mercredi 12 avril 2006

Quand le plumage masque la maigreur du propos

Dans «Contes de braises et de frimas», Sylvain Rivière ramène les quêteux, les vagabonds qui sèment la parole et les histoires à dormir debout. Des personnages très nombreux dans son théâtre et dont le verbe est la seule richesse. Une entreprise de souvenance qui peut s’avérer fort sympathique.
Les femmes et les hommes de ces contes prédisent les tempêtes, apprennent à voler, forniquent comme ils respirent, cherchent un filon de pays et se transforment plus ou moins en véritable mythe.
Malheureusement, ces contes sont portés par une parodie de langue gaspésienne, une poutine plus ou moins indigeste. Certains ont déjà sorti l’encensoir en parlant de la langue forte et épicée de Sylvain Rivière. Voyons voir…
«À chaque fois, bien inutilement d’ailleurs, monseigneur Roy y allait d’un prône à son égard, question dans un premier temps de conserver son poste face aux autorités archevêchiennes de Gaspé, de voir protéger, dans un second temps, la vertu des filles-fleurs du pays, ces femmes-bonbons sucrées à souhait et collantes à l’excès, ne demandant qu’à fouler le foin aux tasseries des fanis orgasmiens d’un coup de rein bien placé, fleurant bon le mortel péché et le jus de cerises frelaté pour la circonstance, de petites vites en passage de sapin dans la diagonale de la fêlure de l’œuf cosmique en plein jour de fin de mois on ne peut plus critique.» (p.44-45) 
J’avoue, ce verbiage étourdit pour ne pas dire autre chose avec ses effets de jambes et un racolage un peu grossier. Des histoires de cul épicées d’un certain nationalisme, d’une ébauche de pays qui s’aplatit sous les charges langagières du conteur. Un peu triste et dépassé.

«Contes de braises et de frimas» de Sylvain Rivière est paru aux Éditions Humanitas.

jeudi 6 avril 2006

Jocelyne Saucier permet de connaître l'Abitibi

Jocelyne Saucier est une écrivaine fort discrète. Je l’ai croisée à Montréal et elle est venue à Jonquière alors que l’Abitibi était à l’honneur au salon du livre. Suzanne Jacob, Louise Desjardins et elles tentaient de cerner l’écriture de l’Abitibi. Elle nous offrait «Les héritiers de la mine», un roman formidable. Cette discrétion ne l’a pas empêchée d’être sur la liste de ceux qui frappaient à la porte des prix du Gouverneur général et France-Québec en 1997 avec «La vie comme une image», son premier livre.
Je n’ai cessé de parler des «Héritiers de la mine» depuis. En 2000, au Salon du livre de Montréal, je négligeais mes «plus belles années» pour m’attarder dans cette famille qui gravite autour d’une mine abandonnée dans un coin perdu de l’Abitibi. Les vingt et un enfants de la tribu Cardinal terrorisent un village, chassent tout le monde et évoquent l’Âge d’or. Un roman marquant!
Six ans plus tard, Jocelyne Saucier nous ramène à Rouyn, à l’époque où cette ville accueille Ukrainiens, Italiens, Polonais, Chinois et Finlandais. Ces immigrants tentent de réinventer le monde, le pays abandonné qu’on oublie difficilement. Un territoire neuf où tous les excès peuvent germer. Les militants gardent un œil sur Moscou, sillonnent une région aussi vaste qu’un pays, se précipitent quand les grèves éclatent. Tous rêvent du «Grand soir».
Jeanne Corbin est jeune, belle et intelligente. Elle est membre du Parti communiste canadien, vit sur les routes, grimpe sur les tribunes et harangue les travailleurs.
En 1933, elle est à Rouyn. Un journaliste, le père de la narratrice de «Jeanne sur les routes», entend son discours. Il est touché par la grâce et devient un apôtre du communisme. Des grèves éclatent chez les bûcherons et les mineurs. Elles sont sauvagement réprimées.
Jeanne est emprisonnée. Rouyn alors est une ville rouge où des milliers de camarades s’agitent. Le fameux discours du 9 décembre devient la Bible des trois petites filles du journaliste qui en apprennent chaque mot comme les commandements du petit catéchiste. Elles jouent et répètent ce drame où le capitalisme et Jeanne la rouge se heurtent.
«Jeanne Corbin est entrée dans nos vies le 9 décembre 1933. Elle arrivait de Timmins, une ville minière du nord-est ontarien où le comité central l’avait détachée un an auparavant. Elle n’était pas en disgrâce, bien au contraire, le quatrième district du parti, qui comprenait l’Abitibi et le Nouvel-Ontario, était un des noyaux communistes les plus actifs du pays. Elle y occupait le poste de secrétaire de la Ligue de défense ouvrière tout en gardant la responsabilité de la presse communiste francophone.» (p.27)
Jeanne Corbin meurt de la tuberculose, devient l’icône, la femme que ce journaliste ne cessera d’idolâtrer même si le discours ne passe plus.

Dure réalité

Un roman d’amour, de foi et de militantisme, de rancunes et de rages qui broient les êtres; de générosité et d’abnégation aussi avec le géant Vaara, un militant finlandais et tenancier de tripots, qui empêche la famille du journaliste de crever de faim. Les idées nourrissent bien mal.
Une époque fabuleuse que Jocelyne Saucier ressuscite. On idolâtre Jésus aussi bien que Staline à Rouyn, dans les années 30. «Jeanne sur les routes» nous plonge dans cette époque où des militants sacrifiaient tout à la cause.
Une histoire humaine qui rappelle des luttes et des combats en ces temps où le cynisme est de bon ton. Jocelyne Saucier montre que le Québec d’alors n’était pas ce troupeau tranquille qui courbait l’échine devant le regard des curés. Des hommes et des femmes militaient et pouvaient mourir pour leurs idées. Et plusieurs syndicalistes se souviendront des «camarades» qui infiltraient les syndicats et prônaient la lutte des classes dans les années 1970. Ils voulaient réinventer le travail et les façons de vivre. «Le capital» de Karl Marx remplaçait alors la Bible de Jérusalem. Ce roman redonne vie à ces croyants qui ont contribué à changer le Québec. Il y a là matière à un film fascinant, mais qui osera s’y frotter à l’ère de «Loft Story».

«Jeanne sur les routes» de Jocelyne Saucier est publié chez XYZ Éditeur.
http://www.editionsxyz.com/catalogue/368.html

mardi 28 mars 2006

Louis Hamelin explore les pays du Québec

Louis Hamelin est de cette génération d’écrivains apparue dans les années 80. Des jeunes un peu baveux qui secouaient le monde avec vigueur et originalité. Certains sont disparus ou presque. Christian Mistral, par exemple, est devenu plus gros que ses romans en se prenant pour l’un de ses héros. L’aventure l’a presque tué.
«La Rage», un prix du Gouverneur général à son premier envoi, montrait les couleurs de Louis Hamelin. Son héros, Mallarmé, lutte contre la construction d’un aéroport international à Mirabel. Une résistance au pouvoir politique et à ces manoeuvres qui ont ravagé un paradis agricole. On connaît la suite et le gâchis de cette décision de Pierre Elliott Trudeau. C’était déjà là une orientation pour ce jeune écrivain. Lutter et résister.

Romans forts

Louis Hamelin s’intéresse aux grands vents fous, aux secousses telluriques et aux frémissements sociaux. Ses romans emportent le lecteur dans un espace aussi vaste que l’Amérique. Ses héros arpentent les savanes et les forêts, se débattent avec les mouches et ne fréquentent guère les cafés branchés du Plateau Mont-Royal.
Et pendant que l’on ergotait, dans le milieu littéraire montréalais, de la nécessité de faire une littérature urbaine, Hamelin allait s’installer en Abitibi et explorait le Québec profond avec «Betsie La Rousse» et surtout «Cowboy». Dans ce roman, il me ramenait dans le milieu forestier. J’étais un peu jaloux parce qu’il explorait mon univers avec une maîtrise parfaite.
Il a peut-être fait un faux-pas avec «Le soleil des gouffres», une idée de roman formidable qu’il a publié avant de «le rendre dans ses grosseurs» comme dit l’ami Victor-Lévy.
Dans «Sauvages», il entraîne le lecteur en Abitibi, à Montréal, Ville Jacques-Cartier et La Mauricie. Trouvez-en des écrivains qui font le détour par Chibougamau ou une réserve autochtone pour discuter de James Joyce. Il traverse les zones de coupes forestières et emprunte des autoroutes que l’on ne retrouve pas sur les cartes. Ses héros sont des paumés, des maganés, des écrivains et des journalistes parfois. Ils dissimulent des blessures à l’âme qui les font se recroqueviller dans ces territoires peu fréquentés pour tenter de guérir. Ils travaillent comme planteurs, débroussailleurs, dans un lieu où dansent les abatteuses qui pèlent la forêt comme une orange.
«Les coupes ouvrent de profondes brèches dans la forêt de chaque côté du chemin de halage bordé d’andains et de troncs fraîchement abattus et empilés formant deux murs odorants entre lesquels ils avancent maintenant au ralenti. À plusieurs endroits, la forêt a complètement disparu, reculée jusqu’à une lointaine lisière vert sombre en deçà de laquelle ne subsiste qu’un sol bouleversé et glabre… » (p.235)
Toujours cette force sauvage qui fait mal et épuise. Ça sent souvent le sapin, la crasse, les effluves des scies mécaniques et la transpiration. C’est solide, dur, costaud et émouvant. Une langue forte qui s’enracine dans ce pays de lacs et de montagnes. Hamelin est un ethnologue à sa manière.

Continuité

«Sauvages», sa dernière parution, ne décevra pas ceux qui ont suivi cet auteur important qui fréquente les éclopés de la mondialisation et de la performance à tout prix. Cet écrivain se salit les bottes dans la terre noire et ses ouvrages font oublier les discours formatés de ceux qui débattent du privé et du public, de la dette et de la privatisation de la SAQ. Il est là où les éclopés du libre-échange et d’une certaine lucidé luttent pour la survie.
Non, Louis Hamelin ne passe pas souvent à la télévision mais c’est un grand écrivain.

«Sauvages» de Louis Hamelin est paru aux Éditions du Boréal.

mercredi 21 décembre 2005

Yvon LeBlond possède un regard singulier

Depuis plusieurs semaines, le roman d’Yvon LeBlond trône sur ma pile de nouveautés. Et, avec le temps, la nouvelle parution se retrouve sous des dizaines de titres. «Dernier couloir à gauche» a été lancé quelque part en septembre. Un roman plutôt court, des chapitres numérotés dans le désordre, une fantaisie amusante.
Yvon LeBlond plonge le lecteur dans une intrigue qui étonne et pique la curiosité. Très rapidement, un monde particulier se dessine. Gabriel est embauché comme gardien et il doit arpenter des couloirs, jamais le même, effectuer des rondes sans revenir sur ses pas. Comme par magie, il se retrouve au poste de garde à tous les soirs. Tous les parcours le ramènent à ce lieu de vie.
Dans cet appartement tapissé d’écrans, le surveillant a tout ce qu’il désire. Les livres et les disques qu’il aime sont là. On le tient en alerte avec des émissions à la télévision et des journaux qui changent de langue à tous les jours.
Il vit dans un labyrinthe qui se modifie selon les excursions, les parcours empruntés, les destinations qui ne mènent nulle part. Les couloirs montent, descendent, se transforment en passages étroits où il a du mal à se glisser. Un monde étrange où le fantasme permet de survivre. Jamais il ne rencontre ses semblables, sauf cette Madeleine qui devient sa compagne.

Cynisme

Yvon LeBlond est capable d’un humour mordant et d’un cynisme dérangeant. Il nous l’a démontré dans certaines de ses nouvelles de «Un lac, un fjord, un fleuve». Il renoue avec le genre dans cet univers inquiétant que l’on dirait esquissé par Kafka.
Après un certain temps, Gabriel vit avec Madeleine qui se nourrit de poèmes et de livres quand il doit écouler les vacances qui s’accumulent. Un fantasme, une muse, une compagne soumise, un personnage purement littéraire.
Le héros devient rapidement un mésadapté avec ce métier étrange. Il éprouve de plus en plus de mal à se retrouver dans la ville et à mener une vie que l’on pourrait qualifier de normale après ses séjours dans ce dédale. Comment séparer le fantasme de la réalité?
«Un long moment, Gabriel se plante devant la large fenêtre du salon. Fasciné, il aimerait voir l’immense pointillée par des flocons de neige. Immobile, il attend. Il n’a pas sommeil. Le rêve qu’il souhaite, il le veut réel. Mais la neige ne vient pas. Le ciel s’est éclairci.» (p.41)

Fascination

Où cette vie va mener Gabriel et pourra-t-il échapper à l’étau qui se resserre? Après des vacances prolongées, après une vie presque, un voyage de plusieurs semaines en taxi, notre gardien prend la grande décision. Il va quitter ce travail absurde. Le monde du travail fait oublier la vie, la nature, la beauté des pierres qui recèlent l’histoire des humains. Une aventure qui n’a pas lieu avec Germaine, des déplacements qui étourdissent mais qui permettent le grand saut.
«À tout moment, reviennent, comme sur un mur de granit qui longe l’asphalte, des profils de personnes, de visages ou même des fronts, parfois. Une chose le frappe : des profils amérindiens. Front haut dirigé vers l’arrière, nez busqué et lèvres pulpeuses.» (p.101)
Le moment fort de ce voyage au pays des routes, ce périple qui permet de retrouver l’air libre et d’échapper au Minotaure.

Écriture

Mais que dire devant les «perles» qui tapissent le roman d’Yvon LeBlond? «Jamais la noirceur de son regard fermé n’a été aussi claire.» «Le présent s’y bat continuellement avec le devenir.» «Il se sent les yeux rudes, comme si ses paupières les grattaient en battant. Pour avancer avec plus de sûreté, il regarde ses pieds.» «Il entreprend l’exploration de sa noirceur pour l’éclairer.» «Encore une fois, leurs yeux se rencontrent et échangent un sourire.» «Elle semble s’ouvrir et le cœur de Gabriel s’étreint.» On pourrait continuer la cueillette. «Cette vibration, on ne peut qu’entrer dans son cycle.»
M. LeBlond possédait un excellent sujet qui lui permettait de bousculer le lecteur dans ses habitudes et ses certitudes mais l’écriture devient un obstacle qui hérisse. C’est peut-être cela l’absurdité du roman…

«Dernier couloir à gauche» d’Yvon LeBlond est paru aux Éditions Presses Inter Universitaires.
http://www.sagamie.org/apes/yvon.leblond/fiche-YvonLeBlond.html

jeudi 15 décembre 2005

Robert Lalonde et les sources de l'écriture

«En ce temps-là, on pouvait encore ouvrir les fenêtres des autobus» (p.9). Tout commence comme un conte, avec cette phrase qui découpe l’espace entre le temps du narrateur et du récit. On apprendra plus loin que l’enfant de l’autobus a treize ans. «Je respirais le vent d’automne, le parfum puissant des feuilles sous la pluie. J’avais sorti la tête et respirais, sans penser à rien.» (p.9)
Voici le monde d’un jeune garçon effarouché qui refuse toutes les balises. Le lecteur trouve dans «Que vais-je devenir jusqu’à ce que je meure?» les germes qui feront de Robert Lalonde un écrivain exceptionnel, un comédien et l’homme unique qu’il est. La genèse aussi d’une œuvre romanesque remarquable qu’il impose depuis plus de vingt ans. Encore et toujours un très grand bonheur de lecture.
J’ai lu le dernier Robert Lalonde. C’était en octobre, les feuillus s’épouillaient et il était difficile de croire à l’hiver. Maintenant, l’envie me prend de relire ce roman, d’en soupeser chaque page pour en déguster les phrases et les images.

Le roman

Tout le roman de Robet Lalonde passe dans cette première scène. L’enfant à genoux sur le siège de l’autobus, la tête à l’extérieur pour s’échapper et plonger dans un automne qui secrète toutes les ivresses. Il cherche à fuir, mais demeure prisonnier. Le narrateur a beau échafauder des mondes dans sa tête, être ballotté entre les jours d’enfermements et les congés, il reste amputé de son enfance. Le pays qui grise et saoule, l’enfant de l’autobus l’a perdu. On l’a sevré de «ses trois pins», du museau amoureux de son chien en l’envoyant au collège. L’autobus le ramène à la maison, mais le parcours est inutile. Il est coupé à jamais de cette enfance.
Comment vivre quand on étouffe dans son corps?
«Je ne suis jamais là où je suis. Je ne pourrais pas, je deviendrais fou. De temps à autre, je m’ébroue, me secoue. J’attrape un mot lâché par le professeur, une image dans mon manuel d’histoire, des simagrées sur le tableau noir, un assourdissant accord d’orgue et je tente, avec ça, de revenir dans la classe, à la chapelle, avec les autres. Mais ça ne dure pas.» (p.36)

La survie

La révolte de l’adolescence, la mort aussi, comme seul un enfant peut la sentir. L’angoisse de la poussée vers le monde adulte peut-être et cette volonté de se «préserver» comme son grand-père l’a fait. Un grand-père qui, dans son journal, a tout dit. Heureusement, il y a l’amitié un peu trouble de Jean-Pierre, son alter ego et Nelson qui l’accompagnera au pays des ombres. On pourrait bifurquer ici du côté du «Grand Meaulnes» d’Alain Fournier. Il y a des similitudes.
Des évasions, des rêves, la survie en noircissant des bouts de papier chiffonnés au fond des poches, des messages qui permettront, peut-être, comme le Petit Poucet, de refaire le chemin à l’endroit ou à l’envers. Il y aura des éclaircies avec «La Flore laurentienne» du frère Marie-Victorin et la musique de Jean-Sébastien Bach. Heureusement!
Le jeune Robert vit son calvaire et une sorte d’illumination qui le pousse à deux doigts de la mort.
«J’étais monté jusqu’au soleil. Il se levait sur les toits. Il allumait la hauteur des arbres, il dominait la ville et je la surpassais avec lui. Le monde était si grand, si clair. Je l’avais cru petit et noir. C’était que j’étais tout en bas, le nez collé aux choses, aux livres, aux gars, aux murs, à mon chagrin. Ce n’était pas une vie.» (p.155)
Quand le grand garçon réchappé de l’enfance grimpe dans la boîte du camion de son oncle, à la fin, il est dorénavant de l’autre côté de la vitre. Il a survécu, mais il est aussi plus étranger que jamais.
«Le vent me fouettait le visage, les épaules, les bras. Le vent m’échevelait, m’assourdissait, me remplissait les yeux de bonnes larmes fraîches. C’était bon. C’était fini. Ça commençait.» (p.157)

«Que vais-je devenir jusqu’à ce que je meure?» de Robert Lalonde est paru aux Éditions du Boréal.