ses personnages qui se succèdent, s’imposent ou fuient pour ressurgir au moment où on ne pensait plus à eux. Une vie en kaléidoscope qui vous propulse en avant et vous aspire. Une sorte de longue bascule qui avale la plupart, mais aussi un élan pour certains qui savent s’accrocher à des souvenirs douloureux et terribles. Comment oublier le massacre de Polytechnique, la mort de tant de filles que Ralph a côtoyées</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Le meurtrier demeurait à quelques pâtés de maisons et ils se sont croisés souvent.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Et aujourd’hui, je ne pouvais ignorer mes brèves rencontres avec Marc Lépine au dépanneur de la rue Bordeaux, non plus le fait que j’avais déjà dansé au Clandestin avec quelques victimes du drame</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">.</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.261)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">La folie tout près, dans le quotidien, dans sa tête, dans son intimité qui laisse des traces qui ne s’effaceront jamais. Au moins, il reste la poésie, la musique, un tableau qui le pousse vers le beau, le mieux, l’élévation. C’est certainement ce que peut l’art sous toutes ses formes, l’expression qui peut sauver même les plus poqués. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">STÉPHANE DESPATIE</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">, <i>Fretless</i>, Éditions Mains libres, Montréal, 312 pages.</span></p><p><a href="https://editionsmainslibres.com/livres/stephane-despatie/fretless.html">https://editionsmainslibres.com/livres/stephane-despatie/fretless.html</a><br /></p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-10632674564080539222023-11-16T07:43:00.000-05:002023-11-16T07:43:58.875-05:00BÉDARD RACONTE LA QUÊTE DE SA VIE<p><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdbk93nG7pdewbbr37WhV6dtBGJuq3nXyUFIG6sv_NBiEYvtod-68CLKkvIqCkgtz_oWUeaNO4ss42cQiJIytN9w5feixGhU3CyncGLludvXSwhlKGCCw7geDgow_j9UR9Zi0lTuBv3jLuhvk_YScvu2S46_0gpI_6l7Gk_NLiuIcAw431A9BflMvfToo/s1216/Be%CC%81dard.heic" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1216" data-original-width="774" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdbk93nG7pdewbbr37WhV6dtBGJuq3nXyUFIG6sv_NBiEYvtod-68CLKkvIqCkgtz_oWUeaNO4ss42cQiJIytN9w5feixGhU3CyncGLludvXSwhlKGCCw7geDgow_j9UR9Zi0lTuBv3jLuhvk_YScvu2S46_0gpI_6l7Gk_NLiuIcAw431A9BflMvfToo/s320/Be%CC%81dard.heic" width="204" /></a></span></b></div><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;">J’AI BEAUCOUP</span></b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;"> <b><span style="color: #00b050;">aimé les ouvrages de Jean Bédard, particulièrement <i>Maître Eckhart</i> et <i>Nicolas de Cues</i>. Je ne dois pas être le seul parce que ce sont des livres importants qui se démarquent par leur profondeur et leur pertinence. Pourtant, je ne l’ai guère suivi au cours des ans. Et voici qu’il nous offre <i>Grimper sur des lambeaux de lumière</i>, un titre intrigant, poétique, assez étrange pour me titiller et chercher à savoir où il en est rendu dans sa quête. Un essai qui tient à la fois du récit et qui nous permet de mieux saisir l’homme et surtout, l’exploration que fut sa vie. Un livre qui m’a touché, remué même si je n’ai pu m’abandonner au fil de l’histoire. J’aurais eu l’impression de glisser sur une surface dure, de glaner un mot ici et là, sans jamais plonger dans la richesse et la profondeur du propos de ce penseur original. J’ai dû prendre de grandes inspirations, revenir sur mes traces pour saisir la quintessence des dires de l’écrivain. Comment ne pas s’attarder à certaines phrases pour en découvrir toute la pertinence et la justesse</span></b></span><b><span style="color: #00b050; font-family: Arial, sans-serif; font-size: 16pt;"> </span></b><b><span style="color: #00b050; font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;">? Parce que Jean Bédard questionne, se confronte, se bouscule, reste le plus fidèle possible à sa poussée vers la vérité, une certitude plutôt. C’est là l’entreprise de toute sa vie.</span></b></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Jean Bédard nous entraîne d’abord dans son enfance pour parler du petit garçon qui a fait ses premiers pas à Montréal et qui ne se distinguait guère de ses voisins de l’époque. Très près de sa mère et de sa sœur, il connaît des moments heureux dans le giron familial. Le père, un peu plus secret, plus en retrait comme bien des hommes de cette époque, semblable à mon père qui laissait toute la place à ma mère qui ne manquait jamais de nous étourdir avec ses bourrasques de mots. Une enfance ordinaire pour un garçon né au début des années cinquante, dans une société qui s’apprêtait à muter avec la mort de Maurice Duplessis et la glissade dans ce que nous avons nommé la Révolution tranquille. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Je n’ai pas le sentiment d’avoir eu une enfance malheureuse ou heureuse, c’était plutôt comme dans l’église : les couleurs jouaient dans la poussière et l’obscurité, des taches rouges, jaunes, vertes, bleues virevoltaient comme des oiseaux et ça passait. Tout passe.</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">»</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> (p.16)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Tout sera bien différent quand il doit s’éloigner du cocon familial pour se joindre aux jeunes de son âge, qu’il se retrouve dans une école de quartier où il amorce sa scolarisation. Il vivra ce moment comme une rupture effroyable, une forme de trahison presque de la part de sa mère qui le laisse dans un milieu hostile et étranger. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">À la fin de me six ans, maman me conduit à l’école. Elle me rassure, “Tout va bien se passer”, mais elle m’abandonne dans la cour. Je la vois partir. Je panique. Je grimpe en haut de la clôture carrelée et hurle. Un géant en soutane noire me transporte sur son épaule comme une poche de patates, il me dépose rudement sur une chaise dans une classe, et il y a un grand rire collectif. J’hésite. Je pense. J’attaque. Je tire la langue en faisant des gros yeux de chat. Une super grimace. Toute la classe fige, puis éclate d’une sorte de rire que je n’avais encore jamais entendue. J’en suis la cause. C’est peut-être à ce moment-là que j’ai connu ma première décision consciente. À l’école, lorsqu’on rirait de moi, j’allais en rajouter, faire des singeries pour me rendre plus niais et on me ficherait la paix. Mais on ne m’a pas fiché la paix.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">» (p.10)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Tout le contraire pour moi. À six ans, bientôt sept, au début des années cinquante, je voulais plus que tout aller à l’école, m’éloigner de la maison familiale pour échapper à tous les interdits que ma mère tressait autour de moi. L’école fut ma première libération. J’y gagnais le droit d’avoir des amis, de parler aux voisins de mon âge et aux voisines. Surtout, de m’amuser avec eux. Tout ce qui était défendu chez nous. Ma mère voyait tout, comme le Dieu du catéchisme, et cela me perturbait énormément. Comme si elle devinait ou savait à l’avance ce que nous inventions avec mes frères et mes neveux.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">MALHEUR</span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiT50Zd5MeoK7fBrGn3XB-JBzXh_clvZjigquyyc7adCKriB8tRjQIJoCscJbYJmUfzOwAPu0lRjSzyzX2tKnAHd_VJPNRCLfSbCgHhDf9Tvw2jeG3sBjtFGuTJ3y6na-hqPehTcq-h3eeo14S0O5Y8s1DBOb9qYG-6iaJZ7alS4IltVhirbdPJKkuhtBA/s600/3017~v~grimper-sur-des-lambeaux-de-lumiere.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="388" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiT50Zd5MeoK7fBrGn3XB-JBzXh_clvZjigquyyc7adCKriB8tRjQIJoCscJbYJmUfzOwAPu0lRjSzyzX2tKnAHd_VJPNRCLfSbCgHhDf9Tvw2jeG3sBjtFGuTJ3y6na-hqPehTcq-h3eeo14S0O5Y8s1DBOb9qYG-6iaJZ7alS4IltVhirbdPJKkuhtBA/w260-h400/3017~v~grimper-sur-des-lambeaux-de-lumiere.jpg" width="260" /></a></span></b></div><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Ces années du primaire deviendront un enfer pour Jean Bédard. Il sera le souffre-douleur de la classe et se refermera comme une huître, ne parlant presque à personne. Il n’apprendra rien et on finira par croire qu’il est idiot et qu’il n’y a rien à faire avec lui. À cette époque, on abandonnait volontiers des jeunes à l’école et on les laissait dériver sans trop s’en préoccuper pourvu qu’ils ne perturbent pas les élèves. J’en ai connu quelques-uns au primaire.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un oncle, un frère de la congrégation du Sacré-Cœur, changera tout en l’entraînant au juvénat. Un véritable miracle se produit alors, l’enfant fermé, solitaire s’ouvre et découvre les beautés qui l’entourent.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Au juvénat m’attendaient deux religieux qui allaient sauver ma vie et mon esprit : l’un par la pédagogie du bon sens, l’autre par sa voix de ténor. Par le premier, j’ai réussi à entrer dans les livres comme dans un refuge, par le deuxième, j’ai réussi à respirer à l’air libre comme un oiseau</span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.27)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Plus rien ne sera pareil. Il étudie et envisage de devenir frère enseignant. Très croyant alors, sa vie lui semble toute dessinée devant lui. Rien ne sera simple cependant. Jean Bédard n’ira jamais d’un point à un autre sans remous ou turbulences. Il quitte la vie religieuse et s’efforce de faire sa place, rencontre une femme, mais le quotidien reste difficile et surtout, sa soif de vérité, sa volonté de trouver un ancrage qui lui prouvera que la vie vaut la peine d’être vécue et qu’elle a un sens, l’obsède. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Enseignant en Abitibi, travailleur social, ermite, étudiant, lisant tout ce qu’il déniche, cherchant et tentant de vivre le plus près possible de la nature et des grandes leçons qu’elle ne manque jamais de donner. Il vivra des expériences particulières, s’abandonnant à certains guides qui le manipuleront, regroupera des gens autour de lui qui réussiront à le tromper et à le trahir. Il vivra des transes et à des voyages astraux même qui l’emportent dans une autre dimension.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Rien de facile pour lui ou de définitif. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Il finira par trouver sa voie, étudiant en solitaire, en vivant avec une compagne, en retrait du monde et de ses turbulences. La vie toute simple que j’ai cherchée en m’installant dans une grande maison de ferme au bout d’un rang à La Doré où je pensais cultiver la paix, écrire et me donner un élan. Ce ne fut jamais le cas. Il y avait toujours quelqu’un qui débarquait pour m’empêcher de lire et de travailler comme je l’aurais souhaité. Jamais je n’ai été moins seul qu’en vivant à dix kilomètres du village sans un voisin. La vie nous réserve des surprises du genre. La maison où je devais écrire tous les livres ne m’a jamais permis d’aligner une phrase.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">VIE<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Une existence de recherches et de réflexions pour Jean Bédard, pour trouver des vérités qui rassurent et guident. Fervent croyant tout en refusant les bornes de l’église, voilà le cheminement d’un individu exceptionnel qui incarne peut-être, à sa façon, le glissement d’une société traditionnelle et religieuse vers une vie personnelle où chacun doit esquisser ses convictions et planter ses propres balises. Un parcours admirable et fascinant. Une ascèse qui mobilise toutes ses énergies et qui se montre plutôt exigeante et sans partage, souvent décevante aussi, il faut le dire, quand il fait confiance aux humains. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Grimper sur des lambeaux de lumière</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> est un livre à méditer, à lire et à relire pour s’imbiber d’un passage, d’un moment de recueillement ou encore de suivre une pensée sinueuse. C’est avec une belle lenteur que nous devons aborder les propos de Jean Bédard, sinon nous risquons de ne rien comprendre à cette démarche originale. Tout un parcours de vie, une prospection sans cesse recommencée et une réflexion qui permet de trouver la paix dans la solitude et la plénitude de la nature qui apaise et apporte ce que nous nommons toujours avec une certaine prudence : le bonheur. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">BÉDARD JEAN</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">, <i>Grimper sur des lambeaux de lumière</i>, Éditions Leméac, Montréal, 200 pages.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"><a href="http://www.lemeac.com/catalogue/3017-grimper-sur-des-lambeaux-de-lumiere.html?page=1">http://www.lemeac.com/catalogue/3017-grimper-sur-des-lambeaux-de-lumiere.html?page=1</a><br /></span></p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-6914433959137822592023-11-09T09:51:00.001-05:002023-11-09T09:51:43.581-05:00HAMELIN ET SA QUÊTE DE L’AMÉRIQUE<p><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhH1wnR4v_h4nj2nStHrml8paTJvXyV6Gh5M_SeMrOxihjUsQWTv9LgpnFFZj8Gou8-IjcdMARVGzH8y-DNvdgPnAd_aWjR8c8eItBwLZtWmZ4EXQ5z3bWnQtl4dP0Dj-xxSdcSIlFuAcqR7lUx-XlPoDL2rJh4EsSc_8hkCAd4ft-t2xzBz10d9KxY2_Q/s566/Hamelin.heic" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="566" data-original-width="274" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhH1wnR4v_h4nj2nStHrml8paTJvXyV6Gh5M_SeMrOxihjUsQWTv9LgpnFFZj8Gou8-IjcdMARVGzH8y-DNvdgPnAd_aWjR8c8eItBwLZtWmZ4EXQ5z3bWnQtl4dP0Dj-xxSdcSIlFuAcqR7lUx-XlPoDL2rJh4EsSc_8hkCAd4ft-t2xzBz10d9KxY2_Q/s320/Hamelin.heic" width="155" /></a></span></b></div><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;">CE N’EST PAS </span></b><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;">la première fois que Louis Hamelin se lance sur les traces d’un personnage historique. Il l’a fait dans <i>Les crépuscules de la Yellowstone</i> avec le naturaliste John James Audubon, un formidable dessinateur d’oiseaux. Il l’a accompagné dans sa dernière excursion sur le Missouri, guidé par Étienne Provost, véritable légende, le plus courageux des coureurs des bois, dit-on. Cette fois, dans</span></b><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #00b050; font-size: 16pt;"> <i>Un lac le matin</i>, Hamelin retrouve Henry David Thoreau dans sa retraite près du lac Walden devenu mythique. Cet auteur a connu la célébrité avec <i>Walden ou la Vie dans les bois</i>. Naturaliste et philosophe, né en 1817 à Concord au Massachusetts, il est décédé en 1862, des suites d’une tuberculose. Ce penseur original fascine encore beaucoup de Québécois. Richard Séguin a fait un très beau disque en s’inspirant du personnage, de ses écrits et de ses luttes. <i>Retour à Walden</i> est un arrêt incontournable pour qui s’intéresse à Richard Séguin et à Thoreau. J’ai écouté ce petit bijou des dizaines de fois. <o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Louis Hamelin trace un portrait plutôt juste de Henry David Thoreau, cet original qui a créé une école pour y enseigner pendant quelques années, tentant d’y développer des notions qui bousculaient la vie de ses concitoyens qu’il considérait comme trop matérialiste et insouciant vis-à-vis de la nature. Les forêts dans les alentours de Concord retentissaient du bruit des haches et des moulins à scie. Ce sera la même chose au pays du Saguenay où les coupeurs de pins s’établissaient près d’un cours d’eau, fondaient un hameau, rasaient tous les environs avant d’aller s’installer ailleurs, laissant derrière eux des villages fantômes et des ruines. Jean-Alain Tremblay a illustré magnifiquement cette problématique dans <i>La nuit des Perséides</i>. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un moment de réclusion pour réfléchir, écrire, cultiver ses légumes, entretenir sa cabane, lire les Grecs dans le texte tout en surveillant les comportements des animaux qu’il croisait dans son quotidien. Une vie toute simple. Thoreau s’accommodait de peu, même s’il profitait des avantages de la ville toute proche et ne refusait jamais un bon repas chez ses parents ou des amis, particulièrement avec Ralph Waldo Emerson, l’écrivain qui a tenté de définir ce que l’on nomme l’intellectuel américain. Louis Hamelin y introduit un personnage peu connu, un certain Alex Therrien, d’origine canadienne-française qui travaille dans les environs et que Henry croise régulièrement. Un homme qui semble une sorte de Roger Bontemps qui se contente de vivre dans la forêt avec son chien et qui n’hésite jamais à partager son bonheur ou encore le plaisir de vider une bouteille. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Henry apprit qu’il se nommait Alex Therrien. Né au Canada, dans la vallée du Saint-Laurent, Alex était arrivé en Nouvelle-Angleterre une douzaine d’années plus tôt et il avait le même âge que lui : vingt-huit ans. Il travaillait comme bûcheron et poseur de clôtures, abattant des arbres qui devenaient ensuite les piquets qu’il enfonçait dans la terre. Son chien s’appelait Rex.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.33)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un homme qui rêve de retourner au Canada pour s’installer sur une ferme. Une sorte de modèle pour Thoreau qui se débat avec des questions existentielles et des idées qu’il n’arrive pas souvent à dompter. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Ce personnage me fait penser à un ami qui a pratiqué la cueillette des bleuets et des pommes pour survivre, consacrant la plupart de son temps à collectionner des antiquités et à sculpter. En plus de vivre sa passion pour les voyages et le lointain, bien sûr. Un original qui a mis une douzaine d’années à construire sa demeure de ses mains avec du bois récupéré partout dans les vieilles granges et les maisons abandonnées, n’utilisant que des outils qu’il maniait à force de bras, sans recours à tous les bidules électriques qui facilitent tant les corvées. Il habite toujours cette maison sans téléphone et sans eau courante, sans Internet et la télévision. Un personnage qui n’a jamais lu <i>Walden ou la vie dans les bois</i>, mais qui aurait pu donner des leçons au penseur de Concord.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">PLAISIR<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">J’ai savouré le roman de Louis Hamelin encore une fois. Faut dire que j’aime à peu près tout ce qu’il écrit et publie. Son Henry est fort sympathique, un peu tourmenté, curieux de tout, des bêtes et de la forêt, des plantes que l’on trouve à l’état sauvage sans trop y prêter attention. Le récit se transforme par moment en véritable livre de botanique où Hamelin se fait plaisir en décrivant les végétaux qui prolifèrent autour du lac et de sa cabane. Des extraits ou des passages que n’aurait pas reniés le frère Marie-Victorin. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Emmêlées au feuillage vert pâle que les saules noirs étalaient sur la rive, des lobélies cardinales et des galanes glabres aux calices tubulaires se miraient dans l’eau. Un peu en retrait du bord se dressaient les hautes talles d’eupatoires pourpres, et dans la prairie plus loin on distinguait les fleurs bleues de la gentiane, le mauve tendre des gérardies et des rhexies de Virginie, les tresses blanches des spiranthes.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.75)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Henry David Thoreau était-il un véritable ermite</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Pas vraiment. Il y avait toujours quelqu’un qui venait jaser un moment, partager un thé ou encore le surprendre dans ses petites tâches ou en train d’écrire. Et surtout, il était seulement à quelques kilomètres de Concord où vivait sa famille. Parlons d’un retrait plutôt, dans un lieu tranquille, mais assez fréquenté et accessible. Cela n’a rien à voir avec l’un de mes oncles qui a passé plus de trente ans dans une cabane en bois rond sur les rives de la rivière Ashuapmushuan. Nous allions lui rendre visite une fois par année pendant la période des bleuets et c’était un moment qui m’impressionnait beaucoup. Assez pour que je rêve de me faire ermite plus tard, de m’installer au cœur de la forêt, dans une courbe de la grande rivière pour y vivre au rythme des épinettes, de l’ours et de l’orignal. Cela n’est pas arrivé, vous vous en doutez.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkt8fEWLw4HwaJZwF8vHcn85ohJO_B9k5AEbOj6UL-sCtBfswCl9ojov423dqrLOrc_hNLLyW3cpMym-QUpslbsAc93_-uZk_uH_BOBGToVj_d-bhEMLyaxMHAMNlHmNJ2f8gb5CguQEWegJTXDIf1YxpW9g9tdbHsQA-iBDEaV0pxqZuYymDR57spmvY/s618/un_lac_le_matin_couv_WEB.jpg" style="clear: left; float: left; font-size: 21.333334px; font-weight: 700; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="618" data-original-width="400" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkt8fEWLw4HwaJZwF8vHcn85ohJO_B9k5AEbOj6UL-sCtBfswCl9ojov423dqrLOrc_hNLLyW3cpMym-QUpslbsAc93_-uZk_uH_BOBGToVj_d-bhEMLyaxMHAMNlHmNJ2f8gb5CguQEWegJTXDIf1YxpW9g9tdbHsQA-iBDEaV0pxqZuYymDR57spmvY/w260-h400/un_lac_le_matin_couv_WEB.jpg" width="260" /></a><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">AMÉRIQUE<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Hamelin dresse un portrait fort intéressant de l’Amérique, des États-Unis plutôt, dans les années 1845 et subséquentes. Les coupes forestières battent leur plein sur la côte est des États-Unis et la quiétude du lac Walden est perturbée, pour ne pas dire menacée. Les haches retentissent du soir au matin dans les montagnes, le bruit des scies des moulins monte avec le chant des maringouins. Le bois est très demandé et les constructions se multiplient partout avec les villes et les villages qui se développent. Il y a plus de cent cinquante ans, les grandes forêts sauvages des commencements n’étaient déjà plus qu’un souvenir. La terrible offensive pour s’approprier les ressources naturelles et transformer tous les arbres en planches et madriers battait son plein. La disparition de ces parterres d’origines n’était plus qu’une question de temps. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Autour de lui, dans tout le bassin versant du Penobscot, rugissaient les scies de deux cent cinquante moulins avalant et recrachant deux millions de mètres cubes de bois par année, et la même chose se produisait au même moment dans les bassins hydrographiques de la Kennebec, de la Saco, de la Passamaquoddy et de la Saint-John, où d’autres humains et d’autres moulins coupaient, acheminaient et digéraient l’immense forêt qui s’étendait des montagnes Blanches à l’Atlantique.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.173)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un livre fort sympathique qui permet à Hamelin, encore une fois, de nous démontrer que le compte à rebours était engagé pour l’Amérique à l’époque d’Audubon et de Henry David Thoreau qui fascinent bien des gens de nos jours, des nostalgiques peut-être. Nous réalisons, en lisant Hamelin, que le pillage s’est amorcé dès l’installation des premiers Européens pour nous pousser vers les catastrophes de maintenant. Tout a commencé alors qu’un certain Jacques Cartier abattait un arbre et dressait une croix dans le territoire de Gespeg devant des autochtones qui le regardaient, sans comprendre qu’ils étaient dorénavant des conquis et que leur pays n’était plus leur pays. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Louis Hamelin est en train d’élaborer une œuvre unique qui se soucie des humains et de la nature que nos agissements menacent de toutes les façons imaginables. Un bonheur que de la suivre à la fois dans son quotidien où il tisse des liens avec une histoire plus lointaine qui décrit très bien les travers d’une civilisation et d’une pensée qui ne peut que mener à la destruction et au pillage. Les réflexions de Henry David Thoreau étaient pertinentes en son temps et sont de plus en plus nécessaires maintenant que nous avons à peu près tout ravagé et que certains dirigeants nous promettent encore une fois l’Eldorado avec la filière électrique. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Hamelin jongle avec des questions que les amis de Thoreau aimaient ressasser lors de leurs agapes où ils se demandaient comment fonder une authentique littérature américaine et surtout, comment vivre en harmonie avec la nature. Des rencontres et l’écoute des autochtones auraient pu les instruire sur le sujet, mais ces premiers habitants du Nouveau Monde sont absents du quotidien de Thoreau. Hamelin pose peut-être, un livre à la fois, les jalons d’une littérature d’expression française américaine qui nous distingue et fait de nous quelque chose comme un peuple et une nation particulière.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">HAMELIN LOUIS</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">, <i>Un lac le matin</i>, Éditions du Boréal, Montréal, 248 pages.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"> </span><a href="https://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/lac-matin-4019.html" style="text-align: left;">https://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/lac-matin-4019.html</a></p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-85013011935315876742023-11-02T08:08:00.000-04:002023-11-02T08:08:00.188-04:00ROGER FRAPPIER : PIONNIER INFATIGABLE<p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3p6fYdgTQarCMwblrQr60R7jLBRIlIn6J1-zLrpTHsvSmdxe2ZmCptovDUUoTPDYyCIoHtsunfsqqlFBNl37_7zhKm0ZcWJCpcCA-sUpS1lncYSFPAFEPdaxXMxHKUj6OfLhe4AyLPhR2CSr0CUpvBpGKRuicYNFp3fgixT7xq3eQTW9veztm770oJqY/s1000/EML_DenisMoniere-PB-f634e42e.webp" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="667" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3p6fYdgTQarCMwblrQr60R7jLBRIlIn6J1-zLrpTHsvSmdxe2ZmCptovDUUoTPDYyCIoHtsunfsqqlFBNl37_7zhKm0ZcWJCpcCA-sUpS1lncYSFPAFEPdaxXMxHKUj6OfLhe4AyLPhR2CSr0CUpvBpGKRuicYNFp3fgixT7xq3eQTW9veztm770oJqY/s320/EML_DenisMoniere-PB-f634e42e.webp" width="213" /><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;"></span></b></a></b></div><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;">IL Y A DES</span></b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;"> <b><span style="color: #00b050;">ouvrages qui s’avèrent importants et nécessaires à notre compréhension du Québec de maintenant. Surtout, ils nous offrent l’occasion de découvrir en quoi nous sommes une société différente sur ce continent américain. Denis Monière vient de signer l’un de ces livres avec <i>Roger Frappier, oser le cinéma québécois</i>. Un essai qui permet, en suivant la carrière de cet homme, de mieux saisir les hauts et les bas de cette forme d’art moderne au Québec, d’effleurer ses grandes réussites et de mettre le doigt sur des problématiques endémiques qui semblent difficiles à éradiquer. La diffusion, par exemple, du film québécois sur tout le territoire. Le nom de Roger Frappier vous est familier si vous fréquentez plus ou moins les créations québécoises. Une figure incontournable, un pionnier qui aura à peu près tout accomplit dans ce milieu à partir des débuts de la Révolution tranquille. Réalisateur, critique, producteur, militant, lobbyiste, il a été sur tous les fronts pour faire avancer cet art qui devait résister à l’envahisseur américain qui s’appropriait tous les écrans dans les années 60. Il est aussi à l’origine de plusieurs organismes gouvernementaux qui s’avèrent indispensables à la création d’œuvres originales en français au Québec. <o:p></o:p></span></b></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="color: #00b050; font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 16pt;"> </span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Denis Monière prévient rapidement le lecteur. Il ne s’aventurera pas dans la vie privée de Roger Frappier. Il s’en tient au personnage public qui a occupé toutes les scènes et qui signait des textes régulièrement dans les journaux et les magazines dans les années 70 et subséquentes. L’amoureux fou du film, le militant qui voulait faire de cet art un des leviers de la libération nationale et de l’affirmation des Québécois d’expression française en cette terre d’Amérique.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Ce sera le combat de sa vie. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Le documentaire d’abord, très populaire dans les années 60 et qui caractérisera notre approche du cinéma avec des créations marquantes comme celles de Pierre Perreault et d’Arthur Lamothe. Une façon de faire qui demandait peu d’investissements, qui se pratiquait caméra à l’épaule et qui consistait bien souvent à aller rencontrer les gens dans leurs milieux et à leur donner la parole pour inventer une histoire et une trame qui pouvait devenir dramatique. Impossible de ne pas signaler <i>Pour la suite du monde</i> de Pierre Perreault, un chef-d’œuvre du genre. Ce fut une révélation pour moi que ces films alors que je fréquentais l’Université de Montréal. Ce regard a marqué surtout mon roman : <i>La mort d’Alexandre</i>.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Cette façon de faire permettait aux nouveaux réalisateurs de tourner à peu de frais. Nous abordons ici le financement, l’éternel problème de la culture québécoise.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">PREMIERS PAS<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Frappier s’intéresse d’abord au <i>Grand cirque ordinaire</i>. Une troupe de théâtre fondée en 1969 par des jeunes qui deviendront des figures connues au Québec : Paule Baillargeon, Jocelyn Bérubé, Raymond Cloutier, Suzanne Garceau, Claude Laroche et Guy Thauvette. Des comédiens et comédiennes qui choisissent alors de s’exprimer dans des créations collectives et qui misent sur l’improvisation. Il y aura aussi le phénomène Raoul Duguay qui fascinera Frappier. Ce seront ses premiers pas dans cette aventure qui aspirera toute sa vie.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;">Il s’est engagé dans le cinéma avec l’ambition d’en faire un instrument de prise de conscience d’une identité nationale et un outil de libération nationale</span></i><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">.</span></i><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.8)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Il faut savoir que la situation était désolante pour ne pas dire décourageante quand il a commencé à vouloir tourner ses propres projets. Le travail des réalisateurs d’ici était condamné à demeurer dans l’ombre et n’était à peu près pas fréquenté par les amateurs. La quasi-totalité des salles de diffusion appartenait à des Américains et les Québécois découvraient surtout les succès d’Hollywood dans ces lieux de projection. On ne se donnait même pas la peine de traduire les films. Le cinéma était en anglais alors un peu partout au Québec.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;">Un peuple peut-il continuer à vivre en ne voyant sur ses écrans que les rêves des autres</span></i><i><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;">?</span></i><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.59)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJ_H-W3IrU8n0tsksEkGHsKiPJUwNnR3rOBVgovFKbtGj4bfnPrkuxIY7D0frnkeqKXoBjFnj6BiwCiJY9pXN9G6P4s3FtqaglGZqI4ZF7fs8kGi_PXU5rYf_26_UcGqeYnZ0zbjuoZzUnk7ZX37DFtQ6mpGfwbKQe5HhCz_q5rriubmfD0tLI6svelSY/s500/MainsLibres_RogerFrappier_D.Miniere-aae92ab4.webp" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 21.333334px; font-weight: 700; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="318" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJ_H-W3IrU8n0tsksEkGHsKiPJUwNnR3rOBVgovFKbtGj4bfnPrkuxIY7D0frnkeqKXoBjFnj6BiwCiJY9pXN9G6P4s3FtqaglGZqI4ZF7fs8kGi_PXU5rYf_26_UcGqeYnZ0zbjuoZzUnk7ZX37DFtQ6mpGfwbKQe5HhCz_q5rriubmfD0tLI6svelSY/w255-h400/MainsLibres_RogerFrappier_D.Miniere-aae92ab4.webp" width="255" /></a><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">PLACE<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Rapidement, Roger Frappier deviendra un acteur incontournable du milieu avec les pionniers que furent Arthur Lamothe, Pierre Perreault, Denys Arcand, Gilles Carles, Jacques Godbout et quelques autres. Nationaliste convaincu, comme un peu tout le monde alors, il lutte pour l’indépendance du Québec et flirte même avec le FLQ dans les années 1970. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Il regroupe les artisans du septième art dans des unions qui cherchent à se doter d’outils pour faire des projets qui se tiennent et surtout d’avoir les moyens pour être de leur époque et ne pas rougir devant les nouveautés qui arrivent des États-Unis et qui séduisent tant le public. Il frappera alors à toutes les portes pour que cette industrie, qui n’en porte pas encore le nom, se développe, produise des films de qualité. Plus que tout, le cinéma a besoin d’argent, de sommes importantes quand il s’agit de tourner des œuvres de fiction.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;">Les objectifs essentiels visés par l’ARFQ (l’Association des réalisateurs de films du Québec) étaient de permettre aux créateurs de chacune des disciplines d’avoir véritablement voix au chapitre des politiques et mesures qui les concernaient directement et de diminuer la présence des commerçants qui ne devaient plus occuper majoritairement et massivement le territoire de la culture et de la cinématographie québécoise.</span></i><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.80)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Le Québec d’abord, mais rapidement il faut s’ouvrir à l’international, surtout à la francophonie pour la diffusion de certaines productions et les rentabiliser. Le Québec est un trop petit pays pour réussir à rejoindre un nombre suffisant d’amateurs qui pourraient remplir les coffres des promoteurs. Surtout, que les cinéastes doivent combattre des préjugés et que les cinéphiles du Québec ont l’habitude des films étrangers et lèvent souvent le nez sur les histoires d’ici. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Frappier aura la main heureuse en produisant le projet de Denys Arcand, <i>Le déclin de l’empire américain </i>en 1986 qui marquera une étape importante dans ce long et lent processus de reconnaissance et de quête de respect sur les écrans du monde. Un grand succès pour ce film qui rompt avec une certaine conformité au Québec.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">ANNÉE MARQUANTE<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Il y aura un tournant dans la carrière de Roger Frappier et de plusieurs réalisateurs du Québec, dont Denys Arcand. L’année 1980. L’année de toutes les désillusions avec la défaite du référendum sur la souveraineté du Québec. Activiste et ardent indépendantiste, comme d’autres de ses collègues, Frappier sera déçu et en même temps, étrangement, affranchi du devoir de militer pour le pays du Québec. Comme le peuple a dit non, qu’il refuse de se doter d’un État bien à lui, la question est réglée. Frappier et Arcand décident de s’occuper de leurs affaires et se tournent vers l’international et les coproductions que Frappier avait combattues jusqu’à un certain point. Ce sont les projets individuels qui prennent le dessus et ils ne se sentent plus investis d’une mission et de la tâche de libérer une province qui se souvient si peu et si mal.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 15pt; line-height: 30px;">Le pays n’ayant pas eu lieu, la fête étant terminée, on dirait qu’on s’est retrouvé, non plus par rapport à nous, mais par rapport au monde entier. C’est dans cette cour-là maintenant qu’on a le goût d’aller jouer. […] On est condamné à la qualité et à l’excellence. […] Il y a une nouvelle race de producteurs qui a une volonté de faire du cinéma de qualité qui soit commercial et accessible. Cette nouvelle génération de producteurs veut faire des films de niveau international sans mettre de côté la spécificité québécoise</span></i><i><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">.</span></i><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.104)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Frappier deviendra une figure connue et respectée à Cannes et dans tous les festivals où l’on célèbre le septième art. La production de son dernier film, celui de Jane Campion, <i>The Power of the Dog,</i> lui permettra de remporter un Oscar à Hollywood. Comment oublier <i>La leçon de piano</i> de cette réalisatrice</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Un bijou d’intelligence</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">.</span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Toute une époque défile dans <i>Roger Frappier oser le cinéma québécois</i>, un éveil, un travail acharné pour se distinguer dans un secteur, comme dans bien d’autres, laissé à l’abandon et souvent aux mains des étrangers. Il sera l’un des artisans qui bâtiront la renommée et la qualité des productions québécoises. On pourrait, bien sûr, établir un parallèle avec la littérature et le théâtre. Qui va rédiger la biographie du grand éditeur que fut André Vanasse, ce pédagogue qui a permis à nombre de jeunes écrivains de publier des œuvres originales et de s’imposer sur la scène internationale. Sans compter les figures migrantes de Sergio Kokis et Felicia Mihali qu’il a su faire connaître.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un ouvrage passionnant qui nous plonge dans les cinquante dernières années, nous offre l’occasion de voir comment le cinéma, surtout celui de fiction, s’est développé au Québec et comment il a évolué pour finir par avoir sa petite place sur tous les écrans du monde.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Denis Monière s’attarde aux combats de Roger Frappier, à ses hésitations, ses échecs et ses belles réussites. Bien sûr, il ne faut pas trop se bomber le torse en suivant cette émancipation, parce que la situation demeure fragile et instable. Et, ce sera ainsi tant et aussi longtemps que le Québec n’aura pas choisi de devenir un pays. C’est là, certainement, le plus grand des projets qui permettra de résoudre bien des difficultés et des manques qui empêchent notre culture de s’épanouir partout, surtout sur le territoire du Québec, comme cela devrait se faire dans ce «</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">pays qui n’est toujours pas un pays.</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">»<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">MONIÈRE DENIS</span></b><span style="font-family: "Arial Narrow", sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px;">, <i>Roger Frappier, oser le cinéma québécois</i>, Éditions Mains libres, Montréal, 268 pages. </span></p><p><a href="https://editionsmainslibres.com/livres/denis-moniere/roger-frappier_oser-le-cinema-quebecois.html">https://editionsmainslibres.com/livres/denis-moniere/roger-frappier_oser-le-cinema-quebecois.html</a> </p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-12749189471223358712023-10-25T11:32:00.000-04:002023-10-25T11:32:27.967-04:00 CAROLINE VU PLUS TOUCHANTE QUE JAMAIS<p><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqAwbSCkEkJln0pHE6vG2QRT9KI2zVa_oruB2k5bKUWAPPVpiVLYHYNmyp8evI_zCUVFIcJMifx_kD46MtAB3n0-ATfvOEwJt5PHuP_cMtobkNm0HXrf2r-czG7pY8CHy5CY22_OzCJVhsysfdF1KZResSmSYwYyAuuQaPlAz_ip3CWzJbVOeqvYNahrQ/s570/Vu.heic" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="570" data-original-width="396" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqAwbSCkEkJln0pHE6vG2QRT9KI2zVa_oruB2k5bKUWAPPVpiVLYHYNmyp8evI_zCUVFIcJMifx_kD46MtAB3n0-ATfvOEwJt5PHuP_cMtobkNm0HXrf2r-czG7pY8CHy5CY22_OzCJVhsysfdF1KZResSmSYwYyAuuQaPlAz_ip3CWzJbVOeqvYNahrQ/s320/Vu.heic" width="222" /></a></div></span></b><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;">CAROLINE VU</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"> <b><span style="color: #00b050;">présente un gros roman, une brique comme on dit, un troisième ouvrage à la Pleine Lune. <i>Boulevard Catinat</i> nous ramène au Vietnam, en pleine guerre, alors que les soldats américains sont omniprésents à Saigon. Deux mondes se côtoient, se confrontent, s’opposent et tentent de vivre les uns à côté des autres pendant cette période trouble. Une jeune étudiante, Mai, d’une famille à l’aise (le père enseigne les mathématiques), fréquente des G.I. américains, flirte avec ces garçons qui incarnent le pouvoir et la liberté. Avec une amie, elle ose des gestes très mal vus dans sa communauté. La guerre détraque tout, les conflits permettent des actions que l’on ne fait pas en temps habituel. Les soldats circulent avec leurs dollars et tout le monde tente d’en profiter d’une manière ou d’une autre. Tout ça avec des conséquences fâcheuses souvent, on s’en doute. Des drames, oui, mais peut-être aussi des histoires extraordinaires.<o:p></o:p></span></b></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"><b><span style="color: #00b050;"><br /></span></b></span></p></div><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Ce qui m’a étonné au début, c’est la voix narrative. Un garçon, difficile de dire son âge exactement, raconte la vie de sa mère Mai, de sa famille, de son père, et de cette époque trouble où il a vu le jour. À Saigon, la présence française est encore visible, malgré la guerre d’indépendance et la libération en 1955. Dix ans plus tard, les Américains sont là, s’aventurant dans la jungle lors de raids hallucinants, croisent des jeunes filles à Saigon quand ils sont en congé. Ils sont en Asie pour combattre les communistes qui règnent au Nord et qui tentent par toutes les manières possibles de s’infiltrer au Sud, dans la capitale en particulier. Mais il y a toujours la vie, la tendresse, l’amour peut-être qui ne demande qu’à s’épanouir.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Le récit sonne un peu bizarrement, comme si le narrateur avait du mal avec sa langue et qu’il s’accrochait à tous les détails de son quotidien, aux événements pour se constituer une mémoire et un passé. Il est difficile de ne pas être envoûté par cette musique si particulière.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">La famille de ma mère ne rejetait pas complètement la modernité. Mes grands-parents croyaient à la science, à la médecine et à la technologie. Ils ne juraient que par leur radio et leur téléviseur en noir et blanc. Ils avalaient chaque jour un comprimé de multivitamines. Si elle avait eu plus d’argent, Grand-mère se serait ruée chez le plasticien pour faire corriger ses yeux bridés. En attendant, elle n’hésitait pas à couvrir ses cils tombants de mascara pour les recourber. Et elle adorait son rouge à lèvres Revlon, qui ajoutait de la couleur à ses lèvres brunes et charnues.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.33)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un roman magistral où se heurtent deux peuples, deux idéologies, deux civilisations avec leurs qualités et leurs défauts. Une société millénaire, celle des Vietnamiens qui a été sous la domination française de 1887 à 1954. Ils ont l’habitude des étrangers, savent comment se comporter et tirer toutes les ficelles. Même si les Américains sont là pour les protéger de la menace communiste, ils finissent par s’imposer comme de véritables envahisseurs.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">LIBERTÉ<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">La prostitution est omniprésente. Mai flirte avec une liberté dangereuse, prend des risques avec les soldats et joue avec le feu. Elle s’éprend d’un militaire, un noir, Michael. L’inévitable se produit. Elle se retrouve enceinte et accouche chez les nonnes françaises, au grand dam de sa famille, y laissant son bébé sans même le regarder. Il a la peau de son père, c’est tout ce qu’elle sait. Un bambin qui grandit avec les religieuses, surtout avec la supérieure de la communauté qui le garde dans sa chambre, à cause de sa couleur, certainement. Il est la cible de tous les enfants quand il se joint à eux. </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Nous avons notre narrateur, cette voix originale qui voit tout et entend tout même s’il est d’une discrétion exemplaire. Un obsédé, oui, par sa jeune mère qui s’est envolée aux États-Unis lors du départ précipité des Américains qui ont dû céder devant la poussée des forces communistes. Et il y a ce quotidien, ce manque de vie chez les sœurs, ce cocon où il est retenu.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Ils pensaient que j’avais oublié. Non, je me souviens de tout. Que devais-je leur dire</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">? Que pendant des années, tu avais emprisonné mon corps dans une couverture</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">? Que tu me mettais dans un sac de plastique doublé et m’accrochais à une poignée de porte pendant ton absence</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">? Que tu me faisais boire du vin de serpent dilué pour me garder dans un état de douce somnolence</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">? Personne ne me croirait. Ils se diraient que, même doublé, le sac de plastique se serait fendu et je serais tombé au sol. Ils seraient convaincus que mes pleurs auraient ensuite alerté les autres sœurs. Grave erreur</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">!</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.195)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Le garçon imagine celle qui l’a abandonné dans ce couvent qui est un reliquat d’une autre époque. Il note tout ce que fait la religieuse, ses manies, la télévision, l’alcool, cette femme qui lui sert de mère sans pour autant lui démontrer la moindre affection.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Le fils de Michael, le Noir américain et de Mai, la Vietnamienne, se crée une vie, raconte son inexistence, en invente des bouts, certainement. Peut-être pas non plus, comment savoir</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Il tente de tout dire de ses parents, de son grand-père qui aimait trop les étudiantes, de sa grand-mère. Il élabore une fresque terrible de ce conflit, évoque May Lay en 1968, ce hameau rasé par les forces américaines lors d’une attaque. Les 500 résidents de l’agglomération ont été tués. Le village brûlé au napalm, cette arme horrible. Un crime de guerre, certainement. Mai, sa mère, mais aussi l’autre, l’amie, la victime de son grand-père qui l’a séduite. Elle reste au Vietnam et se faufile dans la hiérarchie communiste. Nous avons là les deux facettes de ce moment inoubliable.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">ENFANCE<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Caroline Vu raconte les premiers moments du garçon chez les sœurs, ses difficultés d’apprentissage, sa lenteur et ses retards qui en feront un enfant singulier et silencieux. Alors qu’il est devenu un jeune homme sans trop savoir ce qui lui est arrivé, les autorités organisent le rapatriement des rejetons des soldats américains qui ont été abandonnés et qui sont restés des marginaux dans la société communiste. Nat (c’est son prénom) peut partir aux États-Unis pour rejoindre son père et retrouver Mai peut-être. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Une nouvelle vie, une langue différente, un monde où il n’est jamais facile de s’installer et d’oublier. Michael l’accueille chez lui, s’en occupe sans vraiment communiquer avec ce fils silencieux. Nat parle peu, quasi jamais. Mai, sa mère, a ouvert un restaurant à San Francisco et se débrouille plutôt bien. Pourtant, le passé ne s’efface pas dans une pirouette et il trouve toujours une manière de rebondir. Mai en est consciente.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">Qu’est-ce qui avait changé</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 15pt; line-height: 30px;">? Le temps. Le temps avait tout changé. Son instinct maternel. Sa culpabilité. Deux choses qu’elle avait refoulées et muselées à l’adolescence. Deux choses qui, à l’âge adulte, s’étaient mises à pousser comme de la vigne en plein été. Mai ne pensait qu’à retrouver l’enfant qu’elle avait rejeté. Elle avait passé des heures à écrire des cartes postales au gamin avant de les déchirer</span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.310)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">AVENTURE<br /><o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Caroline Vu est une magicienne et l’écrivaine envoûte encore une fois avec son souci du détail et des événements qui traumatisent Nat, une guerre qu’elle a connue et qu’elle a dû fuir. Un conflit, oui, mais surtout les effets collatéraux comme on dit sur des individus dont on ne parle jamais ou si peu. Ces enfants abandonnés, ces jeunes femmes marquées à jamais et bannies de leur famille. Ou encore toutes les difficultés qu’elles affrontent en se retrouvant dans une terre étrangère où elles resteront toujours des marginales.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un roman magnifique, bouleversant, magnétique, je dirais. Une fois ma lecture amorcée, je n’ai plus été capable de m’arrêter. J’ai sombré dans ce roman pendant des jours. Le temps d’aller au bout, de refermer ce gros livre avec un pincement au cœur. J’aurais tant aimé suivre le personnage, le voir s’épanouir et devenir l’écrivain que l’on soupçonne à la fin. Je me suis surpris à plusieurs reprises à y revenir, pour l’ouvrir au hasard, me plonger dans un passage et reprendre le fil de cette épopée unique. Un peu obsédé, je pense, happé par la voix particulière de Caroline Vu. <o:p></o:p></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTucZBzreDPauEPXxn0pH09ipIUHIdbcbaD6OOF-Lkkj51orqUlxX-wgST6Fr7Lf2_eHlMM_6gqRLg31EDJaPkdr14nLCCkcKfPZNkYthr2TwHVLrs71PlUImXTNijZUEEQdbK0t9n6ODHM7u13k6jF4wnSJVFxqVrYq_f_UweQbaNN6Lu96N6cDPkMgo/s850/Bld_Catinat_Couv-55_x_85_C1_300.jpg-550x850.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="850" data-original-width="550" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTucZBzreDPauEPXxn0pH09ipIUHIdbcbaD6OOF-Lkkj51orqUlxX-wgST6Fr7Lf2_eHlMM_6gqRLg31EDJaPkdr14nLCCkcKfPZNkYthr2TwHVLrs71PlUImXTNijZUEEQdbK0t9n6ODHM7u13k6jF4wnSJVFxqVrYq_f_UweQbaNN6Lu96N6cDPkMgo/w260-h400/Bld_Catinat_Couv-55_x_85_C1_300.jpg-550x850.jpg" width="260" /></a></div><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un page d’histoire comme on dit, la présence des Américains au Vietnam et malgré tout ça, des êtres humains attachants, souffrants qui tâchent de se trouver une raison d’être malgré de terribles blessures. Tous tentent de comprendre et de se situer dans le récit des peuples. Autant Michael, le Noir américain qui a été marqué par son enfance et cette expérience de la guerre, que le garçon de couleur qui parle le vietnamien et se sent en marge du monde. Toutes ces barrières qu’il faut franchir, à commencer par celle de la langue, pour se faire une vie, devenir quelqu’un dans une société, être tout simplement à la bonne place. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Caroline Vu, que j’ai bien aimée dans ses romans précédents, atteint ici un nouveau sommet. <i>Boulevard Catinat</i>met en scène des personnages fascinants, étranges aussi, singuliers dans leurs travers et leurs côtés lumineux. Une narration efficace qui ne vous laisse jamais le temps de reprendre votre souffle. Que dire de plus</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Juste qu’il faut s’abandonner au plaisir de la découverte et de la lecture avec une écrivaine originale et particulièrement sensible à ses semblables. La magie opère. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">CAROLINE VU</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">, <i>Boulevard Catinat</i>, Éditions de La Pleine Lune, Montréal, 440 pages.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt; line-height: 32px;"> <a href="https://www.pleinelune.qc.ca/titre/669/boulevard-catinat">https://www.pleinelune.qc.ca/titre/669/boulevard-catinat</a></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt; line-height: 32px;"> </span></p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-75621924198823262472023-10-20T10:54:00.000-04:002023-10-20T10:54:09.114-04:00 GUY LALANCETTE : UNE VIE D’ÉCRITURE<p><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4abkOTQKASpZ5NJIcQeDbJqxOmx30vqMW1sj0Rs9SwmwnmvXP3aBIqCAXrW8kgHiYmu-LdZNBLj1WwQ3oFNs3C9TUKJLRkzvd6ZpuhVD2-IgzjsyoI9ua4Bx8KBDSDZ3SpGrqPKNHP-KqfrxOJ8U7Iu_PygiER2vo22iQ0UcJS9MTXnTjPyQ8wdqxNPE/s318/Guy.heic" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="318" data-original-width="220" height="318" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4abkOTQKASpZ5NJIcQeDbJqxOmx30vqMW1sj0Rs9SwmwnmvXP3aBIqCAXrW8kgHiYmu-LdZNBLj1WwQ3oFNs3C9TUKJLRkzvd6ZpuhVD2-IgzjsyoI9ua4Bx8KBDSDZ3SpGrqPKNHP-KqfrxOJ8U7Iu_PygiER2vo22iQ0UcJS9MTXnTjPyQ8wdqxNPE/s1600/Guy.heic" width="220" /></a></b></div><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;">GUY LALANCETTE</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"> <b><span style="color: #00b050;">a eu la bonne idée de réunir les textes courts qu’il a écrits et fait paraître dans différentes revues au cours des vingt dernières années. Des récits, des histoires, vingt-neuf en tout, dont plusieurs ont reçu des mentions au concours de nouvelles de Radio-Canada et ont été publiés dans le magazine <i>EnRoute</i> d’Air Canada. Des explorations qui ont souvent été à l’origine d’un roman et qui illustrent parfaitement le parcours de cet écrivain que j’ai lu dès son premier ouvrage étant toujours à l’affût des écrivains et écrivaines du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Un premier contact avec <i>Il ne faudra pas tuer Madeleine encore une fois</i> en 1999, un coup de foudre. Une voix tout à fait audacieuse et singulière s’imposait d’ores et déjà. Un ensemble qui bouscule, étonne, fait sourire ou laisse sur un mot, un bout de phrase, les mains vides en quelque sorte. Étrange que <i>VLB éditeur</i> n’ait pas cru bon de s’attarder à ce florilège si important et révélateur de la démarche de ce romancier et nouvelliste. </span></b></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Le parcours de Guy Lalancette est très particulier dans le monde des lettres québécoises. Il a soumis des manuscrits pendant une vingtaine d’années avant de recevoir le oui d’un directeur littéraire. C’est dire la ténacité, la patience, la passion qui animait l’homme pendant toutes ces années, le plaisir qu’il ressentait à manier les mots et les phrases. Un amour incontrôlable, un désir plus fort que tout. Bien d’autres se seraient découragés. Preuve que l’écriture pour lui, que raconter des histoires est une façon de vivre, une manière de négocier avec le quotidien. Une sorte d’équilibre nécessaire à son existence qui lui permet de mieux respirer au milieu de ses tâches de professeur.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Il a d’abord enseigné le français au niveau secondaire à l’École La Porte du Nord de Chibougamau et par la suite, il s’est consacré à l’art dramatique, toujours à la même école. Il a créé l’<i>Otobuscolère</i> avant de co-fonder avec des passionnés comme lui <i>Le Théâtre des Épinettes</i>. Une troupe encore active qui prépare un spectacle, faisant tout comme il se doit quand on s’embarque dans une aventure pareille. Le texte avant tout et après les décors sans parler des costumes et des accessoires. Une belle folie qui le tient en contact avec des amis et lui permet de satisfaire le plaisir particulier d’incarner un personnage et de le faire vivre sur scène. </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"><o:p></o:p></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; margin-top: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Tout a changé pour lui en 1998, alors qu’il s’apprêtait à partir donner son cours. Un appel. Il n’aime pas le téléphone et ne répond pas d’habitude. Cette fois, il a soulevé le combiné. C’était Jean-Yves Soucy de VLB éditeur. Il acceptait son manuscrit. Guy Lalancette raconte ce moment dans un court texte qui sert d’introduction à <i>Dérives</i>. <o:p></o:p></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; margin-top: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Au bout du fil, une voix calme et un peu rauque de fumeur. J’enregistre le nom : Jean-Yves Soucy, directeur littéraire chez VLB éditeur. À ma montre il est 13 h 59 et 15 secondes. Je sais que quelque chose d’unique est en train de se passer. VLB éditeur tourne comme un moulin emballé dans ma tête. Par-dessus tout cela, la voix continue de remplir mon silence où je distingue des bouts de phrases “… publication de votre manuscrit…” pendant que je cherche à situer ce Soucy-là. Je connais le nom, mais je ne sais plus d’où. Il est maintenant plus de 14 h “… salon du livre de Québec…”</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;">; je comprends que VLB veut publier mon dernier manuscrit. J’ai dû répondre quelque chose entre la félicité et l’urgence.</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.14)<o:p></o:p></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Tout venait de basculer pour cet auteur exceptionnel. Je devrais écrire plutôt : c’est ainsi que tout a abouti après des décennies de patience, de rêves et de recommencements. C’est aussi comme ça que tout s’est enclenché pour moi en 1970 quand Victor-Lévy Beaulieu m’a appelé pour me dire qu’il allait publier <i>L’octobre des Indiens</i>. Je n’y croyais pas, imaginant un canular, parce que je n’avais soumis aucun texte aux Éditions du Jour. J’ai raconté cela souvent. Une manigance de Gilbert Langevin. <o:p></o:p></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Vingt ans de recherches, d’écriture, d’envois de manuscrits, de refus polis et conventionnels. Et un coup de fil qui change tout, le fait passer du rêve à la réalité. J’y pense et j’en ai des frissons. Comment a-t-il pu ne jamais se décourager pendant cette longue traversée du désert</span><span face="Arial, sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;">?<o:p></o:p></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un appel que j’attendais depuis vingt ans. Vingt ans de déceptions. Aucun cours, fut-il de théâtre, ne méritait une telle privation</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;">.</span><span face="Arial, sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.14)<o:p></o:p></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je me souviens de ma première rencontre avec Guy Lalancette. Ce devait être en 1999, au Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Je l’avais surpris, il n’y a pas d’autres mots, dans le stand de VLB éditeur comme il se doit, aux côtés de Gérard Bouchard qui venait de publier <i>La nation québécoise au futur et au passé</i>. Guy Lalancette, si je me souviens bien, avait les cheveux orange ou rouge, je ne sais plus trop. J’ai du mal avec les subtilités de la couleur. Le contraste était assez frappant entre l’universitaire toujours bien mis et cravaté et ce nouvel écrivain à l’aspect hétéroclite qui nous arrivait du lointain pays de Chibougamau.<o:p></o:p></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Nous sommes devenus amis spontanément, instantanément. Guy est comme ça. Accueillant, volubile, souriant et blagueur. Surtout qu’il venait de Girardville, qu’il avait de la parenté à La Doré, mon village, et que j’avais aussi un oncle et une tante dans son village, avec des cousines si nombreuses que je mélangeais les prénoms.<o:p></o:p></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;">INOUBLIABLE<o:p></o:p></span></b></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Deux ans plus tard, il publiait <i>Les yeux du père,</i> un roman inoubliable. Un ravissement, un coup de cœur pour moi. Un bouquin marquant. Cet ouvrage aurait dû tout rafler, mais c’est l’histoire de Guy Lalancette. Après avoir connu un long purgatoire, il s’est retrouvé dans la liste courte de plusieurs prix littéraires de prestige, sans jamais remporter les honneurs. Heureusement, le Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean lui a attribué la palme cette année-là. Il a été finaliste également au prix France-Québec. J’ai parcouru ce livre à plusieurs reprises, me laissant prendre par cette narration et ce ton original, cette écriture qui vient vous chercher et surtout cet univers fascinant et cruel de l’enfance. <o:p></o:p></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Des fois, Jeannette Lechasseur tombe et c’est très drôle parce que, quand elle tombe, on dirait qu’elle a trop de jambes et de bras qui gigotent partout. C’est parce qu’elle est très longue, je pense. On rit beaucoup quand elle essaie de se relever pour courir après Julien.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.24)<a href="applewebdata://B0D8FEFE-E4D6-42C4-9C84-2B61693FAAE1#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span style="color: #202122; font-size: 14pt;">[1]</span></span></span></a><o:p></o:p></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Ce devait être suivi d’autres ouvrages tout aussi saisissants et magnifiques. <i>Un amour empoulaillé </i>m’a bouleversé avec sa prose envoûtante, unique, si belle, à me rendre jaloux. Un texte qui se démarque et vous emporte comme une musique qui touche l’âme. Là encore, j’ai relu souvent ce roman pour mon plaisir, avec un bonheur incommensurable, pour me recentrer je dirais sur ce que doit être la littérature. Pas étonnant que je lui rende hommage dans <i>Le voyage d’Ulysse</i> où mon personnage se faufile dans ce drame digne de Shakespeare. Une histoire de cruauté et de beauté à nulle autre pareille.<o:p></o:p></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #202122; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Encore une fois, l’ouvrage s’est retrouvé avec les finalistes du prix du Gouverneur général du Canada sans décrocher la palme en 2005 et au prix France-Québec où il était quasi un habitué. C’est </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Aki Shimazaki</span><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> qui l’a remporté avec <i>Hotaru</i>. Il est vrai que Marie-Claire Blais était aussi là avec <i>Augustino et le chœur de la destruction</i>. Une brochette de grands écrivains que j’adore et qui vous emporte dans des mondes qui leur sont propres. Ce ne durent pas être des débats faciles, je le sais pour avoir siégé comme juré à ce prix. Surtout quand les finalistes ont laissé des traces indélébiles derrière eux, que ce sont des gens que l’on admire depuis la première ligne qu’ils ont publiée.<o:p></o:p></span></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span class="apple-converted-space"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;">BONHEUR<o:p></o:p></span></b></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Quel plaisir de s’aventurer dans ses récits de village où j’ai eu l’impression de revenir dans mon enfance avec ses secrets, ses découvertes, des originaux qui marquent pour la vie. Des individus qui vous influencent et vous poussent peut-être vers ce que vous devez faire ou ce que vous rêvez de devenir quand on se métamorphose enfin un adulte. Guy Lalancette a rencontré un conteur fabuleux et il ne faut pas trop chercher où il a puisé son amour des mots et des histoires. Tout vient de l’oralité, de cette parole vivante et sinueuse que l’on retrouve dans tous ses ouvrages, qui vous berce, vous hypnotise, vous secoue dans ce que vous avez de plus personnel et d’intime. </span></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;">J’ai plongé dans cet univers dans <i>Les plus belles années</i>, mais de façon bien différente de celle de Guy Lalancette. Nos mondes se rejoignent, mais nous n’avons pas la même voix ni le même instrument.<o:p></o:p></span></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Des récits qui ravivent des moments d’enfance, dont certains que j’ai pu lire selon les aléas et les parutions d’<i>Un lac un fjord</i>, ce collectif des Écrivains du Saguenay–Lac-Saint-Jean qui a réussi à publier un nombre impressionnant d’auteurs pendant presque vingt ans. Une entreprise unique et particulière au Québec. On parle d’un corpus d’environ 300 textes qui marquent le territoire qu’est le Saguenay et le Lac-Saint-Jean. <o:p></o:p></span></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Il faudrait bien que j’imite Guy un de ces jours et que je regroupe tous ces textes que j’ai éparpillés un peu partout, même dans <i>XYZ, la revue de la nouvelle</i>, deux numéros réservés aux écrivains du Saguenay et du Lac-Saint-Jean que j’ai eu le bonheur de diriger.<o:p></o:p></span></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span class="apple-converted-space"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;">HABILETÉ<o:p></o:p></span></b></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Guy Lalancette passe habilement de l’anecdote au désastre. Je pense à mon malaise à la fin de <i>Rouge mustang </i>qui nous abandonne dans une tragédie où le monde s’écroule. Un rebondissement que seul l’auteur de <i>La conscience d’Eliah</i> peut se permettre.<o:p></o:p></span></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Que dire de cette aventure qui a donné des romans inoubliables</span></span><span class="apple-converted-space"><span face="Arial, sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></span><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;">? Je signale <i>Le bruit que fait la mort en tombant</i>. Nous retrouvons la première version dans <i>Dérives</i>, celui qui a donné naissance à ce récit si touchant, si personnel et si troublant. Un écrit tout de dentelle, d’amour, de fidélité et de douleur. Une prière, plutôt, un psaume. Du grand art, une langue magnifique, une musique envoûtante. En fait, pas un texte de Guy Lalancette ne me laisse indifférent. C’est toujours unique, avec un point de vue narratif qui étonne. C’est le propre de la littérature que de bousculer le lecteur, le déranger et le faire sortir de son confort et de ses habitudes. <o:p></o:p></span></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je retiens surtout le style de Guy Lalancette, sa prose pleine de méandres et tellement prenante, sa manière de nous enfermer dans un drame tout en se tenant un peu en retrait. Je signale <i>L’amour empoulaillé</i> où c’est le frère de Simon qui raconte l’histoire, y allant de son interprétation et de son regard. Un tour de force et des descriptions qui sont dignes de se retrouver dans une anthologie. Voici un passage que je relis souvent, pour l’enchantement et la beauté qui s’y incarne.<o:p></o:p></span></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span></span><span class="apple-converted-space"><span face="Arial, sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></span><span class="apple-converted-space"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Elle portait une jupe avec tellement de plis, on aurait dit un abat-jour. C’était une jupe à mi-cuisse — je ne sais pas si ça se dit, mais ça se voit. Il y a des filles qui sont faites pour les jupes, elles ont des jambes, c’est comme les pieds d’une lampe et c’est facile de croire que c’est de là que vient toute la lumière. L’autre mystère venait de sa tête. Quelque chose dans ses yeux peut-être qui réparait son visage assez quelconque. Entre un menton trop pointu, des lèvres trop minces et un front trop haut, elle avait tenté de cacher quelques boutons d’acné sous une pâte chair que nous n’aurions su nommer. Elle avait d’autres énigmes, et un peu plus à la poitrine quelle dissimulait, ne révélant que des formes floues sous une blouse blanche fermée au cou par la large boucle d’un ruban vert, coordonné à sa jupe à plis.</span></i></span><span class="apple-converted-space"><span face="Arial, sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></span><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.25)</span></span><a href="applewebdata://B0D8FEFE-E4D6-42C4-9C84-2B61693FAAE1#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span style="font-size: 14pt;">[2]</span></span></span></span></a><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;"><o:p></o:p></span></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span class="apple-converted-space"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Dérives</span></i></span><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> est un recueil important parce que nous accompagnons un écrivain exceptionnel depuis ses premiers pas jusqu’à maintenant. J’ai particulièrement aimé m’engager dans le monde qu’a constitué le romancier remarquable qu’il est. <o:p></o:p></span></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;">J’espère le lire encore et souvent, parce que c’est toujours une aventure que de plonger dans son univers. Une voix ample et multiple qui vous emporte dans les méandres de la vie et des histoires humaines. Surtout, il donne une parole à l’espace d’ici comme peu savent le faire. Un grand qui travaille à son rythme dans la plus belle des discrétions à Chibougamau, se passionnant pour le théâtre, restant fidèle à ses enthousiasmes de jeunesse, adorant le jeu par-dessus tout. </span></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;">J’aimais la scène aussi, je ne pensais qu’à ça dans mon adolescence et pendant mon secondaire, mais la littérature et la lecture ont pris le dessus. Je manquais d’audace certainement, incapable d’étudier au conservatoire et d’affronter les regards des autres. <o:p></o:p></span></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Un écrivain exceptionnel, des textes remuants, agréables, étonnants, uniques et un petit monde qui sait devenir fascinant, qu’il faut parcourir avec lenteur pour savourer chaque mot comme un chocolat fondant. On peut rejoindre Guy Lalancette et commander son livre à <i>glalancette @tlb.sympatico.ca</i>. Ça vaut le détour, je vous le garantis. <o:p></o:p></span></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; margin-top: 0cm; text-align: justify;"><span class="apple-converted-space"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;">Lancette Guy</span></b></span><span class="apple-converted-space"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="color: #101010; font-size: 14pt; line-height: 28px;">, <i>Dérives</i>, Autoédition, Chibougamau, 240 pages.</span></span></p><div><hr align="left" size="1" width="33%" /><div id="ftn1"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 10pt; margin: 0cm;"><a href="applewebdata://B0D8FEFE-E4D6-42C4-9C84-2B61693FAAE1#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span style="font-size: 10pt;">[1]</span></span></span></a> Lalancette Guy, <i>Les yeux du père</i>, VLB éditeur, Montréal, 2001, 254 pages.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn2"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 10pt; margin: 0cm;"><o:p></o:p></p></div></div><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; margin-top: 0cm; text-align: justify;"><a href="applewebdata://B0D8FEFE-E4D6-42C4-9C84-2B61693FAAE1#_ftnref2" name="_ftn2" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 10pt; text-align: left;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span style="font-size: 10pt;">[2]</span></span></span></a><span face="Calibri, sans-serif" style="font-size: 10pt; text-align: left;"> </span><span face="Calibri, sans-serif" style="font-size: 10pt; text-align: left;">Lalancette Guy,</span><span face="Calibri, sans-serif" style="font-size: 10pt; text-align: left;"> </span><i style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 10pt; text-align: left;">Un amour empoulaillé</i><span face="Calibri, sans-serif" style="font-size: 10pt; text-align: left;">, Collection Typo, Montréal, 2009, 270 pages.</span><span style="color: #202122; font-size: 14pt;"> </span></p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4197037420879783629.post-85564151118496558342023-10-11T09:37:00.004-04:002023-10-11T09:39:43.311-04:00LA VIE DANS LA FORÊT AVEC LES OISEAUX<p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b style="text-align: left;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhu35h_wuDg6OitzdEveIwjqeJFryBnQRbfqaSVvin98mGA4JQf_cAHidnPW1tm7JK_SI1GcHHlQvcZa99oiP5_hhjoeVDM-wzRjC3gI4JynODbYRMHq5k9-IdJTpnX8B5F6E-bkncKBw9pj24OVd0CZVsf4kxT-FRAoo0HpkuXyt_3A1k4r1eBiAcs8iQ/s372/Franc%CC%A7ois.heic" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="372" data-original-width="284" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhu35h_wuDg6OitzdEveIwjqeJFryBnQRbfqaSVvin98mGA4JQf_cAHidnPW1tm7JK_SI1GcHHlQvcZa99oiP5_hhjoeVDM-wzRjC3gI4JynODbYRMHq5k9-IdJTpnX8B5F6E-bkncKBw9pj24OVd0CZVsf4kxT-FRAoo0HpkuXyt_3A1k4r1eBiAcs8iQ/s320/Franc%CC%A7ois.heic" width="244" /></a></div></b></div><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"><b>UN ÉCRIVAIN</b> <b><span style="color: #00b050;">habite un coin des Laurentides et s’éloigne de son refuge, de temps en temps, pour donner des cours et parler de littérature en Estrie. Sa principale activité reste l’entretien de son bout de paradis, les arbres qu’il materne tel un jardin potager. Un travail qui le préoccupe beaucoup avec la lecture et aussi l’écriture par temps perdu. Une vie de solitaire, d’efforts physiques, de contacts intenses avec la nature, son morceau de pays que François Landry soigne, triant les espèces qu’il veut voir s’épanouir et éliminer les variétés qu’il considère comme indésirables. Des corvées qui le passionnent depuis des années. Il nourrit également les oiseaux fort nombreux et observe les agissements des sizerins, des mésanges, des gros becs et de tous ces visiteurs que nous avons la chance de croiser pendant la saison froide. Une occupation qui me fascine et à laquelle je m’abandonne volontiers. Juste pour le plaisir de voir, sur la galerie de mon Pavillon, les durbecs des sapins approcher dans la plus belle des discrétions. Farouches au début de l’hiver, beaucoup moins craintifs fin février, ce sont des seigneurs. Les geais qui sèment la pagaille quand ils surgissent et vident les mangeoires en jetant tout par terres sont de la partie aussi. Ou encore l’écureuil roux qui s’installe et fait le plein sans se soucier des autres, se foutant de tous les volatils qui doivent prendre leur faim en patience. Ça me fait penser à certains individus que j’ai connus. Les sittelles, les chardonnerets qui n’ont pas migré et ont perdu leurs couleurs flamboyantes, les mésanges qui animent tout le groupe. Tous ces moments de contemplation que la vie dans la forêt offre, sans compter les traces que certains visiteurs plus imposants et discrets laissent autour de la maison. Landry a la chance d’avoir des chevreuils qui s’approchent régulièrement. Moi, ils se faufilent derrière la dune avec l’orignal qui y circule de temps en temps.</span></b></span></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 16pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">François Landry a décidé d’écrire son journal pendant l’année 2022 et ce sont ses observations, ses réflexions, ses grandes et petites joies, ses épreuves aussi qu’il nous livre dans <i>Le sang des arbres</i>. Une vie toute simple, avec des moments pour s’attarder à un roman quand il trouve un peu d’espace pour la lecture</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">.</span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> C’est comme ça que j’ai su qu’il avait parcouru le dernier Geneviève Petersen. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je l’ai suivi dans ses pensées pendant quatre saisons qui dictent ses travaux et ses préoccupations. Des heures un peu contemplatives malgré tous les efforts physiques, les tâches, les humeurs de l’heure et les rencontres toujours étonnantes de certaines bêtes. Des contacts avec les voisins, juste ce qu’il faut, des semaines où il regarde les jours raccourcir des deux bouts. Et quand l’hiver s’installe, que l’air devient presque solide et mord la peau pendant les grandes folies de janvier et de février, il ne s’éloigne guère du poêle à bois, tue le temps en noircissant quelques pages. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">J’écris aujourd’hui parce que le froid me claquemure. Ceci n’est pas une œuvre de l’esprit mais, tout au contraire, l’expression même de mon désœuvrement, tandis que s’affaisse le jour et que s’endorment les bourrasques</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">.</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.10)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">L’impression de le suivre pas à pas dans ses jongleries et ses lectures. J’ai une vie si semblable avec des retraits dans mon Pavillon où j’accorde du temps aux mots tous les matins ou presque. Avec devant les fenêtres, le monde ailé qui va et vient dans des vagues provoquées par des mouvements et peut-être aussi autre chose. Un souffle dans le bouleau, une ombre, un craquement et tous s’envolent. Ces petites bêtes sont toujours aux aguets, nerveuses, à surveiller et réagir à un danger. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidI5wkGqxniS03akfRqsfCdSTdLxUn3DaargAI8bH3FCPFtLoezHDkP5V2NK29zMWCLjl2L4yoc6WFPl8UtMGpRBgXarrJgO9ybWQtcQDEBcvQL0AHImzAXXRqo4KB_cVrXMM_eeCSiDvaOJXLTHd0OaF07wBUt8FX7a7ALXlkr-yGsThTE4u-_C9gQgE/s170/4037187-f.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="170" data-original-width="110" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidI5wkGqxniS03akfRqsfCdSTdLxUn3DaargAI8bH3FCPFtLoezHDkP5V2NK29zMWCLjl2L4yoc6WFPl8UtMGpRBgXarrJgO9ybWQtcQDEBcvQL0AHImzAXXRqo4KB_cVrXMM_eeCSiDvaOJXLTHd0OaF07wBUt8FX7a7ALXlkr-yGsThTE4u-_C9gQgE/w207-h320/4037187-f.jpg" width="207" /></a></span></b></div><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"><br /></span></b><b style="font-family: Calibri, sans-serif; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">MONDE FAMILIER</span></b><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"><br /><o:p></o:p></span></b><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Je connais bien le monde de François Landry et tous les efforts qu’il faut pour entretenir des arbres qui subissent, tout comme les humains, les humeurs des saisons. Le vent qui casse des branches, certains spécimens plus vulnérables qui s’affaissent lors d’un orage, ou encore élaguer et abattre ceux qui se fendillent à la souche et deviennent dangereux. Une forêt a besoin de soin constant. </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Chez moi, il y a le renard qui fait sa ronde toutes les nuits pour voir si tout est à la bonne place dans son territoire. Quel plaisir de me pencher sur ses empreintes et de les suivre pour tenter de deviner ce qui l’arrête, retient son attention avant de repartir en se laissant guider par son nez</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">! Il y a le lièvre ou encore la perdrix qui est revenue depuis un certain temps et qui est là tôt le matin. Quand la neige sera venue, elle va se livrer à la broderie en approchant de la petite galerie du Pavillon, marquant la cour de traces belles et précises, raffinées je dirais. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">François Landry bougonne un peu, mais il y a des jours où il est parfaitement heureux d’être seulement un regard, un témoin de la vie des mésanges si attachantes qu’il surveille dans la bonne chaleur du poêle à bois. Comment ne pas retenir son souffle devant des dizaines de durbecs des sapins qui surgissent dans leurs habits du dimanche, magnifiques, paisibles et toujours accommodants avec les sizerins et les chardonnerets</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">? <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">«</span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Rarement ai-je pu admirer autant d’espèces partageant une zone réduite et conséquemment surpeuplée avec de la courtoisie dans les formes. On s’y presse sans chichis, et se sont joints aux lilliputiennes et fourmillantes créatures des parents beaucoup plus imposants qui, ô surprise, savent éviter les abus de pouvoir à l’encontre de leurs fluets compétiteurs : gros-becs errants et durbec des sapins conservent un flegme impérial dans le trafic incessant</span></i><i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></i><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">; leur venue ne suscite aucun émoi chez les autres. Un seul volatile sème l’épouvante : le geai bleu. À son approche, on s’égaille de tous côtés.</span></i><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">» (p.28)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Et l’inévitable se produit. Une bourrasque folle détruit tout sur son passage en quelques minutes au début de l’été. Arbres cassés, renversés, déracinés partout dans la forêt. Un drame que j’ai vécu le 23 décembre 2022. Les fières épinettes le long du chemin et les bouleaux ont cédé devant les rages du vent, emportant les fils électriques. Même un pin gigantesque s’est écrasé tout près de la maison, faisant un carnage dans les sarments de ses congénères. Une véritable tragédie qui va laisser des traces dans notre petit domaine, et ce pour des années encore. Panne de courant pendant des jours où les gestes de la survie se multiplient.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">De quoi décourager notre jardinier des arbres parce qu’il doit couper, ramasser, brûler les branches, tout reprendre à zéro presque. Le travail d’une décennie perdu en quelques minutes. Sans compter ces jours où il doit revenir à la vie primitive, celle qu’ont connue nos ancêtres quand ils avaient la folle idée de vouloir fonder une paroisse au milieu de la forêt et qu’ils devaient se débrouiller avec si peu.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">LA VRAIE VIE<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Le sang des arbres</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> est un récit touchant qui nous ramène aux choses essentielles et vraies, qui permet de rentrer en contact avec la nature qui nous entoure et de vibrer avec les averses, les coups de vent, le soleil et les jours longs et paisibles, les giboulées froides de l’automne quand le premier gel change tout. Sans se couper du monde, des folies d’un Poutine qui sème la mort en Ukraine ou les hallucinations de certains politiciens.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Les oiseaux d’abord et les plus grands animaux un peu inquiets et toujours magnifiques qui ne manquent jamais de venir nous rendre visite lorsqu’on a construit sa maison au milieu des pins. Les bêtes finissent par vous tolérer et par partager leur territoire avec vous. Toutes les joies et aussi le découragement qui frappe notre solitaire quand il constate les dégâts d’un <i>derecho</i>, une tempête de vent qui ne dure que quelques minutes. Il suffit de si peu pour que tout soit à recommencer.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Assez pour que François Landry pense retourner en ville et oublier son aventure de jardinier de la forêt. Il persistera pourtant avec l’aide de certains voisins avec qui il entretient peu de liens, juste le nécessaire. Il faut de la patience, de l’entêtement et beaucoup de sueurs pour tout ramasser, y aller arbre par arbre sans trop se poser de questions. Un peu comme l’écriture qui progresse phrase par phrase, paragraphe par paragraphe pour finir par constituer un récit ou un roman. C’est ainsi que l’on refait son petit coin de paradis, ce lieu où il est plus facile de respirer et d’observer la vie sous toutes ses formes, d’occuper son corps et son esprit en ne boudant jamais le plaisir d’ouvrir un livre. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">J’ai beaucoup aimé ce récit, trouvant un véritable complice en François Landry. Il pourrait être mon voisin et je sais que nous effectuerions certaines tâches ensemble, que l’on pourrait se donner un coup de main, juste ce qu’il faut pour ne pas empiéter sur les habitudes de l’autre. Nous serions aussi de longues périodes sans nous voir, chacun dans ses heures et ses jours. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">Le sang des arbres</span></i><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> est à lire en prenant son temps, s’interrompant souvent pour se pencher devant la fenêtre, pour l’émerveillement que la nature ne manque jamais de nous fournir quand on s’accorde à ses rythmes, que l’on visite la forêt dans le plus grand des respects. Un récit qui fait du bien et surtout remet tout à la bonne place. La vie n’est pas qu’une course effrénée après le succès, l’argent ou une gloire aussi éphémère que les feuilles du bouleau et de l’érable en octobre qui cèdent par épuisement, dans les couleurs les plus vives, à la grisaille et aux jours sonores. Je l’ai lu tout doucement en me berçant avec ma tasse de café à portée de main, prenant le temps de regarder autour de moi entre chaque phrase pour voir ce que les pins blancs et le grand lac me réservent comme surprises et enchantements à tous les jours.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; line-height: 24px; margin: 0cm; text-align: justify;"><b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">LANDRY FRANÇOIS</span></b><span face=""Arial Narrow", sans-serif" style="font-size: 14pt; line-height: 28px;">, <i>Le sang des arbres</i>, Éditions du Boréal, Montréal, 272 pages.</span></p><p><a href="https://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/sang-des-arbres-3990.html">https://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/sang-des-arbres-3990.html</a> </p>Yvon Paréhttp://www.blogger.com/profile/17293888615169754027noreply@blogger.com0