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dimanche 14 août 2016

Claude Le Bouthillier ou le devoir de se souvenir


Ce pays dont les frontières sont
partout et la capitale nulle part.


L’ŒUVRE DE CLAUDE Le Bouthillier se moule à l’histoire de l’Acadie. D’abord la période des grands élans avec la présence française, le Big Bang de la conquête par les Britanniques et la déportation en 1755. Suivra l’éparpillement, la désintégration et la pénible errance avant de retrouver l’être premier par le rêve, la découverte du passé et le retour dans les terres de tous les possibles. C’est aussi l’histoire personnelle de l’écrivain qui s’amorce avec l’arrivée du premier Le Bouthillier en terre d’Amérique en 1740 et qui tressera sa lignée jusqu’à l’époque contemporaine. Un véritable voyage dans le temps qui permet de vivre aux rythmes des marées et des malheurs qui ont secoué ce peuple.

Tout commence avec Joseph Le Bouthillier. Un nom prophétique peut-être comme celui du père du Christ, l’époux de Marie. Il ne résiste pas longtemps aux charmes d’Angélique, une Mi’kmaque « élancée » qui va « torse nu, bronzée, arborant fièrement un collier de wapum ». C’est l’amorce d’une belle histoire d’amour, la rencontre de deux peuples et de deux mondes, la cohabitation avec les Mi’kmak et surtout le tournant, le débarquement des Britanniques et le Grand Dérangement où des familles seront décimées, marquées par la faim, la maladie et la mort. Comme si la fatalité s’acharnait sur ce petit peuple fidèle à sa langue, ses croyances et ses origines.
Les romans de Le Bouthillier sillonnent les provinces maritimes, s’attardent à l’âge d’or de cette poignée de francophones avec des héros mythiques comme Beausoleil-Broussard. Les déportations (on parle de 8000 à 10 000 personnes) enverront des familles aux États-Unis et même en Amérique du Sud. Cette décision barbare changera la population de l’Est du Canada et hantera les descendants de Grand-Pré.
L’écrivain de Bas-Caraquet renoue avec ce passé dans ses oeuvres, rêve une Acadie qui se relève de ses cendres pour jouer un rôle unique dans le monde de maintenant. Il ose inventer une nouvelle patrie qui rejette ses peurs et ses craintes ataviques, séquestre même le pape pour arriver à se faire une place dans le répertoire des nations. Voilà qui fait l’originalité de ce Diogène contemporain qui va à la recherche de l’Acadien de maintenant en fouillant le passé et en explorant l’avenir.

TÉMOIGNAGE

Un mois de lecture et de relectures pour m’orienter dans le travail remarquable de cet écrivain fort connu dans son pays. L’impression souvent de circuler dans une cathédrale qui multiplie les autels et les grands tableaux qui vous ouvrent les portes d’une autre dimension. J’ai particulièrement été touché par sa fidélité à son coin de terre, à son peuple vaincu et dispersé, cette population qui hésite entre les regrets, la tentation de la révolte, coupable d’avoir été trop soumise et obéissante, sachant aussi que la rébellion n’aurait fait qu’empirer la situation.
Et surtout ces histoires d’amours pleines d’embûches, de ruptures et de retrouvailles, de coups de foudre et de longues traversées du désert. Des passions à l’image de ce pays qui a connu l'époque de tous les espoirs, la désintégration et la perte de son « moi profond ». Parce que l’œuvre de Le Bouthillier nous dit que le vivant a besoin d’un lieu, d’une langue, d’un espace dans sa tête et son cœur pour s’épanouir et être dans toutes ses dimensions.
Ses grands romans historiques suivent la descendance de Joseph et Angélique en France, en Angleterre, sur l’île de Jersey, aux Malouines et en Louisiane, sans oublier Montréal et Québec.
Une histoire tragique qui hante bien des écrivains acadiens et marque leur imaginaire. Ils se sentent investis du difficile devoir de se souvenir et de garder vivante leur langue pour affirmer leur identité. Chaque livre devient le cri d’un enfant qui se met au monde et répète que demain n’est possible qu’en marquant le présent. Pélagie-la-Charrette d’Antonine Maillet a fait connaître cette tragédie au monde francophone avec le prix Goncourt en 1979.
Claude Le Bouthillier va plus loin que madame Maillet et ne se contente pas d’arpenter les chemins du souvenir. Les héros de cet écrivain ne trouvent la paix qu’en « réinventant » le pays. L’Acadie permet à l’individu, après toutes les errances et les oublis, de se ressourcer, de trouver un regard et une cohésion qui donne sens à la vie. Tous vivent l’exil, une traversée du désert où l’âme s’étiole et s’échiffe, un retour sur les côtes de l’Atlantique pour se ressourcer à l’air salin et aux embruns des grandes marées. Un instinct les pousse comme celui qui pousse les ouananiches à revenir sur les lieux de leur naissance pour se reproduire avant de mourir dans le silence et la paix des origines.

LES DÉBUTS

L’écrivain a effectué un travail colossal pour reconstituer la vie des premiers Acadiens, ceux qui ont dû apprivoiser un monde de forêts et de battures avec l’aide des Mi’kmak et des Malécites. Chasseurs, trappeurs, bûcherons, pêcheurs, commerçants et explorateurs vivent selon les rythmes des saisons et les humeurs de la mer. Le romancier se livre à une démarche ethnologique exceptionnelle pour décrire ce pays de façon époustouflante dans Le feu du mauvais temps, Les marées du Grand Dérangement ou Le Borgo de l’écumeuse, les pièces maîtresses de son œuvre. Il ne se contente jamais de son Caraquet natal, mais sillonne le pays de L’Ile-du-Prince-Édouard à la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick aux bayous de la Louisiane. Il se sent investi d’une terrible responsabilité. Il ne peut oublier ces hommes et ces femmes réduits à l’état de bétail, ces lointains parents repoussés par certains Étasuniens qui refusaient de les voir mettre pied à terre, ces réfugiés de la mer, ces pestiférés dont personne ne voulait. Il se sent comme le mage qui se donne la responsabilité de rassembler le troupeau pour le mener vers les pâturages des origines où la survivance est possible.

THÉRAPIE

Les personnages de Claude Le Bouthillier basculent souvent dans la folie et les excès, errent longtemps dans leur tête et sur le continent avant de « revenir au monde ». Ils ont mal à l’âme et doivent retrouver leur passé pour voir une forme de paix et de certitude. Le pays est en eux et hors d’eux.
Joseph oscille entre Émilie et Angélique, cherche ses origines au risque de se perdre dans l’histoire des ducs de Bretagne, finit par trouver la paix après toutes les errances. Le Graal, la source de vie, se trouve en Acadie, près du Bocage ou juste un peu plus loin. Édouard court pendant des années derrière la belle Cristal-de-mer.  Des amoureux d’une fidélité de sentiments à toute épreuve malgré certaines faiblesses de la chair.
Que se soit Joseph, Agénor, Poséidon ou Angéline, tous passent par ces épreuves avant de s’arracher à l’oubli. Que de recherches, d’errances, de doutes et de douleurs ! Certains creusent le sol pour découvrir des artéfacts, ressusciter un bout de leur histoire ; d’autres parcourent le territoire comme Jaddus pour prêcher comme Jean le Baptiste pour faire arriver le pays et redonner corps au présent. Ils sont guidés par un instinct qui vient du fond des âges et une pulsion souvent incontrôlable. Ils ont la foi des mages qui se laissent guider par une étoile qui leur permettra de retrouver leurs origines et celles d’un peuple que l’on a empêché d’être.
L’Acadie devient le véritable personnage de Le Bouthillier. La terre garde des secrets, enseigne et berce ceux qui savent tendre l’oreille. La mer ressasse sans cesse les douleurs et les rêves. Il suffit de trouver le lieu et de se placer en état d’être. Après, il sera toujours temps d’accorder le violon pour s’étourdir dans une complainte. Alors le présent se déploie dans toutes les fragrances du passé et du ravissement.

LUCIDITÉ

Malgré le rêve, la longue marche identitaire de la plupart des héros, malgré les entourloupettes qu’invente le romancier dans ses romans futuristes, Le Bouthillier garde une belle lucidité face au devenir des Acadiens. Il se permet des propos durs dans plusieurs de ses ouvrages, dénonce l’esprit de clocher et les divergences qui séparent les tribus du Nord et du Sud. Il se permet un pas de côté et écrit de véritables manifestes avant de reprendre le fil de son récit. Comment ne pas craindre pour l’avenir de ces francophones qui abandonnent femme et enfants pour aller besogner dans l’Ouest canadien ? Tous savent que cela ne peut durer et que c’est peut-être un dernier hoquet avant la dislocation.
Le Bouthillier, cependant, est un incorrigible rêveur. Malgré les contours flous et inquiétants du présent, l’écrivain n’hésite jamais à imaginer un pays qui devient le centre du monde. L’Acadie permet de sauver la planète et la race humaine dans Tuer la lumière. L’image du Christ, qui meurt sur le Golgotha avant de ressusciter, se profile dans cette œuvre foisonnante. Il en profite alors pour secouer les périls qui menacent la planète. Le réchauffement du climat, la pollution et les mers devenues des cimetières avec la pêche commerciale trouvent une place dans ses écrits. Tous ses romans d’anticipation donnent un rôle primordial à l’Acadie, comme si elle était investie d’une mission et devait indiquer à l’humanité la direction à prendre. Le pays alors devient un pivot qui permet de sauver la race humaine et de se dire au monde.

EXPLORATION

Ce territoire, l’écrivain le sillonne par les mythes, les légendes, les événements qui ont changé la marche de son peuple. Il s’attarde à la navigation, le travail de la terre ou encore les belles réjouissances pour célébrer la Gougou qui hante les esprits. Il est facile de préparer un repas invraisemblable juste à lire les descriptions d’agapes gargantuesques.
Et que dire de son amour des mots, des expressions juteuses qu’il prend plaisir à chanter sur tous les tons en parlant de la pêche, de la mer ou encore des vagues qui se cassent sur la côte par temps de froidure, ou pendant l’embellie de l’été quand la brise se fait tendre comme « la peau satinée » d’une femme. Il peut alors sortir son Stradivarius et chanter, danser, boire et giguer sur le présent en tenant le futur par la taille. La poésie le sert bien dans ces élans un peu nostalgiques où l’écrivain s’abandonne au plaisir de dire et d’occuper toutes les surfaces de son corps.
Il arpente Caraquet la grande, sa terre de toutes les prédilections et de tous les imaginaires, les territoires qui vont de l’ancienne forteresse de Louisbourg à Ristigouche où s’est joué le sort de l’Amérique française. Il va par les Iles de la Madeleine, Terre-Neuve, la Nouvelle-Écosse, Saint-Pierre et Miquelon et même l’île de Jersey qui prendra de l’importance avec la famille Robin, ces capitalistes intraitables qui tiendront le pays dans leurs griffes à l’image de William Price dans le Bas-du-Fleuve et au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Un asservissement par l’endettement et l’éducation qu’on leur refuse. Le clergé aura longtemps la même attitude au Québec en imposant un enseignement qui se résumait à l’apprentissage des interdits de l’Église.

COMBAT

L’écrivain se transforme en historien, en ethnologue, en rêveur pour décrire, avec une justesse remarquable, les outils que les gens utilisaient pour le travail de la terre ou encore aller en mer pour le homard, l’éperlan et la morue. Il étonne par ses connaissances bibliques ou ses savoirs scientifiques dans ses œuvres d’anticipation, arrive à nous faire croire à ses plus délirantes fantaisies. C’est un véritable Melquiades qui fait surgir des mondes des poches de son manteau, dit la vérité en s’étourdissant dans ses menteries comme le répétait ma mère.
Le feu du Mauvais Temps, Les marées du Grand Dérangement ou Le borgo de l’Écumeuse envoûtent. Complices du silence et Isabelle-sur-mer plongent le lecteur dans l’histoire d’une Amérique méconnue. Cette fresque permet d’imaginer l’Acadie dans des temps futurs. Babel ressuscitée répond à ce désir de survie tout comme L’Acadien reprend son pays. Tuer la lumière, un véritable suspense, permet à son pays de jouer un rôle essentiel et nous transporte au Vatican où se décide le sort du monde.
Toute l’œuvre de Claude Le Bouthillier témoigne d’une lutte pour la survie d’une langue de plus en plus indécise, l’avenir de ce peuple que l’on a voulu biffer de la terre. Un modèle d’écrivain conscient et responsable. J’aime sa loyauté, le devoir de mémoire qui marque son œuvre. Il faut se souvenir, rêver, connaître ses racines pour mieux comprendre ses travers et ses hésitations. C’est plus qu’un travail d’écrivain auquel se livre le romancier, il se fait éveilleur de conscience et sonneur de cloches. Le passé oui, mais aussi l’avenir par le songe pour donner une leçon au monde. Parce que vivre, c’est faire des projets et se souvenir. Pas d’avenir sans passé et pas de présent sans l’espoir et le rêve.


BIBLIOGRAPHIE

L'acadien reprend son pays, Moncton, Éditions d'Acadie, 1977, 130 pages.
Jour de Grâce, (Version théâtrale de L’acadien reprend son pays) Les éditions de La  Grande Marée.
Isabelle-sur-mer, Moncton, Éditions d'Acadie, 1979, 160 pages.
C'est pour quand le paradis, Moncton, Éditions d'Acadie, 1984, 246 pages.
Le feu du mauvais temps, Montréal, Québec-Amérique, 1989, 448 pages.
Les marées du Grand Dérangement, Montréal, Éditions Québec-Amérique, 1994, 367 pages.
Le Borgo de l'écumeuse, Montréal, XYZ Éditeur, 1998, 215 pages.
Tisons péninsulaires, Tracadie, Les éditions de La Grande Marée, 2001, 89 pages.
Babel ressuscité, Moncton, Les Éditions de la francophonie, 2002, 172 pages.
Complices du silence ?, Tracadie, Les éditions de La Grande Marée, 2004, 211 pages.
Phantom Ships, Montréal, XYZ éditeur, 2004, traduction anglaise du Feu du mauvais temps.
Karma et coups de foudre, Montréal, XYZ éditeur, 2007, 127 pages.
La mer poivre, Tracadie, Les éditions de La Grande Marée, 2007, 75 pages.
Éros en thérapie, Montréal, XYZ éditeur, 2010, 296 pages. 
La terre tressée, Les éditions de la Grande Marée, 2011, 112 pages.
Caraquet la grande, Les éditions de La Grande Marée, 2012, 240 pages.
Sekoutomeg, Les éditions de La Grande Marée, 2014, 75 pages.
Tuer la lumière, Les éditions de La Grande Marée, 2015, 310 pages.

dimanche 26 août 2012

Claude Le Bouthillier s'inspire de son histoire


Tout au long de ma lecture de «Caraquet, la grande» de Claude Le Bouthillier, j’ai été ému, touché. Cet écrivain, au cours des ans, n’a cessé de parler de son coin de pays et de son histoire. Une fidélité, doublée d’une lucidité, quant à l’avenir des Acadiens du Nouveau-Brunswick qui nous laisse sans voix.

L’oeuvre de Claude Le Bouthillier oscille entre le roman, le récit et la poésie. «L’Acadien reprend son pays», publié en 1977, a été adapté pour la scène par Laval Goupil.
Une œuvre qu’il présente ici par de courts extraits qui touchent l’histoire, l’amour, l’air et l’eau. Il s’attarde aussi aux fêtes, à la nourriture et aux saisons.
Le tout commence avec l’arrivée de son ancêtre Joseph, vers 1740, qui épouse Angélique, une métisse micmaque. On connaît les luttes pour la survie, la présence menaçante des Anglais, la tragédie de la déportation de 1755 et après, la longue et terrible résistance de ce peuple qui a survécu par entêtement et par miracle.
«Au Ruisseau 1784. La classe de Mathilde avait diminué malgré toutes les énergies qu’elle y avait consacrées.
— Les Robin, se plaignait-elle, découragent tous les efforts des parents qui veulent faire instruire leurs enfants, argumentant que cela ne leur fera pas prendre davantage de morues. Et pour empêcher le développement de l’agriculture, ils achètent les meilleures terres. On n’a pas davantage de droits sur la mer depuis qu’ils tiennent les pêcheurs dans leurs griffes.» (p.74)
Une épopée qu’il rend vivante en explorant le grand territoire de Caraquet qui a la réputation d’être le plus long village du monde avec sa rue principale qui s’étire sur 35 kilomètres. Un lieu où ses ancêtres se sont installés il y a près de 300 ans et où il a vécu son enfance dans la grande maison ancestrale des Le Bouthillier construite en 1836. Son père, après avoir été pêcheur, a été garde-pêche. Il avait comme tâche de déjouer les manœuvres des braconniers. Le romancier en a long à raconter sur les astuces de ces hommes qui tentaient ainsi de nourrir leurs familles.

Combat

Quel courage il a fallu à ces hommes et ces femmes pour survivre et faire respecter leurs droits! L’affaire Louis Mailloux, un jeune Acadien militant pour les écoles françaises, abattu par les militaires anglophones, est un moment fort de cette résistance.
L’écrivain se transforme en historien, en ethnologue aussi où il décrit les différents métiers de la mer et de la terre, la navigation, les fêtes et les repas fabuleux qu’ils tiraient de la mer. Il présente aussi, avec une précision remarquable, certains travaux et les outils utilisés.
Il se sent responsable envers son peuple et est habité par un amour de son coin de pays exemplaire. Cela ne l’empêche pas d’être lucide quant à l’avenir de ces francophones qui s’exilent dans l’Ouest canadien pour travailler. L’Ouest fait vivre l’Est maintenant comme il l’affirme dans une formule heureuse.
«Quand la Péninsule deviendra un tiers monde branché sur la galaxie/ Avec une soucoupe plus grosse que la cabane/ Il ne restera plus de l’Acadie que le folklore et une grande déchirure.» (p.151)
«La survie du peuple acadien, sans véritables pouvoirs de gérer son territoire et sa destinée, m’apparaît précaire. Aucun peuple n’y est arrivé. Pour ne prendre qu’un seul exemple: les Acadiens des États de la Nouvelle-Angleterre, à quelques exceptions près, ont été assimilés. Le système est plus fort que les hommes.» (p.227)

L’œuvre de Claude Le Bouthillier est admirable de fidélité, d’amour et de constance. «Le feu du Mauvais Temps», «Les marées du Grand Dérangement» ou «Le borgo de l’Écumeuse» plongent le lecteur dans l’histoire. Il était peut-être aussi nécessaire d’imaginer l’Acadie dans des temps futurs. «Babel ressuscitée» répond à ce désir de survie.
Un conteur né qui possède le sens du détail, invente des personnages attachants.
«Caraquet, la grande» témoigne d’un peuple qui lutte pour sa langue de plus en plus fragilisée. Un exemple pour les Québécois qui n’arrivent pas à se décider quant à leur avenir. La campagne électorale actuelle fourmille de propos désolants face à cette éventualité. L’idée de se donner un pays est rabattue au rang de simple «chicane». Comme si discuter de son avenir était une perte de temps. De quoi envisager des jours sombres au pays du Québec après le 4 septembre.

«Caraquet, la grande» de Claude Le Bouthiliier est paru chez La Grande Marée.