En ce temps de fin d’année,
il faut constater que 2014 a été une année faste et belle. Voici donc une liste
de dix romans québécois que je vous conseille de lire si vous ne l’avez pas
déjà fait.
1- Révolutions de Dominique Fortier et Nicolas Dickner chez Alto.
Un livre magnifique, superbement présenté et illustré. Une œuvre d’art à offrir en ce temps de réjouissances où l’on cherche quoi donner à nos proches. S’il y a un livre à offrir, c’est celui-là.
2- L’album multicolore de Louise Dupré chez
Héliotrope.
Un livre que j’ai lu et relu pour tout ce que cela
remuait en moi, tout ce qui reste quand la mère s’éloigne sans se retourner.
Une belle manière de retrouver qui nous sommes et d’où nous venons.
3- Les États-Unis du vent de Daniel Canty
chez La Peuplade.
Daniel Canty confronte nos manies et nos
obsessions. Le vent le prend par la main et lui montre les gâchis d’une
civilisation qui a tourné le dos à la nature. Partout les mêmes chambres, les
mêmes décors, des draps, des fenêtres scellées comme des cryptes pour couper
tout contact avec la vie, partout les mêmes cheeseburgers. L’impression de
voyager en ne changeant jamais de lieux.
4- Numéro six d’Hervé Bouchard au
Quartanier.
Hervé Bouchard me fait connaître des moments de
pure joie. C’est encore le cas avec Numéro Six. C’est peut-être moins
tragique. La mort n’est plus au cœur de l’aventure, mais le garçon apprend à
aimer, à souffrir, à se faufiler dans l’âge adulte sans trop s’écorcher.
5- La vie pour vrai de Nicole Houde à la
Pleine Lune.
Encore une fois, le lecteur se retrouve dans un
milieu peu connu, un univers singulier, mais qui est là avec ses drames, ses
intrigues, ses histoires et ses désespoirs. Toujours juste, touchant, beau
d’imagination et d’images. On se surprend à aimer cette Céleste de 38 ans qui a
su protéger son enfance.
6- Le feu de mon père de Michaël Delisle
chez Boréal.
Un récit d’une totale franchise qui parviendra
peut-être à contrer le désordre dans la tête et le corps de cet écrivain
unique. Savoir que l’on n’a pas été désiré, aimé par ses parents est peut-être
la pire des calamités. Toute sa vie, il cherchera à réinventer ce qui n’a pas
eu lieu, à dire en plongeant dans le texte sans parachute.
Lecture éblouissante que celle de François Ouellet,
sentie, forte et convaincante. Un travail colossal qui m’a donné un nouvel
éclairage sur l’œuvre de Beaulieu et Ferron. Je lis Victor-Lévy Beaulieu depuis
ses débuts. Pourtant, François Ouellet m’a donné l’impression d’avoir souvent
mal compris cet écrivain que j’apprécie au plus haut point.
8- Métis Beach de Claudine Bourbonnais chez
Boréal.
Un
roman qui vous secoue, vous blesse, vous enthousiasme et vous fait passer par
toutes les gammes de l’émotion. Une Amérique qui ne réussit plus à combattre
ses démons, le racisme et le fanatisme religieux, une société qui oublie ses
valeurs démocratiques pour imposer ses vues les plus conservatrices et les plus
rétrogrades. Terriblement dérangeant et inquiétant.
9- Épisodies de Michaël Lachance chez La
Peuplade.
Un voyage à
l’intérieur de soi. Michaël Lachance a vécu plusieurs vies et il partage ici
ses préoccupations, les grandes questions qui bousculent sa vie. Un bonheur
d’intelligence et de réflexions. Un livre comme un compagnon de voyage.
Une écriture formidable, un souffle unique. Hélène Rioux est
vraiment en possession de ses moyens et ce roman est un bonheur d’intelligence,
de réflexions qui se mélangent à la légèreté et à la gravité. C’est peut-être
un art de vivre tout simplement qui se dessine, qui prend prise sur la réalité,
la vie qui s’impose malgré la mort, cette maladie du temps.