Françoise Tremblay est arrivée avec trente minutes d'avance. L’imprévu l'inquiète. Elle a surtout du mal à affronter la pression. Pourtant, quoi de plus naturel que de parler de son dernier roman, de son métier d'écrire qu'elle pratique depuis 1995.
Elle vient de publier «Les Nocturnes» aux Éditions Trois-Pistoles. Un roman de passion et d'excès. «C'est étrange, mais «L'Office des Ténèbres» m'a assommée. Je me suis mis une tonne de pression sur les épaules après la parution. J'imaginais que le monde attendait beaucoup de moi. Je suis comme cela. Je ne suis jamais sûre. C'est mon parcours peut-être. Je suis née dans une famille où l'écriture n'avait aucune importance. Et là, ils sont obligés d'acheter mes livres...», explique-t-elle.
Le mot «stress» revient dans ses propos. Elle cherche à éloigner tout ce qui peut l'inciter à écrire et à arriver à un résultat rapidement.
«Je travaille en théâtre, en gériatrie aussi. Ce n'est pas facile, mais ça va bien de ce côté. Il faut convaincre, travailler et arriver à céder aussi parce que nous ne pouvons faire mieux. C'est bon pour moi et j'adore le théâtre. Une vraie passion», dit-elle.
Sujet
Et puis son dernier roman est là avec des personnages familiers et étranges. «Je cherchais une idée. J'ai fouillé dans ma bibliothèque et je suis tombée sur cette histoire d'amour et de passion folle. C'est la trame de mon livre. Bien sûr j'ai brossé, j'ai travaillé, j'ai puisé dans mon environnement. Je pense que Margot me ressemble beaucoup», explique-t-elle.
Il y a aussi la lecture de «Cendres de cailloux» de Daniel Danis qui l'a bouleversée. Ce texte a donné la forme du roman.
«Ce fut plus facile cette fois. Peut-être parce que je n'avais pas à fouiller pour l'histoire. J'ai travaillé un an à peu près», raconte celle qui a du mal à écrire, qui se pose beaucoup de questions en route.
Superstitieuse
Françoise Tremblay hésite à parler d'une pièce de théâtre qu'elle a expédiée au Cendre d'essai des auteurs dramatiques. Elle penche vers la comédie, mais ne veut pas en dire plus. «Je suis superstitieuse et je n'aime pas parler de quelque chose qui n'est pas là vraiment. Ça n'existe pas et je ne veux pas me mettre de pression», ajoute-t-elle.
Françoise Tremblay raconte son départ de la région à 36 ans, de son retour aux études, en littérature, de sa vie à Montréal et du rêve qu'elle avait d'écrire mais qui semblait impossible quand elle était petite fille. «Je vis bien à Montréal. Je suis sauvage. Le théâtre et mon travail me permettent de rencontrer des gens». Françoise Tremblay sait qu'elle pourrait facilement se replier sur elle et ne plus bouger. «J'étais comme ça quand j'étais petite. On ne voyait personne dans notre rang de Saint-Edmond.»
Oui, elle va continuer à écrire même si l'hésitation, l'angoisse, les tourments seront toujours là. Et le théâtre... Elle sourit, hausse les épaules comme si c'était un rêve impossible. Pourtant tout est possible en création. Françoise Tremblay l'a démontré à plusieurs reprises.
«Les Nocturnes» de Françoise Tremblay est paru aux Éditions Trois-Pistoles.