dimanche 28 octobre 2012

Cécile Gagnon réussit à masquer son enfance

Cécile Gagnon, après avoir signé une centaine de livres pour les jeunes, accepte de parler de son enfance. L’auteure est connue. Un prix porte même son nom et signale le travail d’un écrivain pour la jeunesse qui se démarque à son premier roman. Elle est aussi illustratrice et traductrice. Un cheminement exemplaire.


Dans «Parcours d’une rebelle», elle revient sur ses premières années. On le sait, ces moments sont déterminants pour tout être humain. Madame Gagnon a vécu une enfance exceptionnelle. Elle est la fille d’Onésime Gagnon, un avocat qui a fait carrière politique aux côtés de Maurice Duplessis et en y jouant un rôle de premier plan.
Un milieu favorisé, des servantes, une grande maison près des Plaines d’Abraham à Québec. Un monde que nous connaissons mal. Nous avons plutôt l’habitude des milieux populaires où les hommes et les femmes font des miracles pour nourrir une famille nombreuse. Surtout avant la Révolution tranquille.
«Je ne me livre pas à un simple exercice de nostalgie. C’est plus sérieux. Activer sa mémoire peut prendre plusieurs chemins. Celui que j’ai choisi c’est celui qui me fera comprendre qui je suis aujourd’hui. C’est un chemin tortueux et rempli de détours qui éclairera peut-être - je dis bien : peut-être, car rien n’est sûr – mes goûts, mes dégoûts et les raisons de mes émois.» (p.15)
Une enfance dorée et des études pour la fillette turbulente même si, à l’époque, on n’insistait pas trop sur l’instruction, surtout pour les filles. Une enfance fabuleuse qui se démarque de son époque. Ce n’est pas rien de pouvoir dire que l’on a eu Jean-Paul Lemieux comme professeur de dessin.
 
Anecdotes

Ce qui aurait pu devenir une véritable fresque d’un Québec peu ou mal connu, se perd dans une accumulation d’anecdotes plus ou moins surannées. Madame Gagnon s’attarde aux pièces de la maison, aux décors, aux vêtements, aux jeux en évitant soigneusement de parler de son père et de sa mère, des visiteurs qui ne manquaient pas d’envahir la maison de ce personnage politique important.
Elle réussit à faire un récit banal d’une enfance qui ne l’est pas du tout malgré un début intéressant. Une forme d’exploit.
Et pour ce qui est de la rebelle, il faudra imaginer les frasques de la jeune Cécile qui a du mal à accepter l’autorité. Elle fait un peu l’école buissonnière, mais pour le reste… Un récit qui n’intéressera pas les enfants de maintenant à qui elle s’adresse et qui décevra les adultes qui aimeraient en savoir plus.
Quand on plonge dans son enfance, il faut accepter de tout dire sinon on bascule dans l’anecdotique et le convenu. Cécile Gagnon rate une belle occasion.

«Parcours d’une rebelle» de Cécile Gagnon est paru aux Éditions Les heures bleues.

http://www.heuresbleues.com/heures_bleues_auteurs.htm

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