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mercredi 15 décembre 2010

Hurtubise fait appel aux écrivains pour fêter

André Vanasse a participé à ce collectif
La direction des Éditions Hurtubise HMH, pour fêter ses cinquante ans, a demandé à vingt écrivains de la maison de produire un court texte. Jacques Allard dirige ce collectif fort séduisant. Il faut s’y attarder parce que ce genre d’anniversaire arrive peu souvent au Québec. Bien des maisons qui atteignent ce chiffre magique n’ont plus rien à voir avec ce qu’elles étaient au début, ayant renié l’élan du départ.
 Gilles Marcotte et Guy Rocher esquissent le profil du fondateur Claude Hurtubise. Des débuts modestes, des ambitions, des faits cocasses qui ne manquent pas d’arriver quand on fait métier de donner corps aux rêves. Des décisions qui prennent une autre importance avec le recul et qui peuvent vous hanter.
«Jacques Ferron apporta à Claude Hurtubise le manuscrit de son grand roman  Le ciel de Québec. Claude et moi le lûmes en riant, mais Jean Le Moyne fit une belle colère en parcourant dans ce roman les propos fort peu aimables de l’auteur à propos de Saint-Denys Garneau et une description étonnamment fidèle, trop fidèle, indiscrète, d’un de ses propres voyages à Sainte-Catherine-de-Fossambault. (Où diable Ferron avait-il trouvé ça ?) La colère de l’auteur de Convergences fut dramatique à souhait, et nous ne discutâmes pas longtemps, en fait nous ne discutâmes pas du tout et Le ciel de Québec s’en alla chez Jacques Hébert aux Éditions du Jour.»  (p.22)
Quel éditeur n’a pas échappé le livre qui a mobilisé la critique et les lecteurs. Le plus célèbre des cas demeure peut-être Pierre Tisseyre qui refusa «L’avalée des avalés» de Réjean Ducharme.
Le contraire est vrai aussi. L’éditeur peut découvrir une voix, un auteur qui se démarque. André Vanasse aborde le sujet en racontant sa rencontre avec Christian Mistral, un écrivain au talent immense.

Fiction

Si le collectif fait voyager dans l’enfance avec Marie-Christine Bernard et Louise Portal, on peut aussi plonger dans le merveilleux ou vivre les angoisses de l’auteur pendant un salon du livre.
À signaler  «Nibimatisiwin»  de Michel Noël, un texte qui rend hommage aux hommes et aux femmes qui arpentaient le continent américain avant l’écriture. Les mots ont permis à cet écrivain de se réconcilier avec ses origines et de les faire revivre par les contes et les romans.
«En écrivant pour les enfants, j’ai enfin pu atteindre l’objectif que je m’étais fixé : faire connaître les immenses richesses des cultures amérindiennes et la contribution généreuse et incommensurable de mes ancêtres à faire de ce pays ce qu’il est aujourd’hui.» (p.66)
Une belle manière de présenter la maison d’édition par ce qui en constitue l’oxygène: les textes. Une façon aussi de faire se croiser des générations d’écrivains qui témoignent de la longévité des Éditions Hurtubise HMH. Une présentation soignée, des textes diversifiés et souvent étonnants.

«Histoires de livres», sous la direction de Jacques Allard, est paru aux Éditions Hurtubise.

jeudi 20 mai 2010

Hurtubise fête ses cinquante ans

Hurtubise fête ses cinquante ans d’existence. Il faut s’y attarder parce qu’il fut une époque où les maisons d’éditions naissaient aussi rapidement qu’elles disparaissaient. Ce genre d’anniversaire arrive peu souvent au Québec ou bien les maisons qui franchissent ce cap respectable n’ont plus rien à voir avec l’élan d’origine.La direction d’Hurtubise a choisi de souligner l’événement en demandant à vingt écrivains de la maison de produire un court texte qui invente des «Histoires de livres». Jacques Allard dirige ce collectif un peu hétéroclite.
Certains participants ont vécu la naissance de la maison. Gilles Marcotte et Guy Rocher esquissent le profil du fondateur Claude Hurtubise. Des débuts modestes bien sûr, des ambitions, des faits cocasses qui ne manquent pas d’arriver quand on fait métier de donner corps aux rêves. Des décisions qui prennent de l’importance avec le recul et qui viennent vous hanter.
«Jacques Ferron apporta à Claude Hurtubise le manuscrit de son grand roman « Le ciel de Québec ». Claude et moi le lûmes en riant, mais Jean Le Moyne fit une belle colère en parcourant dans ce roman les propos fort peu aimables de l’auteur à propos de Saint-Denys Garneau et une description étonnamment fidèle, trop fidèle, indiscrète, d’un de ses propres voyages à Sainte-Catherine-de-Fossambault. (Où diable Ferron avait-il trouvé ça ?) La colère de l’auteur de « Convergences » fut dramatique à souhait, et nous ne discutâmes pas longtemps, en fait nous ne discutâmes pas du tout et « Le ciel de Québec » s’en alla chez Jacques Hébert aux Éditions du Jour.» (p. 22)
Quel éditeur n’a pas raté une telle occasion, n’a pas su deviner le livre qui ferait se pâmer la critique et les lecteurs. Le plus célèbre cas demeure peut-être Pierre Tisseyre qui refusa «L’avalée des avalés» de Réjean Ducharme.
Le contraire est vrai aussi. L’éditeur peut découvrir une voix, un auteur qui se démarque. André Vanasse aborde le sujet en s’attardant à Christian Mistral, un écrivain au talent immense qui a tout fait pour saboter une grande aventure d’écriture.

Petite histoire

Plusieurs évoquent des anecdotes savoureuses qui plongent le lecteur dans le milieu littéraire. Jean-Claude Germain a été au cœur de l’aventure pendant des années, jouant le rôle d’ambassadeur au Salon du livre de Montréal.
«A toutes ces rencontres informelles d’écrivains où j’ai servi d’entremetteur, aucun de nos invités de France n’a jamais manifesté la moindre curiosité professionnelle pour leurs équivalents québécois… … Pourtant, ils s’attendaient tous d’office à ce que les auteurs du cru connaissent leurs œuvres complètes. Sans oublier la toute dernière de leurs parutions.» (p.87)
Et plus souvent qu’autrement on déroule encore le tapis rouge quand un prosateur débarque du dernier avion d’Air France. L’inverse, bien sûr, n’arrive que rarement.

Fiction

Les chemins qui mènent aux livres sont multiples et parfois singuliers. Parce que l’aventure de l’édition repose sur des émotions, des hasards, une recherche d’authenticité et de vérité.
À signaler «Nibimatisiwin» de Michel Noël, un texte qui rend hommage aux hommes et aux femmes qui arpentaient le continent américain avant l’écriture. Les mots ont permis à Michel Noël de retrouver ses origines et de les faire revivre par les contes et les romans, de les présenter aux nouveaux arrivants qui croient souvent avoir inventé l’Amérique.
«En écrivant pour les enfants, j’ai enfin pu atteindre l’objectif que je m’étais fixé : faire connaître les immenses richesses des cultures amérindiennes et la contribution généreuse et incommensurable de mes ancêtres à faire de ce pays ce qu’il est aujourd’hui.» (p. 66)
Et si ce collectif fait voyager dans l’enfance avec Marie-Christine Bernard et Louise Portal, on peut aussi plonger dans le merveilleux ou vivre les angoisses de l’auteur pendant un salon du livre. Jacques Allard rend bien la solitude de l’écrivain. Une aventure difficile à expliquer pour qui n’a pas vécu au milieu de la foule, un livre à la main, éprouvant la sensation que le monde entier vous boude.
Une belle manière de présenter la maison d’édition par ce qui en constitue l’oxygène : les textes et les mots. Une façon aussi de faire se croiser des générations d’écrivains qui témoignent de la longévité des Éditions Hurtubise HMH. Une présentation soignée, des textes diversifiés et souvent étonnants.

« Histoires de livres », collectif sous la direction de Jacques Allard, est publié aux Éditions Hurtubise.