Nombre total de pages vues

Aucun message portant le libellé Éditions Somme toute. Afficher tous les messages
Aucun message portant le libellé Éditions Somme toute. Afficher tous les messages

jeudi 6 novembre 2025

SYLVAIN GAUDREAULT DESSINE L’AVENIR

LA PLANÈTE va plutôt mal. Multiplication des catastrophes comme le dernier ouragan Mélissa qui a ravagé la Jamaïque et les pays voisins. Feux de forêt impossible à contrôler, pluies diluviennes et épidémies d’insectes avec de terribles sécheresses. Que dire des canicules qui rendent les villes étouffantes? Tout le monde le vit, mais qui est prêt à changer ses habitudes? Nous savons ce qu’il faut faire pourtant. Comment expliquer alors qu’à peu près tous les élus abordent le sujet du bout des lèvres et répètent les mêmes rengaines à propos de la richesse et de l’économie, c’est-à-dire de continuer à polluer et à accélérer le réchauffement de la planète? Sylvain Gaudreault, ex-politicien et député de Jonquière, ministre dans le gouvernement Marois et chef du Parti québécois par intérim, directeur général du Cégep de Jonquière maintenant, mène une croisade depuis quelques années. Il publiait «Pragmatique» en 2021 et il récidive avec «Ruptures et révolution», un essai où il propose de renouveler nos façons de faire et de voir. Un changement de cap pour faire face aux bouleversements climatiques, ramener les pendules à l’heure en tenant compte de certains événements qui ont secoué le monde, soit l’épidémie de COVID-19 et les conflits armés. De véritables sonnettes d’alarme.

 

Sylvain Gaudreault, dans cet essai simple, clair et accessible, aborde les grands défis que représentent les changements climatiques. Impossible de fermer les yeux et de le nier : les catastrophes ne cessent de se multiplier et de détruire des villes et des pays entiers. Tout politicien conscient et responsable ne peut rester indifférent devant ces cataclysmes planétaires. Parce que, après tout, tout homme ou femme qui sont élus lors de scrutins libres a le devoir d’assurer la sécurité sur son territoire et l’avenir des jeunes générations. Alors, comment contrer la montée des intégrismes, la dévastation orchestrée de Gaza, la guerre en Ukraine et la croisade des dirigeants des États-Unis pour faire régresser l’humanité?

Sylvain Gaudreault met cartes sur table rapidement et nous indique sur quoi il va insister.

 

«J’ai retenu trois événements qui nous font réaliser que cette idée de liberté et d’insouciance, que cette ère des utopies, était bien superficielle :

    1. La crise climatique;

    2. La pandémie de COVID-19;

    3. Le retour des guerres en Ukraine et au Proche-Orient.

Nous pourrions en ajouter plusieurs autres. Je pense notamment aux attentats terroristes du 11 septembre 2001, à l’invasion des réseaux sociaux dans nos vies, à la révolution de l’intelligence artificielle, à la réélection de Donald Trump, à la fin de la domination occidentale sur les affaires du monde et à l’émergence de la Chine comme acteur de premier plan en ce domaine, etc.» (p.20)

 

«Rupture et révolution» propose une action qui se déploie sur trois grands axes : climat, pandémie qui a paralysé la planète pendant des mois et ces guerres de plus en plus violentes qui rendent la situation mondiale inquiétante. Personne ne peut demeurer indifférent devant ces conflits où des femmes, des enfants et des gens âgés crèvent sous les bombes ou encore n’arrivent plus à se nourrir. Des décisions difficiles et exigeantes s’imposent pour faire face aux dégâts de l’économie de marché et aux manœuvres des multinationales qui échappent à toutes les lois et qui accumulent des profits sans jamais payer leur juste part aux sociétés.

 

«Je crois que la période actuelle s’apparente à une crise dans laquelle le vieux monde se meurt et le nouveau qui le remplacera tarde à apparaître. Nous sommes dans la période transitoire, comme entre deux chaises, laissant place à l’incertitude et à la montée des leaders négatifs qui occupent le vide avant la prochaine période stable.» (p.24)

 

Autrement dit, faire en sorte de domestiquer l’économie pour qu’elle profite aux populations et non pas à quelques privilégiés, protéger l’environnement, remettre le «nous» à l’avant-scène et calmer la frénésie du «je» qui se livre au saccage et trouve, dans les médias sociaux, un canal parfait pour répandre la haine et la zizanie. Agir afin de ralentir le réchauffement de la planète et d’amoindrir les phénomènes climatiques et les catastrophes qui obligent des peuples à migrer dans des pays d’accueil qui deviennent de plus en plus hermétiques. Un travail titanesque, Sylvain Gaudreault en convient. 

 

TRANSITION

 

Les élus doivent planifier la transition entre une logistique de gaspillage et de consommation boulimique vers une économie responsable qui ne largue personne en chemin. Comment revoir l’exploitation des ressources naturelles, régénérer des régions dévastées, oublier les énergies fossiles pour des énergies propres, repenser l’agriculture industrielle qui tue les sols, la forêt surexploitée et ravagée par des feux incontrôlables, l’eau potable de plus en plus rare et réduire une pollution galopante? Autrement dit, il faut entreprendre une «vraie révolution», muter dans nos têtes et dans nos habitudes. 

Pour y arriver, Sylvain Gaudreault propose de reformater l’État-nation. C’est le seul organisme ou gouvernement qui peut répondre rapidement aux besoins d’une population sur un territoire précis. L’État-nation peut parvenir à éliminer la pauvreté et l’indigence, mieux redistribuer les richesses entre tous et rendre les services aux gens efficaces. Pour cela, il faut mettre un frein au capitalisme sauvage et domestiquer les multinationales qui pillent les ressources naturelles. Surtout ces prédateurs du numérique qui échappent à toutes les lois et toutes les obligations.

 

«L’administration publique québécoise n’est pas adaptée à l’urgence climatique. Les mesures gouvernementales sont encore très fragmentées, alors que l’action climatique commande des politiques transversales. Les ministères et les organismes publics sont comme les tuyaux d’un grand orgue : ils sont séparés l’un de l’autre et ne communiquent pas entre eux. Le climat, en revanche, a un impact sur l’environnement, bien sûr, mais aussi sur la santé, l’énergie, les transports, les ressources naturelles, les affaires municipales, les finances, l’économie, l’agriculture… L’action climatique exige de briser les tuyaux du grand orgue.» (p.53)

 

C’est un vaste programme qui nécessite une véritable mutation de nos façons de faire, de penser et d’agir. Un défi terrible! Quoi de plus emballant pourtant que de travailler à sauver notre planète et à assurer l’avenir de tous?

 

DEVOIR


Ce projet de Sylvain Gaudreault est devenu nécessaire avec les avertissements que la Terre nous sert depuis des décennies. Des mesures urgentes doivent être prises parce que les spécialistes le répètent : les humains jouent avec le feu depuis trop longtemps. Même qu’un environnementaliste comme David Suzuki croit qu’il est trop tard et que nous avons franchi la ligne du non-retour. 

Sylvain Gaudreault ne se tourne pas vers le passé. Il se concentre sur le présent pour atténuer les bouleversements à venir et assurer un meilleur partage des ressources.

La prudence et une pensée politique responsable, une vision globale qui repose sur les États-nations qui peuvent modifier le cours des événements? Et, faut-il le répéter, nous avons une seule planète où vivre et nous n’en trouverons pas d’autres où migrer. Le bon sens veut que nous fassions tout pour protéger notre demeure. 

 

TRAVAUX

 

De grands chantiers se dessinent dans l’esprit de Sylvain Gaudreault. Des questions doivent nous hanter. Comment accueillir les réfugiés climatiques de plus en plus nombreux au cours des années à venir; comment mettre fin aux guerres et aux génocides, aux folies meurtrières des fanatiques religieux et à la course aux armements? Étrange d’investir dans les bombes quand des populations entières ne mangent pas à leur faim. 

Tous, collectivement, nous avons ce devoir et cette obligation de réagir afin que l’avenir soit possible pour tous. Le temps de l’insouciance et de la consommation effrénée est terminé. Le temps de la responsabilité vient de sonner.

 

«L’être humain a une grande capacité d’adaptation. L’histoire universelle l’a démontré. La question réside davantage dans notre capacité à sortir de notre paradigme confortable pour saisir le contexte actuel — qui n’est pas que conjoncturel mais bien structurel — afin de changer notre mode de vie. Cela est tout un chantier, j’en conviens!» (p.115)

 

Voilà un manifeste que le Parti québécois devrait faire sien pour proposer un vrai projet de pays qui se tourne vers l’avenir et qui peut être un chef de file qui œuvre à rendre la planète plus habitable et juste pour tous. 

Un essai important, lucide, qui devrait nous faire réfléchir, surtout les leaders politiques qui se contentent trop souvent de ressasser des formules creuses ou de semer le chaos comme on le voit chez nos voisins du Sud. 

Après avoir rêvé les grands échanges internationaux, nous devons revenir au plus proche, à des territoires naturels où les populations se sentent responsables et concernées. C’est pourquoi l’indépendance du Québec trouve sa place dans les questionnements de Sylvain Gaudreault. Des états forts pour changer son espace et par ricochet le monde.

Un manifeste nécessaire, un programme politique ambitieux, une voix qu’il faut écouter dans la cacophonie médiatique où tous critiquent sans jamais fournir de solutions. Sylvain Gaudreault propose une révolution pour assurer l’avenir et certainement permettre la survie des humains. Si la planète peut continuer sans nous, les humains ne le peuvent pas. La Terre est notre seul lieu. 

 

SYLVAIN GAUDREAULT : «Rupture et révolution», Éditions Somme toute, Montréal, 2025, 136 pages, 19,95 $.

  https://editionssommetoute.com/auteur/sylvain-gaudreault/

mercredi 18 juin 2025

RIO TINTO : UNE ENTREPRISE INQUIÉTANTE

LA RÉGION du Saguenay-Lac-Saint-Jean entretient une relation un peu étrange avec Alcan, qui est devenue Rio Tinto en 2007 depuis son achat par la multinationale anglo-australienne. J’en sais quelque chose, car j’habite sur les rives du lac depuis plus d’une vingtaine d’années et j’ai participé à de nombreuses rencontres sur la gestion du niveau des eaux, en plus d’avoir assisté aux audiences du BAPE sur le renouvellement du décret d’exploitation. Lors de ces réunions, les résidents et les villégiateurs

ont toujours des reproches à faire à l’entreprise. La dégradation des berges est un grave problème pour les Jeannois. La surface du lac Saint-Jean depuis l’installation des barrages dans les années 1925 s’est agrandie de plus de 21 kilomètres carrés grâce à l’action des vagues et des forts vents d’automne. C’est peut-être aussi la région où il y a le plus d’associations de citoyens qui contestent, dénoncent et revendiquent des mesures qui concernent toute la population riveraine. Les auteurs Myriam Potvin et Jacques Dubuc (deux anciens employés cadres de l’entreprise) dans leur essai «L’exploitation de notre eau par Rio Tinto» démontrent le comment et le pourquoi de ces relations tendues. Rio Tinto écoute peu, profite de conditions très avantageuses et ne respecte pas ses engagements depuis des années.

 

Myriam Potvin et Jacques Dubuc amorcent leur ouvrage en signalant un fait déterminant. Rio Tinto détient un atout considérable sur ses compétiteurs au Québec. Tout ça parce que la multinationale a ses propres barrages et produit l’électricité dont elle a besoin pour fabriquer l’aluminium et que, de plus en plus, elle génère un surplus d’énergie qu’elle revend à Hydro-Québec, encaissant des bénéfices importants. L’entreprise, véritable état dans l’état, possède une longueur d’avance sur tous les concurrents qui œuvrent dans ce secteur.

 

«Selon les informations transmises par Rio Tinto Alcan aux analystes financiers au printemps 2003, la production de 1 kWh lui coûte 1,1 cent, ce qui inclut l’entretien, les redevances et les droits d’eau prescrits dans le bail de la Péribonka. L’amélioration de la productivité a permis de maintenir ce coût de production. Ce faible coût lui permet d’épargner plus de 500 millions $ par année et constitue un avantage très significatif sur ses concurrents.» (p.11)

 

Alcoa et Alouette en achetant l’électricité dont elles ont besoin à Hydro-Québec doivent payer un prix qui fluctue entre 3,2 cents et 5,6 cents le kWh. Une énorme différence. 

De même, les auteurs rappellent avec justesse l’ampleur de l’entreprise et son importance dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean. 

 

«Au fil des ans, dans un environnement économique variable et qui le demeure, Alcan/Rio Tinto a pu ériger au Saguenay–Lac-Saint-Jean un véritable empire, comme en fait foi le nombre de ses installations : 6 centrales hydroélectriques dans 2 bassins hydrographiques distincts; 884 km de lignes de transmission ainsi que 4 interconnexions avec Hydro-Québec; 4 alumineries complètes et une usine pilote de 60000 tonnes (phase 1) de l’aluminium AP60, 96 cuves supplémentaires en cours de construction; une usine d’affinage d’alumine; un port en eau profonde donnant accès à la mer; et un système ferroviaire de 142 km reliant ses installations.» (p.18)

 

Cette multinationale est en mesure de dicter ses volontés à une foule de petites compagnies de fournisseurs et d’équipementiers qui dépendent de ses activités au Saguenay-Lac-Saint-Jean. C’est surtout le principal employeur de la région, même si le nombre de salariés ne cesse de diminuer avec les changements technologiques. 

En 2006, l’entreprise employait 6450 hommes et femmes. En 2023, on parlait de 3835 travailleurs. Le nombre serait moindre, puisque Rio Tinto comptabilise comme étant ses employés les sous-traitants qui ne jouissent surtout pas des mêmes conditions de travail et des mêmes avantages sociaux. 

 

PUISSANCE

 

Cette multinationale contribue à fragiliser la situation économique du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Elle se permet de faire ce qu’elle veut sans soulever trop de vagues. C’est certainement pourquoi les élus font preuve d’une extrême prudence quand il s’agit de critiquer cette entreprise pour une décision ou un report d’un projet. Les syndicats et les associations citoyennes ont beau sonner l’alarme, on ne fait que semblant de les écouter. 

Le seul qui peut et devrait forcer Rio Tinto à respecter ses engagements est le gouvernement du Québec, qui lui a cédé le droit d’exploiter les cours d’eau de notre immense territoire tout en demeurant propriétaire des terres et de tout l’espace touché. Les élus peuvent réclamer des investissements et des retombées directes pour les entreprises de la région à l’occasion de la fin d’un décret. On a exigé une nouvelle usine et la réfection des barrages pour les rendre plus efficaces lors de l’échéance du dernier bail.

 

«Le 13 décembre 2006, à trois ans de la date limite de la réalisation de son programme d’investissement, alors qu’elle se voyait dans l’impossibilité de construire dans les délais la troisième usine prescrite dans le bail de la Péribonka, Alcan signait une nouvelle entente avec le gouvernement du Québec. Selon cette entente, Alcan s’engageait à investir, avant le 31 décembre 2015, une somme d’au moins 2,01 milliards $ (valeur 2006) dans l’ajout de 450000 tonnes de nouvelle capacité dans ses alumineries du Saguenay-Lac-Saint-Jean.» (p.51)

 

La région attend cet investissement depuis presque vingt ans. Pendant tout ce temps, Québec et les élus ont fermé les yeux. L’incroyable Pierre Fitzgibbon, comme ministre du gouvernement Legault, a répété à maintes reprises que l’entreprise respectait ses engagements, même si ce n’est pas le cas. Alors, la question se pose : pourquoi le gouvernement n’exige pas que cette multinationale n’honore pas ses engagements et les conventions qu’elle signe?

 

«Peut-être que cela explique la présence de 21 personnes de Rio Tinto identifiées au registre des lobbyistes de 4 lobbyistes enregistrés pour l’Association de l’aluminium du Canada.» (p.86)

 

Cela juste à Québec, bien sûr. Les auteurs ne mentionnent pas ce qu’il en est à Ottawa. Il y en aurait plus de 7000 dans la capitale fédérale de ces influenceurs. Ces gens ne sont pas là pour regarder le train passer comme on dit. 

 

SITUATION

 

Myriam Potvin et Jacques Dubuc détaillent les activités de l’entreprise avec une foule de chiffres et de tableaux qui nous rendent le tout très clair et compréhensible. En plus, nous apprenons, grâce à leurs recherches, que Rio Tinto paie très peu d’impôts, même si la grande partie de son aluminium est produite au Québec. Seulement 4,1 pour cent de ses impôts mondiaux se retrouvent dans les coffres du gouvernement et des municipalités.

Des constats troublants, des preuves irréfutables qui démontrent que cette société ne respecte pas ses engagements. C’est choquant pour employer un terme poli et c’est tout aussi inquiétant de voir le laisser-aller de nos élus face aux manœuvres dilatoires de cette multinationale. Surtout que le Saguenay-Lac-Saint-Jean est terriblement dépendant de cette compagnie.

L’essai de Myriam Potvin et de Jacques Dubuc explique certainement le mécontentement des citoyens du Lac-Saint-Jean devant la façon de l’entreprise de gérer le niveau des eaux du lac, le cailloutage des rives qui a causé d’énormes problèmes et des changements écologiques importants. Surtout en utilisant des matériaux qui n’ont rien à voir avec le sable des origines pour recharger les berges. Je pense surtout à la catastrophe de la sortie de la Belle rivière à Saint-Gédéon et des interventions qui ont modifié tout le système riverain à Saint-Henri-de-Taillon. Des secteurs vont disparaître bientôt sous les effets de l’érosion.

Un essai important, un livre de référence que tous les élus devraient avoir dans leurs dossiers quand ils rencontrent les représentants de cette multinationale pour le renouvellement des ententes. Un ouvrage très documenté, précis, qui illustre parfaitement une situation intolérable qui semble devenir une manière de faire et de se comporter dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean par Rio Tinto avec l’aval des responsables politiques.

 

POTVIN MYRIAM-DUBUC JACQUES : «L’exploitation de notre eau par Rio Tinto», Éditions Somme toute, Montréal, 136 pages, 21,95 $

 https://editionssommetoute.com/livre/exploitation-de-notre-eau-par-rio-tinto/

vendredi 21 février 2025

BOUCHARD ET SES VISIONS DU QUÉBEC

LE DEVOIR et Gérard Bouchard ont eu la bonne idée de regrouper cinquante-huit textes publiés dans ce journal depuis 2021 sur des sujets que l’actualité a imposés à l'enseigna et au chercheur que nous connaissons. Sans pour autant tourner le dos aux questions que Gérard Bouchard a explorées dans de nombreux ouvrages. Le mouvement patriote, autour des années 1835, la fameuse Grande noirceur, la Révolution tranquille, les mythes fondateurs, les États-Unis, l’interculturalisme, la langue française et sa fragilité, la poussée de l’indépendantisme, les immigrants et le vivre ensemble. L’histoire, bien sûr, puisque Gérard Bouchard y a consacré un essai. Sans négliger nos liens avec les Autochtones. Un survol qui montre bien les chemins que nous avons empruntés depuis l’époque de la Nouvelle-France, de la Conquête jusqu’à nos jours. Je me suis laissé prendre par ces courts textes que le format du journal impose. Il faut faire bref et la longueur est l’ennemi du journaliste et du chroniqueur. J’en sais quelque chose pour avoir pratiqué le métier pendant de nombreuses années. 

 

J’avais à peine entamé ma lecture de Visions du Québec que j’ai dû me rendre au garage. Mon auto souffrait de quelques insuffisances, comme cela arrive trop souvent. J’apporte toujours un livre dans ces cas pour traverser les heures d’attente. Le garage que je fréquente à Alma est vaste et fort agréable. Jamais une odeur d’essence ou d’huile, encore moins de cambouis. Même que le directeur des ventes possède un baccalauréat en histoire. Il a débuté dans l’enseignement, mais la précarité et l’incertitude lui a fait se tourner vers l’automobile. Un homme charmant avec qui on peut avoir de belles conversations.

Ma voiture étant un peu souffrante, j’ai eu le temps de lire plus de cinquante pages et de les souligner généreusement. J’ai mon coin dans la salle d’exposition. Un bon fauteuil, une petite table amovible et le café toujours savoureux. J’évite la salle d’attente où la télévision n’en a que pour Donald. Donc, un tête-à-tête avec Gérard Bouchard pour réfléchir au devenir du Québec et à ses parcours pendant qu’on sondait les entrailles de mon véhicule. 

J’ai eu le temps de méditer sur la période des Patriotes, ce mouvement que Gérard Bouchard affectionne particulièrement. Il admire la pensée de ceux qui alors ont rédigé un projet de société évoluée et moderne. Il y trouve des figures remarquables et des gens qui sont de vrais héros, surtout De Lorimier, une grande âme. Un moment clef dans l’histoire des Québécois qui ont rêvé de mesures politiques généreuses et ouvertes aux idées de l’époque. Une réflexion, plus nécessaire que jamais, avec ce qui se trame aux États-Unis, où les principes d’égalité et de fraternité sont taillés en pièce par Donald le terrible. 

 

«Il s’agissait essentiellement de mettre fin pacifiquement au lien colonial imposé militairement par l’Empire britannique depuis la Conquête, d’instaurer une véritable démocratie parlementaire, de promouvoir une acception large de la nation (qui n’était pas restreinte aux Canadiens français et aux catholiques) et de faire place à la modernité dans divers aspects de la vie collective : séparation de l’Église et de l’État, instruction publique, libertés civiles, etc. Comme on le voit, les valeurs les plus fondamentales et les plus estimables de l’Occident étaient à l’origine du mouvement qui conservait toute sa singularité québécoise.» (p.19)

 

L’indifférence et le mépris de la part de l’Angleterre devant des revendications légitimes ont dégénéré dans un affrontement que les patriotes n’avaient aucune chance de gagner. Ils ont dû faire face à la meilleure armée au monde. La révolte fut sauvagement réprimée et il y a eu des morts et des exécutions, sans compter les déportations en Australie et ailleurs. Louis Caron a été l’un des rares écrivains du Québec à s’attarder à cette période importante avec Le canard de bois dans les années 1980. Fait plutôt étrange, ce fut Jules Verne, l’auteur bien connu du Le tour du monde en 80 jours, qui, dans Familles-Sans-Nom paru en 1889 a relaté ce moment trouble et démontré la barbarie de l’intervention militaire. 

Un projet politique encore présent dans l’actualité québécoise. Je pense à l’égalité des hommes et des femmes, à la laïcité de l’État qui fait litige et qui se retrouve devant la Cour suprême, parce que contestée par certains groupes. 

 

PLAISIR

 

S’aventurer dans Visions du Québec, c’est comme découvrir le cheminement de Gérard Bouchard par fragments. La pensée qu’il a développée dans ses nombreux ouvrages que j’ai toujours eu plaisir à lire, tout comme ses romans où l’écrivain se montre un conteur redoutable. 

Il faut plonger dans Mistouk et Pikauba.  

Bien sûr, je me suis senti en terrain connu. Les mythes fondateurs, par exemple, dont on ne parle jamais assez et qui permettent à un peuple de rêver l’avenir, de tendre de toutes ses forces vers l’épanouissement de la nation dans sa langue, ses croyances, avec ceux et celles qui se joignent au périple en cours de route. 

Gérard Bouchard prend la peine et le temps de montrer les bienfaits et l’importance de la Révolution tranquille que certains aiment écorcher. Le dénigrement fait partie de nos caractéristiques, malheureusement. 

 

«Selon les mêmes auteurs, les années 1960-1970 auraient aussi coïncidé avec des changements culturels d’un autre ordre. Je fais ici référence à une “immoralité” sans précédent dans notre société, axée sur le rejet des mœurs traditionnelles, la répudiation des interdits sexuels, le matérialisme, l’individualisme égoïste, narcissique, la quête effrénée de plaisirs, soit l’ensemble des traits que François Ricard a résumés dans le concept de lyrisme. Or, on a tort de voir là un héritage néfaste de la Révolution tranquille. Des études internationales solides (celles de Ronald Inglehart, notamment) ont bien démontré qu’on avait affaire à un vaste courant qui a déferlé à l’échelle de l’Occident, prenait sa source bien au-delà du Québec.» (p.93)

 

Ce vent de libération a touché tous les pays occidentaux et n’était pas un caprice d’une génération que l’on a stigmatisée trop souvent, celle des baby-boomers.

J’ai bien aimé aussi qu’il mentionne le pessimisme de certains penseurs qui ont dénigré le Québec et noirci ses efforts et ses manières d’être. Je signale Jean Larose avec L’amour du pauvre. Que dire de Gilles Marcotte qui se demandait si le Québec avait une littérature après avoir passé sa vie à parler des livres et des écrivains d’ici

La liste pourrait s’allonger.

 

LA LANGUE

 

Gérard Bouchard ne pouvait éviter la question du français dans ce Québec incertain. Une préoccupation apparue à la Conquête et qui a marqué toutes les luttes des élus et du clergé qui voulaient assurer la survie d’un peuple distinct et francophone, échapper à l’assimilation qu’ont connue ceux et celles qui ont migré aux États-Unis pour des raisons économiques. 

Une langue souvent malmenée dans les médias, particulièrement à la radio et à la télévision de nos jours, et qui perd sa place prédominante dans la chanson populaire où l’anglais est de plus en plus prépondérant. Un français totalement inaudible dans un galop qui entraîne nombre de chroniqueurs et d’animateurs. 

Après le joual, le galop peut-être. 

Un débit où aucun mot n’est saisissable dans cette logorrhée. Est-ce que la pensée peut habiter le vertige et la bousculade? Est-ce que les paroles sont encore importantes quand on marmonne et que le texte d’une mélodie devient un simple accompagnement sonore?

L’accueil des arrivants au Québec est un autre des enjeux qui ébranle des certitudes et des convictions. Comment faire face aux marées migratoires que la crise climatique ne peut qu’accentuer, que les guerres se multiplient et semblent inévitables? Le manque de main-d’œuvre aussi qui fait converger chez nous des milliers de travailleurs saisonniers. Des problématiques qui préoccupent et mobilisent bien des énergies. On le comprend, il en va de la survie d’un Québec francophone et distinct. 

Gérard Bouchard affirmait dans Le Devoir du 1er février 2025 que le peuple québécois avait perdu le goût de rêver. Cet espoir qui a mené à la Révolution tranquille et au désir de faire un vrai pays du Québec selon les normes de l’ONU. Sans le songe, il n’y a plus de nation : mais que des consommateurs. 

Peut-être aussi que la dictature du «je» avec les réseaux sociaux n’est pas étrangère à cette perte de volonté collective de constituer une société francophone en terre d’Amérique. 

 

HISTOIRE

 

Il y a aussi cette obsession de remanier l’histoire pour n’en montrer que les excès et les dérapages, tout comme on donne une place prépondérante à des marginaux en inventant un langage qui fait sourciller. 

Je vous conseille de lire Où sont les femmes de Sophie Durocher pour frémir devant des documents gouvernementaux où l’on parle de la femme en la désignant comme «une personne avec un trou avant». 

Gérard Bouchard termine son périple en racontant des souvenirs de sa jeunesse et de son enfance. 

C’est savoureux. 

Sa manière d’aller vers les autres quand il quittait le Saguenay sur le pouce pour une fin de semaine, avant l’apparition du week-end, pour découvrir certains lieux de Montréal et de New York et des humains accueillants, curieux surtout. 

Un florilège de textes sur ce qu’est le Québec et ce qu’il peut devenir ou pas, les problèmes qu’il a vécus et surmontés, tout comme les défis qui se présentent à lui pour continuer à aspirer à être une nation différente en cette terre d’Amérique. Une population toujours menacée de n’être qu’une simple mention au bas d’une page d’histoire.

François Legault, un grand lecteur, semble-t-il, doit se pencher sur ce livre et le méditer. Ça lui permettrait peut-être de moins improviser et d’avoir plus de cohérence dans ses actions quand il est question du Québec et de son avenir. Il pourrait ainsi faire un «troisième lien» avec le passé pour mieux s’aventurer dans le futur.

 

BOUCHARD GÉRARD : Visions du Québec, Éditions Somme Toute-Le Devoir, Montréal, 276 pages. 

 

 

jeudi 20 juin 2024

DES UKRAINIENS PARLENT DE LA GUERRE

LETTRES d’Ukraine est toujours d’actualité, malheureusement. Ces récits intimes, publiés aux Éditions Somme toute, ont vu le jour grâce à la collaboration du journal Le Devoir et du travail de Magdaline Boutros, journaliste à ce journal. Une initiative qui a permis à neuf Ukrainiennes et Ukrainiens de raconter ce qu’ils ont vécu et ce qu’ils subissent depuis que la Russie a envahi leur pays, le 24 février 2022. Ce que l’on pensait impossible est devenu réalité quand l’armée de Vladimir Poutine a franchi les frontières de l’Ukraine pour foncer vers Kiev, la capitale. Un premier jalon avait été posé avec l’annexion de La Crimée et d’une partie de l’est de l’Ukraine en 2014.

 

La lettre que l’on croyait obsolète, il n’y a pas si longtemps, avec tous les outils modernes de communications, recouvre ici sa noblesse et toute son importance. En période de guerre, les bidules qui nous sont si familiers ont des ratés et la bonne vieille missive de papier est peut-être le moyen ultime de rejoindre quelqu’un. Des hommes qui se retrouvent au front et des familles qui fuient pour échapper aux bombardements et qui n’arrivent plus à se rassurer sur leur sort de leurs proches. On existe alors au jour le jour, dans l’incertitude du lendemain et dans le cauchemar d’ignorer ce que subissent les êtres aimés. 

Lettres d’Ukraine présente des témoignages qui décrivent une réalité que tous les reportages de la télévision ne peuvent montrer. La guerre moderne, celle qui touche tout le monde, la plus barbare et horrible de l’histoire, ne se fait plus entre soldats et armées. La population civile devient la cible des missiles et des drones qui tentent d’affamer les gens, de les traumatiser en détruisant toutes les infrastructures et en provoquant des famines. Manque d’eau, de nourriture, de refuges adéquats et de combustible pour résister au froid ou à la chaleur. C’est le cas en Ukraine et c’est encore plus fragrant en Palestine après l’attaque du Hamas contre Israël qui exerce une vengeance aveugle en multipliant les bombardements sur les villes, empêchant le ravitaillement et l’entrée des secours venant de l’étranger. Les familles coincées dans la bande de Gaza vivent l’inimaginable et l’horreur au quotidien. On parle d’une moyenne de 300 morts par jour dans cette guerre atroce du côté des Palestiniens.

 

PROJET

 

Des femmes et des hommes écrivent à des proches dans Lettres d’Ukraine, des êtres chers pour exprimer tout l’amour qu’ils éprouvent pour eux, pour les rassurer en faisant preuve d’optimisme même si tous savent que ce peut être la dernière missive qu’ils envoient. La guerre, c’est ça. Chaque seconde sous les bombardements peut être aussi la fin. Sur ces territoires de conflits, le futur est une notion vague et survivre est une sorte de miracle.  

 

«Le matin du 24 février 2022, lorsque l’armée russe a envahi militairement l’Ukraine, 43 millions d’Ukrainiens ont vu leurs vies, telles qu’ils les connaissaient, voler en éclats. “L’inimaginable s’est produit”, m’a soufflé au téléphone Kostyanty Batozksy, un résident de Kiev, quelques heures après le début de l’assaut. “On vit un cauchemar”, a-t-il continué.» (p.13)

 

Cauchemar. Il n’y a pas d’autres mots. Des millions de personnes sont prisonniers des ruines dans les villes et les villages. Que dire, que faire quand plus rien n’est certain et que votre maison peut s’effondrer lors de la prochaine attaque?

Le quotidien est déchiré par l’appel des sirènes, le sifflement des missiles ou le bourdonnement des drones qui apportent la mort. Des explosions partout. Les rues, les jardins, les écoles et les hôpitaux sont bombardés et il n’y a nulle part où aller. Les murs s’écroulent et tous se terrent dans les sous-sols ou encore se risquent sur les routes, arrivent parfois à trouver une place dans un train qui circule même s’il est la cible de l’armée ennemie. Fuir, traverser la frontière pour retrouver une existence à peu près normale et redevenir une personne. Des milliers d’hommes et de femmes vivent cette situation partout dans le monde. La guerre fait un nombre de plus en plus important d’exilés qui dépendent des pays qui ouvrent leurs frontières pour les accueillir. La Pologne, par exemple, a fait énormément pour les réfugiés ukrainiens depuis le début de ce conflit qui s’enlise.

 

LES MOTS

 

Tous pouvaient écrire à qui ils voulaient. Kateryna Rashevska a choisi d’envoyer une lettre à Ithor Shcherbak, son amoureux, qui a rejoint les rangs de l’armée pour résister dès le début du conflit. Il n’a jamais hésité à partir pour combattre.

 

«À ce moment-là, ma vie a changé à jamais. La guerre a emporté presque tout ce dont nous avions rêvé. Elle a volé toutes les pensées lumineuses d’un avenir dans lequel nous aurions pu être heureux. J’ai demandé à ma sœur s’il n’y avait qu’une chance infime que ce ne soit qu’un cauchemar et que tu sois en vie. Et que je pourrais te trouver. Te ramener à la maison. Elle m’a répondu que c’était la fin.» (p.31)

 

Ithor Shcherbak, l’amoureux, a été tué au front. Pour Kateryna, l’avenir vient de s’envoler. Cette tragédie est vécue par des milliers de femmes qui apprennent la disparition de leur compagnon lors d’un affrontement avec les Russes ou encore dans l’explosion d’une bombe. Un drame terrible de stupidité et de cruauté que l’on ne croyait plus envisageable, du moins sur le territoire européen. Une horreur ces pilonnages, la destruction des villages et des villes qui deviennent des cimetières et des ruines. 

Le chaos partout. 

La senteur de la mort dans les rues pleines de gravats. Une existence impossible, une entreprise de survivance qui demande toute leur énergie. Un voisin sort pour aller chercher du lait et il est soufflé par une bombe. Et un soldat, Vaentyn Ilchuk qui écrit à sa fille Leia pour se prouver qu’il est encore un humain et un père peut-être.

 

«Ce qui me rend complètement fou, par contre, c’est le temps qui nous est volé. Cela fait un an que nous sommes devenus une famille Zoom-longue distance. Ça fait un an que nous nous parlons tout au plus une fois par jour. Il y a tellement de choses qui se sont passées dans nos vies auxquelles je n’ai pu assister — ça me fait mal. Et j’en suis vraiment désolé.» (p.42)

 

Et il faut résister, garder espoir, se concentrer sur le maintenant, sur chaque seconde du jour avec le sentiment que tout peut prendre fin dans le prochain geste ou encore après un sourire à son enfant. 

 

«Tout à coup, nous avons entendu une explosion et, l’instant d’après, nous étions tous les trois blessés. Nous saignions et nous entendions des gens hurler autour de nous. Je gisais dans une marre de mon propre sang, et tout ce dont je me souviens c’est du visage inquiet d’un soldat ukrainien qui tentait d’arrêter le sang et de m’extirper de la camionnette.» (p.65)

 

C’est juste ça l’horreur de la guerre, le pire que l’humain peut infliger à ses semblables, à ses pareils d’un autre état. Tout cela pour satisfaire l’obsession de certains despotes qui sont prêts à tout pour avoir plus de pouvoir et qui ne seront jamais rassasiés.

Certains tiennent un journal quotidien pour s’accrocher à la vie par les mots et des bouts de phrases, peut-être aussi, je crois, pour tenter de comprendre ce qui arrive à leur pays et à ceux qui ont disparu. Le rêve fou se répète depuis des mois et semble ne jamais devoir prendre fin. D’autres écrivent tout simplement à un inconnu, à soi-même, pour savoir s’ils existent et s’ils sont toujours parmi ceux que l’on nomme les humains, à cet autre qu’ils étaient avant que tout ne bascule et qu’ils ne doivent manier des armes pour protéger des proches, leur coin de terre et leur village. 

Des pleurs, des mots qui se lestent de tout le poids d’une vie, une situation impossible à imaginer tellement cela sort de tout ce que nous pouvons concevoir, nous, les consommateurs frénétiques de l’Amérique. 

 

AIDE

 

La rue, le jardin ne sont plus fiables, la mort vient du ciel à tous les moments du jour et de la nuit, la peur empêche de dormir et coupe le souffle. L’angoisse de penser que le geste qu’ils osent est peut-être le dernier. 

Et ce conflit qui s’éternise, que l’Ukraine ne peut remporter qu’avec l’aide des pays occidentaux. Chaque hésitation des dirigeants en Europe ou en Amérique se traduit en morts en Ukraine. Tergiverser, c’est permettre à l’envahisseur de lancer des bombes sur les villes et villages, de multiplier les morts qui sont déjà beaucoup trop nombreux. 

Tous gardent espoir cependant et répètent qu’ils vont la gagner cette guerre, qu’ils vont libérer leur pays de l’agresseur. Parce qu’être vaincu, dominé par la Russie serait pire que la mort. Il faut vaincre. Il n’y a pas d’autres choix.

Que dire de plus pour traduire ce que vivent ces femmes et ces hommes, ces enfants qui ont été kidnappés et emportés en Russie pour les acculturer? Il reste peut-être à se taire et à les écouter penser, réfléchir, aimer et résister de toutes les fibres de leur être. La guerre de maintenant dépasse en horreur et en cruauté tout ce que l’on peut imaginer. Le règne de la haine et de la barbarie est bien de retour. 

Des témoignages bouleversants d’hommes et de femmes qui démontrent un courage hors du commun. Des héros et des héroïnes du quotidien qui soulèvent mon admiration et toute ma compassion. 

 

BOUTROS MAGDELINE : Lettres d’Ukraine, récits intimes d’un pays en guerre, Éditions Somme toute, Montréal, 144 pages.