Kim Thuy |
Le déclic se fait
instantanément entre les deux écrivains. Un véritable coup de foudre
littéraire. Est-il possible de tout dire pendant un petit déjeuner? Une vie ne
se raconte pas en quelques heures. Il faut du temps, de l’espace, des silences
aussi.
Kim Thuy et Pascal Janovjak poursuivent
les échanges, s’écrivent à toutes les heures du jour et de la nuit. C’est possible
maintenant avec les courriels qui abolissent l’espace.
On se souvient que Kim Thuy a
fait un malheur en 2009 avec «Ru», un récit qui raconte le périple de cette
jeune vietnamienne qui a dû quitter son pays suite à un conflit fratricide, son
arrivée au Québec avec ses parents et l’adaptation à son nouveau milieu. L’écrivain
Pascal Janovjak vit à Ramallah en Palestine. Oui, des écrivains vivent dans ce
pays malgré une situation politique instable et la violence qui peut éclater à
chaque coin de rue.
Contact
Les contacts, au retour d’un
voyage, quand le quotidien s’impose, sont souvent difficiles à maintenir. Thuy
et Janovjak, habités d’une belle frénésie, tentent de tout dire et de s’apprivoiser.
Pascal Janovjak |
Chacun retourne dans
l’enfance pour mieux dire le présent. Pascal Janovjak est né en Suisse, d’un
père slovaque et d’une mère française. Il a travaillé au Bengladesh, dans une
société difficile à saisir pour un Occidental. L’écrivain est sur le point
d’être père pour la première fois.
Kim Thuy raconte son retour
au Vietnam au début de la vingtaine. Ce fut le choc. Combien de temps il faut
pour devenir étranger à sa culture? Il y a aussi ses enfants dont l’un est
autiste, ses déplacements. La vie littéraire la sollicite beaucoup.
Janovjak effleure le quotidien
dans une ville où les soldats sont partout. La vie est là malgré les vérifications
d’identité et les contrôles. Avec les amis, il peut faire la fête, écrire, partir
à l’étranger même si les frontières sont de plus en plus hermétiques. Il fait
preuve d’une retenue exemplaire même si on sent parfois sa colère.
Échanges
Les textes se croisent plusieurs
fois par jour. Kim avec son humour particulier, Pascal avec une sorte de
gravité émouvante.
Il y est question de
lectures, de la maternité, de la paternité et de souvenirs. La découverte de
l’autre se fait avec une franchise remarquable. Les deux sont capables de se
moquer de leurs travers et de se livrer sans arrière-pensée.
Touchant, émouvant à
l’occasion et d’une justesse remarquable.
À toi démontre que les moyens
contemporains de communication peuvent servir à autre chose qu’à écrire son
autobiographie sur Facebook, un récit qui s’égare souvent entre la brosse à
dents et l’oreiller.
«À toi» de Kim Thuy et Pascal Janovjak est publié chez Libre Expression.
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