Le sociologue et historien se
penche dans son essai sur ce qui fait la spécificité du Québec dans le Canada
et l’Amérique du Nord. Cette province, qui n’arrive pas à devenir un pays, se
démarque par la langue française, sa culture, son histoire, mais aussi par sa
manière d’accueillir les immigrants et de vivre ce phénomène planétaire dans la
réalité de tous les jours.
Le Canada, depuis Pierre
Elliot Trudeau, vit le multiculturalisme. Les individus sont le cœur de cette
société qui ne favorise, en théorie, aucune culture en particulier.
«Cette vision du pays a
toutefois été mise à mal par l’introduction du multiculturalisme (à
l’initiative du premier ministre Trudeau), qui niait le statut du Québec comme
communauté politique et faisait désormais des Francophones québécois un simple
groupe ethnique parmi plusieurs autres à l’échelle canadienne. En ce sens, le
multiculturalisme a eu pour effet d’affaiblir le Québec et, pour cette raison,
il a toujours fait l’objet d’une vive opposition au sein de la population
francophone.» (p.93)
Au Québec
Au Québec,
l’interculturalisme caractérise notre façon de vivre et d’être. Une culture
prépondérante, une langue et une manière d’accueillir et de vivre avec les
immigrants.
«L’idée de
l’interculturalisme est née du rejet du multiculturalisme et de la volonté
d’élaborer un modèle plus conforme aux besoins de la société québécoise,
notamment la nécessité de mieux protéger les caractéristiques du Québec
francophone.» (p.94)
En fait, le Québec, selon
lui, n’a guère le choix. Majoritaires sur son territoire, les francophones sont
une minorité au Canada et encore plus en Amérique du Nord. Une nation qui, pour
survivre, doit protéger sa langue, sa culture, accueillir les immigrants et faire
en sorte qu’ils se sentent chez eux tout autant que les Québécois.
Définition
L’Interculturalisme dans
une société se démarque par son ouverture aux nouveaux arrivants tout en fixant
les règles. Pour le Québec, la langue française doit être protégée et promue. Une
question de survie on le comprendra.
Cela ne veut pas dire que les
nouveaux venus n’ont qu’à s’assimiler le plus rapidement possible. Les exemples
de ce genre d’approche qui fait fi des différences et impose des manières de
vivre, une religion souvent, une langue et des coutumes, sont connus dans le
monde. Le Québec, au cours des siècles, a combattu cette volonté assimilatrice que
les Anglophones prônaient.
Placer la langue française
au cœur des activités du Québec, mais aussi faire preuve d’ouverture en
accueillant de nouveaux citoyens et en les accommodant. Voilà l’approche de
Gérard Bouchard.
Parce que, selon le
sociologue, l’ouverture et les accommodements réussissent mieux à intégrer les
nouveaux citoyens. Tout cela dans le respect des lois et la tolérance. Une
forme de pacte où les arrivants s’engagent à respecter le fait français, les
coutumes. Les Québécois consentent pour leur part à les accueillir dans une
société ouverte, permissive et dynamique.
Gérard Bouchard s’attarde enfin
à certains cas dans la dernière partie de son ouvrage. La prière par exemple
dans les lieux publics. Comment ne pas s’y attarder? Une société, selon lui,
doit être laïque et faire en sorte qu’aucune religion ne soit privilégiée et n’indispose
un citoyen. Si on ne peut qu’être d’accord sur les grands principes, les
divergences viennent des cas particuliers.
La permission accordée à
une femme voilée de voter, l’interdiction de dresser des sapins de Noël devant
les édifices fédéraux sont des initiatives d’individus qui n’avaient pas leur
raison d’être.
Les signes religieux sont à
bannir dans la plupart des cas. Gérard Bouchard surprend pourtant quand il accepte
le port du voile pour une enseignante.
Le sociologue mise avant
tout sur le dialogue et la compréhension pour esquisser l’avenir du Québec.
Les immigrants sont là et
aucune société moderne n’est à l’abri de ce phénomène qui va prendre de
l’ampleur avec les années. Gérard Bouchard prend plaisir à défaire certains
mythes. Le clivage des régions et Montréal par exemple. Une réflexion nécessaire
et un cheminement fort important.
«L’interculturalisme, un point de vue québécois» de Gérard
Bouchard est paru aux Éditions du Boréal.
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