Cécile Gagnon, après avoir signé une centaine de
livres pour les jeunes, accepte de parler de son enfance. L’auteure est connue.
Un prix porte même son nom et signale le travail d’un écrivain pour la jeunesse
qui se démarque à son premier roman. Elle est aussi illustratrice et
traductrice. Un cheminement exemplaire.
Dans «Parcours d’une rebelle»,
elle revient sur ses premières années. On le sait, ces moments sont
déterminants pour tout être humain. Madame Gagnon a vécu une enfance
exceptionnelle. Elle est la fille d’Onésime Gagnon, un avocat qui a fait
carrière politique aux côtés de Maurice Duplessis et en y jouant un rôle de
premier plan.
Un milieu favorisé, des
servantes, une grande maison près des Plaines d’Abraham à Québec. Un monde que
nous connaissons mal. Nous avons plutôt l’habitude des milieux populaires où les
hommes et les femmes font des miracles pour nourrir une famille nombreuse.
Surtout avant la Révolution tranquille.
«Je ne me livre pas à un
simple exercice de nostalgie. C’est plus sérieux. Activer sa mémoire peut
prendre plusieurs chemins. Celui que j’ai choisi c’est celui qui me fera
comprendre qui je suis aujourd’hui. C’est un chemin tortueux et rempli de
détours qui éclairera peut-être - je dis bien : peut-être, car rien n’est
sûr – mes goûts, mes dégoûts et les raisons de mes émois.» (p.15)
Une enfance dorée et des
études pour la fillette turbulente même si, à l’époque, on n’insistait pas trop
sur l’instruction, surtout pour les filles. Une enfance fabuleuse qui se
démarque de son époque. Ce n’est pas rien de pouvoir dire que l’on a eu
Jean-Paul Lemieux comme professeur de dessin.
Anecdotes
Ce qui aurait pu devenir une
véritable fresque d’un Québec peu ou mal connu, se perd dans une accumulation
d’anecdotes plus ou moins surannées. Madame Gagnon s’attarde aux pièces de la
maison, aux décors, aux vêtements, aux jeux en évitant soigneusement de parler
de son père et de sa mère, des visiteurs qui ne manquaient pas d’envahir la
maison de ce personnage politique important.
Elle réussit à faire un récit
banal d’une enfance qui ne l’est pas du tout malgré un début intéressant. Une
forme d’exploit.
Et pour ce qui est de la
rebelle, il faudra imaginer les frasques de la jeune Cécile qui a du mal à
accepter l’autorité. Elle fait un peu l’école buissonnière, mais pour le reste…
Un récit qui n’intéressera pas les enfants de maintenant à qui elle s’adresse et
qui décevra les adultes qui aimeraient en savoir plus.
Quand on plonge dans son
enfance, il faut accepter de tout dire sinon on bascule dans l’anecdotique et
le convenu. Cécile Gagnon rate une belle occasion.
«Parcours d’une rebelle» de Cécile
Gagnon est paru aux Éditions Les heures bleues.
http://www.heuresbleues.com/heures_bleues_auteurs.htm
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