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mercredi 29 mai 2024

LA DÉMARCHE DE JEAN-PHILIPPE PLEAU

JEAN-PHILIPPE Pleau signe Rue Duplessis, ma petite noirceur un témoignage fort intéressant. Le titre fait référence à la rue où il a grandi à Drummondville et le sous-titre évoque cette période qui a précédé la Révolution tranquille au Québec. Fils unique, Jean-Philippe Pleau deviendra ce que l’on nomme un «transfuge de classe», un concept inventé par Chantal Jacquet, historienne et philosophe. Ce terme désigne un individu né dans une famille d’ouvriers peu scolarisés qui coupe totalement avec son milieu d’origine en étudiant. Jean-Philippe Pleau fréquentera le cégep et l’université en sociologie avant de faire son chemin à la radio de Radio-Canada. Depuis quelques années, il anime et réalise l’émission Réfléchir à voix haute diffusée le dimanche soir à 19 h. Ce récit raconte son parcours, ses hésitations et son mal être vis-à-vis ses ascendances et son nouvel environnement social.

 

Les «transfuges de classe» sont nombreux au Québec, surtout pour ceux et celles de ma génération. Beaucoup d’entre nous ont eu des parents peu scolarisés et ont grandi dans des familles de travailleurs manuels souvent analphabètes ou presque. Mon père savait à peine lire et écrire son nom tandis que ma mère écrivait au son. Quasi tous mes frères ont quitté l’école très tôt pour s’enfoncer dans la forêt, suivant les traces de tous les hommes du clan. Tous peu politisés, ils travaillaient dur et se faisaient exploiter par les compagnies et les jobbeurs comme on disait. Je suis le premier de la fratrie (le neuvième d’une famille de dix) à me rendre à l’université. Non, les cégeps n’existaient pas à mon époque. C’est pourquoi je comprends particulièrement bien les propos de Jean-Philippe Pleau et surtout ce qu’il a ressenti en prolongeant des études et en s’éloignant des siens et de son milieu.

 

«Je suis ce qu’on appelle un transfuge de classe. Un gars qui a le cul assis entre deux chaises, qui n’est jamais tout à fait à l’aise dans le monde auquel il appartient désormais, tout en étant devenu étranger à celui d’où il vient.» (p.10) 

 

Il ne l’a pas eu facile. Il a connu ce que l’on nomme l’intimidation en étant plus souvent qu’à son tour sujet de harcèlement et de violence de la part des matamores de son âge. Des attaques physiques et surtout la cible de tous les sarcasmes avec son patronyme Pleau. Je vous épargne la grossièreté. Ça existait quand j’étais à la petite école et c’est encore et toujours le cas même si on tente par tous les moyens d’éliminer ce genre de comportement. 

 

PAREIL

 

Je me suis reconnu dans les propos de Jean-Philippe Pleau. J’ai souvent été la cible de sarcasmes dans les cours d’école avec mon strabisme. J’étais le coq-l’œil de la classe. Mais à cause de ma grande taille qui en imposait, je faisais ravaler les moqueries rapidement. 

Et il y avait pire que cet œil déviant. 

Dans ma famille de mâles (j’avais une sœur et huit frères), les tenues ne changeaient jamais. C’étaient nous les garçons qui se glissaient dans les vêtements que tous avaient portés. Rendu à moi, c’est certain que je n’étais pas atriqué à la mode du jour.

 

«Mon père comme ses frères se sont toujours enorgueillis d’avoir quitté l’école pour l’usine, sans réaliser que c’est le système qui les en avait exclus dès le départ en fonction de leur origine sociale. L’école, c’était pas pour nous autres, mais pour ceux qui pètent plus haut que le trou.» (p.32)

 

Il me semble entendre les propos de mon père et de mes frères qui se moquaient des «pousseux de crayon» qui ne savaient rien faire de leurs dix doigts. 

Jean-Philippe Pleau vient d’un milieu où les hommes étaient souvent alcooliques, violents et belliqueux. Les femmes impuissantes subissaient les humeurs de leur mari en se retenant pour ne pas hurler. Des cabochons qui acceptaient mal les directives, mais qui baissaient la tête au travail et serraient les poings pour apporter un salaire à la maison.

 


CHEMINEMENT

 

Le jeune homme de Drummondville fera son chemin à l’école avant de continuer au cégep et à l’université Laval en sociologie. Il se sentira mal et peu sûr de lui dans ce nouveau monde et tout croche quand il retournera à la maison familiale. 

 

«En changeant de milieu, je me suis mis à fréquenter ces espaces parce qu’ils en valent la peine, mais ces habitudes acquises m’ont constitué en adversaire de classe de mes parents. Nous sommes devenus au mieux des étrangers culturels, au pire des ennemis culturels. Je trouve que ça aussi c’est violent. Cette division me révolte.» (p.123)

 

Sans compter le sentiment d’avoir trahi. J’ai ressenti cela très profondément en m’appropriant un nouveau langage et en lisant les livres que tous dans la famille méprisaient ou en écoutant des musiques qu’ils ne connaissaient pas. J’entends encore les moqueries de mes frères et de ma mère quand je faisais jouer du Mozart sur mon pick-up. L’un de mes frères devenait enragé et menaçait de casser tous mes disques. Heureusement, j’avais la tête dure et je persistais.

 

«Écrire cela est violent, je trouve, même si c’est vrai. Bref, j’ai envie de vous dire que vous méritiez de sortir de votre petite noirceur de la rue Duplessis, et de vivre vous aussi votre révolution, ça aurait été à coup sûr tranquille.» (p.191)

 

Jamais certain d’être à la bonne place, toujours différent et étranger par ses propos, ses goûts, ses loisirs et son travail. Encore plus, c’était mon cas, quand vous écrivez et que vous vous efforcez de récupérer vos proches en les mettant au centre de vos histoires. C’est ce que j’ai fait dans mes romans Le violoneuxLa mort d’Alexandre et Les oiseaux de glace où j’ai puisé dans ma famille pour esquisser mes héros et les intrigues. Je n’ai jamais su si mes frères ont tenté de lire ces ouvrages. Tous là, avec leurs rires, leurs jurons et leurs extravagances pourtant. Ma mère avait réglé le cas en disant que «je n’écrivais que des maudites menteries». Jamais elle ne s’est reconnue dans le personnage d’Évelyne. C’était tout elle, n’ayant rien inventé. Tous les monologues d’Évelyne, dans La mort d’Alexandre, sont des propos que ma mère répétait inlassablement du matin au soir.

 

«Je suis un immigré de l’intérieur, un étranger dans mon propre pays. Les appels de Sylvain lors de mes anniversaires — et jadis ses invitations à dîner chez Subway — me font revenir d’exil, chaque fois. Mon philosophe préféré, Vladimir Jankélévitch, a écrit : “Celui qui a été ne peut plus désormais ne pas avoir été.” Mais comment accepter ça sans se renier?» (p.259)

 

LA VRAIE VIE

 

Un témoignage touchant que celui de Jean-Philippe Pleau. Je l’ai suivi de la petite école à l’université en ayant l’impression de mettre mes pas dans les siens parce qu’au-delà du temps et des époques nos histoires se confondent et se répètent. 

Magnifique récit qui tente de tout dire avec les souffrances, les réticences d’un jeune garçon peu certain du monde. Pas étonnant que Rue Duplessis connaisse un tel succès parce que nombre de Québécois se reconnaissent dans la démarche de Jean-Philippe Pleau, ses hésitations, ses déchirements et ses tremblements. C’est la trajectoire d’à peu près tous les Québécois qui ont pris le chemin de la scolarisation et du savoir à partir des années 60 grâce à la Révolution tranquille. C’est notre histoire à toutes et à tous que Jean-Philippe Pleau raconte si bellement et avec une émotion rare. Il m’a fait revivre des moments que je pensais avoir enfouis dans les plis de ma mémoire. Pourtant, il suffit d’un mot et tout revient, tout est là, encore tout chaud et tout aussi douloureux. Personne ne peut oublier d’avoir franchi une certaine frontière et d’avoir abandonné un milieu de vie pour se glisser dans un autre monde où il se sent toujours un peu l’étranger. C’est peut-être pourquoi j’ai tant aimé le roman d’Albert Camus. Que dire de plus : un véritable bonheur de lecture.

 

PLEAU JEAN-PHILIPPE : Rue Duplessis, ma petite noirceur, Éditions Lux, Montréal, 328 pages

https://luxediteur.com/catalogue/rue-duplessis/

jeudi 2 mai 2024

LA FOLLE AVENTURE DE CATHERINE DORION

J’AI SUIVI l’aventure de Catherine Dorion en politique un peu comme tout le monde, j’imagine. Tout de suite après son élection dans la circonscription de Taschereau en 2018 pour Québec solidaire, la nouvelle députée a fait les manchettes pour des raisons inusitées. Sa tenue vestimentaire à l’Assemblée nationale a provoqué un véritable tsunami. Chacune de ses «apparitions» a été scrutée à la loupe par les médias. Ce n’est pas la première fois que l’on s’attarde aux vêtements d’une femme à l’Assemblée nationale. Pauline Marois a soulevé bien des commentaires avec ses «ensembles chics». Il y a aussi l’affaire des souliers de la ministre France-Élaine Duranceau tout récemment. Il semble que l’uniforme du politicien (il faut dire politicienne ici) est plus important que ses déclarations. J’ai suivi «les frasques» de madame Dorion, le sourire aux lèvres, parce que j’aime les rebelles qui refusent d’entrer dans le rang et qui rejettent les formules toutes faites.

 

Madame Dorion, dans Les têtes brûlées, carnets d’espoir punk, revient sur cette période qui a été éprouvante pour elle. Un passage dans un parti politique que l’on situe à gauche et qui devrait normalement être un refuge pour ceux et celles qui se démarquent par leur originalité. Pourtant, l’histoire nous prouve le contraire. Les formations de gauche sont terriblement conformistes et ne tolèrent guère la dissension et la parole libre. 

Le récit de madame Dorion nous permet de suivre la députée dans son aventure. Elle ne s’est pas représentée en 2022, en avait assez de ses démêlés avec les journalistes qui ont pris un malin plaisir à la traquer, à faire des manchettes avec sa tuque, un coton ouaté ou une salopette. Peu d’échos pourtant sur sa magnifique intervention concernant le poète Patrice Desbiens à l’Assemblée nationale. La meute des chroniqueurs (ils ont des idées sur tout et savent tout ce qu’un politicien doit faire et dire) s’est déchaînée. Le moindre geste, la petite déclaration, une vidéo, tout était scruté à la loupe. Ce qu’il y a de curieux, d’étrange même, c’est l’unanimité des médias envers Catherine Dorion et sa manière d’agir. Sa popularité a eu des conséquences dans sa vie privée, bien sûr. Nous en sommes là maintenant.

 

«Chaque explosion médiatique était suivie d’un second tir d’artillerie sur les réseaux sociaux. Des tsunamis s’abattaient sur chacune de mes boîtes de réception : Tu devrais disparaître, tu es une honte envers le peuple québécois / La conasse de Dorion / Complètement imbécile cette Dorion / Retourne te coucher / De toute façon tu auras ta leçon après les Fêtes et ça sera un dossier réglé / Suicidez-vous / Toi, mange de la câlisse de marde, charogne de vache à deux pattes de dopée.» (p.70)

 

L’Assemblée nationale possède des rites, ses protocoles et des usages qui viennent de loin et d’une autre époque. On a prêté serment à la Royauté britannique pendant des siècles jusqu’à ce que Paul Saint-Pierre Plamondon et les rescapés du Parti québécois refusent de le faire en 2022. La crise s’est réglée en douce. Les députés péquistes ont pu siéger sans ce simulacre et cette fausse comédie. 

Un protocole touche la tenue vestimentaire tout comme le vocabulaire. Jean-François Lysée signalait dans l’une de ses chroniques du journal Le Devoir que c’est au Québec où il y a le plus de mots qui sont interdits lors des débats. 

 

ATTENTION

 


Catherine Dorion fera l’actualité plus souvent qu’à son tour pendant la première année de son mandat, pas nécessairement à cause de son opposition au troisième lien du gouvernement caquiste. On papotera de sa tenue vestimentaire, de son vocabulaire, des images qui étonnaient dans ses vidéos. Le monde médiatique exultait et en redemandait. Denise Bombardier ira même jusqu’à comparer la députée solidaire à Donald Trump. La pire insulte qu’elle pouvait recevoir. 

 

«J’ignore encore que ce n’est qu’un petit avant-goût des critiques intenses qui me seront faites dans les médias au sujet de ma manière d’être, de ma façon de me vêtir, de parler, d’utiliser les réseaux sociaux, de mes façons tout court. Chaque fois que j’essaie de rédiger ici, pour le lecteur, le récit de ce chapelet de critiques, de raconter ce qui les a déclenchées et comment on les a égrenées dans le champ médiatique, chaque fois, une écoeurite aigüe s’empare de mon être et m’intime aussitôt de laisser là ce texte et d’aller me préparer un gin tonic. Par un étrange réflexe de ma psychologie, la platitude et la banalité de ces histoires d’école primaire me vident de ma force vitale dès que je les laisse remonter à ma mémoire.» (p.53)

 

Cette effervescence causera un malaise à l’intérieur de son parti. Elle prend trop de place et attire trop l’attention, laissant dans l’ombre les porte-parole de Québec solidaire. Surtout Gabriel Nadeau-Dubois qui n’aime pas se retrouver derrière sa députée.

 

«Personne ne s’intéresse aux discours à l’Assemblée nationale, je peux y raconter ce que je veux, ça n’a pas d’impact. Gabriel m’exprime très clairement le nœud du problème cet automne-là : “Tu as plus d’attention média que les porte-parole, ce n’est pas normal.” Comme on dit au théâtre : j’upstage. Ça ne se fait pas. Il faut que j’aie moins d’impact.» (p.133)

 

La situation ne pourra que s’envenimer avec le «vrai leader» de Québec solidaire. À bout de force, elle choisit de se faire discrète pour ne pas dire absente. Elle terminera son mandat sans soulever de vagues en s’occupant des gens de sa circonscription et en prenant un congé de maternité. Tout ça avant de revenir à sa vie d’antan, à son métier d’écrivaine et de comédienne. 

 

TÉMOIGNAGE

 

Voilà un témoignage extrêmement intéressant qui nous plonge dans les usages et les comportements d’une institution qui donne l’impression souvent de tourner à vide. Une machine où les attachés de presse prévoient la déclaration du jour qui retiendra l’attention des journalistes ou encore les médias qui imposent un sujet en s’accrochant à un mot ou un événement sans importance, mais que l’on répétera pendant vingt-quatre heures. La bête de l’information continue est insatiable. 

Les commissions parlementaires où les députés de l’Opposition ne sont guère écoutés et où tout se décide par le parti au pouvoir. Un appareil huilé qui ne tient pas compte des individus et où les élus ne répondent jamais pendant la période des questions. François Legault est un virtuose dans l’art d’éviter les sujets. Ça donne l’impression d’assister à une mauvaise pièce de théâtre que les comédiens répètent sans vraiment se soucier du public. 

Catherine Dorion entendait brasser la cage, travailler pour les citoyens, devenir celle qui parlait en leur nom et portait leurs revendications afin de créer une société plus juste et meilleure. Il semble qu’un député est muselé quand il se retrouve sur les banquettes à Québec et il doit suivre les lignes dictées par les spécialistes de la communication.

 

«Faire de la politique, au sens le plus noble, c’est mettre ses tripes et sa sensibilité sur la table à l’endroit précis où frappe le pouvoir, pour entrer enfin dans la bataille. La vraie. Ce sont les exemples de bravoure et de droiture — bien plus que l’image beigifiée d’un parti qui évite tout et son contraire pour ne pas perdre des votes — qui pourront générer chez les gens du désir pour leur peuple et pour les luttes à mener en son nom.» (p.136)

 

Catherine Dorion quittera la politique amochée malgré son enthousiasme, son audace, son optimisme et sa volonté de bousculer les choses. Personne ne peut résister à un ouragan médiatique. Tous les journalistes se sont jetés sur elle pour la curée, de la radio poubelle aux journaux plus traditionnels. 

Catherine Dorion quittera la politique amochée malgré son enthousiasme, son audace, son optimisme et sa volonté de bousculer les choses. Personne ne peut résister à un ouragan médiatique. Tous les journalistes se sont jetés sur elle pour la curée, de la radio poubelle aux journaux plus traditionnels. 

Un témoignage passionnant et percutant qui a encore plus de sens avec l’abandon d’Émilise Lessard-Therrien comme co-porte-parole de Québec solidaire. Elle répète dans sa lettre de démission les propos de Catherine Dorion quant au fonctionnement de son parti, du peu d’écoute qu’elle a reçu et des choix de la garde rapprochée de Gabriel Nadeau-Dubois. Un porte-parole qui décide tout malgré la structure bicéphale de cette formation politique qui se veut différente. 

J’ai parcouru le récit de Catherine Dorion comme un roman et j’ai tourné la dernière page en me retrouvant déprimé pour ne pas dire découragé. Dans le monde politique, les plus doués, les plus originaux, les plus audacieux sont broyés. Un témoignage que tous les électeurs devraient lire avant de voter pour celui ou celle qui promet de réinventer les choses et de sortir des sentiers battus. Catherine Dorion démontre que ce souhait relève de l’utopie. On peut répéter qu’il faut faire autrement, du bout des lèvres à l’Assemblée nationale, mais rien ne changera et toute une armée se déploie dans les corridors de cette vénérable institution pour faire en sorte que la machine tourne à vide. De quoi décourager bien des citoyens qui croient en la démocratie et à la parole qui s’exprime et se développe dans la plus joyeuse des libertés. De quoi rendre obsolète le très beau mot espoir.

 

DORION CATHERINE : Les têtes brûlées, carnets d’espoir punk. Éditions Lux, Montréal, 372 pages.

 https://luxediteur.com/catalogue/les-tetes-brulees/

 

jeudi 27 janvier 2022

CE PAYS QUE NOUS NE CESSONS DE SACCAGER

MARIE-HÉLÈNE VOYER nous administre un véritable électrochoc avec L’habitude des ruines. J’ai eu l’impression de me retrouver le nez collé à la fenêtre, de voir enfin ce que nous faisons de notre environnement et de notre patrimoine. Voilà une réflexion percutante sur notre propension à se défaire des bâtiments anciens, à détruire des quartiers pour faire neuf, allant même jusqu’à raser des villages. Que dire de la laideur de nos centres commerciaux qui pullulent partout? Tout cela au nom du progrès, de la modernité, des affaires et de l’économie. J’ai vu disparaître les plus beaux édifices de Chicoutimi. Je signale l’église de Fatima, à Jonquière, un bijou des architectes Léonce Desgagné et Paul-Marie Côté qu’un entrepreneur a laissé se détériorer avant de la démolir. Un véritable crime. Il a fallu l’intervention d’Harold Bouchard pour sauver les magnifiques vitraux conçus par Jean-Guy Barbeau. Ces phénomènes se multiplient et Marie-Hélène Voyer met le doigt sur ce fléau dans son essai. Le Québec perd ses monuments historiques, se défigure et s’appauvrit. Que dire de cette soif du clinquant et du béton


 

Les médias nous alertent régulièrement. Jean-François Nadeau du Devoir en a fait une spécialité. Il sonne les cloches pour nous informer qu’un autre joyau du patrimoine va passer sous le pic des démolisseurs. Souvent, les entrepreneurs ou les responsables du saccage, tentent de dorer la pilule en jurant que la façade sera protégée et intégrée à la nouvelle construction. 

L’écrivaine embrasse large et c’est tout l’environnement du Québec qu’elle scrute. L’espace agricole que l’on tue en traçant des boulevards ou en ouvrant des quartiers où l’on érige de faux châteaux pour étaler sa richesse clinquante. Des ruisseaux que l’on fait disparaître, des rivières et des marais que l’on assèche pour faire place au béton. Que dire des arbres que l’on rase partout dans nos villes? Des rues splendides comme celle que j’ai longtemps habitée à Jonquière. Mous avions acheté une maison blanche à cause des érables qui bordaient la rue Sainte-Gertrude jusqu’au pied du mont Jacob. Peu à peu, les nouveaux venus ont coupé ces majestueux centenaires et transformé notre quartier en désert. Un voisin immédiat a abattu son érable magnifique sous prétexte qu’il faisait trop de feuilles à l’automne. Il faudrait avoir le droit d’amener ces gens en justice pour crime contre la nature. 

 

En matière de paysage et de patrimoine bâti, on confond souvent cette banalité apparente avec un manque d’importance ou de transcendance. La vie ordinaire se campe pourtant le plus souvent dans des lieux de rien, loin de toute monumentalité. Nos maisons banales sont plus riches qu’elles n’y paraissent, car elles témoignent de l’assemblage complexe de nos unions et de nos ruptures, de nos espoirs et de nos déceptions. C’est toute la syntaxe de nos vies, tantôt noueuse, tantôt hachurée, qui s’y dessine. (p.28)

 

Marie-Hélène Voyer remet en question notre rapport avec le pays, le fleuve, les cours d’eau, la forêt, l’histoire et notre passé que l’on biffe peu à peu. Les autoroutes balafrent le paysage quand elles ne viennent pas défigurer des villes comme Québec et Montréal. La vie des gens de tout un quartier devient un enfer. Je pense au secteur que l’on a détruit à Montréal pour faire place à la tour de Radio-Canada que l’on a abandonnée récemment.

 

DÉSASTRE

 

Tellement de lieux que l’on souille, ravage et abandonne avant de recommencer ailleurs. 

 

La ville devient cette femme un peu hagarde qui erre, comme une dinde, à la recherche de sa dignité et de sa mémoire perdue. Paysage de façades : scénographie de la feintise et de l’inauthentique qui dissimule une ville à la syntaxe rendue illisible, étouffée par la densification, la rentabilisation, le consumérisme et la démesure. Une ville dont les apparences ploient et s’effritent, plombées par les tours toujours plus hautes de condos toujours plus chers. (p.88)

 

Il y a aussi des zones, il faut s’en souvenir, où l’on a déporté la population (Forillon restera un œil au beurre noir de notre histoire) pour accueillir les touristes ou des villages que l’on a rasés parce qu’ils n’étaient plus lucratifs. Nous basculons dans la science-fiction. Il y a même certains «visionnaires» qui ont proposé de fermer des régions, il n’y a pas si longtemps. Pas rentable la Gaspésie, les îles de la Madeleine ou le Lac-Saint-Jean.

J’adore quand madame Voyer fait appel aux écrivains qui se sont préoccupés de certains lieux, de leurs paysages et des cours d’eau. Jacques Ferron vient souvent témoigner, Pierre Nepveu, Arthur Buies. Elle aurait pu ajouter Yves Beauchemin qui a milité pour sauver le patrimoine bâti de Longueuil et de bien d’autres comme Victor-Lévy Beaulieu, Louise Desjardins et Jacques Poulin. 

 

MODERNISME

 

Nous sacrifions tout au toc, au faux modernisme, à l’appétit des nantis qui souhaitent des bulles au centre-ville et abandonnons tout à des entrepreneurs spécialisés dans la laideur. C’est notre identité que nous immolons peu à peu. 

Même nos bibliothèques personnelles, avec les livres que nous accumulons depuis l’enfance, n’intéressent personne. Il faut les démanteler et les expédier souvent dans des pays lointains qui veulent développer la lecture avec de vraies livres. Ça me bouleverse. Que faire des œuvres qui ont fait ma vie? Je devrai faire comme mes parents qui ont vendu leurs vieux meubles à des brocanteurs. On connaît l’histoire des Américains qui ont raflé une grande partie de nos antiquités pour une bouchée de pain. C’est peut-être pourquoi nous adorons tant aller, quand arrivent janvier et la belle neige, nous installer dans un camping d’une laideur recherchée, au bord d’une plage de Floride. 

Voilà un regard lucide, intelligent que L’amour des ruines de Marie-Hélène Voyer qui en révèle beaucoup sur notre rapport au pays, au paysage, à nos villes et villages, à notre façon de respirer et d’agir dans une province qui se modernise, dit-on, en devenant amnésique et numérique. J’ai eu des frissons en lisant cet essai que l’on devrait imposer dans les écoles. C’est notre histoire, notre identité que l’on saccage avec ces nouvelles constructions sans âme qui poussent partout et finissent par faire des enclaves aseptisées. Bien plus, c’est l’amour du beau, de la vie, l’avenir que l’on piétine en laissant tout aller. Et nous regardons, les bras croisés, ce désastre organisé et planifié.

L’essai de Marie-Hélène Voyer pourrait devenir une longue énumération qui aurait de quoi décourager le plus optimiste des Pangloss de notre époque, mais c'est tout le contraire. Véritable coup de poing, que cette réflexion de madame Voyer. Ça peut expliquer pourquoi nous sommes incapables de construire un pays. Parce que pour arriver à cet aboutissement, il faut de l’amour, un respect du paysage et des villages, des maisons et des édifices. 

 

VOYER MARIE-HÉLÈNEL’habitude des ruines, LUX ÉDITEUR, Montréal, 214 pages, 24,95 $.


https://luxediteur.com/catalogue/lhabitude-des-ruines/

mardi 6 février 2018

L’HISTOIRE IGNORÉE DES INNUS

MARIE-CHRISTINE LÉVESQUE ET SERGE BOUCHARD nous offrent, avec Le peuple rieur, un autre regard sur le territoire du Québec et son passé. Certes, nous savons que le pays était habité par différentes nations autochtones, et ce depuis fort longtemps. Pourtant, les manuels d’histoire laissaient souvent entendre que tout a commencé pour de « vrai » au Canada avec l’arrivée des Français et de Jacques Cartier. Pourtant, l’Amérique a été fréquentée bien avant la venue des Français. Des pêcheurs basques et des Vikings rencontrèrent les Innus qui se déplaçaient sur leur immense territoire, le Nitassinan, qui couvrait une grande partie de la province de Québec. Un peuple nomade qui s’enfonçait dans les terres en hiver et qui se retrouvait près du fleuve et de la mer pendant la belle saison pour fraterniser, pêcher, chasser la baleine et commercer.

Je pense au petit garçon que j’étais en 1952 quand j’ai fait mon entrée à l’École numéro neuf, un matin de septembre. Une école de rang comme il en existait partout dans les villages et les paroisses. Elle se dressait à plus d’un kilomètre de la maison familiale, autant dire à l’autre bout du monde. Ce fut ma première grande sortie, mon premier contact avec les filles et les garçons du voisinage. Je garde en mémoire le plaisir que j’avais ressenti en recevant mes manuels scolaires. De véritables trésors. Ma première tâche a été de recouvrir mes livres avec un papier brun pour les protéger. Heureusement, ma sœur était plutôt habile dans ce travail et elle m’avait grandement aidé.
Et il y avait le manuel d’histoire d’un vert un peu délavé. J’avais du mal avec les couleurs parce que je suis un peu daltonien. Je l’ignorais à l’époque. Histoire du Canada de Farley et Lamarche. J’en garde précieusement un exemplaire. Il est un peu usé, mais en bon état. Un récit rédigé en 1935 et qui a connu plusieurs impressions et versions au cours des années. Mon exemplaire a été remanié en 1945, un an avant ma naissance. Peut-être le livre qui m’a fait le plus rêver. Toutes ces illustrations que je tentais de reproduire sur de grandes feuilles. Je me passionnais pour le dessin alors et avais toujours un crayon à la main. C’était une véritable obsession dans ma famille. Mes frères dessinaient comme des magiciens et je voulais tellement faire comme eux. Jacques Cartier, Champlain, Radisson et Des Groseilliers, le père Marquette et Joliette, Brébeuf et Lalemant, des noms qui ont rapidement fait partie de ma famille pour ainsi dire.

DÉCOUVERTE

La première partie consacrée aux Autochtones dans mon Histoire du Canada était rapidement expédiée. Huit pages dans un manuel de plus de 500 pages. Les auteurs en faisaient un portrait plutôt négatif. Ils sous-estimaient d’abord leur nombre. On sait qu’ils étaient plusieurs millions à peupler l’Amérique du Nord. Ils parlaient d’à peine 600 000 dans leur manuel. Dans leur esprit, les Indiens du Sud étaient les plus civilisés, particulièrement en Amérique centrale. Mais, plus on allait vers le Nord, plus les Blancs rencontraient des barbares. On ne parle jamais des Innus et on affirme que les premiers habitants étaient des sédentaires… Ils décrivent un individu têtu, orgueilleux, peu fiable, particulièrement cruel à la guerre et aux mœurs étranges. Les historiens passaient rapidement à la vraie histoire, celle de l’arrivée des Blancs et de la civilisation.
Je m’attarde souvent à l’illustration de la page 26 qui évoque Jacques Cartier à Gaspé. On voit qu’il vient de planter une croix immense, peut-être d’une dizaine de mètres de haut en plein cœur d’un village micmac. Une véritable gifle pour ces Indiens. Que feriez-vous si quelqu’un venait planter une croix devant votre maison ? Je n’étais pas conscient alors des propos racistes de mon manuel, des faits et des événements que l’on déformait pour justifier une guerre d’occupation et toutes les manœuvres d’usurpation.
Pourtant, les Indiens ont continué de me faire rêver avec l’arrivée de la télévision et des séries comme Le Dernier des Mohicans ou encore Aigle noir. Tous mes jeux tournaient autour des chasses et des entreprises des Autochtones. Je devins très habile dans la fabrication des arcs et des flèches, portais une plume de dindon sur la tête avec fierté, me prenais pour un grand chef et un redoutable chasseur. Les abords de la rivière aux Dorés devinrent mon territoire de découvertes et d’aventures. J’y écrivais déjà des romans dans ma tête.

VIDE

Marie-Christine Lévesque et Serge Bouchard comblent un vide terrible avec Le peuple rieur, soit l’histoire unique des Innus qui étaient là avant l’arrivée des Européens et qui sont toujours là. J’ai grandi à quelques kilomètres de Pointe Bleue, qui est devenue Mashteuiatsh en 1985, sans rien savoir de ces Innus, de leur vie, de leurs territoires qui comprenaient la rivière Ashuapmushuan près de laquelle je passais mes étés. Nous vivions dans l’indifférence l’un de l’autre, sans véritables contacts. Une anomalie quand j’y pense maintenant, le résultat de siècles d’incompréhension et de méfiance.

De l’arrivée précise de tel ou tel explorateur, nul récit ne fait mention. Les Amérindiens étant des peuples sans écriture — mais non pas sans mémoire —, les nouveaux venus s’accordèrent le soin et le privilège de rédiger « leur » histoire. Tout au moins, d’inclure les indigènes dans cette épopée du Nouveau Monde, dont ils faisaient évidemment partie intégrante. Entre les lignes de l’histoire écrite, il nous faut donc imaginer… (p.78)

Les Innus ont dû développer des trésors d’imagination pour survivre dans un territoire étonnant. Nomades, chasseurs et pêcheurs, ils ont survécu en se déplaçant selon les saisons, se regroupant à des endroits précis en bordure de mer pour pêcher et chasser la baleine en été, fraterniser, célébrer des unions et faire du commerce avec d'autres peuplades. L’hiver, ils remontaient les grandes rivières pour retourner dans leurs territoires de chasse, dans le domaine du caribou et de l’orignal, du castor et de la loutre, loin à l’intérieur du continent. Une vie rude, particulière que Serge Bouchard a très bien décrite dans Récits de Mathieu Mestokosho, chasseur innu. Une vie fascinante qui a inspiré grandement Gérard Bouchard pour la partie autochtone de son roman Mistouk.
Les premiers contacts avec les Européens, l’arrivée des Français, de Jacques Cartier et de Samuel de Champlain, les affinités plus grandes des arrivants avec les Hurons-Wendats, des sédentaires, donc plus civilisés dans l’esprit des conquérants que ces insaisissables chasseurs qui se déplaçaient sur le territoire selon une logique que les Français ne comprenaient pas.

HISTOIRE

Les auteurs racontent les premiers contacts souvent difficiles, les propos étonnants des missionnaires qui furent les premiers à décrire les agissements des Innus et leurs mœurs. Un regard toujours assez négatif, il faut le dire. Ils ne comprenaient pas leur pensée et surtout ces missionnaires avaient la vérité de Dieu dans leurs bagages. Tous ont cherché dès les premiers moments à sédentariser ces hommes et ces femmes, à en faire des Blancs et des paysans. Une bien triste histoire qui s’est répétée partout en Amérique. Thomas King en a long à dire sur le sujet et il raconte très bien les manœuvres des envahisseurs pour contrôler les Indiens, leur voler leurs terres dans l’Ouest du Canada et particulièrement en Colombie-Britannique.

Entre 1862 et 1879, ce sont les oblats Charles Arnaud et Louis Babel qui agirent en tant que responsables des Indiens de la Côte-Nord au nom du gouvernement — le père Arnaud avait d’ailleurs résidé aux Escoumins de 1852 à 1862. Ces missionnaires influents étaient les interlocuteurs, les dispensateurs des fonds de secours, les experts en reconnaissance des problèmes. Toutes leurs interventions, est-ce une surprise, tournaient autour de l’idée de sédentarisation, d’agriculture et de civilisation. Même si leur règne dans les affaires civiles s’acheva officiellement en 1979 — le Canada, désormais fédéré, avait voté sa Loi sur les Indiens et nommé un « agent des Indiens » pour les remplacer —, ils conservèrent la main sur toutes les décisions importantes jusqu’en 1911, c’est-à-dire tant et aussi longtemps qu’ils résidèrent à Pessamit. (p.244)

Une obsession qui traverse les siècles. Toutes les décisions et les manœuvres des Français cherchent à christianiser les autochtones pour en faire des Européens. La saga des pensionnats est un volet particulièrement honteux de cette approche raciste et inhumaine.

FOURRURE

Tout débute avec le commerce des fourrures qui deviendra rapidement l’activité la plus importante et lucrative en Nouvelle-France. Un poste de traite où les chasseurs et les trappeurs viennent échanger leurs fourrures contre des produits de première nécessité. Une exploitation éhontée des Innus et des profits énormes pour les grandes compagnies qui se découpaient le territoire sans jamais demander de permission aux vrais propriétaires. Cette chasse intensive transformera peu à peu la vie des nomades. Les chasseurs par nécessité deviennent des « trappeurs industriels » pour ainsi dire. Ils mettent ainsi les ressources en danger, particulièrement le castor qui se fait de plus en plus rare. Le pire était à venir, on s’en doute.
L’exploitation forestière devait donner presque le coup de grâce à la vie traditionnelle des Innus. Ces espaces immenses, particulièrement le Saguenay et le Lac-Saint-Jean qu’ils avaient toujours réussi à protéger des Blancs, furent envahis par des bûcherons qui construisirent des barrages, défrichèrent et s’approprièrent toutes les bonnes terres. Ce fut une véritable catastrophe pour les différentes nations du NitassinanPlus récemment, la construction des grands barrages a transformé le pays de façon irréversible en noyant des rivières et des territoires ancestraux.
Marie-Christine Lévesque et Serge Bouchard racontent cette terrible tragédie avec une foule de détails et d’anecdotes. J’ai pris plaisir à suivre le jeune anthropologue qu’était Serge Bouchard quand il est arrivé sur la Côte-Nord au début des années 1970 pour rencontrer ses premiers Innus. Il s’y fera des amis pour la vie. Il y retournera régulièrement pour étudier leur manière de vivre et de rêver le monde. L’anthropologue et l’écrivaine donnent aux Innus une histoire, leur histoire, mais ils nous offrent aussi une grande partie d’un passé que nous avons tenté de nier par toutes sortes de manœuvres. Il faut lire encore Thomas King et L’Indien malcommode pour voir les Canadiens signer des traités et les oublier avant même que l’encre soit séchée. Une tragédie et un racisme qui fait frémir. Juste l’existence des réserves est une honte et un témoignage douloureux de cette dépossession.

Tout le monde est surpris quand je dis que je raconte  aux Autochtones leur propre histoire. Et pourtant, les Québécois, les Canadiens connaissent-ils cette histoire qui est aussi la leur ? Je raconte l’Amérique d’avant, et puis celle d’après. J’insiste sur la violence coloniale, certes, mais aussi sur la dignité et la grandeur des peuples agressés par les politiques d’assimilation. Je leur dis par quoi sont passés leurs ancêtres, de la souveraineté à la dépossession. Je parle aussi du présent. De la valeur d’une identité, d’une langue, d’une tradition. Partout, dans les salles de réunion, dans les gymnases, les écoles, sous les tentes, je vois des yeux grands ouverts, des yeux abattus, des yeux embués ; je sens l’intérêt, la curiosité, et toujours, vers la fin de mes causeries, une immense fierté. (p.289)

Ce que j’aurais aimé avoir un tel livre quand j’ai commencé à fréquenter l’École numéro neuf de La Doré. J’aurais rêvé encore plus, je le sais, serais peut-être devenu un Indien qui s’aventure dans la forêt et les montagnes, remonte la belle rivière Ashuapmushuan où j’ai vécu des moments de bonheur sur les plages de granite des chûtes à l’Ours et sur les bancs de sable, en haut des rapides, où nous avions une idée du paradis où seul l’orignal osait s’aventurer.
Le peuple rieur est un livre nécessaire que tous les étudiants devraient lire pour comprendre ce qui s’est véritablement passé au Québec et au Canada, ce que nous avons perdu aussi en niant ces populations qui avaient su s’adapter au climat et à une géographie particulière. Véritable tragédie, nous n’avons pas voulu voir ce Nouveau Monde, ces humains, les entendre et les écouter pour apprendre une autre manière de respirer et d’être. Notre histoire est une épopée, bien sûr, mais par toujours glorieuse.


LE PEUPLE RIEUR de MARIE-CHRISTINE LÉVESQUE ET SERGE BOUCHARD, une publication des ÉDITIONS LUX.