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jeudi 30 octobre 2025

VÉRONIQUE MARCOTTE FRAPPE TRÈS FORT

UN TOUR DE FORCE que «Je n’ai personne à qui dire que j’ai peur» de Véronique Marcotte. L'auteure parvient à lier étroitement un drame personnel à un fait divers scabreux qui n’est pas sans rappeler l’incroyable histoire de Gisèle Pelicot qui a fait les manchettes en France et révolter le monde entier. Rachel, la narratrice, a subi un viol à dix ans et après, plus tard, une relation toxique avec un homme qui l’a dominée et entraînée dans les illusions de la drogue et de l’alcool. Des moments qu’elle a refoulés au plus profond de son être avec bien des victimes. Elle se réfugie dans une cabane au fond des bois pour écrire, retrouver qui elle est, respirer et parvenir peut-être à être enfin en paix avec son passé. Rien n’arrive comme elle l’avait souhaité. Elle est entraînée dans une affaire de meurtres où elle fera face à ses colères, ses drames et des blessures qu’elle croyait guéries. Tout revient à la surface quand une femme et un jeune garçon débarquent dans sa vie.

 

Véronique Marcotte mène habilement une enquête de Josée Lefèvre et son complice François Bertrand. Deux policiers qui pensaient en avoir terminé avec les événements sordides en se faisant muter à la campagne après avoir connu «le travail trépidant» de la grande ville. Le roman oscille entre Rachel, la narratrice, une écrivaine qui voulait prendre congé du monde et qui ne sait plus comment réagir devant une situation qui la dépasse et qui chamboule ses projets. 

On devine une conspiration dans le village de Lac du Reflet. Les dizaines d’hommes qui fréquentaient les Fortin (les jumeaux trouvés morts avec un stylet dans le cœur) répètent la même chose. Mot à mot. Et cette femme et son fils qui sont arrivés dans le refuge de Rachel en pleine nuit et qui semblaient la chercher. 

Tout est en place pour une enquête policière étonnante, mais aussi pour des tsunamis qui vont secouer Rachel et la forcer à revenir sur des drames qu’elle a refoulés au plus profond d’elle-même. 

 

«Je ne suis pas venue ici pour écrire d’autres histoires que la mienne, je suis enfermée dans le bois pour me soustraire à mon besoin d’écouter les histoires des autres. À force, je me suis éloignée de moi. Ne plus rien ressentir ce qui provenait de moi était si délicieux, si facile, que j’ai tout étouffé de mes nombreuses collisions dans les illusions, les paillettes, en essayant de fabriquer du fabuleux avec un calvaire. Pourtant, j’aurais dû y aller; j’avais matière à écrire, mais comment envisager la détresse, comment plonger dans une crevasse qui sent la mort et le sexe brûlé sans que ce soit douloureux? Et qui suis-je pour faire de mes échaudures un sujet intéressant? Personne. Je ne suis personne.» (p.23)

 

Rachel, avec l’arrivée de Jade et de Clarence, est emportée dans une histoire qui pourrait être la sienne. Elle le sait. Elle n’a plus la force de se raconter des fables et ne désire surtout plus s’étourdir dans la drogue ou vider une bouteille de vin pour noyer sa colère et sa douleur, comme elle l’a fait trop souvent.

Parce que c’est terrible ce que Rachel a vécu avec un homme qui l’a traitée comme une esclave et un objet. Elle s’est sentie avilie, une moins que rien. Elle s’en veut surtout d’avoir permis cela, de ne pas avoir réagi, de s’être tue en se réfugiant dans la drogue.

 

«J’allais vite entendre le discours péremptoire, misogyne et narcissique de celui qui se croyait tout permis. D. me faisait faire tout ce qu’il voulait : garder son fils, aller lui chercher des cigarettes, passer au resto prendre de sushis, le sucer dans la voiture avant une réunion, sortir de la maison à la dernière minute pour me pavaner avec lui lors d’une première, aller chercher ses bottes à l’hôtel durant une répétition générale, passer prendre un ami pour qu’il vienne le réconforter en pleine chute de dope la nuit, lui ramener une connaissance à moi pour un trip à trois, organiser de soupers pour lui présenter des filles en faisant croire que le grandiloquent qu’il était pouvait contribuer à leur carrière, flipper les burgers pour tout le monde durant ses partys de vedettes tout en gardant un œil sur son enfant, casser un party qui avait eu lieu chez moi parce qu’il ne voulait pas rentrer chez lui tout seul, relever mon chandail à toute heure pour lui montrer mes seins et puis tout ça, encore et encore.» (p.41)

 

Je suis tenté de dire le drame de Véronique, tellement cette histoire sonne juste, tellement le personnage crie de vérité. Surtout, il y a des éléments qui correspondent au parcours de la romancière. Je le sais pour l’avoir côtoyée avec bonheur pendant un temps. Rachel évoque sa terrible échouerie dans l’univers du spectacle et de la télévision. Elle y a échappé par une sorte de miracle, par l’écriture certainement, qui devient souvent une forme de thérapie qui permet de se retrouver et de respirer mieux. 

 

ENQUÊTE


En parallèle, le duo de policiers ne sait trop par où commencer dans cette affaire de meurtre des jumeaux Fortin. Et comment tirer sur le bon fil pour comprendre ce qui s’est passé dans le sous-sol de leur résidence? Le nombre effarant d’empreintes dans la maison prouve que les frères recevaient beaucoup de gens, des hommes uniquement. Tous dans le village répètent qu’ils allaient là pour les jeux de société. Un jeu de société effectivement auquel ils participaient, mais pas celui que l’on imagine.

Et il y a les indices trouvés sur les lieux, dont les livres de Marie Darrieussecq et de Martine Delvaux, qui semblent contenir la clef de cette histoire sordide. C’est plus qu’un drame intime dans lequel nous plongeons, mais une carence de la société qui se déploie devant nos yeux. 

 

« … Marie Darrieussecq a confié que Truismes avait été inspiré de son expérience d’abus masculins sur sa personne. Plus tard, jeune écrivaine, moi aussi j’ai été plaquée contre un mur rue de Rennes par un “grand écrivain”, moi aussi on m’a embrassée de force entre deux bacs à fleurs devant le Dôme, comme c’est chic, et pas si grave. Mais la gravité de ce qui arrive à d’autres me concerne directement et je les remercie de ce courage de parler et je pense à celles qui ne peuvent pas parler. J’avais balancé mes porcs avec Truismes.» (p.128)

 

Rachel est entraînée dans une spirale, le drame qui touche toutes les femmes. Elle se retient de pousser des cris avec celles qui pointent les agresseurs sur les réseaux sociaux ou qui portent des accusations devant le tribunal malgré les embûches et toutes les humiliations. 

 

ENQUÊTE

 

Véronique Marcotte nous tient en haleine pendant près de 400 pages avec sa narratrice, qui tente de garder la tête hors de l’eau et qui est happée par le drame de Jade Grenier et son fils Clarence. 

Le privé devient public et vice versa. Sans compter nos policiers dépassés par ce qu’ils découvrent.

Une tragédie qui fait douter de l’intelligence des hommes, une guerre de tous les instants que mènent les femmes pour se protéger des mâles toujours en érection. Tous les personnages féminins de Véronique Marcotte ont subi des agressions et elles ne peuvent être que solidaires entre elles. Le viol de l’une est celui de toutes les autres. Même Josée la policière a vécu les pires outrages en fêtant la fin de ses études avec ses collègues, qui sont les gardiens de la loi maintenant. Les propos de Nancy Huston dans «Les Indicibles» deviennent plus pertinents que jamais en lisant Véronique Marcotte. 

 

«Josée comprend très bien Jade Grenier. Se faire justice. Utiliser des moyens alternatifs pour reprendre notre vie en main. Jade Grenier a subi de la soumission chimique par son mari, pour le moment on parle de trente-huit agresseurs, et de quatre-vingt-huit viols perpétrés juste dans la dernière année. Comment a-t-elle su ce que les jumeaux lui faisaient subir? se demande Lefèvre en plongeant son visage en sueur dans ses mains.» (p.353)

 

L’écrivaine, dans ce roman de révolte, de colère, de rage et d’amour, atteint un nouveau sommet. Elle prend le parti des femmes, comment pourrait-elle faire autrement? Elle marche à leurs côtés et, surtout, elle tente d’effacer ses propres traumatismes et de guérir ses blessures. Toutes font face à la dictature du pénis à un moment ou un autre, toutes sont des victimes et des écorchées. 

Un roman terrible qui oscille entre un fait scabreux qui touche tout un milieu social, raconte les assauts subis dans le quotidien par des femmes qui doivent toujours être aux aguets. Une histoire qui fait mal et broie le corps et l’âme. On ne peut qu’emboîter le pas de Rachel et Josée qui font éclater la vérité en éclaboussant tout un village. «Est-ce ainsi que les hommes vivent», que je me suis demandé en répétant le fameux vers de Louis Aragon.

À donner froid dans le dos, mais surtout un texte d’amour et de chaleur humaine malgré tout, d’empathie et de résilience. De l’horreur peut germer la joie et un bonheur apaisé. Véronique Marcotte le démontre magnifiquement dans cet ouvrage qui ne laissera personne indifférent.

 

MARCOTTE VÉRONIQUE. Je n’ai personne à qui dire que j’ai peur, Éditions Québec Amérique, Montréal, 2025, 392 pages, 32,95 $.

https://www.quebec-amerique.com/collections/adulte/litterature/litterature-amerique/je-nai-personne-a-qui-dire-que-jai-peur-10812

jeudi 30 avril 2020

OÙ IL EST LE PAYS DU BONHEUR

Y A-T-IL UNE GÉOGRAPHIE du bonheur ? Voilà une question qui a troublé Véronique Marcotte lors d’un séjour en Haïti, en compagnie d’écrivains du Québec. Une jeune femme, pendant une rencontre avec le public, lui a asséné cette énigme. Que répondre ? Où le bonheur prend-il ses aises ? Et pour quelqu’un qui vit en Haïti, demander où se cache le bonheur, c’est peut-être demander si l’avenir est possible. Est-ce que le paradis a pignon sur rue ? Est-ce que vous le croisez dans votre quartier en ce printemps de confinement physique et mental ? Les longs jours tranquilles suivront-ils les outardes, le retour à la vie dite normale, un soleil stimulé aux hormones et des dégâts de pissenlits le long des trottoirs ?

Adam et Ève Bonheur se sont installés en Amérique du Nord ou encore dans une région de l’Europe, bien sûr. Chez les Blancs, cela va de soi, dans un pays riche où sévit le wi-fi, le téléphone intelligent et la radio débilitante. Ils ont choisi une ville en bordure de fleuve où les magasins sont accessibles en tout temps. Le couple entretient jalousement sa pelouse, de grands érables et certainement une piscine. Ils ont leurs oiseaux de juillet et d’hiver qui volettent sous les mangeoires et leurs deux enfants, un gars et une fille, partent à l’école après avoir bien déjeuné. Un pays où la carte de crédit fait la loi, où l’on surveille son poids en comptant les calories, où l’on parle, après avoir vidé une bouteille de vin, de devenir végétalien. Ève et Adam travaillent tous les deux et peuvent s’offrir un bout d’été dans le Sud en janvier et des séjours à Paris quand ce n’est pas l’Asie pour connaître les frissons du dépaysement. Le bonheur est-il en pause sur cette planète coronavirus-19 ?
Véronique Marcotte est revenue de son voyage en Haïti avec cette question dans ses valises. C’est souvent comme ça que s’impose un projet. Une petite phrase malicieuse et la machine à écriture se dégourdit. Un contact particulier avec Haïti pour la romancière, mais aussi un coup de foudre. Assez pour postuler et chercher à profiter d’une résidence d’écrivain. Pas de meilleure façon de continuer l’expérience. Elle va s’installer dans une grande maison sous les arbres et taquiner le mot pendant le jour en attendant l’heure de l’apéro, ce moment qui penche vers une nuit chaude et ivre d’odeurs. 

AVENTURE

Véronique Marcotte part avec armes et bagages pour la belle aventure. Le choc est brutal. Rien ne se passe pas comme elle l’avait prévu. Se retrouver dans une vaste maison « en manque d’amour », avec l’impression d’être une tache blanche sur un grand tableau noir ne va pas de soi. Elle devient celle que l’on regarde, que l’on examine comme si elle était une curiosité. Madame V. est l’étrangère. Le terme « minorité visible » n’est plus un euphémisme. Elle le vit à chaque moment de la journée, chaque fois qu’elle ose s’aventurer hors des murs de la résidence. 

J’avais peur qu’on m’assaille, qu’on me pille, qu’on m’insulte. Je ne voyais pas les compatriotes de Paulo comme des brutes, je peux le jurer, mais je ressentais quelque chose qui ne se traduit pas autrement, quelque chose de viscéral. Et Paulo, toujours en souriant, m’a confirmé que si nous passions la nuit sur la route Nationale, derrière le camion de ciment renversé, il était fort possible que nous nous fassions voler nos affaires. J’ai jeté ma cigarette pour serrer contre moi le sac qui m’entourait la taille pendant que la petite posait sa tête sur mon épaule de Blanche effrayée. (p.66)

L’écrivaine ne parvient pas à trouver du temps et le silence qu’il faut pour dresser les mots. La maison est envahie par les voisins qui y viennent pour le wi-fi. L’intimité n’a pas le même sens en Haïti qu’à Montréal. Elle se lie avec une famille des environs, découvre l’histoire de Clara et Pierre. Clara est la fille d’une Québécoise. Une parenthèse pour Marine, la mère, qui est retournée vers son homme à Montréal. Un pas de côté pour celle qui ne voulait pas d’enfants. Jaco, son mari, un métis haïtien et québécois, ne saura jamais rien de l’incartade de son épouse. 
 
LE BONHEUR

Mais où est-il ce bonheur ? Madame V. décide de suivre cette famille au bord de la mer près de Jacmel. Elle va s’installer dans une petite maison et écrire. C’est le but de son voyage après tout. 
Le bonheur, elle le constate, tout le monde tente de l’inviter à sa table, mais le grand escogriffe a souvent des manières imprévisibles. Madame V. vit une passion avec Sue, une Américaine en exil. Une pulsion de vacances, quand tout bascule. Le même abandon que Marine a connu avec Pierre peut-être.

Ce soir-là, Sue me fait découvrir quelque chose au moment même où j’avais perdu foi en l’étonnement. Elle installe une jonction entre nos deux corps. Et moi je consens à cette suture. Je verrai plus tard quoi en faire, je verrai plus tard ce que ça fait d’avoir une femme comme Sue en plein cœur de charpente. (p.103)

Et l’histoire de Marine et Pierre, de Clara qui s’attache à Madame V. comme si elle était sa mère, se dévoile peu à peu. Bien sûr, tout le monde a menti à la fillette pour la protéger. Nous trichons tous pour masquer nos grandes et petites lâchetés. Que seraient notre société et nos vies sans les mensonges qui améliorent le réel et le rendent acceptable ?

FIN

Marine est atteinte d’une maladie terrible qui ne lui laisse aucune chance. La sclérose latérale amyotrophique va l’enfermer dans son corps. Un drame pour elle et son mari. Une fin atroce. Elle décide de choisir son moment, de partir volontairement. Jaco verse le poison, se fait complice. Nous sommes avant la loi pour l’aide médicale à mourir. La police enquête. Jaco ment bien sûr, comme sa femme avant, pour sauver sa peau. La vieille Aurore qui n’en a fait qu’à sa tête, une voisine, organise avec lui ses mensonges et sa défense. 

Il veut s’anesthésier. Sortir de cette fatigue. Il se sent seul. La seule personne avec qui il peut partager ce qu’il vit, c’est Aurore. Il n’a plus vraiment d’amis proches, son père est mort, et il est hors de question qu’il annonce à sa douce mère qu’il a tué Marine. Tâche de garder ton calme, mon fils. Jaco entend la voix de Josema, son accent créole qui roule comme une bille dans sa gorge, sa mère bien-aimée qu’il ne met au courant de rien pour l’épargner. (p.84)

Rien ne va plus en Haïti quand la famille de Clara apprend la mort de Marine. Là aussi, le mensonge a brouillé le quotidien. L’enfant correspondait avec sa mère à l’insu de son père qui se révèle peu à peu aux yeux de l’écrivaine. Il se comporte en petit despote et bat sa femme. 
Clara fugue. 
Madame V. et Sue se retrouvent au centre du drame malgré elles. Tout se précipite quand la vieille Aurore et Jaco débarquent en Haïti pour exécuter les volontés de Marine, régler un héritage qui fait délirer Pierre.

QUESTIONS

Une intrigue qui tient du thriller, un questionnement sur la vie, l’amour, le mensonge, le suicide, la mort assistée, la violence conjugale, le machisme, les enfants qui subissent la dictature d’un père, le vieillissement et notre responsabilité les uns envers les autres. L’appartenance aussi, le métissage, les racines, le pays, tout ça en filigrane dans une histoire à multiples facettes qui ne vous laisse pas un moment de répit. 
Véronique Marcotte est une magnifique conteuse et je ne pense pas, malgré toutes ses tribulations dans l’île de Danny Laferrière, qu’elle puisse pointer sur la carte du monde le lieu où Ève et Adam Bonheur se sont installés. Il faut regarder en soi et tenter de démêler le vrai et le faux qui empoisonnent nos vies pour arriver, peut-être, à une sorte de paix qui peut se répandre tel un virus. 
Un beau roman qui explore les liens que le Québec entretient avec Haïti, sans que nous connaissions réellement ce pays qui semble distiller la misère et le malheur. Madame V. l’apprend : le bonheur perturbe et se réfugie dans des lieux peu fréquentés, même en Haïti, quand tout se déglingue. La géographie du bonheur fait du bien, ce qui est rare et précieux en littérature.

MARCOTTE VÉRONIQUE, La géographie du bonheur, VLB ÉDITEUR, 254 pages, 24,95 $.

https://www.quebec-amerique.com/auteurs/veronique-marcotte-512

samedi 12 mai 2012

Véronique Marcotte ne réussit pas à s’envoler

Véronique Marcotte insiste. Elle ne veut pas de malentendu. «Aime-moi» raconte une histoire vraie. Les personnages ont existé et existent peut-être encore. Seuls les noms ont changé.


Une petite fille séquestrée par une secte religieuse, dont le principal cérémonial consistait à l’agresser, constitue la trame de cette histoire sordide.
Pas étonnant que l’adolescente soit perturbée et qu’elle éprouve des problèmes de comportement. Elle régresse par moment et combat un cancer en plus.
Judith est touchée et entend démontrer que des hommes et des femmes peuvent être généreux. En fait toute la famille de Judith adopte Maëlle et s’occupe d’elle.

Hésitation

Et voilà ! Retournement dramatique. Tout cela était pure invention. Maëlle a tout imaginé. Il n’y a jamais eu de secte, de viols et de tortures. Cette enfant est une manipulatrice, une menteuse et une fabulatrice. Tous les qualificatifs du dictionnaire sont incapables de qualifier cette femme qui aurait plus de trente ans et qui réussit à se réincarner en adolescente !
Judith, Maëlle et la narratrice, prennent la parole tour à tour. Peut-être pas une bonne idée. Surtout dans le cas de Maëlle.
Ça sonne faux, tout le temps. J’ai eu de la difficulté à adhérer à ce récit même en y mettant toute ma bonne volonté. Toujours repoussé, rejeté hors de cette histoire.
«Quand elle a traversé le pont de la rivière des Mille-Îles, elle n’a pas remarqué comme d’habitude le parfum que dégageait une nature plus dense que celle, disséminée, de la ville. Le bonheur inhérent au fait de rentrer à la maison s’absentait, disparaissait, comme coupable devant tant de misères.» (p.29)
Malheureusement, l’écriture de Véronique Marcotte n’est jamais à la hauteur. C’est maladroit, rugueux, sans emportement. C’est ce qui fait peut-être que jamais je n’ai réussi à embarquer dans cette fable.
Véronique Marcotte échoue dramatiquement. Cette histoire est peut-être vraie, mais il en faut plus pour retenir le lecteur.

«Aime-moi» de Véronique Marcotte est paru chez VLB Éditeur.