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lundi 24 septembre 2012

J’attends la suite avec une belle impatience


Un roman plein de rebondissements, de surprises, de frustrations et de luttes pour le pouvoir. Je me suis régalé. Parce que j’aime les intrigues, les jeux de coulisses, les héros sans peur, les têtes folles et les révolutionnaires qui pensent changer le monde. 

J’ai lu «Le choc des couronnes» de Yves Dupéré sans reprendre mon souffle. Toute une journée sans lever les yeux. Cela arrive. Vite que la suite paraisse! Tout est en place. Qui est la mystérieuse reine Mellina? Elle aura certainement un rôle à jouer dans le prochain volet. Parce que les femmes sont présentes dans cette histoire, des battantes et des incontournables. Pour une fois, elles jouent un rôle politique et se démarquent de bien des hommes.

Hommes libres

Avec «Le choc des couronnes», l’historien nous entraîne dans les royaumes des hommes libres. Un euphémisme pour dire que le pays se divise entre des monarchies où les rois se transmettent le pouvoir de père en fils. Le Bulzor, le Costalonne et le Transoly. Les relations sont excellentes entre les royaumes, même si les anciens conflits ont laissé des traces, des préjugés, pour ne pas dire des haines. La paix règne, mais elle est toujours fragile. Il suffirait d’une étincelle, d’un mot de trop pour que tout s’enflamme.
Pour prévenir l’instabilité, les rois tentent, par différentes alliances, de consolider les liens qui unissent leurs royaumes. Le mariage de la princesse Maelly avec le roi Jorge, un taciturne qui n’ouvre jamais la bouche, est une manœuvre politique et militaire. Par cette union, Bulzor et Transoly compteront sur deux puissantes armées qui pourront écraser leurs ennemis. Qui veut la paix prépare la guerre, dit-on.
Tout cela sur fond d’intrigues. Courtisans, courtisanes s’en donnent à cœur joie et on n’hésite pas à espionner et à éliminer un rival pour s’enrichir.

Situation instable

Loïc cultive du blé, fait du commerce et de la contrebande pour arrondir les fins de mois. Il joue avec le feu et il le sait. Sa fille et sa femme sont assassinées par les militaires quand ils viennent pour l’arrêter. Il entraîne le peuple dans sa vengeance contre le gouverneur et réclame une forme de démocratie. Les affrontements sont sanglants, mais Loïc et ses amis sont des stratèges remarquables et ils infligent de sévères défaites à l’armée régulière. Yves Dupéré n’a pas son pareil pour décrire les affrontements et les manœuvres des combattants sur le terrain. C’était une grande force de ses romans historiques et ce l’est plus que jamais dans «Le choc des couronnes».
Les mineurs s’engagent dans la révolution. Ils n’en peuvent plus de leurs conditions de travail et font la grève même s’ils risquent la mort. Les paysans en ont plein le dos des impôts qui grugent un revenu déjà bien mince. Voilà un terrain fertile aux idées nouvelles qui enflamment les esprits.
Les jumeaux Tujan et Stevan sont envoyés en ambassade au royaume du Costalonne pour inciter le roi Leandro à venir au mariage de Maelly et Jorge. On lui fera miroiter un important pacte économique, des échanges de travailleurs.

La gaffe

Stevan, impulsif, violent, tête brûlée, ne peut contenir ses pulsions, surtout quand il a bu. Au cours d’une réception, il viole la princesse Rafaëla. Les jumeaux réussissent à prendre la fuite. Le geste aura des conséquences. Bastian II tente par tous les moyens de protéger son fils et Leandro ne peut laisser le viol de sa fille impuni. La paix, oui, mais à quel prix?
Le mariage aura lieu malgré les tensions, la révolution qui prend de l’ampleur et la guerre qui menace d’éclater d’un moment à l’autre.
Stevan est chargé de mâter les révoltés, mais il n’écoute personne et surtout, il est d’une brutalité à faire frémir. Loïc continue de prêcher la révolution et Leandro se résout à partir en guerre contre son voisin Bastian II.
Le tout se termine avec l’arrivée des navires de guerre du Costalonne dans le port de Jora. J’en ai presque voulu à l’auteur de me laisser comme ça devant un moment crucial de cette aventure. Loïc va-t-il remporter la victoire? Je devrai ronger mon frein et prendre mon mal en patience.
Yves Dupéré s’est fait connaître par trois romans historiques qui plongeaient le lecteur dans des moments cruciaux de la présence française en Amérique. Soit la Conquête, la révolte de 1837 et la période de la révolution américaine qui a fait rêver au Québec et au Canada.

«Le choc des couronnes» d’Yves Dupéré est paru chez Hurtubise.

mercredi 22 juillet 2009

Yves Dupéré écrit un thriller historique

Yves Dupéré signe un troisième roman qui nous plonge dans la période qui précède la déclaration d’indépendance des États-Unis en 1783. «Un vent de révolte» est certainement le meilleur roman historique que j’ai lu depuis longtemps.
L’auteur nous transporte à Philadelphie, Paris, Québec, Montréal, Boston, Nantes et Versailles. Des bonds dans l’espace qui oscillent entre avril 1775 et septembre 1783, le temps de suivre des personnages réels et imaginaires qui décident de l’aventure américaine. Les Bostonnais ne décolèrent pas devant les mesures imposées, par le roi Georges III d’Angleterre, qui étouffent les ambitions commerciales de la colonie. Plusieurs escarmouches éclatent ici et là, dont le «Boston Tea Party».
«Dès que la nouvelle arrive en Amérique, l’indignation est générale chez les commerçants qui encouragent le boycott du thé. Des bateaux de la Compagnie des Indes orientales chargés de thé se rendent dans différents ports coloniaux. À New York, les navires sont obligés de faire demi-tour en raison de l’hostilité de la population. À Boston, cinquante hommes déguisés en Amérindiens se glissent à l’intérieur de trois bateaux dans la nuit du 16 décembre 1773 et jettent par-dessus bord trois cent quarante caisses de thé. C’est le Boston Tea Party.» (p.14)
Les révoltés entendent bien voler de leurs propres ailes malgré les embûches et la répression. L’affrontement armé devient inévitable.

Défaite de 1760

Pendant ce temps au Canada, nul n’a oublié la défaite de 1760. Plusieurs sont retournés en France plutôt que de subir le joug anglais. La famille de François Hébert de Courvais, les héros de «Quand tombe le lys», a vécu la fin du régime français et été durement éprouvée. Alexandre, le frère de François, est mort en héros sur les plaines d’Abraham. Sa sœur Catherine a été violée et tuée par les habits rouges. Jean et Alice étaient des enfants lors de ces événements.
Jean voit dans la révolution américaine une chance de refaire sa vie. Criblé de dettes, il doit fuir la France. Alice travaille comme espionne à Philadelphie, usant de ses charmes pour connaître les décisions du Congrès et les intentions des rebelles.
«Comme espionne du roi, elle avait misé énormément sur ces atouts afin de s’élever et enfin devenir l’un des meilleurs agents de Louis XVI. Par sa beauté, sa grâce et son charisme, elle avait réussi à ensorceler plusieurs hommes. Henry, un médecin de Philadelphie et espion pour le compte de l’Angleterre, était le dernier de sa liste et il venait de payer le prix de ses manœuvres.» (p.20)
Plusieurs francophones du Canada voient dans le soulèvement des Américains la chance de prendre leur revanche et de bouter l’Anglais hors du pays, même si le clergé et la petite bourgeoisie restent fidèles à la couronne britannique. Une première invasion des Américains en décembre 1775 échoue. Les Canadiens sont déçus par l’attitude hautaine et méprisante des envahisseurs. Ils ne laissent guère de bons souvenirs dans la population de Montréal et une seconde tentative reste à l’état de rumeur.
Alice et Jean vivent le grand rêve de conquérir le Canada pour affaiblir l’Angleterre et rétablir l’hégémonie de la France. Ils deviennent les yeux et les oreilles de Louis XVI et du général Washington dans la colonie du Nord. Dans la clandestinité, ils subissent la répression impitoyable du colonel Stephen Downer, un tortionnaire. Ils risquent leur vie pendant que le roi de France ne joue pas franc jeu, n’ayant nullement l’intention de reconquérir le Canada. La fin du roman est particulièrement émouvante.

Un thriller

Yves Dupéré fait intervenir des personnages comme Georges Washington ou Benjamin Franklin avec justesse. Des intrigues amoureuses, des trahisons et des rebondissements inattendus tiennent le lecteur en haleine. Il ne peut que s’attacher à Alice et Jean, des héros modernes et fascinants.
L’écriture sans artifices va droit au but cette fois. Un véritable thriller. Une belle manière de présenter une période trouble de ce passé dont on ne parle guère dans les institutions scolaires.

«Un vent de révolte» d’Yves Dupéré est publié aux Éditions JCL.

mercredi 5 juillet 2006

Yves Dupéré plonge dans la révolte des Patriotes

«Quand tombe le lys», le premier roman d’Yves Dupéré, nous faisait revivre les derniers moments de la Nouvelle-France. Ce citoyen de Jonquière était tout heureux de m’annoncer la parution de son second roman quand je l’ai croisé lors de l’une de mes promenades le long de la rivière aux Sables. J’ai un peu sursauté. Son premier roman est sorti fin 2004.
Cette fois, il entraîne le lecteur dans la révolte des Patriotes de 1837 dans «Les derniers insurgés». Un bon nombre de citoyens voulaient faire du Québec un pays libre et francophone. Louis Cardinal devient le coeur de cette brique de 400 pages avec son ennemi Benjamin Landry. On croirait retrouver Méo et son voisin Landry qui se heurtent tout au long de «Mistouk» de Gérard Bouchard.
Louis épouse la cause des Patriotes et Benjamin collabore avec les Loyalistes. Ils se haïssent, se défient et s’humilient à la moindre occasion. Il y a aussi Roxane, l’amie d’enfance, la fille du seigneur Archambault qui a grandi dans la meilleure société de Londres. Au retour de la famille dans la colonie, l’amour éclate même si tout la sépare de Louis. La bourgeoise et le cultivateur.
«La pauvreté lui donnait des frissons dans le dos. Elle détestait voir des êtres humains à la recherche constante de moyens pour vivre honorablement. Elle ne pouvait se faire à l’idée qu’un homme, une femme ou un enfant soit privé de repas chauds, d’un toit pour dormir et de vêtements pour passer à travers le dur hiver canadien,» (p.143)
Roxane a ramené un fiancé, un militaire qui sert dans l’armée de Colborne qui réprime le soulèvement. Le bon et le méchant, la belle et séduisante jeune fille, la guerre et l’appel de la liberté. Tous les éléments sont là pour faire un bon roman.

Période méconnue

Surtout que cette période de notre histoire est méconnue. Tout le monde connaît les Patriotes sans trop savoir les raisons de leur révolte. Dupéré présente les grands acteurs de cette période trouble. Nelson, Lorimier, Papineau qui n’a guère le beau rôle et plusieurs autres.
Toujours bien documenté, Dupéré est capable de décrire des scènes guerrières de façon saisissante. C’était la grande force de son premier ouvrage.
Encore une fois le portrait de société est fort intéressant. Les bourgeois et les seigneurs collaborent avec les Anglais et ne pensent qu’à s’enrichir. Ils méprisent les paysans qui étouffent sous les contraintes et sont souvent plus fanatiques que les Anglais.
L’historien avait un peu tendance à s’étendre dans son premier ouvrage, mais cela ne gâchait pas la lecture. On ne peut qu’exiger plus d’un second ouvrage. Après tout, le romancier a eu le temps de corriger certaines lacunes et de pousser plus loin son écriture.
S’il avait su éviter ce piège dans le premier roman, il sombre corps et âme dans «Les derniers insurgés», s’entête à vouloir tout dire, tout décrire et ne laisse aucun espace au lecteur. Et quand il s’aventure dans les scènes intimes et amoureuses, il s’enlise. «Avec un charmant sourire au visage, baissa les yeux vers le sol; durant son discours, il parlait avec éloquence, Le maquillage sur son visage; Roxane avait posé sa tête sur le torse imberbe de Matthew, Et se pencha à sa hauteur, Après une brève pause de quelques secondes.»
Il aurait fallu tailler dans cette masse brute. On sent que l’auteur a voulu gonfler son ouvrage. Les descriptions des combats et des affrontements guerriers sauvent ce roman du naufrage. Le dernier tiers surtout! Une bonne centaine de pages en trop. Dommage!
Je veux bien croire qu’il a publié trop rapidement, mais le romancier devra apprendre la sobriété à l’historien, suggérer plutôt que de s’acharner à décrire les chaises, les meubles, les vêtements, les maisons dans le moindre détail. Éviter aussi les évidences qui pullulent tout au long des chapitres.
Il ne faut pas oublier que le roman historique, malgré la matière, reste un ouvrage littéraire qui doit être porté par la qualité de l’écriture. À lire pour le contenu historique.

«Les derniers insurgés» d’Yves Dupéré a été publié aux Éditions HMH Hurtubise.

dimanche 4 avril 2004

Yves Dupéré visite la Nouvelle-France

Yves Dupéré, historien né à Jonquière, lance un roman qui plonge le lecteur dans les années qui précèdent la chute de la Nouvelle-France. Il couvre les années allant du 21 juin 1752 au 18 octobre 1760. Un auteur précis comme un horloger.
Huit ans qui font connaître la gloire de cette Nouvelle-France qui n’hésite pas à porter la guerre chez les Anglais de l’Ohio avec une audace qui effarouche les plus braves. Le roman se termine par la défaite et la capitulation des armées françaises en Amérique après la prise de Québec.
C’est surtout l’histoire d’une famille, celle de Jean Hébert de Courvais. Le père major de l’armée française et ses deux fils, François et Alexandre, militaires aux méthodes bien différentes ainsi que Catherine et Anne. Une famille qui incarne cette Nouvelle-France qui devra s’incliner devant les forces anglaises. Yves Dupéré mêle les personnages historiques, Montcalm, Bigot à des êtres de fictions qui sonnent juste.
«Le ton des deux jeunes hommes était courtois, sans plus. Non seulement François était-il le préféré de son père, mais il était celui qui lui ressemblait le plus physiquement. Ses larges épaules et sa mâchoire carrée annonçaient une certaine rigueur. De plus, l’éclat de ses yeux bleus révélait tout l’ascendant que François avait sur qui le côtoyait. Ses cheveux bruns étaient remontés vers l’arrière et descendaient jusqu’à la nuque, comme ceux de Jean, durant sa jeunesse.» (p.75)
«Quand tombe le lys» fait revivre avec précision ces années où les Canadiens, ces Français nés en Canada, sillonnent l’Amérique, sèment la terreur, se battent, commercent avec les Indiens quand ils ne vivent pas comme eux. À Québec on retrouve l’aristocratie française qui tente d’imposer ses manières et ses façons de faire. Entre les deux, les marchands et la noblesse ne reculent devant rien pour s’enrichir.

Belle réussite


Yves Dupéré réussit ce premier envol romanesque malgré la surabondance des descriptions un peu maniaques des robes, des maisons et des armes qui ralentissent l’action. Cette écriture a au moins le mérite de nous «montrer» les lieux et les manières des personnages. Rien qui n’empêche d’apprécier cette histoire passionnante pourtant. Surtout quand nous suivons Alexandre dans ses amours. Et l’attirance particulière qu’il éprouve pour sa sœur Catherine n’est pas sans troubler.
«Malgré tout, certains d’entre eux passèrent sous les lames tranchantes des tomahawks. Quelques soldats anglais tentèrent de leur échapper, mais les Amérindiens les poursuivirent et les scalpèrent sous les yeux ébahis des Français. Des officiers canadiens, François en tête, réussirent à contrôler la fureur de leurs alliés iroquois. Les officiers et les soldats français virent pour la première fois le sort réservé aux vaincus par les Amérindiens. Plusieurs en furent outrés.» (p.191)
Une fresque oubliée avec l’abandon de l’enseignement de l’histoire. De l’action et des machinations qui tiennent le lecteur en haleine jusqu’à la fin. Des scènes torrides, des grandes batailles et aussi des trahisons qui mèneront au départ de la famille Hébert de Courvais pour la France après la défaite.
Ce qui étonne, c’est la liberté de mœurs des habitants de la Nouvelle-France, le libertinage pratiqué dans la colonie et le peu de place que le romancier donne au clergé.
Un bon roman appuyé sur une foule de faits historiques et des personnages attachants. Yves Dupéré a réussi son premier roman.

«Quand tombe le lys» d’Yves Dupéré est publié aux Éditions Hurtubise. 
http://www.editionshurtubise.com/auteur/799.html