Que ce soit comme journaliste au journal Le Jour, à La Presse et au Devoir, ou en collaborant à de nombreuses revues plus ou moins éphémères, Gilles Hénault reste fidèle à ce désir de changement.
Les «essais, notes et entretiens» permettent de suivre les chemins d’un homme exemplaire dans ses écrits sur la poésie, la culture et la littérature, le monde politique et la société. Peu importe où il s’exprime, Hénault tente d’être «un voyant», celui qui voit autour de lui et devine un peu en avant. Enfin, par le biais de différentes entrevues, nous connaissons mieux son cheminement et ses préoccupations.
Une quête
Grand lecteur, fin connaisseur des arts visuels, homme curieux, même des découvertes scientifiques, proche des Automatistes, il est un témoin privilégié des années qui précèdent la Révolution tranquille. Il sera de tous les débats qui questionnent la société, fera en sorte, avec beaucoup d’autres, que l’indépendance du Québec devienne un enjeu politique.
Une pensée exigeante, ouverte qui fait fi des intérêts personnels. Des idées qui ne s’éloignent jamais de l’exploitation de l’homme par l’homme, des inégalités qui brisent les individus et entraînent misère et pauvreté.
Gilles Hénault fera des choix dont il paiera le prix. Son adhésion au Parti communiste du Canada en 1945 lui fermera toutes les portes dans un Québec contrôlé par Maurice Duplessis. Il devra s’exiler pendant cinq ans.
«Je pense que l’utopie était là au début. On naît peut-être utopiste. L’utopie est l’une des dimensions du devenir, car il faut toujours inventer des mondes pour pouvoir continuer à vivre. Ce qui a contribué assez curieusement à donner à mes textes ce ton cosmogonique, c’est peut-être l’intérêt que je portais aux sciences.» (p.368)
Gilles Hénault a contribué à changer le Québec, défendant sa pluralité, sa spécificité francophone et la liberté de ses créateurs. Exigeant, il poussait toujours vers le haut dans ses écrits journalistiques, ce qui n’est pas toujours le cas dans les médias. Un intellectuel et un poète de premier plan.
Des propos à lire et à redécouvrir, pour retrouver l’envie de travailler au futur de « ce pays incertain » comme l’écrivait Jacques Ferron. Si Gilles Hénault n’a pas réussi à installer son grand rêve d’une société plus juste au Québec, il a contribué à la faire entrer dans la modernité.
«Interventions critiques» de Gilles Hénault est paru aux Éditions Sémaphore.
http://www.editionssemaphore.qc.ca/Gilles_Henault.html
http://www.editionssemaphore.qc.ca/Gilles_Henault.html
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