François Turcot, en publiant «Miniatures en pays perdu», inaugurait la collection poésie de La Peuplade.
Un recueil porté par six mouvements ou six élans. Si «Suffit du dehors» et «Autour, commencements» s’avèrent plutôt anodins, «Mansarde» propose une poésie qui suggère, évoque un monde tel un dessin à l’encre de Chine. Et dans «Isba» et «Taïga», le poète nous entraîne au Nord, à Churchill, le bout d’un monde et l’antichambre du rêve. Les images s’imposent alors, vous forcent à vous arrêter pour respirer et vous laisser imprégner par cette poésie évocatrice, plus sentie. La strophe n’est plus un jeu où les mots s’accumulent comme des blocs legos.
«Le visage carnavalesque de l’hiver / s’articule / tel un sémaphore / il ne reste que des miettes de l’été / de vieux tisons / une fumée froide qui s’élève » (p. 31) « Le train arrivé à la gare est une ligne sur l’horizon» (p.57)
Évocation du pays qui devient un trait qui fend le monde. Turcot démontre son sens de l’évocation et de l’image alors. Le poème s’ancre dans l’immensité où les horizons bougent et peuvent éclater. C’est le plus senti du recueil. On découvre aussi comme un récit en filigrane.
Mais cette volonté de fragmenter le poème m’a agacé un peu, la multiplication des points de vue et les parenthèses. «Miniatures en pays perdu» permet surtout à François Turcot de démontrer de très belles qualités. Il devient pertinent quand il oublie les effets pour dire, voir et témoigner. C’est encore le rôle de la poésie, il me semble.
«Miniatures en pays perdu» de François Turcot est paru aux Éditions La Peuplade.
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