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mercredi 18 décembre 2024

SÉGUIN SUIT LES TRACES D’OZIAS LEDUC

QUEL BONHEUR de lire le récit de Marc Séguin, qui s’aventure dans l’œuvre d’un peintre un peu oublié maintenant, même s’il a été une figure fort respectée de son époque! Ozias Leduc (1864-1955) a consacré l’essentiel de son talent et de ses énergies à «habiller» plusieurs églises du Québec. Marc Séguin, dans Madeleine et moi, nous entraîne dans certains lieux sacrés, ce qui n’est pas une mince tâche, puisque les endroits de cultes sont à peu près inaccessibles de nos jours et qu’il faut des rendez-vous pour les visiter; pour contempler des tableaux qui vieillissent dans l’indifférence et une certaine négligence. De grandes fresques qui créent une atmosphère unique et témoignent d’une époque révolue. Séguin aime ce peintre qu’il considère comme un maître, surtout une toile intitulée Madeleine repentante que Leduc a gardée toute sa vie dans son atelier de Saint-Hilaire, refusant de la vendre malgré des demandes pressantes, on s’en doute.

 

Marc Séguin est peintre, fermier et aussi écrivain. Il connaît un beau succès et on peut le surprendre de temps en temps à la télévision, juste assez pour qu’il soit pertinent et agréable à entendre. Il exprime, dans Madeleine et moi, toute son admiration pour Ozias Leduc, celui que l’on nommait «le sage de Saint-Hilaire». Un enthousiasme pour son œuvre et certains tableaux. 

Labour d’automne l’a ébloui lorsqu’il a découvert cette toile, un véritable coup de foudre, un choc qui le touche dans ce qu’il a de plus intime et certainement dans ce qu’il veut atteindre quand il se retrouve devant son chevalet et qu’il tente d’explorer son monde. Peut-être aussi qu’au-delà du temps et des époques, deux âmes se rencontrent et s’interpellent. 

 

«Le titre de l’œuvre ne m’est apparu que plus tard, presque par hasard en croisant l’œuvre une seconde fois en sortant de la salle. L’artiste qui avait peint ce tableau, hors de tout doute, dominait d’une tête les autres : Ozias Leduc, L’œuvre : Labour d’automne. Le seul vrai ciel d’automne d’ici que j’aie vu en peinture.» (p.7)

 

Ce tableau réalisé en 1901 montre un champ qui débouche sur une route de campagne, des maisons qui ferment l’espace à gauche et à droite, avec un lac ou une rivière devant, une sorte de tremplin vers le ciel qui occupe la moitié de la toile. Un ciel d’une transparence unique, comme si l’eau s’y était répandue et transportait les petits nuages qui filent en se défaisant. Une légèreté qui s’oppose à la lourdeur des labours en premier plan, d’une terre retournée et recroquevillée dans l’arrêt de l’automne. À peine si on distingue les sillons dans la grisaille, ainsi que l’équipage de chevaux qui traîne la charrue le long de ces magnifiques clôtures de perches qui ont disparu depuis longtemps. Une masse sombre où l’on devine plus que l’on ne peut voir. 

Le point de vue du peintre est aussi fort intrigant. Il se situe en surplomb comme s’il était juché tout en haut d’un arbre et qu’il survolait pour ainsi dire le paysage. Nous flottons sur cette campagne dans une sorte d’apesanteur et de paix, un glissement sur un lieu où les tourbillons de la vie se sont arrêtés. Une formidable attente qui nous fait dériver vers ce ciel qui avale la lumière et laisse prévoir les avancées de l’hiver. Un tableau exceptionnel. 

 

DÉCLIC

 

Le déclic s’est fait à ce moment-là, devant cette œuvre. Séguin partira à la recherche des tableaux d’Ozias Leduc qu’il veut découvrir et analyser, pour comprendre sa manière de travailler, son univers et ce qu’il a apporté dans la représentation de scènes religieuses que l’on regarde avec un certain dédain de nos jours. Un peintre réaliste, du moins en apparence, et que l’art contemporain a fait oublier ou éclipser malgré son originalité et sa façon de prendre ses distances d’avec les dogmes de l’église. 

 

ÉPIPHANIE

 

Marc Séguin vivra un moment d’une pareille intensité en se retrouvant un autre tableau de Leduc : Madeleine repentante. Une femme que l’on surprend de trois quarts, pas tout à fait directement. Ses épaules et le dos sont nus. La lumière surgit de la gauche, se pose sur elle. Agenouillée, près d’un mobilier bas ou une tablette, difficile de voir. Elle est prosternée devant une bible et au fond, comme s’il houspillait la pénitente, un crâne humain avec de grands yeux évidés et brillants. Son bras gauche est allongé sur le meuble où elle appuie son front, affaissée, n’en pouvant plus de sa vie. Ses cheveux sont remontés en chignon serré et c’est à peine si on distingue son visage. La repentante est douleur, regrets et refuse peut-être de continuer à être vivante, que ce corps trop invitant, fait pour la douceur et la tendresse, l’amour et le bonheur. Le dos capte la lumière qui entre dans la grotte, suggérant peut-être une clarté divine que l’on retrouve souvent dans l’iconographie religieuse. Mais, c’est plus ici. La vie caresse ce dos nu, cette peau, cette chair qui respire et frémit sous le toucher. C’est magnifique, cette lueur qui devient palpable, sur l’épiderme de cette femme qui attise les regards et les désirs. 

 

«À la suite de l’épisode du Labour d’automne au Musée national, en fouinant pour des recherches, je suis tombé sur une reproduction en ligne de Madeleine repentante. Une œuvre d’Ozias Leduc datée de 1899. Un véritable coup de foudre comme il en arrive peu au cours d’une vie, même en reproduction pixelisée sur l’écran.» (p.29)

 

Ce sera le début d’une quête pour Marc Séguin, où il tente de comprendre le travail du maître, s’attardant souvent devant ce tableau qui reste marginal dans sa production. Il essaie de retrouver les gestes du peintre et cette vibration que l’on sent dans ses œuvres. 

 

«C’est sommairement une femme penchée, au dos à moitié dénudé, assise sur le sol dans une grotte et priant, ou en réflexion, devant un crâne et une bible, dans une ambiance de clair-obscur dramatique.» (p.29)

 

Les objets qui entourent Madeleine ne sont pas le fruit du hasard. Le crâne humain et la bible. La mort et l’envie d’un bonheur dans une autre vie peut-être, la foi ou une révélation qui permet de triompher des pulsions charnelles, comme le promettent la plupart des croyances. Une femme qui n’en peut plus, qui souhaite peut-être un rachat ou un grand pardon qui la fera renaître dans une autre existence. Et pourquoi cette grotte? J’ai songé au tombeau du Christ. Il y aurait séjourné très peu avant de retourner à sa vie divine. Un espoir de métamorphose peut-être dans l’esprit de Leduc.

 

BASCULE

 

Marc Séguin décide de peindre sa Madeleine et tente de trouver cet instant où la vie bascule et frémit. Il en fera vingt-trois. Des femmes que l’on voit de dos ou de biais qu’il reproduit à la toute fin de son récit. Il en choisira une, la plus réussie, selon moi, et l’une de ses préférées, pour illustrer la page couverture de son livre. Celle où il a l’impression de s’être approché de ce moment intense de vérité que l’on surprend chez Ozias Leduc. Comme s’il avait soufflé dans le cou de son idole. Une belle façon de rendre hommage à ce peintre et de tenter de montrer sa vision du monde. 

Il visitera aussi cinq églises en compagnie d’un spécialiste de l’œuvre de Leduc : Laurier Lacroix. Un homme qui a consacré une grande partie de sa vie à étudier le travail du maître et à le mettre en valeur. Séguin ne pouvait avoir un meilleur guide pour approcher le «sage de Saint-Hilaire». Sans oublier les artistes connus qui ont fréquenté et collaboré avec Leduc, soit Paul-Émile Borduas, entre autres. 

Nous les suivons dans des églises délaissées pour regarder les œuvres les plus importantes de monsieur Leduc. Des représentations religieuses, bien sûr, l’église lui commandait ce travail, mais aussi une vision moderne qu’il parvenait à glisser dans ses fresques, ce qui en fait des réalisations tout à fait uniques et originales. Leduc se permettait certaines abstractions, ce qui était fort audacieux. 

 

«Et ce fait étonne, car la peinture a beaucoup perdu de lumière au profit d’un discours où l’œuvre-objet doit être justifiée et expliquée par une démarche intellectuelle calquée sur un système d’enseignement institutionnel.» (p.94)

 

Un récit captivant que Madeleine et moi, où nous accompagnons Marc Séguin dans ses tentatives et ses recherches. Comme si nous étions derrière lui et que nous avions la chance de surprendre ses gestes quand il travaille. L’écriture précise de Marc Séguin nous permet de revivre tout ça.

Tout au long de ce récit, nous suivons l’artiste dans ses réflexions et ses hésitations face à ses multiples représentations de Madeleine. Nous partageons ses insatisfactions, ses tentatives et ses approches pour saisir ce qu’il imagine dans sa tête. Il y a toujours une marge parfois infranchissable entre une image que l’on veut cerner et la réalité. C’est vrai en fiction et en littérature, comme ce l’est devant une toile ou un projet que le peintre n’arrive pas à ce qu’il souhaite avec son pinceau et ses couleurs. 

Ce récit m’a captivé, et plus encore, il permet de comprendre les doutes et les hésitations devant un tableau que Séguin a le courage de rejeter. Les vingt-trois Madeleine montrent un processus de création et surtout une recherche formelle qui fait découvrir quelque chose de concret qui correspond à ce que l’artiste désire. C’est surtout une formidable manière de présenter Ozias Leduc et de faire revivre ce maître qui a laissé une œuvre imposante et unique.

 

SÉGUIN MARC : Madeleine et moi, Éditions Leméac, Montréal, 120 pages. 

https://www.lemeac.com/livres/madeleine-et-moi/

vendredi 15 janvier 2021

L’ÉTRANGE VIE DE JENNY SAURO

IL ÉTAIT TEMPS QUE JE DÉCOUVRE MARC SÉGUIN, un écrivain qui a publié cinq ouvrages depuis 2009. Je connaissais son nom, bien sûr, mais gardais une certaine distance. Je réagis toujours ainsi avec les auteurs qui font les manchettes. Je sais, c’est un réflexe un peu étrange, mais c’est comme ça. Je résiste parce que j’ai peur d’être déçu. Avec Jenny Sauro, son dernier titre, je rencontre un écrivain, un vrai et je me promets d’aller fureter dans ses autres publications, pour me faire une idée de l’univers qui habite cet homme à la fois peintre et cinéaste. Comme quoi on peut tout faire et bien le faire. C’est rassurant. Il s’occupe même de la page couverture de ses livres, du moins pour cet ouvrage, réalisant un tableau, huile et fusain sur toile, d’une femme vue de dos, Jenny dans toute sa splendeur et son élan de vie.  

 

Jenny Sauro, mère d’un enfant de six ans, s’enfonce dans les eaux du lac des Onze Milles, tout juste devant sa maison en sauvant son fils. Les glaces se sont brisées sous son poids et le jeune garçon est rescapé de justesse. On peut dire que le roman commence mal parce que le personnage principal disparaît dès les premières lignes. L’incipit va droit au but, comme une flèche qui atteint la cible : «Jenny Sauro est morte noyée le 29 décembre.» Tout est dit, mais il y a les pages qui suivent. 

En apprivoisant le livre, quelque chose a retenu mon attention. Le roman est dédicacé à Jenny S. Est-ce l’héroïne de cette fiction ou une vraie vivante? Peut-on s’adresser ainsi à un personnage? Autant de questions qui demeureront sans réponses. Ça reste un gros point d’interrogation pour moi qui examine la page couverture, les citations, les références avant de me lancer dans l’histoire. Cette question m’a intrigué et peut-être que ce n’est pas plus important que ça. Je me méfie un peu des facéties des écrivains qui aiment parfois multiplier les fausses pistes ou qui n’osent pas ouvrir la porte quand c’est le temps de tout nous raconter. Certains sont comme les pêcheurs à la ligne et savent nous appâter. Ce qui compte, c’est de mordre dans le texte. 

 

NOYADE

 

Policiers et plongeurs arrivent et toute la population de North Nation retient son souffle. On cherche le corps. Le drame frappe de plein fouet tous les citoyens. Jenny était aimée de tous, d’autant plus que c’était la plus belle femme du coin et qu’elle attirait les regards de tous les hommes.

 

Jenny Sauro était serveuse au restaurant du village depuis qu’elle était revenue vivre à North presque sept ans auparavant. Elle travaillait six jours sur sept. Son quart commençait à 5 heures le matin, mais elle arrivait à 4 heures 30 afin d’allumer la cafetière et la plaque chauffante pour les œufs. Chez Marie, ça s’appelait. La patronne était une amie d’enfance d’Émile Sauro. (p.13)

 

Ça m’a fait un pincement au cœur. Il y a un an presque, des touristes français s’enfonçaient sous les glaces du lac Saint-Jean, à l’embouchure de la Grande Décharge, lors d’une excursion en motoneiges. Tout juste devant notre maison. Pendant des jours, nous avons attendu, surveillant les va-et-vient des policiers et des plongeurs, le passage des hélicoptères et même l’écrasement de l’un des appareils sur l’île Beemer, tout près. Un drame, une chose impossible, incroyable qui a paralysé tout le secteur et attiré bien des curieux. Les recherches ont duré pendant des semaines et le point culminant est arrivé quand les secouristes ont sorti les motoneiges de l’eau. Je n’avais jamais rien vu de tel. Des motoneiges volantes, accrochées à un hélicoptère qui approchaient lentement. 

Et nous avons encore tourné en rond en espérant que le dernier corps qui dérivait quelque part dans la Grande Décharge serait repêché pour passer à autre chose. L’impression surtout d’être totalement impuissant devant un tel drame. 

Les plongeurs ne retrouvent pas Jenny qui a été emportée par les courants et aspirée par une fosse. Il faudra attendre au printemps, quand les noyés remontent à la surface. 

Son fils Arthur et son père Émile doivent se faire une raison. Jenny est morte et ils doivent apprendre à vivre sans elle, à faire leur deuil. La vie continue toujours même en claudiquant, même quand elle va tout croche. 

 

Il avait écouté, sans poser de questions. Puis il avait insisté, peu importe si on trouvait son corps ou pas, pour qu’il y ait une cérémonie commémorative avant qu’on oublie sa fille. Émile, depuis le départ de Mireille, savait qu’on finit par oublier les morts. Pas complètement, mais plus le temps passe et plus les morts s’éloignent de la mémoire des vivants. Tous les gestes qu’on a partagés avec eux et que l’on fait dorénavant seul induisent cette distance. L’église serait pleine à craquer ce 19 avril. (p.69)

 

Il faut une occasion, une rencontre pour faire ses adieux à Jenny. Un dernier signe, une parole, une phrase, une larme pour enfin penser à autre chose, pour se délester du poids de cette disparition. Arthur et Émile ont besoin de ce rituel pour se concentrer sur le moment présent, se retrouver peu à peu à l’aise dans leur quotidien.

Le roman pourrait être l’histoire d’un deuil, d’un chapelet de souvenirs et ce serait parfait. Jenny avait 36 ans et commençait à prendre le dessus sur sa vie, c’est du moins ce que je découvre en suivant les grandes spirales que trace l’écrivain pour nous rapprocher de cette femme, du village, de son enfance, de la réserve indienne, de ses passions éphémères, son don pour le hockey et son exil à Montréal pour des études. Marc Séguin possède cet art subtil de pouvoir décrire simplement les choses, de sentir les gestes et les émotions des gens, de les présenter avec une précision chirurgicale, comme s’il tenait un pinceau étroit et qu’il y allait de petites touches rapides. C’est fascinant cette manière de montrer la nature qui se moule doucement aux changements des saisons et aux occupations des humains.

 

MIRACLE

 

Je ne m’attendais pas à un coup de théâtre parce que dans les deux tiers de son roman, Séguin se colle à la nature, aux gestes quotidiens des hommes et des femmes qui tentent d’oublier et de respirer après ce terrible drame. Jenny est retrouvée à la fonte des glaces. Elle est vivante. Les plus grands spécialistes ne peuvent expliquer ce phénomène. Les gens ne savent plus comment réagir devant la miraculée qui attire tous les curieux et les médias. Elle a connu la mort et tous voudraient bien lui poser certaines questions, pour se rassurer peut-être sur ce moment inévitable que l’on repousse le plus loin possible, du moins dans nos têtes.

 

Pour North, c’était différent; on devait réapprendre à vivre avec une femme à qui on avait fait des déclarations parce qu’elle était morte. Avait dès lors commencé le lent et difficile apprivoisement de ces aveux à sens unique; ceux qui ne se disent qu’une seule fois, et qui ne sont jamais entendus par l’intéressé. Et qui devaient être assumés. Saurait-on maintenant l’aimer tel qu’on l’avait prétendu? (p.254)

 

Un roman qui m’a fait réfléchir à la vie, la mort, le deuil, les sentiments que l’on a envers ses proches et que l’on garde la plupart du temps pour soi, les regards qui parlent ou qui dissimulent nos désirs, tout ce que l’on retient bien au chaud au plus profond de soi. 

Un texte fascinant, tout près des jours et des saisons. La présence du soleil, la glace qui craque, une pousse verte qui sort d’une plate-bande avec les premières chaleurs du printemps, le passage des oiseaux migrateurs, le travail dans le potager, les légumes que l’on ramasse et goûte en fermant les yeux. Séguin nous imprègne des saisons, de ces moments où j’ai souvent l’impression que tout s’arrête et que je dois juste être là pour respirer et être dans toutes les dimensions de mon corps. Marc Séguin touche son lecteur dans les frémissements du jour sans jamais l’égarer. Il possède certainement le don de regarder autour de lui, de profiter de la nature avec les siens, d’être particulièrement attentif aux changements qui marquent toutes les existences qui ne vont jamais en ligne droite. 

Un texte magnifique qui m’a souvent fait m’attarder à une description, un moment entre deux gestes pour prendre une grande respiration et me dire que j’étais bien vivant, tout là dans mon corps. C’est ça la magie de cet écrivain, son art de raconter et d’aborder les questions importantes sans pour autant formuler toutes les réponses. J’ai oublié rapidement la résurrection de Jenny pour goûter la vie en m’abandonnant au temps, à ce texte précis qui nous berce comme une «petite musique de nuit». Un vrai bonheur que de suivre Marc Séguin dans ce récit qui se moque un peu des balises familières.


SÉGUIN MARCJenny SauroÉDITIONS LEMÉAC, 282 pages, 28,95 $. 

http://www.lemeac.com/catalogue/1823-jenny-sauro.html