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samedi 15 décembre 2007

Paul Chanel Malenfant n’oublie pas son enfance

Paul Chanel Malenfant dans «Rue Daubenton» s’abandonne aux méandres de sa pensée, aux chemins du souvenir comme aux rencontres, peut-être rêvées.
Une rue de Paris, une fenêtre aveugle. C’est le point de départ pour un voyage au pays de l’enfance, des arrêts en Italie et dans certaines villes d’Europe.
L’essentiel, ce sont les avenues de l’écriture, les souvenirs qui imbibent le présent. Un mot et le lecteur suit un jeune garçon sur les rives du grand fleuve, devant Trois-Pistoles. L’enfant se tait aux côtés du père, espérant des révélations sur la vie. Il y découvrira la douleur et la mort. Une malédiction qui le suivra jusque dans son âge d’homme. Mort d’un frère en bas âge, de la mère adorée, du père qui emporte ses secrets et d’un autre frère qui choisit le suicide. De quoi marquer le poète qui en fera les fondements de plusieurs de ses ouvrages.
«J’avance au bras de ma mère veuve voilée de noir. Je suis un orphelin de vingt-quatre ans, je sais que je n’aurai pas de fils, et je rêve de devenir écrivain. Intérieurement, je répète, la remaniant, décalque de ma dérive, la phrase inaugurale, laconique, de L’Étranger d’Albert Camus: Aujourd’hui, papa est mort.» (p.43)
Malenfant ne peut s’empêcher de ressasser ses souvenirs malgré ses envolées dans l’écriture et le voyage. Il ne peut non plus distancer la mort. Elle le nargue à heure fixe à la télévision, dans les bulletins d’informations. Au Québec ou à l’étranger, elle ne s’éloigne jamais.

Enfance

Si l’enfance imprègne l’œuvre de Paul Chanel Malenfant, il ne faut pas oublier sa joie de découvrir une ville étrangère, un musée ou à retrouver l’amant et les gestes de l’amour. Des moments intenses, forts même si j’ai un faible pour les incursions dans son passé.
«Ils ont entonné le libera, le chant pour un enfant mort sans baptême. Ils ont sorti la boîte de bois sur la galerie, l’ont placée sur un traîneau qui a glissé dans la neige avec un bruit d’étoiles. Ils sont repartis comme ils étaient venus. De nulle part et du froid. Ils ont emporté mon frère mort dans les limbes, de l’autre côté de la ligne d’horizon, là où mon père travaille sur un chantier de la Côte-Nord.» (p.69)
Pour la part européenne, Malenfant s’abandonne un peu trop souvent aux mots et aux images. Nous nous butons parfois à des phrases qui tournent à vide.
«Nos mots n’ont pas de son sur nos lèvres et nous parlons longuement ainsi, en silence, sans pourvoir rien nous dire.» (p.113)
Le familier de Paul Chanel Malenfant ne fera guère de découvertes dans «Rue Daubenton». J’ai préféré, et de loin, «Des airs de famille», chez le même éditeur.

«Rue Daubenton» de Paul Chanel Malenfant est paru à L’Hexagone.

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