Hélène Potvin vient de lancer un troisième roman aux Éditions JCL. Un gros bouquin de plus de 400 pages intitulé «Les Marchandes d'espoir». Cette auteure nous plonge dans un monde un tantinet ésotérique et étrange. Oui, certaines personnes peuvent avoir des dons de télépathe ou la faculté de «percevoir» ce que le commun des mortels ignore. Je ne discuterai pas cet univers. J'ai des amis qui ne jurent que par les anges et les entités qui accompagneraient les humains dans leurs périples. À chacun ses croyances!
Le roman permet toutes les aventures. On peut plonger dans le récit historique ou s'évader dans un monde de pure imagination. Toutes les routes sont ouvertes dans le merveilleux monde des mots. Le passé, le présent, l’avenir, tout peut être exploré.
J'avoue avoir arrêté ma lecture après une cinquantaine de pages. Je n'en pouvais plus de cette histoire qui se mord la queue et de cette écriture qui carbure aux hormones. En prime, un vernis poétique d'une mièvrerie navrante.
«Le regard de sa cliente, quoique encore alourdi par la transe hypnotique, suffit à lui couper net la parole. Non parce que celui-ci était méchant ou rageur ou même qu’il exprimait une vive déception – ce qui aurait été légitime dans les circonstances -, mais bien parce que le regard de la femme muette, aux yeux miroirs de l’insondable, habile à déchiffrer son impuissance, paraissait suppliant.» (p. 21)
Le retour
Et puis après avoir fait une longue promenade le long de la rivière aux Sables, je me suis répété qu'Hélène Potvin est une auteure professionnelle. Plus, elle semble vouloir s'installer dans l'écriture. J'ai repris ma lecture. Un cheminement pénible, un effort de tous les instants, il faut le répéter. La réincarnation, une histoire d'améthyste que l'on transmet de génération en génération, des âmes soeurs qui se reconnaissent au premier regard, je peux le prendre mais il y a la manière.
«Mal à l’aise dans son espace familier, égaré dans son antre connu, pris au piège de son cerveau gauche qui avait rarement donné libre cours au droit, le professeur se leva et se posta devant la fenêtre. Le temps boudait toujours le soleil. Par contre, bien qu’on fut en décembre, la température s’attardait paresseusement aux degré d’automne.» (p. 192)
Plus de 400 pages pour traiter de philosophie, de l'âme, de l'avenir de l'homme et de la planète sans jamais formuler une idée originale, c’est quasi un exploit. Hélène Potvin répète continuellement les mêmes clichés. La réflexion n'a rien à voir avec ce sentimentalisme primaire et éculé.
«Une eau étincelante se répandait doucement sur les joues de son amie.» (p. 122)
Ce roman tient bien mal la route et rebute le lecteur un tant soit peu exigeant. Et l'écriture? Ah, l'écriture... Que faire quand on s’enfarge dans des phrases semblables?
«Par conséquent, elle parlait peu, ce qui favorisait le silence, l’observation et l’attention.» (p.83)
«Elle la trouvait particulièrement belle dans ses silences ouverts, libres du temps, et surtout attachante par ses paroles vécues.» (p. 119)
«Pour la première fois cependant l’homme expérimentait un silence fécondant d’une intensité palpable, qu’il qualifia mentalement de vivant, porteur d’une doublure.» (p.221)
«Debout devant la fenêtre dévêtue, Janine, tout aussi dépouillée, se dit que son euphorie avait été de bien courte durée.» (p. 334)
Visiblement, Hélène Potvin n'a pas terminé son apprentissage.
«Les Marchandes d'espoir»; Hélène Potvin est paru aux Éditions JCL.
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