Dix ans après la mort de Marguerite Duras, survenue le 3 mars 1996, des lecteurs, des amis du Québec et de la France, se souviennent.
Ils sont quinze femmes et dix hommes à jouer le jeu et à écrire une lettre à Marguerite Duras. Certains l’ont côtoyée ou croisée. Un moment qui s’oublie difficilement. D’autres ont fréquenté ses œuvres et ce fut tout aussi marquant.
Le lecteur n’apprendra rien de nouveau après les biographies et les textes qui ont à peu près tout dit des idées et de la façon d’être de Duras, cette écrivaine qui donnait tout à l’écriture et au texte. Une femme entière dans ses exigences, arrivant mal à séparer sa vie de son oeuvre. Pas étonnant que les hommes et les femmes qui l’ont approchée aient été marqués. Yann Andréas, son dernier «disciple», aura eu besoin de dix ans avant de redevenir un vivant à peu près autonome après avoir été subjugué par l’auteure de «L’Amant».
Fascination
Tous ces textes illustrent la fascination que l’écrivaine exerce encore. Elle reste vivante pour ceux qui l’ont entrevue telle une météorite dans la nuit ou été happés par son univers.
La voix de Duras, sa musique particulière, ce chant envoûtant porte peut-être aux confidences et à l’aveu. Duras, c’est le murmure, la petite musique, la voix qui souffle à l’oreille et effleure l’être. Peu d’écrivains peuvent se targuer de marquer les lecteurs de cette façon.
«Et comme pour beaucoup, parler de Marguerite Duras c’est parler de soi, de sa relation – forcément intense - avec elle. J’ai parlé de moi et je m’excuse si je vous ai ennuyée.» (p.51)
André Roy ne peut que le constater dans sa missive.
Magie
Certains semblent incapables de prendre leur distance. Danielle Laurin, par exemple, lui a consacré un livre dont je parlais dans le dernier numéro de «Lettres québécoises».
«Même si vous êtes morte et enterrée depuis dix ans, c’est plus fort que moi, j’ai besoin de vous savoir là. Même disparue, vous êtes encore là pour moi. Ça aussi, je vous l’ai déjà dit. Je crois bien vous avoir tout dit dans la longue lettre que je vous ai écrite il n’y a pas longtemps.» (p.121)
Duras, qu’elle a lue à dix-neuf ans, a donné un ton à son écriture. Comme si elle avait appris la respiration de son modèle et sa distanciation aussi.
«Lettres à Marguerite Duras» est une belle manière de rendre hommage à cette grande dame du cinéma et de la littérature. On se souvient et l’on se souviendra dans vingt ans. Il en est ainsi quand on effleure un mythe.
«Lettres à Marguerite Duras» de Danielle Laurin est paru aux Éditions Varia.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire