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mercredi 12 avril 2000

Un monde qui a le souffle un peu court

Jean-Paul Filion vient du monde de l'oralité et de la tradition du conte. Ah! ce monde d'avant la télévision où la parole faisait surgir le merveilleux et des personnages qui pouvaient tout dire et tout inventer. Jean-Paul Filion est demeuré fidèle au monde magique des conteurs et des menteurs.
Le hic, c'est qu'il est difficile maintenant de se laisser prendre par cette parole qui a un goût un peu suranné. Jean-Paul Filion, surtout dans «Les conteries de Jean-Bel», ne transcende pas cet univers et se laisse happer par le plaisir d'inventer des images. Jamais il ne se donne le souci de ramener son récit vers notre époque. Nous avons l'impression de fouiller dans un vieux coffre plein de boules à mites. Jamais non plus il ne concède à l'écriture, s'en tenant à l'oralité.  
Il y a bien quelques petites étincelles mais l'intérêt s'émousse très rapidement.
«Comme dev'nues paralysées, les mains de M'sieu Bach ont lâché l'piano. La bouche de M'sieu Bach s'est ouverte sans être capable de parler. Enfin, y m'a r'gardé dans le blanc des yeux. Comme j'me sentais drôlement crinqué pour faire valoir mon violonage à son meilleur, le grand artiste se r'pencha su' ses notes à lui et se mit à m'suivre, d'abord tranquillement, pis... de plus en plus vite, jusqu'à pouvoir r'joindre la frénésie d'mes doigts. Tous les deux, on a fini par s'envoyer un sourire d'enfant à travers les sons dansants, heureux de s'être rencontrés au bour d'la nuit.» (pp. 51 52)
Rencontres

La rencontre avec Jean-Sébastien Bach tourne court. Une belle occasion de ratée. C'est le problème de cette suite de contes qui surgissent comme des bulles mais ne vont nulle part.
Que dire de plus? Le monde magique de Jean-Paul Filion a les ailes roussies. Peut-être aussi que Jean-Bel est un peu fatigué malgré ses prétentions.
«La vie est une respiration qui sait pas s'fatiguer. Avec elle, en vrai migrateur, j'suis donc d'équerre pour toujours me r'commencer.» (p.108)
On voudrait bien y croire...
«Les conteries de Jean-Bel» de Jean-Paul Filion est paru aux Écrits des Hautes-Terres.