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jeudi 4 octobre 2007

Jacques Antonin raconte sa vie

Méchant risque que de raconter sa vie. Un jeu de la vérité qui peut choquer ou frustrer certaines personnes qui croyaient occuper une place de choix dans votre parcours. Cela peut aussi être magique. Pensons à Gabrielle Roy.

Jacques Antonin s’en sort plutôt bien. «Je me serai livré à cet exercice sans trop de bouleversements intérieurs. Moi qui appréhendais de revivre certains passages de ma vie m’ayant que trop peu laissé de bons souvenirs, ça doit être dû à l’âge, je les aurai traversés d’un trait de plume. Du bout des doigts. Et même si parfois j’y suis allé plus en profondeur que prévu, j’aurai réussi à m’épargner dans cette aventure.» (p.476)
Ce Bouchard, dont la famille a vécu à Métabetchouan au Lac-Saint-Jean, a connu un parcours singulier. Comme s’il avait roulé à 500 kilomètres heure pendant toute sa vie, multipliant les expériences, les spectacles, les voyages et les amours. Que de péripéties pour le petit «Bouchard-Ananias» qui a quitté son Lac avec quarante-deux cents en poche pour faire carrière, sans pour autant glaner fortune et gloire.

Difficile chemin

Interprète d’abord, il a glissé vers ses chansons, acquerrant à la dure le titre d’auteur, compositeur et interprète. Il a dit oui à toutes les aventures que la vie lui proposait, connu toutes les scènes de Québec et de Montréal, sans compter celles des régions où il ne refusait jamais de monter. Une sorte d’aventurier de la chanson, de kamikaze, autant dans sa vie personnelle que dans sa carrière. «Un gigoteux», aurait pu dire sa mère Antoinette.
Lire cette autobiographie, c’est vivre de l’intérieur un pan de la chanson populaire contemporaine, bondir dans les textes d’Antonin, le suivre à la trace autant au Québec qu’en France. Il raconte juste ce qu’il faut de sa vie privée sans se complaire dans ses misères.
Oui il a connu à peu près tout le monde, n’hésitant jamais à frapper aux portes et à foncer. «Un front de bœuf», comme il dit. Un homme «de gang», un rassembleur qui attire tout le monde et sait se faire aimer. Généreux, sensible, une vraie dynamo, il était toujours là pour les virées les plus folles ou pour donner un coup de main.

Ses héros

Il garde une tendresse particulière pour Félix Leclerc, son mentor, Léo Ferré, Clairette, Danielle Oderra, Monique Leyrac et Tex Lecors. La liste pourrait s’allonger. Il a connu tous ceux et celles qui tentaient de se faire une place dans ce monde souvent ingrat. Bien sûr, il y a eu des froissements. Il le dit avec franchise sans trop insister. «C’est rare, disait-il lors d’une rencontre au Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Je pense avoir acquis la reconnaissance de mes pairs. Ils aimaient ce que je faisais mais le public n’a jamais suivi.» Il constate simplement, sans rancœur, sans amertume.
Que peut-il se reprocher? Il a fait tout ce qui était humainement possible pour réussir. Il dira aussi avec un sourire qui le transforme: «J’ai tellement de beaux souvenirs. C’est formidable!» Le lecteur ne peut que se dire qu’il aurait mérité mieux parce qu’il y a mis toutes ses énergies, hypothéquant même sa santé.

Injustice

Les jeunes qui se lancent dans l’aventure de «Star Académie» et qui rêvent de gloire et de richesse devraient lire l’autobiographie de Jacques Antonin. Il recevrait une belle dose de réalisme.
Un texte touffu comme une talle de chiendent qui se perd parfois pour mieux se rattraper dans le détour. Le lecteur vit une véritable expédition dans le monde de la chanson québécoise des années soixante à nos jours. Et puis, juste le dernier chapitre où Antonin écrit ce qu’il pense de la chanson de maintenant et des vedettes que l’on «programme» comme des ordinateurs vaut le détour. Que c’est bien envoyer! Antonin est d’une franchise rare et il réussit à tout dire avec dignité et générosité. C’est tout à son honneur. Un livre émouvant et touchant, le parcours d’un homme qui n’a cessé de courir derrière «une inaccessible étoile».

«Mes valises, mes albums» de Jacques Antonin est publié aux Éditions SM.

jeudi 2 novembre 2006

«Un lac, un fjord, un fleuve» réalise un exploit

Un numéro du collectif
La publication de l’Association professionnelle des écrivains de la Sagamie-Côte-Nord, «Un lac, un fjord, un fleuve» existe depuis treize ans. Un véritable exploit pour ce collectif.
L’aventure débutait en 1994 et depuis, nombre d’écrivains ont exploré des «mythes et histoires personnelles», «la ville», «les voyages» et les «jardins secrets» en privilégiant la forme du texte plus ou moins bref. Certains ont participé à tous les numéros.
Cette année, les auteurs empruntaient la route de «l’essoufflement» comme pour répliquer à Lucien Bouchard qui avance que les Québécois ne travaillent pas assez. On pourrait bien se donner comme prochain thème: «Ces hommes qui parlent trop.»
Des invités prestigieux ont accompagné le noyau de la région au fil des ans. Songeons à Nancy Huston qui vient de remporter le prix Fémina, John Raslton Saul, Suzanne Jacob et Denise Desautels. Un spectacle s’est greffé rapidement à cette publication pour donner le «Festival Mots et Merveilles», une soirée de lectures et de musique. Il y a eu de grands moments avec Victor-Lévy Beaulieu, Aude, Marie-Sissi Labrèche, François Barcelo et quelques autres.
Publié aux Éditions JCL pendant une décennie, le collectif a fait un détour par «XYZ la revue de la nouvelle» en 2004 avant de trouver refuge aux Éditions SM de Céline Larouche et Yvon Leblond.

Dernier numéro

Les responsables lançaient le dernier numéro au Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean, fin septembre. Seize participants, dont les habitués Maurice Cadet, Gil Bluteau, Yvon Leblond et les derniers lauréats du prix Damase-Potvin.
Des textes qui ne sont pas d’un même calibre, mais il s’agit là du défi et de la difficulté d’une pareille entreprise. J’écrivais à peu près les mêmes propos l’an dernier. La «bonne nouvelle» n’est pas donnée à tout le monde.
À retenir de cette édition? Dany Tremblay qui plonge dans un univers de violence et de rupture, de fuites et de quête dans «En route». Reine-Aimée Côté qui signe là peut-être sa nouvelle la plus achevée et la plus percutante avec «Les marées d’octobre». La lauréate du prix Robert-Cliche en 2004 oscille entre les interdits qui cernent les enfants et une femme qui étouffe dans sa vie. Marjolaine Bouchard y va d’une miniature soignée et juste comme de la dentelle. Guy Lalancette s’amuse et multiplie un peu les effets quand Gil Bluteau, toujours pince-sans-rire, critique une société déconcertante qui n’en finit pas de titiller les écrivains. Maurice Cadet réussit encore une fois à déstabiliser avec son Haïti réel et mythique dans «Comme une mer qui se retire». Peut-on s’éloigner d’un pays où l’on a grandi et appris à être homme? Maurice Cadet visiblement n’a jamais su et il y retourne régulièrement.

Aventure

Pour le quinzième anniversaire, je croise les doigts et rêve d’un numéro spécial regroupant les meilleurs écrivains qui vivent dans la région et ailleurs au Québec. Un numéro qui cerne l’écriture du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Quel bonheur ce serait de retrouver Daniel Danis, Michel Marc Bouchard, Larry Tremblay, Gervais Gaudreault, Pierre-Michel Tremblay, Élisabeth Vonarburg, Marie-Christine Bernard, Hélène Pedneault, André Girard, Alain Gagnon, Nicole Houde, Gérard Bouchard et Hervé Bouchard sur un thème explorant l’appartenance. D’autres noms peuvent s’ajouter pour faire de ce numéro une référence et un véritable passeport.
L’entreprise cependant exige beaucoup d’énergie. Je sais de quoi il retourne pour, avec Alain Gagnon et Élisabeth Vonarburg, avoir dirigé ce collectif à de nombreuses reprises.
L’aventure aura aussi permis à Élisabeth Vonarburg de puiser dans ses textes pour publier «Vraies histoires fausses» aux éditions Vents d’Ouest en 2004. Je n’aurais jamais eu l’idée d’écrire «Les plus belles années» s’il n’y avait eu ce collectif en 1997. Je signais alors «Le baiser volé» qui devait donner le ton à mes récits d’enfance.
Ce dernier numéro se distingue par sa présentation qui ne risque guère de séduire les lecteurs. Dommage! Il existe d’excellents graphistes dans la région et il n’est pas interdit de demander de l’aide pour présenter une publication attrayante… Souhaitons que l’aventure continue parce que le projet est original et qu’il a joué un rôle de catalyseur chez nombres d’écrivains de la région.

«Un lac, un fjord, un fleuve» est publié aux Éditions SM. 

vendredi 7 octobre 2005

«Un lac, un fjord, un fleuve» continue sa route

«Un lac, un fjord, un fleuve» prend un nouvel élan. La onzième parution du collectif de l'Association professionnelle des écrivains de la Sagamie vient de paraître. Un douzième numéro en fait puisque l'an dernier, le collectif faisait l'objet d'un numéro spécifique de «XYZ, La revue de la nouvelle».
Le directeur de cette publication, Yvon Leblond, a demandé aux participants de se questionner sur le «Mensonge». Mensonge dans sa façon d'être, ses réflexions, sa sexualité, ses écrits, l'image que l'on a de soi ou de regarder l'autre. Seize écrivains ont répondu à l'appel.
Il est toujours fascinant de suivre les méandres que les auteurs empruntent quand on leur impose une contrainte. Certains ont toujours du mal à respecter la direction et ils effleurent le sujet, le traitent d'une manière symbolique ou du bout des doigts.  Que ce soit à la manière de Gil Bluteau qui élabore une vie paradisiaque dans la tête de son personnage, Maurice Cadet qui bouscule des tabous pour secouer la réalité ou Pierre Gobeil qui mesure la distance entre Liam, un auteur et l'écrivain Paul Villeneuve, tous jouent le jeu.
Bien sûr, certains textes manquent de tonus. C'est inévitable dans ce genre d'aventure mais, encore une fois, le mieux l'emporte sur les clichés. Marité Villeneuve est particulièrement émouvante dans «Un bouquet de mensonges».
«Le mensonge dans cette histoire est celui de mon silence, de mon incapacité de dire à la dame que ma nudité était un choix, que l'absence de pyjama était délibérée. C'est une malhonnêteté qui a changé ma vie pour toujours, une imposture aussi bien intentionnée que le geste de charité de ma visiteuse anonyme.» (p.20)
Voilà la duperie de Robert Dôle qui participe à ce collectif depuis plusieurs années et qui mélange l'autofiction à la nouvelle.
À noter que les responsables ont eu la bonne idée de joindre les textes des deux lauréates du prix littéraire Damase-Potvin, soit Audrey Lévesque avec «Vert de Chine» et Geneviève Tremblay «La femme d'à côté».

Hommage

Les  éditeurs, en guise d'hommage, ont regroupé six textes de Jean-Alain Tremblay qui a participé aux numéros antérieurs de cette publication. Des textes que l'auteur de «La grande chamaille» a écrit entre 1994 et 2004. Des nouvelles qui permettent de passer de l'enfance de l'écrivain né à Alma au dernier passage. «Souvenirs de Naudville» décrit le petit garçon face aux deux versants du monde, soit la ville anglophone des propriétaires de l'usine et le quartier des ouvriers où sa famille habite. Les mondes qui s'opposent dans «La nuit des Perséides», son roman la plus connu.
Au cours de ces dix années, l'écrivain est passé de son enfance à la nouvelle ultime, celle qu'il signait l'an dernier. «Les voies de Dieu», curieusement, nous plonge dans la mort.
«Aussi bien vous le dire tout de suite au cas où il vous viendrait l'idée de mourir: l'éclatante lumière au bout du tunnel n'est rien d'autre que le premier lampadaire de l'autoroute menant au paradis. Je le sais, je viens de m'y engager.» (p.153)
Un texte qui prend un sens différent avec son décès. Des nouvelles qui permettent de savourer l'élégance et l'écriture de Jean-Alain Tremblay. Une belle manière de saluer le président de l'Association professionnelle des écrivains de la Sagamie qui a eu la malencontreuse idée de partir trop jeune en juin dernier.

«Un lac, un fjord, un fleuve XI» Collectif de l'Association professionnelle des écrivains de la Sagamie est paru aux Éditions SM.