Charles Sagalane a voyagé aux Indes et en a ramené des carnets bourrés de notes. «Quand j’ouvre le vingt-neuvième de mes carnets, un carnet bleu à la couverture meurtrie, aux marges pleines, chaos de traits et de notes, c’est pour retrouver une recette, un exercice de yoga, un dessin ou une adresse.» (p.8)
Il reste bien peu de «ce chaos» à la lecture de «29 Carnets des Indes». Le voyage initiatique bondit en une seule et même phrase on dirait qui essaime sur plus de deux cents pages en suggérant le mouvement ou la quête.
Des images scandées comme un mantra ou une prière, des regards aussi, des questions où Sagalane cherche une direction à la vie et une manière de respirer dans le fouillis des jours. Rabindranath Tagore surgit ici et là, tel un maître ou un guide qui montre la direction, suggère un arrêt ou une réflexion. L’ensemble pourtant reste un peu difficile pour celui qui, comme moi, n’a jamais mis les pieds dans ce pays singulier.
Écrire en se dépouillant de ses vêtements et de sa culture, s’avère particulièrement difficile. Parfois, l’auteur oublie ses hantises et se laisse porter par une impression ou la couleur du jour. C’est le plus heureux du carnet ces moments où j’ai eu l’impression d’entendre une comptine.
Une efficacité de haïku et une certaine naïveté fort intéressante. Le meilleur de ces «Carnets des Indes».
«Là, il n’y a ni corps ni esprit,/et où serait l’endroit qui étanche la soif de l’âme» (p.150)
Après plusieurs lectures, je cherche encore où les pas de Charles Sagalane le portent dans ces pays fascinants. L’aventure voudrait que l’on s’égare en soi pour retrouver, peut-être, le fil de l’événementiel. Des textes hermétiques qu’il n’est pas facile de percer, comme si le poète avait lancé quelques mots sur les pages et qu’il laissait au lecteur le soin de reconstituer un univers.
«29 carnets des Indes» de Charles Sagalane est paru aux Éditions La Peuplade.
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