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mercredi 15 décembre 2004

Toujours la recherche d’équilibre et de sens


Joël Pourbaix oscille entre le poème et un récit qui ballote le lecteur entre l’enfance et la vie présente. Encore une fois! Un monde fait d’avancés et de reculs qui expliquent peut-être le titre un peu étrange de ce recueil. «Labyrinthe », rues, passages, ruelles qui vont dans toutes les directions et qui n’ont à peu près jamais d’issues. Certains carrefours s’ouvrent selon les rencontres, les visages qui surgissent, les événements qui s’imposent en marquant le corps et l’esprit.
La solitude encore, l’isolement si lourd à porter malgré le visage des femmes qui vont sur les trottoirs comme des brûlures et des invitations. La plus terrible des solitudes? L’exil et le déracinement.
«Début septembre, la chaleur a pris possession des rues. Dans la foule je croise quelques femmes qu’on ne peut prier que des yeux. S’arrêter, faire demi-tour, quoi de plus simple, quoi de plus impossible.» (p.11)
Peu à peu Pourbaix livre des fragments de sa vie comme s’il déplaçait les morceaux d’un puzzle. Il multiplie les points de vue, surveille la rue, une voisine un peu étrange, un arbre que l’on abat et qui laisse un trou terrible dans le monde. Et un pays de sable et d’espace s’esquisse au détour d’un mot. L’enfance soufflée par la violence et souillée par la mort surgit.
«J’entends des pas et des voix. Hommes, femmes, chevaux, bêtes de somme à longs poils. Et des enfants.
Ils m’ouvrent leurs bras.»  (p.147)

Équilibre

Plusieurs poèmes sonnent comme des aphorismes, retournent des expressions connues et inventent un autre équilibre. C’est souvent un vers, une phrase qui fige le lecteur tel un point d’ancrage. Des perles tout au long de ce recueil, des fragments comme des oasis que l’on ne veut plus quitter. Le mot se dresse comme ces «êtres de pierre» qui font face au temps et narguent l’espace.
Arriver à colmater les manques de la vie, les faux pas, calmer les douleurs avec des images pour revenir «parmi les hommes», voilà ce que tente Joël Pourbaix dans son entreprise poétique. «Un combat contre le vide et l’absence par un peu plus de vide et d’absence.»
Un recueil fascinant même si le poète a tendance parfois à se recroqueviller dans un hermétisme qu’il est difficile à percer. Mais autant se laisser porter par le rythme, le phrasé où les poèmes esquissent des sculptures que le temps ne réussit pas à courber.

«Labyrinthe 5» de Joël Pourbaix est paru aux Éditions du Noroît.

mardi 14 décembre 2004

Maugey se complaît dans le romantisme

Axel Maugey regarde derrière son épaule pour retrouver un amour qui a marqué sa vie. Il retourne au pays des origines, ce pays de Provence qu’il a abandonné pour les raisons qui font qu’un homme ou une femme deviennent des migrants. Les chemins du monde sont innombrables et fascinants. Par l’écriture, Maugey esquisse un Saint-Tropez méconnu, ce petit port de mer plein d’odeurs et de parfums étourdissants pour le fixer dans sa mémoire. L’entreprise est séduisante.
«J’invente ma vie à chaque seconde, avec le souvenir de cette femme dans le cœur. J’ai appris très tôt, même entouré et choyé, que l’homme ne se construisait que dans la douleur, le déchirement et la lutte quotidienne. Que de réminiscences, se bousculent aujourd’hui dans mon esprit ! Sans arrêt l’image voluptueuse et trépidante de l’amie brune des premiers jours revient s’inscrire en moi.» (p.16)
Mais les caresses, les baisers qui sentent le thym et la menthe, le ballet des sens qui occupe les nuits du couchant aux premières lueurs du jour finissent par faire un peu sourire.
Axel Maugey ne sait pas éviter la complaisance et la mystification de l’amour. Surtout que son écriture devient très rapidement un peu trop laquée et pompeuse. Et l’amant en érection s’attarde sur des nuits sans fin, ces jours où «la chair exulte» avec les vagues qui usent le sable de la Méditerranée.
«Tes yeux de nymphe, baignés de sources, s’épanouissent, telles des feuilles de menthe, sur le chemin qui monte comme ton rire. Ton rire qui me poursuit sans cesse durant mes rêveries nocturnes pendant lesquelles je t’accueille en t’inventant, ô ma visiteuse !, en train de te faufiler sous les arbres musicaux, la bouche gonflée par une figue fraîchement cueillie, la robe très légère, à la fois nuage et voile, que ton corps épouse au gré du vertige.» (p.71)
Pour les romantiques.

«La Magnifique surface de ta chair» dAxel Maugey est paru aux Éditions Humanitas.

Ying Chen trouve refuge dans l’écriture

Ying Chen, écrivaine d'origine chinoise, arrivait au Québec en 1989. Son entrée dans la littérature d’ici fut assez spectaculaire avec «Les Lettres chinoises», «L'Ingratitude» et «Immobile». Des ouvrages qui permettaient de découvrir une belle sensibilité et un monde fascinant. Dans «Quatre mille marches», elle explique son rapport à l’écriture et la vie.
«Je veux que pour une fois mon carnet soit exempt des éléments fictifs, qu'il serve de point final à une tristesse usée. Un enterrement peut être parfois un secours.» (p.9)
Lors d'un retour à Shanghai, le temps de tourner un documentaire, elle retrouve ses parents après dix ans d’exil. Pas de larmes, aucune exubérance! Ying Chen est devenue une étrangère au pays de sa naissance. Dorénavant, sa patrie est le monde de l'écriture.
«Aujourd'hui, j'ai l'impression de n'être pas vraiment née, de n'avoir jamais vraiment vécu avant vingt-huit ans, avant de m'être mise à écrire pour de bon.» (p.13)

Abandon

En quittant la Chine, Ying Chen abandonnait sa nationalité comme une vieille robe et plongeait dans une nouvelle langue pour s'y effacer. Il faut peut-être parler de mutation dans son cas. Comme si elle s’arrachait à tout ce qu’elle était pour se sculpter dans une nouvelle culture, d'autres langues devrais-je dire. Le « territoire des langues » donne dorénavant une direction à sa vie et contribue à former un nouvel être à chaque expression ou mot qu’elle découvre. Elle est heureuse dans ces glissements vers une autre identité. Comme une voyageuse qui se grise du vol de l’avion mais qui veut repartir aussitôt qu’elle a posé le pied dans l’aéroport.
«Mais l'écrivain par sa nature d'enfant sauvage est irrésistiblement attiré par la langue et la littérature, cette chose vague, indéfinie et sans cesse en devenir, qui risque à tout moment de lui filer entre les doigts. L'écrivain est en exil dans la langue.» (p.93)
Elle a d'abord apprivoisé le français mais ce n'était que le début d’une longue pérégrination. La migration la pousse encore et toujours vers «cette autre femme» qu'elle pourchasse en plongeant dans d’autres langues pour «renaître, avec une peau toute neuve, sans plaie et respectable?»

Le rêve

«Je rêvais et je rêve encore de franchir la barrière des langues, convaincue que toutes les cultures peuvent me nourrir, que je suis ma propre origine qui se forme, se disperse et se reforme au fur et à mesure que je voyage, que je suis moi avant d'être shanghaïenne, chinoise, québécoise, canadienne ou autre.» (p.48)
Comme si en explorant une autre langue, elle cherchait à oublier tout ce qui fait qu'elle  est Chinoise.  Il faut savoir que Ying Chen a grandi pendant la Révolution culturelle en Chine. Un régime politique où le je n’avait guère d’espace et de sens. Aujourd’hui, elle semble basculer dans l'excès contraire. Elle nie toute appartenance, toutes racines pour n’être plus qu’un moi errant. Elle peut sembler moderne à l’époque de la mondialisation mais rejeter l'histoire et tout nationalisme, est-ce raisonnable? Que serait Léon Tolstoï sans sa langue, son peuple et son milieu? Qu'aurait été Gabriel Garcia Marquez et Günter Grass sans des ancrages nationaux qui en ont fait les écrivains que nous connaissons. Danny Laferrière peut-il oublier sa naissance haïtienne? Est-ce que le glissement d’une langue vers une autre peut donner un ancrage à un écrivain? Arrivera-t-elle à «construire un abri pour mon corps méprisable.»
«On existe, n'est-ce pas, dans la langue et par la langue.» (p. 36) «Je ne sais plus trop où est mon vrai sol et quelle est ma vraie langue. Le passé et l'avenir se confondent.» (p.37)
Ying Chen s’accroche à ce présent qui file et s’échiffe. Un instant qui contient à la fois le passé et l’avenir. Une réflexion troublante et une haine dérangeante de ce qu’elle est «de ma peau avec son insupportable couleur, cette laideur et cette honte!».
L’esthétisme de Ying Chen me semble beaucoup plus une dérobade qu’un véritable approfondissement de ce qu’est l’écriture, cette quête de soi et du monde qui surgit et se transforme dans et par le langage. L’apprentissage des langues, de toutes les langues dans ce cas, devient un abandon et une négation de soi. Bien plus, c’est là une trajectoire qui risque de faire oublier l’écrivaine que nous avons découvert avec bonheur. Dans «Quatre mille marches» on ne retrouve pas la justesse de la langue de «L'Ingratitude», ni sa limpidité. Le français de Ying Chen semble s’étioler. Dommage! A vouloir posséder toutes les langues, on n'en maîtrise peut-être plus aucune.

«Quatre mille marches» de Ying Chen est paru aux Éditions du Boréal.

Mathieu Arsenault s’attarde aux jeunes

Mathieu Arsenault en est à sa première plongée dans le roman et il bouscule les règles et toutes les convenances dans «Album de finissants». On n’en attend rien de moins d’un jeune écrivain qui cherche à transformer le monde par l’écriture. Il faut du culot et toutes les audaces pour se lancer dans une pareille aventure.

Des garçons et des filles, des révoltés, des marginaux, des doués et des oubliés parlent de l’école, de leur réalité et de leur monde asphyxiant. Des clichés s’y succèdent, des sourires plus ou moins confiants devant l’avenir qui s’ouvre sur tous les horizons. Est-ce une fin ou un début? Comment savoir? Des élans, des colères mais surtout un milieu qui écrase autant les doués que ceux qui sont largués. Un rap sans fin qui martèle une longue confession qui donne des frissons.
Comme dans ces albums de fin d’année où l’on surprend un chapelet de visages qui ont su résister à l’épreuve mais qui semblent effarouchés devant l’avenir.
«Plus je me débats plus ça se resserre l’étudiant modèle sur les dents poussin courbé lapin étouffe dans un collet mais il sourit quand même quand il reçoit sa belle note de fin d’étape signez signez parents de février au sinistre bulletin des choses signez au stylo sur les lignes de genévrier pleines de la neige de celui qui n’en finit plus de tomber au stress de performer à l’école comme dans la vie tes notes c’est tout ce que t’as mon grand garçon fais pas honte à ton éducation.» (p.25)

Matières

Mathieu Arsenault évoque les matières que les étudiants doivent fréquenter quand ils subissent les lois des professeurs et des parents. Une sorte de jubilation qui débouche sur des moments particulièrement intéressants quand il bascule du côté des mathématiques ou des sciences. Un beau délire.
«En biologie le monde est si petit il y a le jour et la nuit y a la mer et y a la pluie en fines particules qui tournent en cycle à la page cent trente-six mais c’est à la dernière page que je voudrais me coucher d’avoir tout su perdu dans le blanc de la page de garde ma chérie tombe ruisselée évaporée reste près de moi encore une pluie que les flèches du tableau 5.8 font tomber sur mon corps tordu je suis fait en papier tu m’allumes tu me brûles tu me fus et je pars en fumée dans ton nuage d’école en feu qui nous réchauffe le cœur ma vapeur monte et je suis diffus enfin.» (p.108)
Au diable les règles et la ponctuation! Arsenault déconstruit la langue et bouscule la grammaire. Il s’abandonne à la frénésie du dire et s’amuse avec les images tel un cracheur de feu.
«Le petit lapin. Quand le printemps revient de nouvau virgule quant le printamps revien de nouveau virgule tous les annimaux de la forêt surgicent de l’heure tanniêre le preintemp revient de nouveaux virgule tous les animmaux de la forèt surgisse de leurs tanières et retrouve le soleil point tout les animeaus de la forait suregisent de leurs taniaire et retrouvouvent le soleille poing…» (p.7)
Autant se laisser emporter par la magie de cette écriture qui bondit dans toutes les directions. Exigeant pour le lecteur mais l’aventure en vaut le coup.
«Viens m’embrasser en plein cours dégrafe ton soutien-gorge je veux me coucher dans la chaleur de ton corps grande chaleur peau sur mon bureau pour dormir et rêver peut-être mais dans ce rêve suivre encore le cours et viens me border plus profond encore jusqu’à la folie je me lève sans rien dire à personne et je sors en plein examen pour je sais pas quoi je sais rien l’examen reste blanc comme ta petite culotte que je cherche à tracer sur ma feuille les lettres s’arrêtent sur ton nom à chaque question j’écris rien je calcule rien je pense à rien la tête couchée sur mon bureau end on the line fin de la corde à linge tout sèche tout cours pour rejoindre mon amour dans le blanc d’examen dans le zéro pour cent du monde.» (p.81)

Mathieu Arsenault, «Album de finissants» de Mathieu Arsenault est paru aux Éditions Triptyque.

mercredi 17 novembre 2004

Jean Désy retrouve son pays du Nord

Jean Désy ramène son lecteur vers le Nord, le pays que cet écrivain prolifique, médecin et globe-trotter, affectionne. Dans son dernier ouvrage, il nous entraînait en Nouvelle-Zélande avec sa fille Isabelle. Ici, il trafique un peu. Pas étonnant quand nous connaissons l’homme, sa passion de la découverte, l’application qu’il met à vivre avec ses enfants malgré une famille éclatée. Parce qu’avec cet écrivain, né à Kénogami, la fiction se faufile souvent dans sa vie. Un bon mélange!
Peut-être aussi qu’en se glissant dans le roman et en donnant la parole à Geneviève, il cherche à mieux se surprendre.
La jeune fille débarque à Puvirnituq, regarde, s’étonne et reste interdite. Une belle manière de faire voir ce pays de glace, de froid et de lumière, de douceur et de violence crue.
«Tout à coup, je l’ai aperçue: elle s’étirait d’un bout à l’autre du ciel, comme si un prestidigitateur l’avait tendue sur une corde à linge gigantesque. Elle dévoilait un rideau de dentelle verte qui voletait, se balançait, frémissait. Des franges disparaissaient puis réapparaissaient à tout moment, comme par enchantement. Papa était aussi impressionné que moi, même s’il avait observé des centaines d’aurores boréales dans sa vie.» (p.67)
Geneviève se heurte au pire des Inuits et au meilleur. Quand les Inuits ont bu, ils deviennent des étrangers. Mais dans la vie de tous les jours, elle s’étonne de leur patience, de leur douceur, de cet humour aussi que rien ne perturbe.
La jeune femme vit son voyage initiatique dans le Nunavik avec passion. Deux mondes se heurtent, se repoussent et se fascinent. Deux univers se font face.
«C’est ici que je me sens vivre le mieux. Je me sais au meilleur de moi-même. J’ai l’impression qu’ailleurs, au Sud, en tout cas, je n’arrive pas à être au meilleur de ce que je peux être ni de ce que je peux offrir aux autres. Cette mer-là, le ciel qui s’élève tout au bout de la mer, là-bas, c’est comme si je les avais moi-même inventés. C’est fou, mais c’est comme ça! Je ne sais pas si ça te fait le même effet, mais moi, ça me soulève! Je déchirerais ma chemise. Je me mettrais à courir tout nu sur la glace pour montrer au monde entier que je trouve ça beau.» (p.102)

Confrontation

Geneviève expérimente une autre manière de manger, d’agir dans un univers écrasant. Quand la vie dépend de la chasse ou de la pêche, les codes s’évanouissent. C’est peut-être là que Jean Désy découvre le sens du voyage, cette manière de bousculer ses certitudes et ses convictions! Une façon aussi d’éprouver ses croyances.
Il y aura bien quelques palpitations, des regards d’amoureux mais Geneviève évitera les bras du beau Putulik. Ce serait trop simple. Une fin dramatique à souhait! Vous verrez!
Désy aime ce monde aride, impitoyable où chasser et pêcher façonne l’être humain. Une chance aussi de retrouver l’essentiel, le vrai que la vie moderne occulte et fait oublier. La pêche, une expédition pour surprendre les caribous, la rencontre avec un renard arctique, les perdrix blanches, tout devient fascinant.
Et surtout, Désy décrit ce pays avec des couleurs inoubliables. Il suffit de quelques pages et nous avons envie de partir pour ce pays mal connu.
«Les amoncellements de glaces étaient géants. On aurait dit des châteaux du Moyen Age, mais détruits par de grandes batailles. Des pièces rectangulaires ou carrées s’empilaient de n’importe quelle façon, comme abîmées par les boulets. Seuls certains morceaux étaient intacts. Une tourelle ici, un donjon là. Féerique!» (p.163)
Alors, il reste à empoigner les mots de Jean Désy, comme on le ferait d’une motoneige pour se lancer dans la toundra. L’éblouissement se dissimule tout près de l’horizon.

«L’île de Tayara» de Jean Désy est publié par  XYZ Éditeur.
http://www.editionsxyz.com/auteur/5.html

mardi 9 novembre 2004

Lise Tremblay remporte le prix France-Québec

Lise Tremblay remporte le prix littéraire France-Québec avec son recueil de nouvelles intitulé «La Héronnière» publié chez Leméac Éditeur.
Pour l’écrivaine d’origine saguenéenne, il s’agit d’un troisième prix qu’elle rafle avec cet ouvrage qui a été particulièrement bien reçu par la critique et qui devrait connaître une version anglaise bientôt. Elle a déjà remporté le «Grand prix de la ville de Montréal» l’automne dernier en plus du «Prix des libraires».
«C’est le tour du chapeau», lance l’écrivaine qui venait tout juste d’apprendre qu’elle était la lauréate pour l’année 2004. «C’est un beau prix et un troisième prix pour mon recueil de nouvelles, c’est quand même extraordinaire. Ça commence à être un peu gênant. Je suis très contente mais je crois bien que ce sera le dernier cette fois», de dire l’auteure qui était présente au Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean en septembre pour parler de ces nouvelles qui se déroulent à l’Île aux Grues.
Le prix lui sera attribué à Paris, en mars prochain, à l’occasion du Salon du livre. Elle devrait séjourner alors dans la capitale française pendant deux semaines pour faire la promotion de son livre.
«Je pense que c’est une assez grosse affaire à Paris. Ils accordent pas mal d’importance à ce prix. La bourse est de 1800 Euros environ, je ne sais pas comment cela donne en argent canadien mais c’est formidable», de dire la lauréate qui est aussi enseignante au cégep du Vieux-Montréal.

Les nouvelles


Rappelons que dans «La Héronnière», Lise Tremblay met en place des hommes et des femmes qui vivent depuis toujours dans l’Île aux Grues et de nouveaux arrivants qui s’installe au milieu du Saint-Laurent pour y trouver la paix et la tranquillité. Des retraités souvent qui cherchent un coin de campagne pour profiter du décor et y écouler des jours paisibles. Ces nouveaux arrivants ou ces résidants saisonniers se heurtent à ceux qui ne sont jamais partis et qui se méfient, ne se livrant jamais. Les amitiés ne doivent jamais franchir une certaine frontière même si les deux groupes sont condamnés à se côtoyer. Quand certaines limites sont transgressées, il peut arriver le pire. Des nouvelles qui permettent aux mêmes personnages de passer d’un texte à l’autre.
«La Héronnière» est un livre fort et magnifiquement écrit. Un bel honneur pour cette écrivaine. Elle a déjà remporté le prix du Gouverneur général avec son roman «La Danse juive» également publié chez Leméac Éditeur.

«La Héronnière» de Lise Tremblay est publié chez Leméac Éditeur.

mercredi 13 octobre 2004

Pierre Demers se contente de la banalité

«Poèmes» lit-on sur la page couverture de «À l’ombre de Sainte-Anne». Il est vrai que le poème a un sens plutôt large de nos jours. Mais parlons ici de petites proses qui se déguisent vaguement en poèmes.
J’ai retourné les premiers textes à l’envers et à l’endroit et puis j’ai compris… Le narrateur, un adolescent, est pensionnaire dans un collège comme il y en avait dans les années 60 au Québec. Qui ne connaît pas Sainte-Anne-de-Beaupré, tout près de la Capitale nationale. Grand lieu de prières, de miracles connus, reconnus ou inventés, lieu de pèlerinages et de grandes illusions.
Un jeune garçon y étudie, loin de sa famille. L’ennuie le ronge. Le petit garçon, Pierre Demers, le «je» omniprésent ne saurait mentir, vit les hauts et les bas de cette réclusion, jongle parfois avec une vocation qui pourrait le conduire dans le Grand Nord pour évangéliser qui l’on sait. Les prières, les études, les leçons, les jeux, les lectures, le dortoir et l’infirmerie font partie de son quotidien. Le lecteur est invité à le suivre dans près de quatre-vingt écrits de trente phrases par page. Une contrainte que l’auteur s’est imposée? Qui sait?
«Ils ne cessent de nous dire qu’Il est partout,
Toujours présent.
Ils nous disent qu’Il nous épie constamment.
Je n’y crois pas trop.
Si c’est vraiment Dieu, on ne fait pas le poids.» (p.13)

Oralité


Pierre Demers amorçait, avec «Charny», l’exploration de son enfance. «À l’ombre de Sainte Anne» devient une suite de cette démarche. Même format, même ton, même présentation et… même écriture. Si l’idée est sympathique, l’aboutissement demeure fort décevant.
Pour avoir entendu Pierre Demers à plusieurs reprises, lors d’une soirée de lectures, ce genre de prose coule assez bien. Les rires fusent ici et là mais une lecture véritable dévoile vite la recette et un canevas sans cesse remanié.
«Alex, c’est le plus malpropre du groupe des petits.
Il ne se lave jamais.
Quand le surveillant du dortoir l’oblige
À se laver les pieds, on fait le saut.
Ses pieds sont noirs.
Il a beau les brosser avec une brosse,
Ça ne part pas.
Il déteste l’eau.» (p.17)
Je veux bien de «la langue» du jeune garçon mais la formule devient lourde  après une dizaine de textes.
«Leur souffrance est intolérable.
Ils sont cloués à leur lit, les yeux rivés
Sur la statue de sainte Anne en face,
Attendant l’impossible en suppliant.» (p.69)
Bien sûr, des segments font sourire, des éléments s’avèrent plus heureux, mais trop souvent, on s’enlise dans les banalités. Demers patauge dans une écriture terne qui ne lève jamais. La recherche d’effets aussi est loin d’arranger les choses. Il aurait fallu ramasser et resserrer. On dirait un collage mal ajusté.
Dommage! L’idée est sympathique mais il aurait fallu une prose forte et originale pour accompagner la démarche. Le lecteur est continuellement repoussé du côté de l’anecdote et ça finit par agacer.

«À l’ombre de Sainte Anne» de Pierre Demers est paru aux Éditions Trois-Pistoles.

samedi 21 août 2004

Guy Lalancette présente un grand roman d'amour


Guy Lalancette, l'écrivain de Chibougamau originaire de Girardville, revient après «Les yeux du père», son roman d'enfance et d’initiations. J'ai lu et relu ce livre publié en 2001, ce récit soulevé par une langue robuste comme du chiendent.
Avec «L'amour empoulaillé», Lalancette bascule dans l'adolescence. Ce pourrait être le jeune Jüg du roman précédent qui a pris quelques années.
Voici venu le temps des extases, des rêves et des excès. En s’arrachant à l'enfance, le monde coïncide rarement avec l'idéal ou l’image qu’on s’en fait. Il est trop petit ou trop grand! Simon et Jérémie rêvent. Pour les deux frères, surtout chez Simon, graine d'écrivain et amateur de dictionnaires, le compromis n'existe pas.
Un village, fin des années soixante, des traditions qui étouffent, des règles qui broient les humains, des révoltes qui provoquent des tempêtes et un amour comme un feu de forêt au plus aride de l’été. Lalancette peint le monde des filles et des garçons qui se surveillent, s’attirent mais n'ont guère de contacts. Les premiers émois, les vantardises des plus effrontés, les effleurements lors d'une danse et l'amour qui foudroie un garçon et une fille.

Passion

La flamme de Simon et Élisabeth soufflera le village et provoquera une tornade dévastatrice. Une passion à l'égale de Roméo et Juliette, Tristan et Iseult.
«Elle portait une jupe avec tellement de plis, on aurait dit un abat-jour. C'était une jupe à mi-cuisse- je ne sais pas si ça se dit, mais ça se voit. Il y a des filles qui sont faites pour les jupes, elles ont des jambes, c'est comme les pieds d'une lampe et c'est facile de croire que c'est de là que vient toute la lumière.» (p.27)
Jérémie écrit l'histoire de Simon et Élisabeth des années plus tard. Il a été le confident, le témoin et le messager comme dans les grandes tragédies tricotées à l’alexandrin. Il a vu des forces se heurter, ne laissant personne à l'écart, pas même Canaille Saint-Gelais qui vit à l’écart du village par dépit ou par lucidité.
«Je l’ai déjà dit et je le répète, nous n’habitons pas un village, nous lui appartenons, et le nôtre ne fait pas exception.» (p.139)
L’horreur mais l'amour encore et toujours. L'amour qui mènera Simon à l'asile. Pourtant, il triomphe de tous et de tout avec la complicité de sa famille. Des scènes d'une violence inimaginable surviendront après l’affrontement de Simon et Dupuits sur le parvis de l’église!  On se croirait au temps des Capulet et des Montaigu. Deux mondes se heurtent et se brisent.
«Quelque chose s'est brisé. Un craquement comme un bruit de fêlure qui s'est étiré en écho dans le plus formidable silence de foule qu'il m'ait été donné d'entendre. Il n'y a pas d'autre moyen de le dire. Ç'a été comme un sceau sur l'offense, avec tout un village de témoins. Pour qui n'a jamais vécu à la campagne, il faut savoir qu'un village, ce n'est qu'une mémoire multipliée, répandue, débordante et souvent agrémentée.» (p.109)
Le village fermera les yeux devant les pires horreurs comme dans le poulailler où rien ne perturbe les poules. Un poulailler où Simon trouve un exutoire à sa violence et sa rage. Une folie passagère et après le calme. Le miroir de la société…

Surtout l’écriture


Quelle invention d’écriture! Un pur bonheur! Des trouvailles, des découvertes langagières, une langue que l’auteur triture et transforme. Une véritable danse.
Oui il est encore possible d’écrire des histoires de passion, de violence, de croire en l’idéal et l’absolu. «L’amour empoulaillé» est un plaisir de tous les instants malgré des pages effroyables. Un roman d’espoir même si les protagonistes en sortent mutilés et cassés. L’amour triomphe, du moins dans les romans de Guy Lalancette.
«Le silence s'est étendu jusqu'au poulailler et nous avons respecté ça pendant que, penché sur son épouse, il scellait en un long baiser leur nouvelle alliance. J'écris ça comme dans la Bible parce que, parfois, il faut de la poésie et que, outre celle de Simon, c'est la seule que je connaisse.» (p.220)
Un grand roman qui marque l’imaginaire.

«Un amour empoulaillé» de Guy Lalancette est publié par VLB Éditeur.

http://www.edvlb.com/guy-lalancette/auteur/lala1001

dimanche 15 août 2004

Jean Royer se donne un corps par l’écrit

Jean Royer continue à dessiner les territoires de son corps. Après «La Main cachée» et «La Main ouverte», voici qu’il présente «La Main nue», celle qu’il utilise pour caresser les mots et faire en sorte qu’ils s’installent dans le monde et peut-être aussi en lui. L’écrivain remonte à l’enfance, à son état de fœtus pour tenter d’imaginer cette passion des mots, ce désir qu’il a toujours eu en lui d’exprimer le soi dans le monde et le monde en soi.
«Je n’avais pas encore de mots et j’ignorais d’où venait la neige. La voix de ma mère m’était une musique. Étais-je né déjà ? Ou nageais-je dans ma mémoire, sans savoir si j’étais garçon ou fille ? Je n’avais pas de voix, pas de langage à moi. J’étais une oreille et ma mère chantait.» (p.13)
D’emblée, Royer s’installe entre un père silencieux et une mère qui porte le langage. Duo plutôt familier dans nos foyers littéraires. Jean Royer est «né incomplet» si l’on veut, avec une main droite qui n’a pas poussé. Elle est demeurée dans l’utérus maternel. Et ce paternel porté sur la religion comme on peut l’être sur la boisson, s’est senti puni par Dieu dans son fils. De quoi traumatiser le plus coriace des mâles.
«Un jour, pourtant, ce père a consenti à se tourner vers moi sans pleurer. Il m’a jeté un regard inquiet, puis il m’a lancé un mot en point d’interrogation: était-ce le mot «amour»?  (p.15)

Le manque

Royer tente de combler ce manque dans son corps par l’écriture, le langage hérité de sa mère et l’amour. Parce que par l’écriture et le poème, Jean Royer a la certitude de se donner un corps au complet.
«L’intimité du langage m’enseigne le mouvement vers soi, le mouvement vers l’autre. Je renais parmi les fragrances du parfum de rose. J’habite le jardin du faire et du dire.» (p.38)

Jean Royer esquisse sa trajectoire singulière. L’île d’Orléans où il a fondé un théâtre avec Félix Leclerc. Il en a parlé abondamment dans les livres cités plus haut. Après, il a été journaliste, critique littéraire et responsable des pages culturelles au journal Le Devoir. Il s’attarde sur l’entrevue littéraire, sa «critique d’accompagnement» comme il dit. Après, il y aura Gaston Miron et Jean-Guy Pilon, ses autres pères.
«Je deviendrai écrivain : écrivant de la main gauche l’absence de la main droite. Manque de gestes pour m’exprimer et compensation dans le geste d’écrire. Le poème retracera les chemins inconnus, les sensations manquées. Le poème dénouera les nœuds de ce cordon qui étranglait une partie de moi-même.» (p 46-47)

Agacement

Je voudrais bien compatir avec Jean Royer mais quelque chose m’a agacé tout au long de cette lecture. J’aurais voulu aimer ce livre mais la recherche systématique de l’expression qui fait «salon littéraire» m’a rebuté. J’ai eu l’étrange sentiment qu’il écrit en se regardant écrire. Toujours. La prose de Jean Royer a un côté suranné qui gâche le plaisir. Ce qui aurait pu être un récit touchant, senti et vivant devient une suite «d’effets de style» un peu ridicule.  Malgré la gravité du propos, la détresse que l’on sent derrière les mots, je ne suis jamais parvenu à éprouver de l’empathie pour Jean Royer. À trop se regarder écrire, à trop vouloir s’inventer une mythologie personnelle, l’écrivain finit par étouffer son propos.

«La main nue» de Jean Royer est paru aux Éditions Québec Amérique.

Francine Déry voyage dans sa tête

Francine Déry est une sorte de voyageuse. Il lui faut partir, s’éloigner pour échapper au quotidien et à ses peurs. «Partir, c’est quitter un mal pour un moindre mal», écrit-elle.
En quatre récits, «sans explication», elle m’a poussé dans un monde où tout s’ancre dans les phrases et les images. L’inventé et le réel se confondent et, pour suivre la course, j’ai dû lâcher prise.
«Souvent, tu te rappelles, tu as tenté de disparaître. Tu n’as réussi qu’à t’enfuir et à reparaître. La corde de la vie est aussi résistante que celle du pendu.» (p.12)
Les voyages, une certaine Europe, des pays qui défilent servent de décors. L’écrivaine raffole des trains, des gares, des départs et des arrivées. Les lieux où tout est possible. Dans une ville inconnue, tous les espoirs peuvent se rêver. Il y a une rivière ou un pont. Une grande place aussi et un homme qui l’attend. Les rues où elle circule s’effacent. Francine Déry entre dans un musée, fige devant un tableau qui se met à vibrer. À force de regarder une toile, ce n’est peut-être plus l’œuvre que l’on fixe mais soi.
«Il se détache comme élément central d’un tableau en train de se faire. Il passe et repasse, la main droite tendue, ouverte à la pièce qui ne tombera pas. Droit comme une lame bien affûtée, il tranche la foule. Son visage est blanc et soutient un regard fixe. Une certaine innocence accentue les traits jusqu’à la douceur angélique. La chevelure noire, emmêlée comme les branches d’un olivier, court jusqu’à la naissance des épaules.» (p.57)

Suggestions

Déry aime le trait qui effleure et suggère. Elle s’abandonne malheureusement trop souvent à l’ivresse des mots, usant des allitérations ou des jeux sonores. Elle se grise, s’étourdit et les mots battent frénétiquement des ailes.
«La nuit, l’homme brisé dressait la nuque et visait haut. Il remontait la cathédrale du primate jusqu’aux limites jamais atteintes du fil interminable. De l’assemblage éblouissant des mots sublimés dans le feu de ses vertiges, il fit entendre la vibration immortelle de sa mortelle vision. Il tenait le fil tendu entre le primate et l’étoile. Il fut. Sans espoir, avec conviction.» (p.48)
On ne voyage somme toute que dans la tête de Francine Déry, que dans ses fantasmes, que dans ses phrases qui s’ouvrent et se referment comme des coffrets. Je me suis un peu égaré, faut le dire.
«Les gouttes de pluie commencent à tomber sur et dans ma tête. Je ne veux plus de cette agression, je chasse les mots, ces mouches, les mots et les mouches des mots squattant dans ma cervelle.» (p.27)
«Sans explication» n’a pas réussi à m’accrocher. Il manque une cohésion, un liant qui en aurait fait un tout. Et puis les images forcées, les enflures verbales finissent par m’agacer même si je suis le plus patient des lecteurs. L’ivresse de l’écriture peut aussi faire en sorte que l’on oublie son sujet pour pédaler à vide. 

«Sans explication» de Francine Déry est paru aux Éditions La Pleine Lune.

samedi 14 août 2004

Robert Lalonde se confie à son lecteur

Robert Lalonde réussit, à chacun de ses livres, à se renouveler et à surprendre en brouillant les pistes. Romans, essais, chroniques, réflexions, clins d’œil à ses écrivains fétiches, il tâte de tout. Il empoigne les genres avec une originalité déconcertante et une soif qui me laisse pantois à chaque fois.
Avec «Iotékha’», Robert Lalonde nous convie à un festin. Dès les premières lignes, j’ai dû accepter de le suivre dans ses errances et ses grands bouleversements.
Depuis des années, Robert Lalonde traîne des carnets. Il écrit comme il savoure un café, comme il fume une cigarette, comme il parle. Il écrit en asthmatique qui ne saurait se séparer de sa pompe. C’est sa manière de rester vivant dans la fragilité du matin ou le frémissement du couchant. Des milliers de pages qui jettent des ponts entre les jours, cochent le temps comme la trace d’un canif sur l’écorce d’un bouleau blanc. Un genre de Petit Poucet qui jalonne ses courses pour éviter de s’y perdre.
«Quand je n’invente pas, n’écris pas, mon remuement de tous les jours me pèse. J’erre, me cogne partout, oublie ma clé dans la serrure, fait sortir le chien sans qu’il m’ait demandé la porte, allume deux cigarettes à la fois, qui fument toutes seules dans le cendrier et me rient au nez.» (p.13)
Robert Lalonde ouvre ses carnets intimes, convie son père, ses lectures, les écrivains qu’il aime, réfléchit sur son métier de comédien, secoue sa solitude, suit ses chiens et ses chats, une femelle garrot qui n’arrivera pas à bondir de l’autre côté de l’hiver. Des rencontres singulières aussi que la vie invente ici et là lors des nombreux déplacements de ce diable de chercheur. Des textes comme une prière.
«Pas de paix possible sans l’écriture. Ce matin, le réel est inadéquat, indifférent, hostile. Il est de la même étoffe que ces songes impénétrables qui m’ont tiré ici, poussé là, toute la nuit, exigeant de moi que je me comporte en héros, demi-dieu, demi-fou, pour qui l’ennemi, le sang, les conquêtes ne suffisent plus, et qui doit à présent descendre aux enfers affronter des monstres qui le dévisagent avec sa propre face grimaçante.» (p.57)

Tempête

Les mots vont, viennent et s’éloignent, tournent comme des feuilles poussées par la rafale, comme une musique qui frappe au corps et fait chanceler. Robert Lalonde, avec ses grandes échappées farcies de brume et de couchers de soleil, vous ligote du premier mot à la dernière ligne. Je me sens aussi plus vivant à suivre ce détrousseur de questions qui piaffe entre deux projets d’écriture, une aventure théâtrale ou une rencontre un peu étonnante. Les blessures de l’enfance refont surface, les moments où le petit garçon imaginait qu’il pouvait échapper à la lourdeur des jours et nager dans les étoiles, les paroles du père qui ont laissé des cicatrices.
Un livre d’une finesse remarquable, un ouvrage d’une qualité exceptionnelle. L’écrivain se livre comme rarement un écrivain le fait. Comment ligoter la vie et parvenir à savoir pourquoi il n’y a que des questions.
Robert Lalonde se fait encore une fois magicien.
«Lire, écrire, c’est là toute l’omniprésence, toute l’omnipotence  dont je suis capable. Le cœur battant, les yeux ouverts, les oreilles dépliées, le nez bien débouché: voir et surtout faire voir, c’est cela l’ouvrage de l’écrivailleur.»  (p.135 )

«Iotékha’» de Robert Lalond est publié par les Éditions du Boréal.