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dimanche 21 février 2010

Jean-François Chassay questionne la vie.

Étienne, un chercheur, a perdu le goût de vivre. Fin de la quarantaine, fort d’une carrière ponctuée de colloques et de conférences à l’étranger, il stagne dans une forme de grisaille. La vie est un fardeau pour Jean-François Chassay dans «Sous pression».
«Depuis des années qu’il se voyait dépérir, selon les critères qu’il se donnait lui-même, il envisageait les modes de suicide les plus variés, du plus banal au plus extravagant, éliminant les méthodes stupides, consistant par exemple à se jeter devant un métro. Cette avenue idiote ne fonctionne presque jamais, on risque de se retrouver estropié sans être plus avancé, on traumatise un chauffeur et on met des gens en retard, ce qui reste une manière platement narcissique d’attirer l’attention.» (p. 21)
En bon scientifique, il prendra une décision après avoir soupesé le pour et le contre. Il convoque des connaissances, des amis, neuf hommes et des femmes pour l’aider à voir clair.
«Alors il s’était proposé un plan, désespéré (ou désespérant, il refusait de trancher). Lui qui connaissait bien des gens, depuis le temps, avait décidé pour une fois de penser à lui. De ne s’intéresser qu’à lui. De se donner une dernière chance. En demandant, pour une fois, de l’aide. L’aide des autres.» (p. 23)
Une collègue de travail, un vétérinaire, un cinéaste, un psychologue ou une peintre doivent lui donner une raison de vivre ou de mourir… Ces rencontres devraient permettre à Étienne de cerner le pour et le contre qui plaident en faveur de la vie ou de la mort.

Égoïsme

Les interlocuteurs ne savent que parler d’eux et de leurs obsessions. Certains propos étonnent, ceux du psychologue entre autres qui se montre particulièrement dur envers les Québécois et Montréal.
«Le Québécois est dans le meilleur des cas un trou de cul infantile, dans le pire un porc infantile. Je m’égare. Mais c’est justement ce qu’il faut.» (p.57)
Pas de quoi vouloir s’incruster dans une telle population.
Étienne doit continuer son chemin de croix, de plus en plus épuisé, de plus en plus seul.
«Son esprit, pour le moment, s’étiole dans une sorte de vide. Il se contente de suivre le mouvement du wagon. Il souffle sept fois, comme s’il voulait saisir un rythme qui lui appartiendrait. Il souffle sept fois et voit sept étoiles apparaître devant ses yeux. Sept étoiles, sept lumières, du feu. Un brasier. Et pourtant, il ne ressent rien.» (p.28)
Est-il possible de trouver des raisons objectives qui font choisir la vie… ou la mort? Les raisons scientifiques et les équations qui feraient en sorte qu’Étienne ait la certitude qu’il va faire le bon choix existent-elles?
«Avait-il tout son temps ou au contraire devait-il se dépêcher pour utiliser au maximum les possibilités de cette journée ? Son attitude ressemblait plutôt à l’attente d’un signe qui lui indiquerait la route à suivre. Une sorte de miracle du destin. Pour un athée comme lui, lecteur de Richard Dawkins depuis toujours même si la question de l’évolution l’intéressait modérément, on pouvait y voir de l’ironie. On pouvait même se permettre d’en rire.» (p.107)

Questionnement

On y côtoie des figures historiques, des gens qui ont dû répondre un jour ou l’autre au questionnement d’Étienne. 
«Le voilà toujours aussi immobile, au carrefour de la rue Laurier et du boulevard Saint-Laurent. Il ne reste tic-tac plus que tic-tac quelques tic-tac minutes tic-tac avant minuit. Peut-être… non, certainement qu’il se demande : et maintenant ? En effet : maintenant. Il y a des limites à tergiverser.» (p.225)
À la fin, tout est possible, comme tout peut s’arrêter. C’est peut-être là le sort du vivant. Il n’y a jamais de certitude. Tout est une question de regards, de pulsions et de désirs. L’empathie entre les êtres humains n’existe pas chez Jean-François Chassay. Tous sont prisonniers de leur individualisme. Écouter l’autre, le comprendre, l’accompagner ne fait pas partie de leurs habitudes. Portrait fort dérangeant de notre époque? Peut-être…
Ce récit grinçant nous laisse avec nos questions. Le choix de vivre semble tout aussi absurde que celui de mettre fin à ses jours.

«Sous pression» de Jean-François Chassay est publié aux Éditions du Boréal.

dimanche 14 février 2010

Pascal Millet s’attarde au côté sombre de la vie

Pascal Millet, en plus d’écrire pour la jeunesse, aime bien bousculer les adultes. «Animal» présente quatorze nouvelles dont la moitié à peu près a été publiée dans des revues. Millet y explore le côté sombre de la vie, des milieux où des femmes et des hommes portent une blessure qui happe leur existence. Ce sont des éclopés, des tourmentés qui s’étourdissent avant de poser le geste fatal. Nous voyons souvent ces personnages par les yeux d’un animal. Un chat, une mouche permettent à l’écrivain de peindre d’une couleur singulière ces histoires dérangeantes.
 J’ai apprécié en 2006 «L’iroquois». Dans un roman noir l’écrivain mettait en scène deux jeunes frères qui fuyaient la maison après le suicide de leur mère. Ils tentaient de partir en Amérique pour vivre avec les Indiens. L’escapade devenait une forme d’initiation qui basculait dans la tragédie.

Contenu

Dans «Scénario pour une métisse», une jeune femme aiguise sa vengeance. La traversée du Québec ne peut finir que dans le sang. Des patrouilleurs, dans «Animal», ont pour mission de retracer une bête qui s’est évadée de son parc. Une bête qui ressemble étrangement à un être humain.
«La chemise de toile était complètement ouverte sur sa poitrine et, me baissant pour ramasser le bout de bras, j’ai vomi. J’ai eu l’impression de rester un instant entre deux mondes, deux extrêmes, mon estomac était complètement retourné, puis Luis a klaxonné.
Merde, j’ai pensé, j’espère qu’ils n’ont pas fait d’erreur dans leur calcul là-haut, parce que celui-là nous ressemblait drôlement. J’ai enveloppé le bras et je me suis dirigé vers la voiture. Il ne pleuvait pratiquement plus.» (p.88)
Le lecteur suit un couple qui tangue dans sa vie lors d’un voyage en pleine tempête, des cow-boys qui se tuent dans la plus folle des absurdités. Il y a aussi une vengeance préparée avec soin. Les circonstances font les héros qui n’échappent pas à une forme de fatalité qui les enferme et les pousse au pire. Des enfants, des femmes, des marginaux qui s’accrochent à la vie. De véritables coups de poing dans plusieurs cas.

Réalité

La canicule a frappé la France en 2003. Les médias ont parlé de 20 000 morts. Les autorités ont dû mettre les corps dans des camions réfrigérés. Pascal Millet s’est inspiré de ce drame. Une fillette croit que le hamster de sa grand-mère est accroché dans le véhicule. Elle comprendra que c’est sa grand-mère qui est décédée. Cette confusion tient le lecteur en haleine tout au long des pages.
«Les adultes se sont tous retournés vers moi. Certains m’ont regardée comme si j’avais dit un gros mot. J’ai même senti que j’avais jeté un froid comme on dit. Et un froid, en pleine canicule, c’était pas mal pour une petite fille de cinq ans. Ma mère a attrapé  ses épaules, mon père a mis ses mains dans ses poches, la femme de mon autre tonton a rabattu sa voilette devant ses yeux et Mme Dusseault a sorti un kleenex de sa manche.
- C’est grand-mère, j’ai dit. C’est grand-mère qu’ils ont accrochée dans le camion.
Ils ont tous baissé la tête, ma mère a recommencé à pleurer et Mme Dusseault a serré mon père contre elle.» (p.28)

Registres

Pascal Millet passe de la langue québécoise à l’argot français sans effort. Il s’adapte au sujet, à la situation, au milieu et ça sonne juste. Il démontre une belle virtuosité, ne cesse de surprendre et de faire grincer des dents. Il a surtout le sens du détail pour décrire le drame de ses personnages qui se tiennent au-delà du bien et du mal. Des mondes où les pulsions font foi de tout. Il sait aussi devenir tendre, mais il a surtout l’art de décrire le côté obscur de la vie, celui que nous n’aimons pas tellement voir.
Ces quatorze nouvelles bousculent un peu tout le monde et nous laissent souvent pantois. C’est drôlement efficace. Une manière de voir notre société qui ne correspond pas à celle que l’on cherche à nous vendre dans les publicités. Un voyage étonnant et perturbant.

«Animal» de Pascal Millet est publié chez XYZ Éditeur. 
http://www.editionsxyz.com/auteur/261.html

Felicia Mihali cultive un fort instinct de vie

Felicia Mihali, depuis «Le pays du fromage» paru en 2002, ne cesse de multiplier les publications. Six ouvrages en huit ans.
 Originaire de Roumanie, elle a connu le régime communiste de Ceausescu pendant son enfance et une partie de sa vie de jeune femme. De quoi marquer, pour ne pas dire traumatiser. L’autobiographie ou le récit chez cette écrivaine n’est jamais loin, même quand elle nous entraîne en Chine.
Ce passé nourrit son écriture, particulièrement dans «Le pays du fromage», «Dina» et «Confession pour un ordinateur». Comment oublier une existence où la misère et la famine sont le lot de tous? Le régime de Ceausescu s’est infiltré partout, politisant toutes les occupations normales de la population.
Dans «Confession pour un ordinateur», elle s’inspire de cette époque pour construire une fiction qui prend l’allure d’une longue marche vers la liberté physique et intellectuelle.

Études

Une jeune fille fuit un monde sclérosé pour entreprendre des études à la ville.
«Mon adolescence a commencé un jour d’automne, à Bucarest, pendant le règne de Ceausescu.» (p.13)
L’adolescente échappe à un village où la vie est particulièrement étouffante, l’avenir impossible.
«Dans cette ville perdue dans l’obscurité, j’étais peut-être la seule fille heureuse, heureuse comme peu de femmes l’ont jamais été. J’étais heureuse parce que j’avais quitté mon village et que je vivais dans un endroit où je ne m’orientais qu’au prix de nombreux égarements, étant donné que je ne pouvais quitter l’internat que quelques heures, le dimanche. J’étais contente que personne ne soit sur mes traces, pour me surveiller derrière les clôtures. Dans ma nouvelle vie, rien n’était ni interdit ni obligatoire.» (p.25)
La Roumanie alors piétine en marge du temps. Les marchés d’alimentation sont vides et il n’y a plus de travail. Même la carrière militaire a perdu de son lustre. La jeune fille croise un peintre lors de «ses égarements» dans la ville. Elle a quinze ans, il a l’âge d’être son père.

Initiation

Ils se voient. Elle le fuit et le retrouve. Il nourrit son imaginaire, devient une sorte de «mentor».
«Lorsqu’il insistait trop, je disparaissais, fuyant cette identité honteuse qui ne me causait que des ennuis. Je préférais mourir plutôt que de lui apprendre quoi que ce soit sur moi.» (p.30)
Le peintre croit au début qu’elle est là pour l’espionner parce qu’il a refusé de faire le portrait du couple présidentiel. Relation trouble, étrange, malsaine.
Elle rencontre l’artiste épisodiquement. Son premier amour, même si les hommes se bousculent dans sa vie. Elle trouve le moyen de se marier, d’avoir une fille, de voyager, de retourner vivre à la campagne, de divorcer pour reprendre des études tout en gardant le cap sur l’écriture.

Les femmes

Les personnages féminins de Felicia Mihali sont emportés par les événements et empruntent souvent des routes étonnantes malgré leur volonté de changer de vie. Et curieusement, c’est cette «passivité» qui les sauve.
«Je me réveillais de l’état de choc que j’avais traversé. Je lui avais survécu. Je me suis habituée à l’idée que j’avais fait mon choix, et peut-être une conquête, que j’étais en train de changer et que dorénavant ma vie ne serait plus la même.» (p.55)
Elle deviendra journaliste et écrivaine.
Son personnage, dans «Confession pour un ordinateur», fait preuve de ténacité et de courage. Elle finit par s’en sortir même si la grisaille des jours semble l’emprisonner. Malheureusement, il peut y avoir aussi des perdantes. Dans son roman précédent, Dina est broyée par un homme qui la détruit. Tout comme le régime communiste a écrasé la Roumanie.
Mais plus souvent qu’autrement, elles sont le reflet de ce pays qui a fini par relever la tête après les délires de la dictature. L’instinct de vie triomphe de toutes les embûches et de toutes les folies dans l’univers de Mihali.
S’aventurer dans le monde de cette romancière, c’est accepter de perdre souvent ses repères.
De roman en roman, Felicia Mihali reprend un chant de libération souvent douloureux mais combien humain et touchant. L’écrivaine s’attarde à la longue marche de ces femmes qui s’échappent d’une société archaïque pour s’affirmer dans la modernité. Toujours troublant et inquiétant.

«Confession pour un ordinateur» de Felicia Mihali est publié chez XYZ Éditeur.

dimanche 7 février 2010

Comment bien interpréter les faits de l'histoire?

Jean-Claude Germain, dans «Nous étions le Nouveau Monde», raconte le régime français de façon amusante, s’attardant à des personnages comme Jeanne Mance, Maisonneuve et Montcalm. Dans «Les Robinson Crusoé de l’histoire» Jean-Paul de Lagrave survole le Québec des débuts jusqu’à maintenant, convoquant Montcalm, George Washington, Voltaire et quelques autres.
Ces deux livres démontrent de façon éloquente comment l’histoire peut dire une chose et son contraire.
«Lorsqu’on invoque le passé, proche ou lointain, c’est une erreur de perspective de croire que les ancêtres sont les anciens et que nous, nous sommes les jeunots. C’est même le contraire qui est juste. Par rapport à eux, nous sommes les vieux et par rapport à nous, ils sont notre jeunesse. Ne sommes-nous pas la somme de ce qu’ils ont été?», écrit Jean-Claude Germain.
Le problème reste d’interpréter correctement ce qu’ont été les ancêtres pour mieux se comprendre.

La Conquête

La France a préféré la Guadeloupe et la Louisiane au Canada suite aux négociations qui ont suivi 1760. Certains, comme Jean-Paul de Lagrave, y voient une forme de trahison. Il s’attarde longuement à cette période et aux jeux de coulisses de la France lors de la guerre d’indépendance américaine. Il reproche aux Français de ne pas avoir marché avec les Américains pour envahir le Canada et rétablir l’hégémonie française sur cette partie du monde.
Si Jean-Claude Germain et Jean-Paul de Lagrave s’entendent sur le rôle de la France et celui de George Washington, ils s’opposent quand il est question de certains personnages. Germain aime bien souligner les différences qui deviennent de plus en plus évidentes entre les «Canayens» et les Français qui débarquent ici. Les ancêtres des Québécois s’étaient intégrés aux populations indiennes en apprenant leur langue et en pratiquant la guerre à leur façon. Le marquis de Montcalm détestait cette façon de faire et la considérait comme de la barbarie.
«Inexpérimentés dans ce genre de combat, les soldats de la première rangée ignorent qu’après avoir tiré un coup, ils doivent recharger leurs armes sans cesser de courir. Plusieurs mettent un genou à terre, comme à l’exercice, et provoquent une suite de culbutes qui casse l’élan de leur attaque. Au bas de la pente, les Anglais qui les attendent, font tous feu en même temps. Après la pagaille, voici la débandade!» (Jean-Claude Germain)
Un différend qui a eu les conséquences que nous savons. Jean-Paul de Lagrave fait un héros de Montcalm et Jean-Claude Germain une caricature.
«Par sa vaillance sur les plaines d’Abraham, Montcalm avait empêché l’ennemi de s’emparer de Québec, la capitale, que Ramezay sur les ordres de Vaudreuil, avait lâchement vendu. Puis ce fut la honteuse capitulation de Montréal», écrit Jean-Paul de Lagrave.
«Trois jours avant la reddition du gouverneur de Québec, Nicolas-Roch de Ramezay, Montcalm trouve assez de souffle pour expédier une lettre de capitulation aux Anglais avant de rendre l’âme. Ce fut la dernière couillonnerie du petit marquis», affirme Jean-Claude Germain.

Révolution tranquille

Plus près de nous, les affirmations de Jean-Paul de Lagrave sur la Révolution tranquille étonnent.
«Malgré la Révolution tranquille, la société demeurait la même que précédemment. Les Québécois restaient dans leur ensemble des pauvres et des ignorants dans un monde en pleine mutation. L’enseignement laïque et gratuit, de la maternelle à l’université, leur était refusé. Une petite élite seule avait amélioré son sort.» (p.134)
Le Québec remettait les pendules à l’heure dans les années 60. Il s’inscrivait dans la modernité en se donnant les outils d’un État moderne et avant-gardiste en éducation et en soins de santé. Les frais de scolarité demeurent encore les plus bas en Amérique malgré des lacunes. Si le système de santé éprouve aussi ses problèmes, il fait l’envie de bien des pays.
«Nous étions le Nouveau Monde» de Jean-Claude Germain et «Les Robinson Crusoé de l’histoire» de Jean-Paul de Lagrave démontrent comment on peut opposer certains faits historiques. Ces livres donnent raison à Joseph Facal qui, dans «Quelque chose comme un grand peuple» dénonce certains historiens qui gomment les faits pour promouvoir l’approche canadienne. L’histoire sert à fournir des munitions aux souverainistes comme aux fédéralistes, deux approches qui s’affrontent depuis la Confédération.

« Nous étions le Nouveau Monde » de Jean-Claude Germain est publié aux Éditions Hurtubise et « Les Robinson de l’histoire » de Jean-Paul de Lagrave est paru aux Éditions Trois-Pistoles.

dimanche 31 janvier 2010

Joseph Facal jongle avec l'avenir du Québec

Joseph Facal, dans «Quelque chose comme un grand peuple», se penche sur des problématiques qui font les manchettes depuis des années au Québec.
La phrase est de René Lévesque. «Quelque chose comme un grand peuple», lancé le soir du référendum de 1980, après la victoire du camp fédéraliste, attire l’attention sur la page couverture. Pas tout à fait un grand peuple, mais quelque chose comme… Étrange formulation qui sert à lancer la réflexion de Facal.
L’avenir du Québec est préoccupant. Vieillissement de la population, pénurie de main d’œuvre, endettement de l’État, système de santé qui ne répond plus aux exigences, décrochage scolaire, diplômes à tout prix au détriment des connaissances. Le recul du français à Montréal, l’immigration, la modernité qui se retourne souvent contre les aspirations des francophones. On pourrait ajouter la qualité de l’environnement et bien d’autres choses.
«À cet égard, je suis habité à la fois par l’inquiétude et la confiance. Inquiétude quand je pense à ce que nous léguerons à ceux qui nous suivent si un redressement collectif ne survient pas rapidement. Inquiétude quand je constate l’inadaptation de nos politiques au monde qui se déploie sous nos yeux. Inquiétude quand je vois l’incapacité d’une bonne partie de notre classe politique à prendre acte de nos problèmes et à commencer à leur tordre le cou.» (p.25)

Les sources

L’avenir se construit sur des bases solides, un passé compris et accepté. L’histoire du Québec est une suite de luttes pour préserver la langue française et s’épanouir malgré tous les obstacles. Un passé qui devient un enjeu important dans l’actualité.
«Bref, ici comme ailleurs, et depuis la nuit des temps, l’histoire est toujours sous haute surveillance. Elle ne va jamais de soi. Chaque famille politique voudrait imposer sa lecture du passé pour essayer de mieux maîtriser le présent. Mais toutes n’ont évidemment pas les mêmes moyens.» (p.30)
Facal questionne l’approche de plusieurs figures connues, dont celle de Gérard Bouchard qu’il accuse de «diviser et de désagréger» la société québécoise avec son concept de «francophonie nord-américaine en phase avec les autres jeunes collectivités du Nouveau Monde».
Aussi l’historien Jocelyn Létourneau qui souhaite que l’on cesse de voir le Québec comme une nation pour «assurer en toute vérité, l’appartenance du Québec au Canada». André Pratte, éditorialiste au journal La Presse, qui invite les Québécois à faire table rase du passé. Les regards changent selon que l’on soit souverainiste ou fédéraliste. Cette question hante le peuple du Québec depuis la Conquête de 1760 et risque d’être d’actualité encore longtemps malgré les cris et les chuchotements.
Une conception de l’histoire qui trouve des échos dans le monde scolaire avec le programme Éthique et culture religieuse qui «illustre parfaitement la manière de penser et le modus operandi des idéologues multiculturalistes», lance Facal. Un concept élaboré par Pierre Elliott Trudeau dans «Cité libre» et qu’il a mis de l’avant en devenant premier ministre du Canada.

Ensemble

Le Québec est l’un des états les plus endettés du monde, le système de santé gruge une partie du budget. Comment assainir les finances publiques, valoriser l’apprentissage et le savoir, augmenter la productivité, s’affirmer dans le vaste marché de la mondialisation en protégeant notre culture ? Toutes ces questions sont abordées dans « Quelque chose comme un grand peuple ».
Joseph Facal suggère des solutions qui demandent du courage et de l’abnégation. Chose certaine, un politicien aurait du mal à se faire élire en promettant de faire le ménage dans l’état québécois selon les vues de l’ancien politicien qui a signé le «Manifeste des lucides» avec Lucien Bouchard.
Monsieur Facal a cependant le cran de ne pas esquiver les problèmes. Il secoue des réalités qu’il est impossible d’ignorer. L’essayiste croit au futur du Québec, en autant que l’on accepte de voir la situation telle qu’elle est et que l’on cherche des solutions.
«En définitive, quand on regarde ce qu’il faudrait faire au Québec pour protéger notre niveau de vie, assainir nos finances publiques et refonder notre solidarité, on peut être pris de vertige et sombrer dans le découragement ou, pire, le déni. Mais des réformes comme celles-là ont été implantées au cours des vingt dernières années dans des sociétés très comparables à la nôtre, animées elles aussi par ce souci que nous avons de combiner prospérité économique et solidarité sociale : la Suède, le Danemark, la Finlande, l’Irlande, et même dans des sociétés qui n’ont pas le statut d’État souverain, comme la Bavière.» (p.286)
Beau débat en perspective. Un essai nécessaire qui peut alimenter notre réflexion en ces temps de doute et de cynisme.

«Quelque chose comme un grand peuple» de Joseph Facal est publié aux Éditions du Boréal. http://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/auteurs/joseph-facal-1565.html

dimanche 24 janvier 2010

Gil Courtemanche: de quoi douter du monde

Le droit est-il la justice ? La question se pose après avoir lu «Le monde, le lézard et moi» de Gil Courtemanche.
Claude, analyste à la Cour pénale internationale de La Haye, réunit des preuves contre Thomas Kabanga, un despote qui a sévi au Congo. Le dictateur est accusé d’avoir embrigadé des enfants, de les avoir entraînés pour faire la guerre, commettre des meurtres et des viols. Ces jeunes ont semé la terreur dans un pays où le trafic des diamants et de l’or attire tous les aventuriers.
Avec une équipe de recherchistes, il est convaincu de faire condamner le dictateur et de créer un précédent dans le droit international. Il écoute les témoignages de ces jeunes torturés et violés. Des histoires invraisemblables qui plongent dans l’horreur et deviennent obsédantes.
Solitaire, ce Québécois a cru changer la société au temps de ses études. Il s’est joint à un groupe de militants et après un attentat raté, a dû purger trois mois de prison.
«Je découvrais que l’injustice existait dans mon pays. Ce n’était pas la même pauvreté. Ce n’étaient pas des cases malodorantes dans lesquelles vivaient entassées des familles nombreuses, mais des taudis puants abritant des familles nombreuses. Pas des gens qui mouraient de faim dans un pays pauvre comme l’Éthiopie, mais des Québécois qui ne mangeaient pas à leur faim dans une des sociétés les plus riches du monde.» (p.41)
Il se transforme en chasseur qui ne lâche pas sa proie. Une hantise qui peut devenir dangereuse.
«Kabanga occupe toutes mes pensées. Je suis un monomaniaque et je pourrais peut-être constituer un danger pour la société si cette obsession avait quelque autre objet humain. Je vis avec cet homme… Je l’observe, l’analyse, le dissèque, le retourne, le soupèse, le met en question comme un biochimiste travaille sur une molécule prometteuse, désespère de ses premiers résultats, mais certain de son intuition, poursuit le fractionnement de la molécule, la combine avec d’autres éléments.» (p.105)

Vice de procédure

Thomas Kabanga est libéré. Vice de procédure. Il rentre à Bunia et peut tout recommencer.
Claude démissionne et part pour le Congo en compagnie de Myriam qui travaillait avec lui. La Somalienne a connu les horreurs de la dictature. Elle aussi souhaitait voir Kabanga payer pour ses crimes. Ces deux éclopés ont du mal à trouver un espace où il est possible de respirer. Claude garde l’espoir fou de réussir là où l’appareil juridique a échoué.
«Kabanga, trois mille enfants soldats, un sourire insolent, des boutons de manchette en or, non pas le regard d’un assassin, mais celui d’un chef imbu de sa personne, cherchant par tous les moyens pouvoir et richesse. Un être méprisable. Mais je n’ai jamais vécu dans ce monde des émotions primaires, et je ne l’avais jamais avant considéré comme autre chose qu’un accusé que je crois coupable. J’ai quitté l’univers rigoureux de la justice pour celui embrouillé et arbitraire de la passion. Je ne suis pas certain que cela soit bien, mais c’est le chemin que j’ai choisi.» (p.155)

Enfant soldat

Il retrouve Josué, un enfant soldat qui a témoigné à la cour de La Haye et qui cherche à se venger et à refaire l’histoire. Il s’entoure de gens qui tuent, violent, éliminent Kabanga, à l’image du monstre qui lui a volé son enfance. Rien ne change ! Les despotes engendrent les despotes. Les tueurs forment les tueurs et les violeurs. Claude participera même au simulacre de procès de Thomas Kabanga.
Réflexion sur la justice, le pouvoir, la violence et les pulsions qui poussent les humains à commettre les pires horreurs, cet ouvrage nous plonge dans les conflits qui déchirent notre monde. C’est l’humain le grand responsable. L’homme incapable de justice, de compassion et d’empathie, impuissant devant les pulsions de mort qui dominent partout. Tous finissent piégés par des règles, des codes qui deviennent des prétextes pour dominer les autres, même les hommes de bonne volonté.
Roman dur de désespoir et de désespérance, «Le monde, le lézard et moi» fait douter de l’espèce humaine et de ses capacités à dominer ses pulsions et ses folies meurtrières. Une réflexion nécessaire dans une époque où les conflits se multiplient, où les bombes servent à ponctuer les discussions.

« Le monde, le lézard et moi » de Gil Courtemanche est publié aux Éditions du Boréal.

dimanche 17 janvier 2010

Bill Gaston fait découvrir tout un monde

Évelyne a connu le grand amour. Elle n’avait pas tout à fait vingt ans et son amoureux était un nomade, un Québécois débarqué sur la côte ouest après avoir pratiqué cent métiers. Il vivait d’expédients, se débrouillait dans la nature, ne refusait jamais une fête où l’alcool et les drogues surgissaient de partout. Un homme intense, brillant, excessif, capable du pire comme du meilleur. Ils ont eu un fils dont il ne s’est jamais préoccupé, un rebelle, un provocateur qui n’en a fait qu’à sa tête dès son jeune âge. Il s’est retrouvé vendeur de drogues, au milieu d’une guerre de gangs, a failli être tué et en garde des séquelles sérieuses. Il n’a plus donné de nouvelles à sa mère depuis une dizaine d’années. Il vit sur l’île Malcolm, observe les baleines, enregistre leurs chants et prend des photographies saisissantes de ces mammifères imprévisibles. 

Appel

Claude est mourant. Évelyne quitte son mari, sa vie bourgeoise, ses antidépresseurs. Elle va rejoindre son ancien amant, l’accompagne dans ses derniers moments. Tout bascule. Elle décide de partir à la recherche de son fils pour lui annoncer la mort de son père, se retrouve dans les parcs comme une sans-abri.
«Elle se redit qu’elle est ici à cause de Tommy. Ce qui n’a aucun sens. Claude lui a dit que Tommy observait les baleines dans le Nord. Non. Elle se rappelle : ses pilules. Elle a cessé de les prendre et n’a plus eu les idées claires depuis. En fait elle se sent parfois folle, complètement folle, même si ça va mieux.» (p.22)

Gore

Gore, un biologiste, décide d’échapper à sa vie ennuyeuse. Il prend sa retraite de l’enseignement et part à l’aventure. Il veut réinventer une forme de récit de voyage, s’intéresse à l’histoire de l’île de Vancouver, aux premières nations, aux colons européens et aux inventeurs de mondes qui sont débarqués dans les années 70. Des décrocheurs, des squatteurs et des utopistes. Ce n’est pas sans rappeler l’univers de Louis Hamelin dans «Le Joueur de flûte».
Gore croise Évelyne et ils remontent vers le Nord dans un kayak volé. Il est malhabile, gauche, souffre de la goutte et se paie des crises de vésicule biliaire. Il repousse l’ablation, s’entête. Le couple vit de pêche, de la générosité des campeurs. Il tente d’écrire, mais n’arrive à rien. La vie à deux s’installe, l’amour peut-être entre ces êtres blessés qui cherchent un nouvel ancrage.
Évelyne se refait une santé physique et mentale. Gore apprend à se débrouiller, rêve son récit en oubliant souvent la réalité.
Tour à tour les personnages prennent la parole. Gore, Evelyne et Tommy sur sa plage, envoûté par les baleines. Nous avons ainsi un puzzle qui se constitue et s’assemble lentement.
«Tom avait le casque d’écoute sur les oreilles quand les épaulards étaient arrivés. Il était plongé au plus profond de la respiration. La respiration de Dieu, simultanément inspiration et expiration. Il imaginait la peau d’une baleine bleue qui nageait lentement à un pouce de son visage, une muraille gris bleu qui bougeait, bougeait, bougeait, la balafre occasionnelle due à quelque barnacle, puis plus de gris bleu encore.» (p.462)
Gore, Évelyne et Tommy finiront par se retrouver sur l’île Malcolm, près de Sointula qui signifie harmonie en finnois. Le lieu a été baptisé ainsi par des Finlandais communistes et utopistes qui voulaient abolir les classes sociales, vivre le partage et l’amitié dans une vie réinventée. Ce périple devient une sorte d’épreuve, de retour aux valeurs fondamentales de la vie.

Belle aventure

La nature est omniprésente. Bil Gaston démontre une capacité formidable à décrire la mer, les changements de couleurs, le jeu des vagues, les déplacements des poissons et des baleines. Véritable voyage aussi dans l’histoire de cette partie du monde.
Un grand roman d’amour, d’amitiés, de folie et d’utopies. Tout nous tient en haleine, nous attache à cette histoire obsédante, à ces éclopés qui recherchent un sens à leur vie. Une découverte d’un monde où les utopies se sont croisées et peuvent toujours ressurgir. Comme si certains lieux étaient magiques. Les humains y retrouvent des comportements millénaires, possédés pour ainsi dire par la géographie, la flore et la faune. Une histoire qui nous plonge dans le temps et l’espace, une aventure de lecture comme on les aime.

« Sointula » de Bill Gaston est publié aux Éditions de la Pleine lune.

dimanche 10 janvier 2010

Bïa Krieger crée une belle surprise

Bïa est une chanteuse appréciée au Québec. La douceur de ses musiques et la langueur de sa voix savent nous bercer comme un chaud soleil de juillet. Son dernier disque en compagnie d’Yves Desrosiers est un petit bijou.
Si le prénom s’est imposé, il faudra tenir compte maintenant de Krieger, son nom de famille en raison de ce récit. «Les Révolutions de Marina» nous entraîne dans son enfance au Brésil et ses nombreuses pérégrinations.
Militants engagés, ses parents ont vécu dans la clandestinité. Ils devaient multiplier les réseaux pour se protéger, changer d’identité pour échapper à la police et à la dictature, pratiquer l’art du caméléon pour rester en vie.
«Ceux, qui, comme mes parents, ne croyaient pas à la violence comme moyen pouvant servir des fins légitimes, vouaient leur existence à la diffusion d’organes d’information illégaux, à l’organisation de syndicats, à la sensibilisation des masses laborieuses et à la pénétration des idées libertaires tant dans les couches opprimées que chez les intellectuels du pays.» (p.14)
Les parents de la petite Marina disparaissent souvent et elle se retrouve chez ses grands-parents maternels. Des gens qui ont du mal à comprendre pourquoi leur fille conteste le régime et le pouvoir en place. Un couple conservateur, mais de grands cœurs capables de générosité pour leurs enfants. Ils étaient toujours là pour accueillir leur petite-fille et la choyer.

Le goût du voyage

Marina apprend à vivre avec ces départs et ces retours, prend goût à ces exils qui la mèneront dans différents pays d’Amérique du Sud et au Portugal. Et après bien des déplacements, elle retrouve son Brésil à l’âge de l’adolescence.
«Je débarquai au pays du dévergondage, où l’on expose les rondeurs charnues sans y penser, où l’on s’appelle «mon amour» et «chéri» à la caisse du supermarché ou dans l’autobus. «Tu n’as pas l’appoint chérie?» «Ah, désolée, mon cœur! Je n’ai aucune monnaie!» Le langage corporel, le ton de voix langoureux et les attouchements triviaux du plus banal échange carioca seraient passés à Lisbonne pour une invitation à la débauche ; et sous ces gais tropiques les bikinis tenaient moins de place qu’une balle de ping-pong dans une main fermée. J’étais dépaysée dans mon propre pays.» (p.35)
Les migrations constantes peuvent faire en sorte que l’on devient un étranger dans son propre pays.

Le Chili

Les parents de Bïa se retrouvent au Chili pendant le court règne de Salvador Allende. Ils y trouvent du travail et peuvent enfin vivre librement. Ils oeuvrent dans une société qui correspond à leurs idées. Tout semble devenir possible pendant cette période. Le temps des migrations était peut-être chose du passé.
«J’aimai le Chili. Son air froid et sec qui faisait geler les crottes de nez, provoquant sans cesse des saignements de narines. Son peuple si taciturne, grave, mélancolique et assoiffé de poésie, ces visages homogènes, cette parfaite chiliennitude faite de cheveux noirs de jais, d’yeux légèrement bridés, de pommettes hautes et de peaux mates, de femmes sérieuses et sans fard et d’hommes introspectifs épargnés par la calvitie.» (p.69)
Le rêve ne durera pas. Il faudra encore une fois prendre la fuite, s’exiler au Portugal cette fois, dans une société traditionnelle et un peu sclérosée.

Différence

Apprentissage des langues, découverte de la différence, Bïa témoigne de son vécu simplement. Un regard aimant et sans complaisance sur ses parents qui finissent par se séparer pour refaire leur vie. L’enfant n’en souffrira guère, adorant sa seconde mère, son nouveau frère et sa nouvelle sœur. Elle vivra ces bouleversements sans crises existentielles ou grandes révoltes. L’enfant montre une capacité de résilience et d’adaptation exceptionnelle.
Un peu déroutant, le récit épouse le parcours de la vie de Bïa, les départs et les retours en arrière, passe de la vie de l’enfant à celle de l’adolescente qui vit ses premiers émois avec des garçons pour replonger dans ses premières années. Une fois familiarisé avec cette façon de raconter, à ces allers et ces retours, on suit la narratrice avec plaisir.
Touchant, bien écrit, sensible, intelligent, ce récit nous entraîne dans une vie qui sort de l’ordinaire. Un récit autobiographique étonnant. Bïa Krieger est plus qu’une chanteuse. Elle démontre un beau talent d’écrivaine.

«Les Révolutions de Marina» de Bïa Krieger est publié chez Boréal Éditeur.
http://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/auteurs/bia-krieger-1641.html

Katia Canciani écrit à Antoine de Saint-Exupéry


Katia Canciani a été pilote, adorait se glisser entre les nuages, avoir la sensation d’être un oiseau.
La vie a fait en sorte que celle qui cherchait à s’envoler est demeurée au sol. L’arrivée des enfants, la vie qui prend une autre direction. L’écriture a pris la place que ses trois marmots veulent bien lui abandonner.
Dans «Lettre à Saint-Exupéry» elle décide d’écrire à l’auteur du «Petit prince». Après tout, il était pilote et écrivain. Elle se raconte, le convoque dans un café pour discuter. Elle connaît ses romans bien sûr. Elle parle de son rêve de voler, de l’école de pilotage de Chicoutimi, ses problèmes en tant que femme dans un monde masculin, un accident grave à l’amerrissage. Elle a amorcé une carrière d’instructeur jusqu’à son ras-le-bol devant l’attitude de certains étudiants. Cela arrive, même quand on sait défier la gravité. Les humains demeurent les humains.
Katia Canciani confie ses craintes devant le monde de l’écriture. Il doit savoir lui, l’auteur de «Vol de nuit» et de «Terre des hommes». Il y a peut-être une manière de saisir les mots, un plan de vol pour inventer un roman. Bien sûr, Saint-Exupéry reste silencieux. À chacun de trouver son chemin et de vivre ses expériences.
Katia Canciani survole l’œuvre de Saint-Exupéry, glane une phrase ici et là, raconte ses frayeurs devant ce nouveau monde.
Ses illustrations sont naïves à souhait, enfantines même. Clin d’œil au «Petit prince» peut-être, mais là encore rien de convaincant. Un ouvrage sympathique, sans plus.

« Lettre à Saint-Exupéry » de Katia Canciani et publié aux Éditions Fides.