Quatre mois après la parution
du «Glaive de Dieu», premier tome de «Vengeance», Hervé Gagnon publie «Le grand
œuvre», la suite. Cet écrivain écrit à un rythme étourdissant. Son héros, Pierre Moreau, se débat entre des
factions qui sont prêtes à tout pour mettre la main sur l’Argumentum. Celui qui percera le secret de ce document pourra
faire s’écrouler les assises de la civilisation occidentale.
Pierre Moreau, fils de
Jean-Baptiste-Michel Leclair, modeste professeur d’histoire, est entraîné chez
les francs-maçons par son futur beau-père, Émile Fontaine. C’est le début d’une
aventure époustouflante où les assassinats se multiplient autour du jeune homme.
Il se retrouve au centre d’une guerre qui oppose l’Église catholique par le biais
du Gladius Dei et l’Opus Magnum des francs-maçons qui tentent
de respecter les promesses des Templiers qui ont juré de protéger le précieux
document retracé à l’époque des Croisades. Cette tablette remet en question
l’existence de l’Église, de Dieu même. Nous savons que l'Argumentum se retrouve en Amérique du Nord, quelque part dans la
ville de Montréal. C’était à peu près la trame du premier volet.
Héritier
Pierre, dernier d’une lignée
de gardiens, est le seul à pouvoir trouver l’endroit où a été dissimulé le
document. Il est l’héritier que l’Opus
Dei cherche à éliminer pour que personne ne mette la main sur l’Argumentum et l’utilise. Les francs-maçons
n’entendent pas abandonner si facilement. Les opposants s’affrontent dans une
guerre où tous les coups sont permis. Et voilà qu’un autre groupe joue du coude
dans l’ombre. Des Juifs, des descendants de la tribu de Levi, convoitent cet écrit
afin de faire des pressions sur la communauté internationale, pour parvenir enfin
à créer l’État d’Israël. Nous voilà dans l’actualité.
Les attentats se multiplient,
les tromperies, les trahisons, les meurtres et les surprises. Tous ont besoin
de Pierre Moreau pour mettre la main sur le secret tant convoité. Le jeune
homme a des raisons personnelles de chercher ce document. Il veut à tout prix
libérer Julie Fontaine, sa promise, qui a été enlevée par la faction juive.
Amour et actions
Des morts reviennent à la vie
mystérieusement, des disparus surgissent. Peu à peu, le lecteur plonge dans un
monde parallèle. Il faut arriver les premiers dans cette course où chaque
seconde compte. Le professeur d’histoire déchiffre certaines énigmes à partir d’un
tableau de Nicolas Poussin: «Les bergers d’Arcadie». Il est convaincu que l’Argumentum se retrouve dans la tombe
de Jeanne-Mance, la fondatrice de Montréal avec Paul Chomedey de Maisonneuve.
Poursuites effrénées dans les
rues de Montréal, recherches pour retrouver le tombeau de Jeanne-Mance qui
n’est pas situé à l’endroit que les historiens ont prévu.
Là, je suis devenu
frénétique, lisant sur le bout de ma chaise, tournant les pages à un rythme inhabituel,
moi qui aime m’attarder sur les phrases. Je voulais savoir et même si j’avais
un peu la prétention de percer deux ou trois mystères, je dois avouer qu’Hervé
Gagnon a réussi à me mystifier et à multiplier les fausses pistes. Et cela
jusqu’à la toute fin où la course semble vouloir trouver un second souffle quelque
part dans l’Ouest canadien.
La Bible
J’ai eu un peu de mal avec la
partie biblique du roman au début, comprenant mal ce long détour. Rapidement
pourtant, j’ai vu que c’était de ce côté des choses que viendraient les explications.
Hervé Gagnon réussit à donner une couleur contemporaine aux longs exils des
Juifs relatés dans la Bible et à leurs revendications millénaires. La volonté
de créer un état israélien domine le cours de l’histoire de ce peuple de
nomades et n’a pas été sans provoquer nombre de frictions et de guerres. Un
rêve qui a connu son aboutissement après la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
L’auteur se sert habilement de ces faits historiques pour nous bousculer.
Que dire? Hervé Gagnon multiplie
les traquenards, les indices, nous plonge au cœur d’une aventure fascinante. Ce
marathon ne prend fin qu’à la page 439 d’un récit étonnant. Et même là, on en voudrait
encore parce que cet écrivain nous rend insatiable, accroc aux aventures qu’il déploie
avec les aisances d’un prestidigitateur. La lecture des romans d’Hervé Gagnon
peut provoquer la dépendance, j’en suis convaincu.
«Le grand œuvre» d’Hervé Gagnon est paru aux Éditions
Hurtubise.
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