mercredi 15 avril 2009

Nadia Plourde découvre le Nord du Québec

Nadia Plourde, en 2005-2006, décroche un poste d'enseignante au Nunavik. Elle enseignera à l'école Arsanik de Kangiqsujuaq, un village d'environ 400 habitants, situé sur les rives du détroit d'Hudson. Une aventure spectaculaire, un dépaysement total.
Le Nord du Québec est un autre pays. Nadia Plourde le démontre dans ces chroniques qui s’attardent aux hauts et aux bas d'une institutrice décontenancée par ses élèves. Les enfants refusent toute forme d'autorité et leurs comportements, considérés comme déviants dans le Sud, sont la norme au pays des aurores boréales. Ils travaillent quand ils veulent, se présentent en classe selon leurs humeurs.
«Ces enfants font exactement ce qu'ils veulent. L'école, une prof ouioui en plus, l'idée de réussir ou de ne pas réussir une année, tout ça n'a aucune importance pour eux. Je pense qu'ils acceptent de travailler, pour passer le temps. Alors, autant remplir des pages, répéter des phrases ou faire des calculs. Peut-être que ma vision va changer et que je vais découvrir une certaine utilité au travail que je fais, mais j'ai de moins en moins d'illusions.» (p.78)
Ils peuvent aussi basculer dans des colères terribles, sans avertissement. Cinq minutes plus tard, ils sont les enfants les plus doux du monde. De quoi dérouter la plus intrépide des pédagogues. Sans compter une situation linguistique particulière. Le français, l'anglais et l'inuktitut se chevauchent dans la vie quotidienne.

Adaptation

Nadia Plourde s'adapte. Heureusement, elle possède un bon sens de l'humour et tombe en amour avec cette terre de grands vents et de lumière. C'est le coup de foudre, même si sa classe ne cesse de la bousculer.
Pour survivre peut-être, l'institutrice envoie une forme de synthèse de la semaine à une soixantaine de correspondants. Le miracle de l'Internet. Nous vivons quasi en direct dans cette classe du Grand nord.
«La gloire de mes élèves» raconte au jour le jour la vie de ces enfants, leurs difficultés, leurs situations et leurs façons de se comporter. Elle semble avoir eu peu de contacts avec les adultes, ou elle a choisi de rester fort discrète.
On en voudrait plus, on aimerait avoir un portrait qui échappe un peu à la banalité du quotidien et aux matières scolaires. Nous sommes loin des magnifiques ouvrages de Jean Désy qui nous plonge dans la poésie du Nord, dans ses contradictions, sa grandeur et sa violence.

«La gloire de mes élèves» de Nadia Plourde est édité par les Éditions Les 400 coups.

http://www.editions400coups.com/livres/la-gloire-de-mes-eleves

Peut-on sérieusement changer la vie?

«Il faut changer la vie. La dynamiter, même la cribler de sens et trouer son opacité», écrivent Karim Larose et Manon Plante dans l’introduction d’«Interventions critiques», le troisième tome des œuvres complètes de Gilles Hénault, poète, critique, militant et intellectuel.
Que ce soit comme journaliste au journal Le Jour, à La Presse et au Devoir, ou en collaborant à de nombreuses revues plus ou moins éphémères, Gilles Hénault reste fidèle à ce désir de changement.
Les «essais, notes et entretiens» permettent de suivre les chemins d’un homme exemplaire dans ses écrits sur la poésie, la culture et la littérature, le monde politique et la société. Peu importe où il s’exprime, Hénault tente d’être «un voyant», celui qui voit autour de lui et devine un peu en avant. Enfin, par le biais de différentes entrevues, nous connaissons mieux son cheminement et ses préoccupations.

Une quête

Grand lecteur, fin connaisseur des arts visuels, homme curieux, même des découvertes scientifiques, proche des Automatistes, il est un témoin privilégié des années qui précèdent la Révolution tranquille. Il sera de tous les débats qui questionnent la société, fera en sorte, avec beaucoup d’autres, que l’indépendance du Québec devienne un enjeu politique.
Une pensée exigeante, ouverte qui fait fi des intérêts personnels. Des idées qui ne s’éloignent jamais de l’exploitation de l’homme par l’homme, des inégalités qui brisent les individus et entraînent misère et pauvreté.
Gilles Hénault fera des choix dont il paiera le prix. Son adhésion au Parti communiste du Canada en 1945 lui fermera toutes les portes dans un Québec contrôlé par Maurice Duplessis. Il devra s’exiler pendant cinq ans.
«Je pense que l’utopie était là au début. On naît peut-être utopiste. L’utopie est l’une des dimensions du devenir, car il faut toujours inventer des mondes pour pouvoir continuer à vivre. Ce qui a contribué assez curieusement à donner à mes textes ce ton cosmogonique, c’est peut-être l’intérêt que je portais aux sciences.» (p.368)
Gilles Hénault a contribué à changer le Québec, défendant sa pluralité, sa spécificité francophone et la liberté de ses créateurs. Exigeant, il poussait toujours vers le haut dans ses écrits journalistiques, ce qui n’est pas toujours le cas dans les médias. Un intellectuel et un poète de premier plan.
Des propos à lire et à redécouvrir, pour retrouver l’envie de travailler au futur de « ce pays incertain » comme l’écrivait Jacques Ferron. Si Gilles Hénault n’a pas réussi à installer son grand rêve d’une société plus juste au Québec, il a contribué à la faire entrer dans la modernité.

«Interventions critiques» de Gilles Hénault est paru aux Éditions Sémaphore.
http://www.editionssemaphore.qc.ca/Gilles_Henault.html

dimanche 12 avril 2009

Pierre Gobeil en quête du temps perdu

J’attendais un nouveau roman de Pierre Gobeil depuis la parution de «Sur le toit des maisons» en 1998. Plus de dix ans en fait.
«Le jardin de Peter Pan», il le travaille depuis tout ce temps. Il le souhaitait impressionnant, volumineux pour être «visible dans les librairies». Il semble que son vœu n’a pu se matérialiser. Son dernier-né fait à peine cent pages. Un écrivain possède un espace, des repères et des distances. Il est très difficile de s’en évader. Autrement, il risque de ne plus savoir quelle route emprunter, de ne plus retrouver sa cadence et de courir derrière son souffle.
«Sept heures aux Îles, mais rien que six à Montréal, lorsque dans l’air plus frais du soir, je peinais à retrouver les couleurs que j’avais tant aimées auparavant. Non pas ces plages fadasses esquissées chaque fois que nous prenions l’avion pour le Sud, mais quelque chose d’un mordoré serti de bulles me rappelant les desserts que nous faisions aux premiers jours de notre rencontre, et qui m’avait fait jurer, une fois installés dans notre bunker sur la falaise, que nous ne passerions plus jamais d’été ailleurs que sur ces côtes, que nous avions enfin trouvé un défi à notre ressemblance et que nous y resterions accrochés, promesse était faite, jusqu’à la fin de nos jours…» (p.9)
Un écrivain célèbre et riche revient aux Iles-de-la-Madeleine, dix ans après avoir débarqué dans le paradis terrestre. Il y a eu la naissance d’un enfant et les difficultés à s’adapter à la vie de père. Tout s’est effrité. Il pense retrouver le fil en revenant, comprendre pourquoi la vie l’a poussé dans les chemins de la solitude. Peut-on changer son passé?

Paradis perdu

S’il y a une constance chez Pierre Gobeil, c’est ce sentiment d’avoir perdu un paradis où la vie était une promesse de bonheur. Cette thématique porte «Tout un été dans une cabane à bateau», «La mort de Marlon Brando», «Dessins et cartes du territoire» et «Sur le toit des maisons». Ce temps de la jeunesse où il est permis de croire à l’absolu, à un monde qui ne changera jamais. Arrive une agression, un événement et tout bascule irrémédiablement. La vie éclate comme un vase sur le plancher.
Le travail de l’écrivain devient cette longue «recherche du temps perdu», la reconstitution du paradis d’où il a été expulsé par la vie. Les lieux et les espaces recèlent les secrets du drame ou de la perte. Les narrateurs de Pierre Gobeil tentent de reconstituer le puzzle en hantant les territoires pour abolir le temps et retrouver cette innocence perdue.
«Devant les restes de l’ancien quai, je pouvais toujours aller à droite ou à gauche, délimiter la durée de ma croisade, arpenter les falaises ou mettre mes pas dans des traces pour traverser le goulet, mais je connaissais maintenant la longueur de ces chemins et savais que malgré ces quelques centaines de Polaroids disséminés un peu partout, ce que nous avions vécu jusque-là appartenait désormais au passé. Toutes ces images de caisses de poissons sur les quais, de fleurs le long des routes, puis de cette mer froide dont on avait fait notre bonheur.» (p.20)
À la manière des musiciens Steve Reich ou Philippe Glass qui ne cessent de reprendre un motif qu’ils visitent et poussent jusqu’à l’obsession, Pierre Gobeil crée une forme d’envoûtement à lequel il est difficile d’échapper. Il devient fascinant.

Quête impossible

La quête s’avère impossible, mais qu’importe. L’écrivain capte des moments, des paysages, des couleurs dans le ciel qui nous permettent d’espérer que la course va s’arrêter, que la vie peut échapper à ce bond en avant qui saccage tout.
«Les gens changeaient, les Îles restaient pareilles, ou bien les gens restaient les mêmes et c’étaient les Îles qui se transformaient, d’une année à l’autre, sans qu’on sache véritablement si c’était pour le mieux. Personne ne semble plus savoir.» (p.26)
«Le jardin de Peter Pan» permet de retrouver le meilleur de Pierre Gobeil, celui que l’on a savouré dans ses romans antérieurs. Il devient alors un coloriste où l’écriture se transforme en méditation ou une forme de prière.

«Le jardin de Peter Pan» de Pierre Gobeil est paru aux Éditions Triptyque. 

dimanche 5 avril 2009

France Théoret poursuit son combat

France Théoret publiait récemment des essais au titre intrigant: «Écrits au noir». L’auteure y échappe aux normes, ne respecte pas les conventions et incite les femmes à s’engager dans le débat politique.
Il est plutôt rare qu’une femme maintenant, malgré une époque où l’on se permet de dire n’importe quoi, surtout des bêtises, affirme qu’elle est féministe.
«Une constance dans ma vie d’écrivaine, quelqu’un veut me mettre un bâillon, que je retourne à mon inexistence d’avant l’écriture.» (p.10)
France Théoret utilise l’écriture pour exister, rejeter ce bâillon et dire ce que l’on refuse souvent d’entendre. Elle est d’un sexe nié tout au long des siècles, une parole bafouée.

«La pensée féministe m’indiquait un horizon. C’est alors que j’ai pris le parti d’une écriture sensible, matérielle, non pas matérialiste, qu’il me fallait trouver, inventer, faire naître.» (p.11)

Trouver sa voix

Le Québec, comme la plupart des sociétés occidentales, a vécu l’affirmation des femmes dans les années 1970. Une période d’effervescence où bien des tabous ont été secoués. Droit à une sexualité libre, contraception et un débat sur l’avortement qui refait surface cycliquement. Brusquement, tout s’est calmé. À partir des années 80, beaucoup de femmes ont hésité à s’affirmer comme féministes.
Bien plus, dans les médias, les poussées d’hormones des misogynes demeurent fréquentes. On a esquissé une image tronquée des militantes, les faisant passer pour des enragées et des extrémistes.
Si la société a changé, les inégalités persistent. La fameuse équité salariale n’est pas encore réglée et les gouvernements tergiversent. Pas davantage de femmes en politiques ou dans le monde des affaires.

Le politique

L’essayiste affirme que les femmes doivent prendre la parole dans le monde politique, là où il est possible de changer les choses. Elle montre son admiration pour Simone de Beauvoir qui a influencé une génération de femmes, Hannah Arendt qui a ferraillé sur le plan philosophique avec les hommes en ne cédant pas un pouce de terrain.
«Dans «Condition de l’homme moderne», publié en 1958, Hannah Arendt identifie les activités humaines fondamentales: le travail, l’œuvre et l’action. Le féminisme est travail, œuvre et action. Il appartient au domaine public par son réseau de relations humaines. En cela, le mouvement est politique.» (p.50)
Au Québec, Louky Bersianik dans «L’euguélionne», a réalisé une œuvre de pionnière que l’on a vite reléguée aux oubliettes.

Témoin

France Théoret assène quelques baffes aux écrivains qui se retirent dans leur œuvre, rejetant toutes forme de réflexion sur le social et l’économique. Elle s’attarde à Gaston Miron, Hubert Aquin et Claude Gauvreau, démontre que le littéraire et la société ne font qu’un. Elle pointe du doigt le formalisme qui a évacué toutes les questions sociales. Beaucoup d’écrivains choisissent de s’enfermer dans des bulles théoriques, évacuant le politique pour trouver «un pays dans la langue et la littérature». L’écrivain, affirme France Théoret, doit être un témoin.
«Les interventions des écrivains et des intellectuels sont indispensables dans tout débat significatif. Être un témoin et observer ce qui se passe, un écrivain le peut. Des écrivains partout à travers le monde ont des réflexions éclairantes sur la situation politique de leur pays. Tout écrivain important étudie son époque et sait écrire sur la situation politique. Il dénonce les dérives et les abus flagrants du pouvoir.» (p.98)

Que conclure ?

Le plus saisissant, peut-être, est la conclusion de ces essais. Si on en croit les propos de d’Elfriede Jelinek, prix Nobel de littérature en 2004, tout reste à faire.
«Les hommes ne peuvent pas comprendre ce que j’écris. Comme pour la plupart des écrivains femmes, tout est né du sentiment d’être méprisée. Quoi qu’il en soit, le travail des femmes, en particulier le travail artistique des femmes, est soumis à des critères d’évaluations spécifiquement masculins. Et c’est une forme de violence faite aux femmes.» (p.158)
Certains diront qu’elle exagère, qu’elle va trop loin. Pourtant le monde claudique dans des approches typiquement masculines. La guerre, le pillage des ressources, les dirigeants d’entreprises qui se disputent les richesses de la planète… Pas beaucoup de femmes dans ces chasseurs de primes! Et que dire des «dérives» du pape Benoît XVI en Afrique? France Théoret a raison: le combat est politique. 

« Écrits au noir » de France Théoret est paru aux Éditions du remue-ménage. 
http://www.editions-rm.ca/auteure.php?id=564

dimanche 29 mars 2009

Mylène Durand donne voix aux Iles-de-la-Madeleine

Les Iles-de-la-Madeleine. Trois enfants, deux filles et un garçon. La mère s’est jetée du haut d’une falaise. Suicide, chute, les survivants ne savent pas. Elle était mal accordée à ce pays, «n’appartenait pas à cette virulence des eaux». Le vent des îles peut rendre fou et pousser aux gestes désespérés.
Mylène Durand, dans «L’immense abandon des plages», un premier roman, nous entraîne dans des pages saisissantes qui évoquent la cadence des vagues. Les textes vont et viennent, se répondent et se croisent. Le vent, la mer, le sable se bousculent. Nous sommes au cœur de la douleur et de la tempête.
Le père s’enferme dans les gestes du quotidien. Un survivant. Les enfants sont abandonnés dans leur immense douleur. Pire, ils se savent marqués par le regard des autres. Ils sont les enfants de celle qui a commis l’irréparable, celle dont le corps n’a jamais été retrouvé. La mer prend, la mer tue, la mer avale et recrache des épaves, parfois des corps selon les élans des saisons.
«Au loin, une femme. Son corps penché. Le bord de la falaise. Si près. Rien que la regarder donne le vertige. C’est horrifiant. Ma respiration, difficile. C’est moi qui suis horrifiée. C’est ma bouche qui s’ouvre, ma gorge qui se serre, ma voix qui tente de s’extirper de mon corps. Il faudrait crier pour qu’elle me regarde, ne fût-ce qu’un instant. Un seul. Mais j’étouffe. Souvent elle se tient là, au bord du gouffre. Elle reçoit le vent salin en plein visage, porte son regard le plus loin possible. Ses longs cheveux au vent puis : elle est disparue. Tombée.» (p.18)
Cet instant a tout changé, cette mère «tombée» ne peut s’effacer de la tête des enfants.

La survie

Comment respirer dans les lieux du drame? Élisabeth s’exile à Montréal pour oublier. Claire écrit à Élisabeth. Claire signe ses lettres, laisse une date ici et là pour se raccrocher au temps peut-être. Élisabeth répond, mais n’envoie pas les lettres. Julien, le frère, navigue. Il est fort, capable de tenir tête aux plus folles rages de la mer. Il suivra sa mère au cœur des tempêtes et des brumes.
Les sœurs lancent des bouteilles à la mer. C’est tout ce qui reste pour colmater la douleur. Claire n’arrive pas à se détacher de sa terre de douleur. Elles rencontrent des hommes. Le corps a ses droits, mais il n’y a que des cris dans la tête des sœurs.
«J’écris. Ce sont les seuls mots qui me conviennent. Raturés cent fois, déchirés, illisibles. Ils sont partout : sur mes murs, mon bureau, dans mon sac. Certains se retrouvent dans mon lit. Ils sont là, autour de moi, avec moi, comme une bonne couverture chaude. Je peux recréer la mer, les îles. Je peux m’imaginer être là-bas, nue, seule. Sur une plage d’été brûlante. Me perdre dans l’eau rafraîchissante. Je peux dire : ma mère est tombée, comme le font toutes ces voix dans ma tête. Je peux aussi écrire en toutes lettres : elle a sauté.» (p.24)
Il faudra le temps pour un peu d’apaisement, éloigner la douleur, retrouver son corps et respirer mieux. Il faudra des années pour se défaire de la culpabilité.
«Je voudrais que les choses soient autrement, être quelqu’un d’autre, peut-être. Oublier. Rien que ça. J’ai tellement envie d’oublier notre mère, désapprendre les nuits d’ici, tout laisser et tout effacer de ma mémoire. J’ai terriblement envie d’un ailleurs, moi aussi. Même si tous les ailleurs m’effraient, même si parfois je crois que je ne survivrai pas à un déracinement.» (p.75)
Les deux en réchappent à leur façon. Claire retrouve une forme d’équilibre et Élisabeth tente un retour. Elle fera demi-tour, ne peut mettre les pieds sur les îles. C’est ainsi.
Le texte de Mylène Durand vous souffle. Rapidement on se retrouve à la frange du possible, de la douleur et de l’existence. Nous sommes au bord du précipice, comme sur un câble tendu sur le vide. Un roman de paroxysmes, de cris qui pousse au-delà des mots et des phrases. Le rythme est hallucinant, l’écriture un halètement. Comment ne pas être subjugué par «L’immense abandon des plages».

«L’immense abandon des plages» de Mylène Durand est paru aux Éditions de la Pleine lune.
http://www.pleinelune.qc.ca/cgi/pl.cgi?titre=L%27Immense%20Abandon%20des%20plages