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dimanche 12 décembre 1999

Péloquin se perd dans le verbiage

Claude Péloquin a connu la célébrité avec une phrase. On se souvient de la murale du Grand Théâtre de Québec et de la controverse. Un poème-affiche, un cri comme un soufflet. L'oeuvre poétique réduite à sa plus simple expression, une grenade jetée dans la foule et qui explose. Il y a eu aussi des textes écrits pour Charlebois. Un poète, un personnage connu surtout par ses apparitions publiques.
Dans «Le flambant nu», Claude Péloquin entreprend de jeter un regard sur sa vie dans un semblant d'autobiographie. «Des histoires vraies», prend-il la peine de préciser. Soyons franc! Il n'a rien des conteurs d'autrefois qui nous prévenaient que tout ce qu'ils allaient dire seraient pure vérité.
L'entreprise de Péloquin aurait pu être intéressante pourtant. Il a côtoyé Charlebois à ses débuts et Jordi Bonnet. C'est toute une époque qui se profile derrière ces pages où la faune artistique se rencontrait à La casa Pedro de Montréal pour délirer et inventer le Québec moderne. C'était le temps du FLQ et des poètes. Il aurait pu nous présenter un homme méconnu et un certain Québec puisque Péloquin a choisi l'exil très tôt.

Anecdotes

Rien de cela. Péloquin se complaît dans le trivial, l'anecdotique et les bobards. Tout juste des propos d'ivrogne qui se vautre dans ses faits d'armes. Jamais l'écriture ne lève pour se nicher dans un mode réflexif ou méditatif. Tout à fait sans intérêt cette énumération de folies «houblonesques» qui ne débouchent que sur les rires gras.
Péloquin peut pavaner, prêcher l'amour à trois, se remémorer ses cuites, ses «baises merdiques», ses voyages en taxi à La Tuque, rien n'accroche. Il reste désespérément superficiel et ses confessions sont de l'ordre du verbiage. Même les moments les plus attendrissants, ceux où il effleure son père et sa mère, sont gâchés par ce besoin d'épater la galerie. Les beuveries de Péloquin ne laisseront de traces que dans la mémoire de certains ivrognes qui ne peuvent plus s’émoustiller qu’en paroles.
«J'adore le cirque. Je crois même que j'en fais partie quelque part au monde dans une vie parallèle.» (p.66)

Tout est dit. Le verre est vide. Une écriture quelconque, un propos échevelé et un narrateur qui se perd dans les échos de son miroir. Léméac/Actes Sud ont habitué les lecteurs à plus de rigueur et de pertinence.

«Le flambant nu» de Claude Péloquin est paru chez Leméac.

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