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dimanche 9 décembre 2012

Gérard Bouchard pense le Québec de demain


La Commission Bouchard-Taylor a été critiquée. Plusieurs lui reprochaient de faire trop de place aux immigrants et de négliger les francophones. Pas étonnant que Gérard Bouchard, dans «L’interculturalisme, un point de vue québécois», réfute ces affirmations et tente de démontrer que la singularité de la Belle province est mieux protégée par une politique d’ouverture.

Le sociologue et historien se penche dans son essai sur ce qui fait la spécificité du Québec dans le Canada et l’Amérique du Nord. Cette province, qui n’arrive pas à devenir un pays, se démarque par la langue française, sa culture, son histoire, mais aussi par sa manière d’accueillir les immigrants et de vivre ce phénomène planétaire dans la réalité de tous les jours.
Le Canada, depuis Pierre Elliot Trudeau, vit le multiculturalisme. Les individus sont le cœur de cette société qui ne favorise, en théorie, aucune culture en particulier.
«Cette vision du pays a toutefois été mise à mal par l’introduction du multiculturalisme (à l’initiative du premier ministre Trudeau), qui niait le statut du Québec comme communauté politique et faisait désormais des Francophones québécois un simple groupe ethnique parmi plusieurs autres à l’échelle canadienne. En ce sens, le multiculturalisme a eu pour effet d’affaiblir le Québec et, pour cette raison, il a toujours fait l’objet d’une vive opposition au sein de la population francophone.» (p.93)

Au Québec

Au Québec, l’interculturalisme caractérise notre façon de vivre et d’être. Une culture prépondérante, une langue et une manière d’accueillir et de vivre avec les immigrants.
«L’idée de l’interculturalisme est née du rejet du multiculturalisme et de la volonté d’élaborer un modèle plus conforme aux besoins de la société québécoise, notamment la nécessité de mieux protéger les caractéristiques du Québec francophone.» (p.94)
En fait, le Québec, selon lui, n’a guère le choix. Majoritaires sur son territoire, les francophones sont une minorité au Canada et encore plus en Amérique du Nord. Une nation qui, pour survivre, doit protéger sa langue, sa culture, accueillir les immigrants et faire en sorte qu’ils se sentent chez eux tout autant que les Québécois.

Définition

L’Interculturalisme dans une société se démarque par son ouverture aux nouveaux arrivants tout en fixant les règles. Pour le Québec, la langue française doit être protégée et promue. Une question de survie on le comprendra.
Cela ne veut pas dire que les nouveaux venus n’ont qu’à s’assimiler le plus rapidement possible. Les exemples de ce genre d’approche qui fait fi des différences et impose des manières de vivre, une religion souvent, une langue et des coutumes, sont connus dans le monde. Le Québec, au cours des siècles, a combattu cette volonté assimilatrice que les Anglophones prônaient.
Placer la langue française au cœur des activités du Québec, mais aussi faire preuve d’ouverture en accueillant de nouveaux citoyens et en les accommodant. Voilà l’approche de Gérard Bouchard.

Ouverture

Parce que, selon le sociologue, l’ouverture et les accommodements réussissent mieux à intégrer les nouveaux citoyens. Tout cela dans le respect des lois et la tolérance. Une forme de pacte où les arrivants s’engagent à respecter le fait français, les coutumes. Les Québécois consentent pour leur part à les accueillir dans une société ouverte, permissive et dynamique.

Gérard Bouchard s’attarde enfin à certains cas dans la dernière partie de son ouvrage. La prière par exemple dans les lieux publics. Comment ne pas s’y attarder? Une société, selon lui, doit être laïque et faire en sorte qu’aucune religion ne soit privilégiée et n’indispose un citoyen. Si on ne peut qu’être d’accord sur les grands principes, les divergences viennent des cas particuliers.
La permission accordée à une femme voilée de voter, l’interdiction de dresser des sapins de Noël devant les édifices fédéraux sont des initiatives d’individus qui n’avaient pas leur raison d’être.
Les signes religieux sont à bannir dans la plupart des cas. Gérard Bouchard surprend pourtant quand il accepte le port du voile pour une enseignante.
Le sociologue mise avant tout sur le dialogue et la compréhension pour esquisser l’avenir du Québec.
Les immigrants sont là et aucune société moderne n’est à l’abri de ce phénomène qui va prendre de l’ampleur avec les années. Gérard Bouchard prend plaisir à défaire certains mythes. Le clivage des régions et Montréal par exemple. Une réflexion nécessaire et un cheminement fort important.
«L’interculturalisme, un point de vue québécois» de Gérard Bouchard est paru aux Éditions du Boréal.

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