Louise Desjardins et Mona Latif-Ghattas racontent leur enfance. L’une est née au Caire et l’autre à Rouyn-Noranda. Une correspondance qui aura duré six ans.
L’idée est excellente ! Que voilà une belle manière de visiter l’enfance, d’esquisser un monde que nous portons toute la vie. La vie à Rouyn n’est pas celle du Caire même si la famille demeure la famille. Une sorte de jeu de tennis où chacune retourne sa version en attendant la frappe de l’autre. Tout y passe! Les parents, les frères et sœurs, les grands-parents et la famille élargie. Les drames aussi qui égratignent la mémoire.
«Même si nous habitons aux deux bouts de la terre, je crois que nos papas et nos mamans se ressemblent, malgré tout. C’est peut-être la même chose pour nos frères et sœurs. Je te présente le mien, mon seul et unique complice.» (p.33)
Malheureusement, les deux écrivaines ont eu l’étrange idée de régresser et de redevenir des petites filles pour visiter leur enfance. Si c’est charmant au début, on se lasse vite des «mon papa» et des «ma maman» qui émaillent les textes.
Mona Latif-Ghattas et Louise Desjardins empruntent ce même ton de petites filles naïves qui découvrent le monde et l’idéalisent. Le tout devient prévisible, gentil et sans grande signification.
Les deux complices passent rapidement sur les zones d’ombres, effleurent des secrets de famille et des drames qui sont à peine esquissés. Jamais une question malgré des mondes opposés. Les agissements des parents ou la place des filles, par exemple… Chacune raconte sa vie sans trop se soucier de l’autre. L’échange n’a pas lieu. L’entreprise aurait pris une tout autre couleur si les écrivaines avaient regardé leur enfance avec des yeux d’adultes. Il me semble que nous ratons ici une belle occasion.
«Momo et Loulou» de Louise Desjardins et Mona Latif-Ghattas est paru aux Éditions du remue-ménage.
http://www.editions-rm.ca/livre.php?id=1177