Après avoir connu une
carrière journalistique remarquable, Pierre Laporte plonge dans une vie
politique trépidante aux côtés de Jean Lesage pour vivre la Révolution
tranquille. Sa mort en octobre 1970 aux mains des membres de la cellule Chénier
du Front de libération du Québec, demeure un événement dont on ne parle pas volontiers.
Peut-être, parce que, comme l’écrit Nathalie Petrowski: «La mort de Pierre
Laporte est une tache dans notre album de famille.»
Jean-Charles Panneton a voulu
suivre l’homme à la trace dans sa carrière publique. La tâche n’était pas
facile parce que le journaliste a écrit des milliers d’articles et que le politicien
était de tous les débats. Il a aussi siégé dans l’opposition avant de revenir
aux premières loges après une course à la direction du Parti libéral du Québec où
il s’est incliné devant Robert Bourassa.
«Le travail de recherche, qui
a duré près de six ans, a été particulièrement ardu puisqu’aucun fonds
d’archives n’a été constitué à ce jour par Pierre Laporte ou sa famille. Pour
ce faire, j’ai dû consulter de nombreux fonds d’archives de personnages
contemporains de Laporte. Ces recherches m’ont toutefois permis de faire plusieurs
découvertes et ainsi d’offrir aux lecteurs des éléments inédits.» (p.28)
L’homme public
Panneton s’en tient au
journaliste qui intervient dans les journaux d’abord, surtout dans Le Devoir,
et au politicien qui prononce des discours à l’Assemblée nationale et dans les
assemblées partisanes. La tâche n’était pas facile parce que Pierre Laporte
était partout.
«Face à l’imposant volume
d’articles et de textes produits par Laporte, soit plus de 3000, j’ai écarté
d’emblée les compte-rendus sur l’actualité parlementaire, trop factuels,
publiés dans les pages du Devoir.» (p.27)
Une tâche immense que de
cerner la pensée de ce nationaliste qui a refusé de suivre René Lévesque quand
il a quitté les libéraux pour fonder le Parti québécois.
Nationaliste, oui, autonomiste
plutôt, refusant de rompre avec le Canada.
«J’opte pour un fédéralisme
de conjoncture, c’est-à-dire s’adaptant périodiquement à la conjoncture
économique et politique et conformément à l’évolution des rapports entre Ottawa
et Québec. […] Le fédéralisme que je propose est un fédéralisme de concertation
au même titre que la société que je propose, c’est-à-dire un fédéralisme où les
mécanismes nécessaires à la discussion et l’ouverture d’esprit seront présents.»
(p.372)
On connaît la fin tragique de
l’homme. L’enlèvement alors qu’il jouait au ballon avec son neveu. Les
policiers retrouveront son corps dans le coffre d’une auto abandonnée sur les
terrains de l’aéroport Saint-Hubert, en banlieue de Montréal.
Personnage
Jean-Charles Panneton le
présente comme un travailleur infatigable, un homme droit, fidèle et sincère. Le
portrait est plutôt sympathique et René Lévesque, à ses côtés, paraît plutôt
brouillon et impulsif.
Malheureusement, l’homme s’efface
devant le personnage public. Rien sur sa vie familiale, ses amitiés, ses
déceptions, ses hésitations, ses rancunes ou ses espoirs. C’est ce qui rend la
lecture de cette biographie aride. L’accumulation des faits devient un peu
indigeste. Tout un côté de Pierre Laporte reste dans l’ombre malgré le travail
impressionnant de Jean-Charles Panneton. Dommage!
«Pierre Laporte» de Jean-Charles Panneton est paru
aux Éditions Septentrion.
http://www.septentrion.qc.ca/catalogue/Livre.asp?id=3496
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