«Plus que jamais, la municipalité de Péribonka est à un tournant décisif de son histoire. On n’hésite plus à parler d’elle comme d’une communauté dévitalisée. Petit à petit, les symboles de sa cohésion sociale s’étiolent. En 2006, la dernière épicerie a fermé ses portes et, l’année suivante, c’est au tour de la caisse populaire d’interrompre ses services à Péribonka. L’école continue de maintenir une partie de ses activités, mais pour combien de temps?» (p.235)
Un scénario connu de toutes les régions périphériques du Québec.
Centenaire
Péribonka fête, en 2009, le centième anniversaire de sa constitution en municipalité. Jérôme Gagnon, historien et chercheur, avec plusieurs collaborateurs, a écrit l’histoire de ce territoire et de ce village au destin singulier sans gommer la présence autochtone. L’historien présente le territoire de la Péribonka à partir des premiers contacts au temps de la Nouvelle-France. Des oblats, Joseph-Étienne Guinard et le père Crespieul, remontent les rivières jusqu’à la baie d’Hudson, empruntant la Péribonka. Louis Jolliet y mène une expédition en 1679. Les Innus sillonnent ce territoire depuis plus de 6000 ans. La rivière Péribonka étant, avec la rivière Ashuapmushuan, l’une des grandes voies d’accès aux territoires de chasse.
Première église de Péribonka |
Des personnages fascinants s’installent comme le Français Paul-Auguste Normand et Joseph Savard, un visionnaire de l’agriculture. Également des frères ouvriers de Saint-François-Régis à Vauvert qui seraient à l’origine de la culture de la pomme de terre dans le secteur. Des Européens aussi qui viennent tenter leur chance, mais n’arrivent pas à relever le défi.
Péribonka, c’est l’histoire de la navigation sur le lac Saint-Jean, du flottage du bois qui a duré quelque 140 ans. Le village se singularise avec la construction d’une usine de pâte en 1901 qui connaîtra le même sort que Val-Jalbert et les installations de J.E.A Dubuc au Saguenay. L’agglomération connaîtra aussi l’effervescence des chantiers de construction des grands barrages, la production d’électricité et le rehaussement des eaux du lac Saint-Jean. Son environnement changera avec la disparition de Jeanne-D’arc, un village prospère, qui s’érigeait dans le territoire qui est devenu le parc de Pointe-Taillon.
Louis Hémon
En 1912, un Breton arrive à Péribonka et s’engage comme homme à tout faire chez Samuel Bédard. Un aventurier, un écrivain qui observe et parle peu. «Maria Chapdelaine» de Louis Hémon sera publié quelques années plus tard, un grand succès de la littérature mondiale qui fait connaître Péribonka partout sur la planète. Le village devient un lieu de pèlerinages pour des milliers d’admirateurs. Éva Bouchard sait entretenir le culte et attirer les visiteurs. Péribonka devient un lieu mythique qui nourrit l’imaginaire. La municipalité vit son «âge d’or» en 1960 avec une population de 891 habitants. Il n’en reste plus que 540 en 2006.
Jérôme Gagnon a le grand mérite d’avoir parcouru cet immense territoire depuis des temps immémoriaux jusqu’à l’époque récente. Bien plus que l’histoire de Péribonka, son travail constitue un regard sur le développement du Lac-Saint-Jean. Le lecteur trouvera dans «Péribonka, un petit village au grand destin» une foule de renseignements, de statistiques et de photographies qui témoignent de la vitalité d’un peuplement et de son déclin. Une fresque fort intéressante qui se lit comme un roman.
«Péribonka, un petit village au grand destin» de Jérôme Gagnon est publié par la municipalité de Péribonka.
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