dimanche 15 avril 2007

Des départs difficiles pour Mylène Bouchard

Mylène Bouchard lançait la maison d’édition «La Peuplade», en mai 2006, avec un titre séduisant : Ma guerre sera avec toi.
Ce roman, ce pourrait être un récit, oscille entre la poésie, l’évocation et la narration plus conventionnelle.
Une jeune femme est appelée à participer à un projet pour jeunes défavorisés au Liban, à Beyrouth. L’aventure, la découverte, le plaisir de voir le monde, bien sûr, mais tout n’est pas si simple. Elle vit un amour tout neuf et a du mal à s’éloigner.
«Un jour, je m’enivrais. J’étais dissuadée de gagner le lointain. Le lendemain, je ne pouvais plus concevoir de partir comme ça, comme une sauvage. Et chaque jour, une optique nouvelle. Et la nuit, plus sommeil. Je vivais alors un amour tout neuf, propre comme un sou neuf. Et il y avait la guerre qui s’ébruitait.» (p.58)

Le départ

Malgré l’amour, les larmes, Léo, elle finit par s’envoler pour Beyrouth. Le début de la narration devient une ode à l’écriture, aux mots qui gardent l’amour au chaud du cœur et du corps. Il faut tisser les liens et protéger la flamme. La solitude éclate en éclats que la prose n’arrive pas à contenir tellement le désir est fort, l’éloignement difficile. L’amour draine la vie et les pensées. «J’étais aveugle de tous gestes extérieurs.» (p.67)
Beyrouth s’impose, les rumeurs de guerre et le bruit des canons s’intensifient. Peu à peu la vie relève la tête. Il y a les amis, des artistes, surtout Natalia, comédienne et femme magnifique. La ville prend la couleur de certains visages.
Le texte s’adoucit et s’étire en récit plus évocateur. Les formes et les teintes de Beyrouth s’imposent. Le lecteur découvre une ville attachante et des jeunes qui veulent se redresser pour être quelqu’un dans la vie.
Et l’ordre arrive, comme un coup de canon. Il faut rentrer. La mission est terminée. S’il avait été difficile d’abandonner Léo, deux mois auparavant, quitter le Liban s’avère tout aussi difficile. La narratrice revient vers l’amoureux, mais son esprit et ses mots sont restés dans Beyrouth, la magnifique, quelque part dans une rue, dans le regard d’un enfant.
Un texte qui prend une signification particulière avec la guerre que ce pays a vécue au cours des derniers mois.
Un livre attachant. Mylène Bouchard jongle à la frontière de la poésie, du récit et du roman. À lire pour la respiration, le regard, la voix et la musique.

«Ma guerre sera avec toi» de Mylène Bouchard est paru aux Éditions La Peuplade.

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