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mardi 15 avril 2008

L’écriture pour le plaisir de la voltige

«La descente du singe» ressemble à un feu d’artifice qui illumine la nuit pendant quelques instants. Éblouissement, applaudissements et puis retour des ténèbres et du silence.
De courts textes donc, un goût prononcé pour les jeux de mots, les suites absurdes, l’étrangeté, les pirouettes qui déstabilisent et laissent en déséquilibre… J’ai rapidement renoncé à chercher des ancrages dans ces récits qui empruntent toutes les directions. On s’y perd souvent. C’est voulu, songé, dira-t-on.
Quel livre étrange! David Leblanc parvient à être amusant, sérieux quand il se donne la peine de s’attarder à son propos. Le plus souvent, il résiste mal à la danse des sophismes. Il raffole de l’absurde, jongle avec les sonorités et patauge dans une logique étrange. Bien sûr, le lecteur peut sourire devant les saluts faits à certains écrivains et s’amuser de ces paralogismes ou faux textes philosophiques.
«Considérant qu’un mot peut faire image et qu’une image vaut mille mots, nous tiendrons pour acquis qu’un mot qui fait image vaut mille mots. Ces mille mots feront chacun image, et chaque image vaudra mille mots donnant chacun une image valant mille autres mots, et ainsi de suite, jusqu’à ce que l’esprit se retienne d’aller plus loin, car il est difficile de se faire une idée – appelons cela une image mentale – de ce que représentent mille fois mille fois mille fois mille fois mille fois. Aussi est-il faux de croire qu’une image vaut mille mots, puisqu’il en est un qui les vaut toutes: infini.» (p.129)
Et après?

Je suis toujours un peu mal à l’aise après une telle lecture. L’impression d’être aspiré par une écriture qui implose et tente de casser les moules. On le sait, les mots tracent des frontières qu’il est à peu près impossible de déplacer. Il faudrait oser, aller aussi loin que Claude Gauvreau pour inventer une autre dimension, une autre logique à ses risques et péril.

«Je n’écris pas. Sujet+verbe+complément. Je n’ai pas dit que je n’écrivais rien, encore moins que je n’avais rien à écrire, ce qui ne revient pas du tout au même, quoique le fait de n’avoir rien écrit jusqu’à présent puisse le laisser croire. J’aurais pu dire « laisser entendre », écrire « laisser paraître », mais je n’en ai rien fait. Je n’écris pas, c’est tout. » (p.111)
Que dire de ce puzzle que l’on oublie la dernière page tournée. Oui, c’est original, touffu et Leblanc démontre une bonne maîtrise de l’écriture. Est-ce suffisant? Quelques trouvailles, des lancées où l’on aimerait que l’auteur s’attarde. Je pense à ces réflexions sur l’âme russe. Leblanc fait tout pour dérouter son lecteur et il y arrive parfaitement.

«La descente du singe» de David Leblanc est paru aux Éditions Le Quartanier.