Vingt ans plus tard, Alain Olivier retourne au Mali, dans un pays qui l’avait séduit à l’époque. Pourquoi partir au bout du monde? Ces questions surgissent quand vient le temps de faire ses valises.
«Lorsqu’on part en voyage, on porte toujours en soi le secret espoir de réinventer sa vie. Personne n’y échappe, pas même le plus choyé des hommes. Même comblé- avec à ses côtés la plus ravissante des compagnes, un fils adorable, entouré d’amis fidèles, menant une carrière exaltante-, qui n’en vient pas certains jours à rêver d’une nouvelle existence?» (p.11)
Se réinventer pour devenir un autre. Il semble que ce soit la plus folle des utopies, mais il est difficile de ne pas y croire.
«On continue pourtant de se bercer de l’illusion que le voyage, inévitablement, nous transformera. Qu’il n’en restera pas que des photographies sur du papier glacé, ni mëme des souvenirs inscrits dans la mémoire, mais que ce qu’on y aura vécu sera gravé, buriné dans notre chair.» (p.11)
Il faut pour cela quitter son confort et aller vers l’autre. Le voyageur attentif se heurte à des différences et des croyances qui changent selon les lieux et les espaces.
Retour
Laissant sa famille, son fils avec qui il a fait un périple au Vietnam, Alain Olivier entreprend un pèlerinage aux sources, histoire de jauger où il en est. Il se rendra vite compte que tout bouge et que rien ne peut être pareil.
«Je détourne la tête, complètement désemparé. Je viens de réaliser soudainement que cet homme est mon miroir. Je voudrais retrouver la passion qui m’a tant fait aimer ce pays et j’attends, assoupi, qu’elle renaisse. Or, il y a des gens qui vivent là. Juste à côté. Tout près de moi. Comment se fait-il qu’ils me paraissent si loin. Qu’ils me semblent hors d’atteinte ? Qu’ils demeurent hors de moi. N’est-ce pas pourtant sur le continent africain que j’ai commencé, à vingt ans, à ne plus me sentir totalement étranger aux autres- et à moi-même?» (p18)
Le voyageur se laisse prendre par le rythme de ce pays enchanteur. Il s’attarde auprès des gens qui luttent tous les jours pour avoir un peu d’eau dans les campagnes. Des hommes et des femmes l’accueillent. Il prend un repas avec eux, écoute, sourit et écoute encore. Et le plus important: un arbre dans la savane, des rires, des moments uniques où la communication fait vibrer l’être et peut-être l’âme aussi.
Retour
Il reviendra pourtant, il faut toujours revenir. Il retrouvera sa compagne, ce fils à qui il s’adresse tout au long du récit. Celui qui rentre est toujours un peu différent et semblable. La vie, qu’on le veuille ou non, transforme le voyageur.
«Car le voyage, immanquablement, bouscule le voyageur. Il y découvre sa véritable identité et donc, forcément, ce qu’il y a de plus singulier en lui, son individualité propre, mais aussi le banal, le commun, c’est-à-dire son humanité et, par delà, celle de ses semblables. Et c’est ainsi que le voyage nous prépare à cet instant à la fois unique et universel où nous devrons tout laisser, de façon irrémédiable, derrière nous.» (p.316)
Voilà une belle occasion de réfléchir sur l’accueil, l’amitié et l’amour. Un plaisir que de suivre ce voyageur attentif qui prend le temps d’écouter, de regarder et de réfléchir. C’est l’art même de l’exploration intérieure.
«Voyage au Mali sans chameau» d’Alain Olivier est paru aux Éditions XYZ.
http://www.editionsxyz.com/auteur/98.html
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