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lundi 9 mai 2016

Denis Thériault n’arrive pas à déjouer la marche du destin

L’UNIVERS EST FAIT de l’immensément grand et de l’infiniment petit. Il en est de même de la littérature. Un monde se dissimule dans le plus petit des poèmes, le haïku. Trois vers jetés là, innocemment, et qui semblent aussi inoffensifs qu’une tête de pissenlits. Ils bousculent le temps et l’espace, font souvent sourire et donnent des yeux différents. Et il y a ces fresques qui entraînent dans toutes les directions, les galaxies de la phrase qui nous aspirent. Je pense au James Joyce de Victor-Lévy Beaulieu et à son 666 Friedrich Nietzsche. On pourrait signaler Don Quichotte de Cervantès et L’odyssée d’Homère qui me fascine encore et toujours. Des livres comme des trous noirs qui ne cessent de prendre de l’expansion dans un univers étourdissant. Deux manières de voir, deux parcours qui ne cessent de m’étonner et de me fasciner.

On se souvient du Facteur émotif de Denis Thériault paru en 2005. Bilodo s’ennuie un peu dans son quotidien et souffre d’une solitude certaine. Pour mettre un peu de piquant dans son existence, il se livre à une indiscrétion terrible, un geste que tout facteur bien né ne peut se permettre. Les assises de Postes Canada en seraient ébranlées. Heureusement, nous sommes dans une fiction. Notre solitaire intercepte des lettres, les  ouvre et en lit le contenu. Souvent, il les copie et referme le tout avant de livrer les missives à leur destinataire. C’est comme ça qu’il découvre une forme de petit poème qui changera sa vie. Heureusement, il n’est pas facteur à Baie-Comeau parce qu’il aurait eu bien des surprises avec L’école nationale du haïku. Une certaine Ségolène correspond avec Grandpré et c’est le coup de foudre. Le voilà éperdument amoureux. La belle vit en Guadeloupe et se permet des petits poèmes un peu osés avec son correspondant montréalais.

LE RETOUR

Denis Thériault récidive avec La fiancée du facteur. Tout est en place. Le décor et la plupart des personnages. Nous connaissons les habitudes de Bilodo. Tous les midis, il se pointe au restaurant Le Madelinot et se livre avec passion à la calligraphie, ne regarde personne, ignore les moqueries de ses collègues. Un solitaire précis et prévisible comme les aiguilles d’une horloge.
Et il y a Tania, une serveuse d’origine bavaroise qui assume le service avec une efficacité redoutable. La jeune femme fait les yeux doux à Bilodo qui ne la voit pas, surtout depuis la mort de Grandpré. Il est aspiré par la belle Guadeloupéenne et ses haïkus, s’est même installé dans l’appartement du mort et dans ses choses.

Les haïkus de Ségolène étaient parfumés à l’essence d’agrume. Joliment calligraphiés, ils alternaient avec ceux de Bilodo, et chacun agissait à la façon d’un capteur de rêves, piégeant dans la toile ténue de ses dix-sept syllabes une vision fugace, un bout de songe, une brillante parcelle d’éternité. C’était comme un bouquet d’images colorées au regard desquelles l’univers quotidien de Bilodo, ce petit monde prosaïque dont Tania faisait partie, avait dû lui paraître bien fade. (p.52)

Il continue la correspondance et la situation se complique quand Ségolène annonce sa visite à Montréal. Les imposteurs ne peuvent continuer indéfiniment à voler l’identité d’un autre. Arrive un moment où la vérité éclate et le faussaire est démasqué.
À bien y penser, La fiancée du facteur pourrait être le roman de la duperie. Bilodo se glisse dans la peau de Grandpré et Tania ne recule devant rien pour le séduire, inventant une fable, se donnant un rôle qu’elle imagine.
C’est peut-être ce qui arrive quand on veut faire coïncider le minuscule et l’immensité de l’univers. L’un est l’autre, mais l’un ne peut prendre la place de l’autre, tout comme les humains ne peuvent se glisser dans la peau d’un voisin sans provoquer des catastrophes. Il n’y a que dans les comédies où ce genre de situation provoque les rires.

UN HAÏKU

Tout repose sur un haïku dans La fiancée du facteur, ce petit poème qui semble si innocent à première lecture. Méfiez-vous du haïku ! Il s’infiltre dans votre esprit et peut vous hanter.

Tourbillonnant comme l’eau
contre le rocher
le temps fait des boucles

Voilà la trame du roman. Le choc du liquide et du solide, du mouvant et de l’inerte. Et les boucles du temps qui vont comme un point à la limite du cercle. Les romans de Thériault sont réfléchis et vous emportent dans une spirale malgré une écriture qui donne souvent l’impression que l’écrivain sourit en polissant ses phrases. Il ne faut jamais se fier aux apparences. Le drame couve et la tragédie finit toujours par s’imposer.
Bilodo a un grave accident et perd la mémoire. Tania voit là l’occasion de séduire le facteur. Elle triche, prétend être sa fiancée. Beau couple ! Une fausse fiancée et un Bilodo qui s’est glissé dans la peau de Grandpré pour s’approprier un amour qui ne le concerne pas. Tout est faux ! Factice ! Invention.

Ce que Tania vérifia systématiquement. Elles étaient toutes adressées au défunt. Pendant un moment nébuleux, elle n’y comprit rien. C’était donc à Grandpré que Ségolène écrivait ? Ou croyait écrire ? Puis un déclic se produisit : Grandpré devait avoir été le destinataire originel des haïkus. Ignorant qu’il était mort depuis plus d’un an, l’Antillaise avait continué de lui écrire sans se douter que c’était en fait Bilodo qui la lisait, et lui répondait. C’était la seule explication qui pût rendre pleinement compte des faits : Bilodo s’était substitué à Grandpré. (p.64)

Tania s’enfonce dans ses mensonges. Le jeu est périlleux et ses manoeuvres la poussent dans des directions inattendues. Surtout que le facteur peut retrouver la mémoire. Tout s’écroulera alors. Tout comme Bilodo était dans un véritable cul-de-sac. Pouvait-il séduire la belle Ségolène qui ignorait même son existence ? Un voyage en Guadeloupe, après le retour de la mémoire, tournera à la catastrophe et à une sorte de résurrection. Mais le temps fait des boucles

FATALISME

Il y a une forme de fatalisme chez Thériault. Les personnages se débattent, tentent des coups d’éclat, mais sont emportés par l’eau qui tourbillonne. Je me suis laissé aspirer par cette histoire qui repose sur une prose toute simple. J’aime les clins d’œil. Le facteur, l’homme qui distribue le courrier, les écrits et la calligraphie, la place qu’occupe le haïku, ce poème gros comme une tête d’épingle. J’ai déjà eu un facteur qui ne ratait jamais un spectacle à Saguenay. C’était l’homme le plus étonnant qui soit. Une salle de spectacle porte son nom désormais. Comme quoi, cet homme de lettres, était un véritable personnage de Thériault. Un esthète, un érudit qui livrait mon courrier.
J’ai aimé ce roman tout en finesse, cette histoire impossible, ce monde de substitutions qui finit par briser les personnages. Je me suis attardé aux nombreux haïkus qui parsèment le récit, résonnent comme des gongs qui rythment la marche du destin.
Bien sûr, plus personne ne croit à la fatalité et que son destin est écrit dans un grand livre ou dans un haïku. Dieu a chassé Adam et Ève du paradis, ne l’oublions pas, quand ils ont trouvé la connaissance et la sagesse. L’Être suprême, le Maître du destin n’aime pas les petits malins qui prennent la place des autres.

C’était une chose de réinventer le passé, c’en était une autre de créer de l’amour à partir de rien. Par où commencer ? Comment toucher le cœur temporairement infirme de Bilodo ? (p.103)

Une réflexion sur la vie, le mensonge, la destinée et l’écrivain qui doit rappeler ses personnages à l’ordre, aussi séduisants soient-ils.

On n’évite pas
la roue du destin
qui tourne éternellement (p.168)

Une écriture enrobée dans une sorte de sourire, une phrase qui vous fait oublier les impasses et la tragédie. Thériault a une manière de nous chuchoter à l’oreille pour mieux nous pousser dans les tourbillons de ses phrases, les spirales qui ne cessent de se multiplier. Il y a un peu la manière de Jacques Poulin dans l’écriture de cet écrivain qui nous entraîne dans des drames avec un beau détachement et une certaine légèreté. Peu importe que l’on soit dans le minimalisme ou le gigantisme, la vie est une tragédie. Denis Thériault nous le rappelle encore une fois. Je ne sais pas si Bilodo va reprendre du service, mais je me suis attaché à ce personnage énigmatique qui paie chèrement ses mensonges. Un bijou de finesse et de subtilité.

LA FIANCÉE DU FACTEUR de DENIS THÉRIAULT est paru chez XYZ ÉDITEUR, 170 pages, 19,95 $.

PROCHAINE CHRONIQUE : LA CHAMBRE NEPTUNE de BERTRAND LAVERDURE publié chez LA PEUPLADE.

jeudi 28 avril 2016

La magie de Pierre Gariépy nous emporte encore

LES GRANDES PASSIONS qui retournent l’être et font perdre contact avec la réalité n’ont jamais effarouché Pierre Gariépy. On se souvient de la dérive qui nous emporte au bout du rêve et de l’amour, de la vie et de la mort, dans Lomer Odyssée. L’écrivain continue dans cette voie en se tenant à la frontière du possible et de l’imaginaire dans Tam-Tam, un très court roman, qui nous pousse dans un univers où l’on se demande à chaque phrase si on est dans le songe ou la chimère. Peut-être que la réalité est tout cela et encore plus. Rêves, jeux, divagations et inventions permettent d’arpenter toutes les ampleurs de la vie et la littérature devient le véhicule parfait pour larguer toutes les amarres. Pierre Gariépy aime la musique des mots, leur saveur et ne se gêne jamais pour les faire résonner de toutes les manières possibles.

Valérie souffre de la fibrose kystique. Une maladie héréditaire qui touche le système respiratoire et provoque des sécrétions. La respiration est difficile, quasi impossible pour les enfants qui sont touchés. Elle doit cracher, éructer pour ne pas s’étouffer et son père doit « la taper » fermement pour la faire respirer. Elle devient une sorte de caisse de résonnance qui vibre sur tous les rythmes, un instrument qui peut jouer toutes les mélodies. Un lien très fort s’installe entre les deux, un amour fusionnel où la fillette et le père sont unis par une sorte de cordon ombilical. Une situation étrange, singulière et Valérie plane je dirais, entre deux mondes, sans jamais savoir lequel des deux va l’aspirer.

« Si tu savais… » Et ces trois mots inauguraient la vie, toute la vie, oui, l’Univers en fait, ces trois mots commençaient toujours notre prière du soir, à papa et moi, « si tu savais, mon ange… », et puis mon père m’expliquait la vie, m’en avouait la folie, pas tellement pour me faire peur que pour me dire : « Petite, dehors, c’est l’enfer, je l’ai vu », et puis, bien sûr, il voulait que je fasse attention, qu’à travers tout je survive, il voulait me garder, mon père, il avait peur de tout, des fois, papa, mais ce dont il avait le plus peur, c’était que je meure avant lui. (p.12)

Et le grand moment arrive. La jeune fille va recevoir un nouveau cœur, des poumons presque neufs, pouvoir vivre normalement, du moins on veut le croire. Il faut se méfier. Pierre Gariépy n’est pas du genre à nous raconter une histoire linéaire, sans rebondissements, sans fausses pistes ou de trappes qui s’ouvrent et vous font perdre pied.

Ma transplantation s’était faite comme un charme. Deux poumons pour le prix d’un, avec un cœur en  prime. Tout le kit, c’est plus facile à transplanter, paraît-il. En un bloc, opératoire ou pas. Et puis, c’est comme du troc. Mon cœur est allé chez une autre qui en avait follement besoin. D’un coeur seulement, ses poumons, ça allait. (p.17)

Je me suis mis à fantasmer. Une greffe, c’est comme se donner à un autre, accepter un autre en soi. Notre je n’est plus tout à fait un je, mais un il alors. Rimbaud avait peut-être reçu une transplantation poétique pour écrire son inoubliable : « Je est un autre ». Savoir que le cœur dans sa poitrine est celui d’un étranger, devoir la vie à un inconnu qui continue à être d’une certaine façon en nous doit procurer une sensation particulière. Qui sommes-nous alors ? Soi ou l’autre ?

HISTOIRE

Valérie reçoit ses poumons, son cœur et tout va bien. Retour à la maison et une autre vie s’amorce. Il faut récupérer, guérir et quoi de mieux que se bercer en écoutant des histoires. On dit que nous nous berçons selon le rythme cardiaque de notre mère. J’aime ce genre de subtilité. Le père raconte un moment terrible qu’il n’arrive pas à oublier. Enfant, il voulait devenir archéologue et avec son grand copain, passait son temps à creuser sous les galeries des voisins pour trouver des artéfacts. Un jeu comme un autre. J’ai joué aux Indiens, me prenant pour Aigle noir et je gagnais toutes les guerres, je vous le jure. Le grand ami, l’inséparable Pierre Gariépy a disparu. Toutes les recherches et les enquêtes n’ont rien donné. De quoi hésiter. L’écrivain Pierre Gariépy élimine un Pierre Gariépy dans son propre récit. Est-ce qu’il nous dit qu’il n’est plus là, qu’il s’est effacé ? L’écrivain ne serait pas celui que l’on croit. À moins d’avoir plusieurs vies, ce qui n’arrange pas les choses. L’écrivain est-il l’homme que l’on peut rencontrer ou s’il est un autre… Le romancier est-il un survivant ou un greffé ?

Tout près, papa semblait si absorbé qu’on aurait dit qu’il ne me voyait même pas l’aider. Pourtant, je lisais tout derrière lui, je ne prenais plus le temps de manger, comme lui, et de dormir, si peu que pas, et je n’étais même pas fatiguée, je l’aimais, Pierre, comme papa l’aimait, et je ferais tout pour que le mystère de sa disparition soit résolu enfin. C’était quand même moi qui avais relancé l’enquête, non ? (p.26)

Rencontres de témoins, déductions et la vérité éclate. Il n’y a pas de meurtre parfait. Le petit Pierre a été tué par un pédéraste qui l’a fait disparaître dans les trous qu’ils creusaient. Un jeu, une tombe… J’avoue avoir été troublé par cette histoire, la disparition du jeune, de l’auteur en quelque sorte. Pourquoi le roman prend-il cette direction ?
J’ai continué ma lecture, doutant de tout, sur la pointe des pieds, me méfiant des mots et des sourires de l’écrivain, de son goût pour les sonorités et les doubles sens.

FAUX OU VRAI

On finit par découvrir que Valérie n’a pas survécu à la transplantation. Le père, fou de douleur, incapable de vivre cette perte, tente de se suicider. Il doit vivre une thérapie pour reprendre pied. On se remet mal d’une telle douleur. C’est presque impossible de refaire surface.
La psychologue est particulièrement séduisante. Il ne peut que tomber amoureux de Sabine Candide qui respire l’amour et le bonheur. Toutes les femmes dans les romans de Gariépy sont irrésistibles et souvent l’incarnation de la beauté et de la sensualité.

Et quand il l’a vue, Candide, elle avait l’air d’une panthère noire, évidemment, vu l’accent. Papa est rentré dans l’antre de la mante, religieusement presque, comme hypnotisé. Il allait se faire manger, et en jouissait déjà. (p.59)

Les Sabines étaient des femmes que les Romains kidnappaient chez leurs voisins. Pas de femmes dans les commencements du grand empire. Une bien étrange histoire. Comment fonder un modèle de civilisation entre hommes ? Et quel rôle donner à ces femmes enlevées chez les voisins comme du bétail reproducteur ?
Sabine Candide est venue de la lointaine Haïti et possède des pouvoirs de guérisseuse. Une psychologue est une sorte de sorcière qui trouve le moyen de guérir le mal de l’âme, on le sait.

Mais comme elle m’a semblée grande, la Candide, à ras de terre. Une vraie de vraie liane, toute sombre et qui miroite. La blancheur de ses dents m’a fait détourner le regard, tant ça scintillait. En effet, elle était belle comme tout, Sabine, et je l’ai haïe tout de suite, la sorcière. J’aime la beauté, oui, mais pas la sienne. Déjà que j’avais commencé à la haïr bien avant que je la rencontre, si vous voyez ce que je veux dire… (p.71)

Le plus dérangeant, Valérie continue d’être la narratrice, celle qui raconte tout, au-delà de la mort.

ÉTRANGE

Il ne faut pas avoir peur des glissements, des bascules, de perdre pied, ne pas craindre d’être au ciel ou à ce qui lui ressemble en compagnie du marquis de Sade.
Gariépy construit son histoire et la défait pour la relancer dans une autre direction et nous étourdir. Plus simplement, je pense qu’il a voulu montrer l’immense vide que la mort d’un enfant peut provoquer et le long processus du deuil. Il y a plusieurs deuils dans cette histoire. Celle de Valérie bien sûr, mais aussi celle de Pierre, du petit Pierre qui est aussi Gariépy… Un écrivain peut-il faire le deuil de lui-même ou d’une grande douleur qui a marqué sa vie, l’a laissé plus mort que vivant… Je ne veux pas m’aventurer dans cette direction.
Il faut vivre des morts symboliques pour devenir adulte. Nous faisons tous le deuil de son enfance. J’ai dû quitter des vies, un milieu pour devenir un autre. Nous sommes tous des transplantés ou des greffés, surtout quand on choisit de fréquenter les phrases qui menacent d’aller dans toutes les directions.
Pierre Gariépy exige beaucoup de son lecteur. Une histoire invraisemblable comme il en a l’art. Nous sommes emportés par un rythme, un souffle, une écriture jubilatoire qui triomphe de tout avec une sorte d'innocence contagieuse. La phrase de Gariépy surmonte l’horreur grâce à cet amour des mots qu’il retourne et savoure comme des pépites de chocolat, une musique qui nous pousse dans toutes les dimensions de la douleur et de la perte. Le pouvoir de l’écrivain est terrible et il peut imaginer des morts et des résurrections pour que l’amour triomphe.  

Quand on peut plus aller plus loin dans la souffrance du quotidien, de la maladie - fibrose kystique ou putain de cancer : même combat -, il nous faut la magie, l’imaginaire, la littérature, quoi. (p.81)

Le grand art de Gariépy nous emporte dans ce qui est peut-être vrai ou faux, inventé, rêvé, et tout cela à la foi. Un monde se fait et se défait à chaque phrase. Parce que la vie est une fiction où il est possible de guérir de tout par les mots, les images et l’abolition des frontières. Un roman comme un concert de percussions qui nous fait vivre toutes les émotions.

Tam-Tam de PIERRE GARIÉPY est paru chez XYZ ÉDITEUR, 98 pages, 19,95 $.

PROCHAINE CHRONIQUE : La chambre verte de MARTINE DESJARDINS publié chez ALTO.



jeudi 31 mars 2016

Les écrivains aiment imaginer des mondes

TOUT RECOMMENCER, être Adam ou Ève sur une île déserte pour réinventer la vie. Cette idée a fasciné nombre d’écrivains. Tout commence bien malgré la solitude et la catastrophe. Après tout, le rescapé se retrouve dans un paradis et il n’a pas à se protéger des animaux sauvages. Arrive l’autre et tout bascule. La venue de Vendredi bouscule Robinson Crusoé. Le primitif et le civilisé doivent apprendre à vivre ensemble. Il faut réinventer la vie en société dans Sa majesté des mouches d’Arthur Golding où des enfants retournent à l’état sauvage. Qu’est-ce qui fait la civilisation et éloigne la barbarie ? Dynah Psyché, dans Rouge la chair, reprend le thème et l’explore à sa façon.

Daniel Defoe, Michel Tournier, Arthur Golding ont tenté d’inventer une vie nouvelle sans pour autant réussir à décrire un monde où la violence, les agressions et la folie disparaissent. Yann Martel dans L’histoire de Pi met face à face le tigre et le jeune garçon.  Ce sera l'humain qui profitera le plus de cette fréquentation. 
J’ai fait une incursion de ce côté, il y a plusieurs années, en me lançant dans un roman qui racontait l’histoire d’un survivant. Il se retrouvait seul sur la planète. Du moins, il le pensait jusqu’à ce qu’ils voient des empreintes sur le sable. Tout recommence. La peur, les craintes, l’autre qui devient une menace, les armes. J’ai abandonné le projet, n’arrivant pas à trouver une voie nouvelle. Comment ne pas penser à La route de Cornac McCarthy ? Le monde retourne à la sauvagerie quand il tente de se réinventer.
L’histoire des Amériques illustre ce mythe. Les arrivants rêvaient d’abandonner leurs « misères » dans la vieille Europe pour inventer un monde meilleur. La longue marche vers l’Ouest américain cherchait à s’éloigner des dogmes religieux de plus en plus étouffants pour créer une société libre. La Californie semble la plus réussie de ces utopies avec sa mentalité ouverte et sa tolérance. L’humain, semble-t-il, ne sait que reproduire des instincts ancrés au plus profond de lui. Un loup ne peut être qu’un loup.

RECOMMENCEMENT

Fiona vit dans une tribu de nomades. Tous déménagent à la saison des pluies pour se protéger des moustiques et de l’humidité. Ils naviguent dans de grands canots et se réfugient à l’intérieur du fleuve, sur les hautes terres. Les femmes vivent d’un côté et les hommes de l’autre. Un monde pacifique, fait de bonne entente et de partage.

Fiona ne quittait jamais la mangrove sans un petit serrement de cœur. Même si la migration était prévue et se répétait chaque année à la saison des pluies, la jeune fille aurait aimé y échapper. « Pourquoi doit-on partir ? » avait été une de ses questions rituelles quand elle était plus jeune. (p.9)

Les nomades vivent un tsunami qui emporte tout sur son passage. L’adolescente se retrouve sur une île, sauvée par un arbre mythique qui l’a protégée de la mort. Le sang-dragon pourrait être l’arbre du bien et du mal, celui de la connaissance qui garde la vie. Où est-elle et y a-t-il des survivants ? Elle explore son nouvel environnement, retrouve le corps de sa meilleure amie Kloé. Il reste l’espoir que des membres de sa tribu viennent la secourir. Sa mère ne l’abandonnera jamais. Elle se débrouille malgré la solitude, trouve des hameçons et peut attraper des poissons.
Après un certain temps, une bande d’enfants envahit son île. Ce qui pourrait s’avérer des retrouvailles, une fête, devient un cauchemar. Un garçon particulièrement brutal impose son pouvoir et domine les autres.

Fiona était littéralement estomaquée par le comportement des enfants. De jeunes sauvages, voilà ce qu’ils étaient devenus. On leur avait enseigné l’entraide et la solidarité, mais ils avaient oublié les leçons des adultes pour sombrer dans la guerre. Il fallait absolument les calmer et ce d’autant plus vite qu’elle trouvait inquiétante la présence des couteaux. Les enfants étaient prompts à s’enflammer, ils paraissaient excédés et prêts à tout, simplement parce que la faim les dominait. (p130.131)

La jeune fille doit se dresser devant Fulbert, le chef qui terrorise les plus jeunes. Elle est plus vieille et plus forte physiquement, incarne le pouvoir malgré elle. Comment ramener les enfants à des manières qui correspondent à celles que les parents et les anciens leur ont inculquées ? Que reste-t-il de l’ancienne vie ? Que deviennent les valeurs quand les liens de la collectivité s’effritent ? La civilisation est-elle l’affaire de la société ou de l’individu ?

QUESTIONS

Ce roman permet de réfléchir à la vie en groupe, aux instincts ancrés dans les êtres humains, aux pulsions qui caractérisent les mâles et les femelles. Fulbert est obsédé par le goût du sang. Le jeune chasseur pousse le groupe à la violence et aux excès grâce à un rituel qu’il invente. Fiona tente de garder son équilibre et de protéger les enfants de ce garçon qui semble prêt à tout.

De toute façon, elle le refusait, ce pouvoir qui consisterait à décider pour eux. Tout simplement parce qu’elle ne voulait pas que l’inverse se produise : qu’on prenne des décisions pour elle. Comme si la conscience de sa responsabilité vis-à-vis d’elle-même avait fait germer un profond besoin de liberté dans sa tête… Elle s’engageait à faire tout son possible pour prendre soin d’eux, mais ce rôle était-il jouable sans donner des ordres et statuer pour autrui ? Et si une opportunité se présentait pour qu’elle parte, mais seule, pourrait-elle les abandonner ? (p.144)

Fulbert incarne ce je sanguinaire et Fiona la collectivité. Les deux ne peuvent que se dresser l’un devant l’autre.

FILLETTE

Lilia, une petite, a disparu lors d’une chasse. Fulbert ne s’en soucie guère. Ce qui importe c’est la chair, le sang pour imposer sa férocité et sa puissance.
Une femelle lamantin a remplacé son bébé par l'enfant qui se nourrit à son sein. Les autres la suivent et l’animal devient la mère de tous. Symbole de générosité, de résilience, d’amour qui transgresse les frontières et permet le partage dans le plus incroyable des dons. On a eu le mythe de Tarzan qui a été adopté par des singes. Il ne faut pas oublier que Rome, selon la mythologie, a été fondé par Rémus et Romulus, des frères jumeaux nourris par une louve. Ce contact entre l’animal et l’humain est bien présent dans l’histoire de la pensée humaine.
Belle occasion de réfléchir sur ce que sont les instincts qui nous poussent à tuer ou à s’entraider. Le goût du sang serait-il particulièrement fort chez les mâles et moins présent chez les femelles ?
Rouge la chair nous pousse à la limite. L’amour, le partage, la générosité, le don de soi ne seraient pas seulement l’apanage de la race humaine. L’animal peut faire preuve d’empathie dans des comportements étonnants.

Or il l’avait retrouvée et il ne souhaitait plus la perdre. C’était son amie et elle était gentille. La preuve en était qu’elle avait partagé sa nouvelle mère avec eux. Ils avaient tous bu de son lait et une « famille » s’était formée à ce moment-là. Puisqu’elle était devenue leur mère, ils étaient frères et sœurs. Mais pas comme les jumelles Amala et Kamala qui se disputaient tout le temps. Une famille à eux, avec une seule règle, le silence… …Les autres l’avaient écouté, fascinés par son discours. Tout ce qu’il disait leur paraissait vrai, et même si le lait n’avait pas bon goût au début, même s’il les avait rendus malades, c’était tellement bon d’avoir retrouvé une maman et de former une famille…(p.249-250)

Un roman fort intéressant malgré certaines incongruités. Fiona vit dans la jungle et souvent on a l’impression qu’elle possède la pensée d'une citadine. Cela passe par un vocabulaire et des raisonnements décalés. Ça sonne un peu faux. Et elle ne cesse de se questionner sur ce qu’elle vit, doit faire ou doit défendre. Ces grandes considérations sont beaucoup plus le fait de l’auteure que du personnage, il me semble. Dans une situation semblable, il y a moins de raisonnements que de gestes. Les grandes introspections et les hésitations de Fiona cassent le rythme de l’histoire et nous font oublier un peu sa situation.
Malgré des tics, Rouge la chair n’en demeure pas moins un roman intéressant qui va à la source de cette violence qui détruit nos sociétés. L’écrivaine pousse plus loin en envisageant les rapports entre les bêtes et les humains. Une histoire séduisante qu’un élagage aurait pu rendre irrésistible.

PROCHAINE CHRONIQUE : Le géant de Francine Brunet publié chez Stanké.


Rouge la chair de DYNAH PSYCHÉ est paru chez XYZ Éditeur, 290 pages, 24,95 $.

vendredi 18 mars 2016

Les grands questionnements de Yann Martel


J’AIME LES ÉCRIVAINS qui jonglent avec des questions sans jamais accrocher de réponses à celles-ci. Yann Martel est de ceux-là. Depuis Paul en Finlande, paru en 1994, on retrouve des thèmes qui migrent d’un ouvrage à l’autre. L’histoire de Pi, en plus de l’avoir propulsé parmi les vedettes de la littérature mondiale, établit les grandes énigmes qui le hantent. Les croyances religieuses, les textes censés nous dire pourquoi nous vivons et surtout pourquoi nous disparaissons ; la présence des animaux et ce qu’ils peuvent nous apprendre puisqu’ils partagent le même univers. Le fameux tigre dans L’histoire de Pi permet au jeune garçon de se transformer. Nous devons peut-être faire une rencontre avec l’animal qui dort en nous pour être dans toutes nos dimensions. Encore une fois, la bête joue un rôle important dans Les Hautes Montagnes du Portugal. Le singe cette fois, ce cousin lointain avec lequel nous vivions il y a des milliers d’années, semble-t-il.

Autant le dire tout de suite. J’ai eu du mal à trouver des balises, à m’accorder au rythme de l’écriture dans les premières pages. J’étais déstabilisé. Je me suis arrêté pour essayer de comprendre ce qui n’allait pas. L’impression de fausser, de ne pas suivre les directives du chef d’orchestre. Je lisais tout faux, tout croche. Comme je l’ai dit souvent, je ne suis pas du genre à refermer un volume quand quelque chose m’échappe ou me heurte. Les livres, les romans en particulier, sont là pour nous pousser dans des directions inconnues.
Le Portugal, bien sûr, au début du siècle dernier avec les premières automobiles, ces engins qui fascinaient ou apeuraient. Peu de téméraires s’aventuraient sur les routes alors avec ces machines qui atteignaient des vitesses vertigineuses, jusqu’à cinquante kilomètres à l’heure. De quoi affoler les plus téméraires et surtout les chevaux qui occupaient toutes les voies publiques. Et l’état des chemins rendait l’aventure de la vitesse encore plus périlleuse. La première route recouverte de goudron remonterait à 1915, en France. Louis Hémon s’apprêtait à venir au Québec pour écrire Maria Chapdelaine. C’est tout dire.
Martel a eu la bonne idée d’imposer à son écriture la cadence de l’époque. Rien de ce que la modernité nous inflige. Pas de souffle asthmatique et scandé. La phrase se perd dans des méandres comme une rivière. Et surtout, elle nous entraîne dans de longues descriptions qui pourront impatienter bien des lecteurs. Il faut lire la description de l’automobile qu’emprunte Tomas, son personnage de Sans-abri. Une présentation minutieuse, maniaque je dirais, qui vous fait voir l’auto de l’avant à l’arrière.

Son oncle rayonne de fierté et de bonheur devant son gros bidule gaulois. Tomas garde la bouche cousue. Il ne partage aucunement l’engouement passager de son oncle. On peut voir depuis peu quelques-uns de ces engins dernier cri dans les rues de Lisbonne. Au milieu de la circulation animale de la ville, animée, mais somme toute pas très bruyante, les automobiles vrombissent comme d’énormes insectes, un fléau désagréable  à l’oreille, pénible à l’œil, malodorant. Tomas ne voit nulle beauté en elles. Et le modèle de couleur bordeaux de son oncle ne fait pas exception. Aucune élégance ni symétrie. L’habitacle lui semble ridiculement surdimensionné par rapport à la piètre écurie où sont fourrés les trente chevaux à l’avant. Le métal de la chose, qu’il y a en quantité, brille très fort - inhumainement, dirait Tomas. (p.37)

Moi qui me suis tenu loin des mécaniques, tout comme Tomas, et qui n'a jamais compris la fascination que ces jouets exercent, j’ai dû prendre mon mal en patience.
Et puis le déclic s’est fait. J’ai compris que l’écriture reflète le sujet chez Martel. Pas question de fausser l’époque pour séduire un lecteur impatient. J’ai ralenti pour me mouler à ces longues reptations qui vous emportent dans le voyage initiatique. Tomas traverse le Portugal, passe par tous les états avant de se retrouver dans la petite église de Tuizelo, devant un crucifix réalisé par le père Ulisses lors de son séjour en Afrique. Le religieux, dans sa lointaine colonie, a compris que l’homme descend du singe ou tout simplement l’évolution des espèces que Charles Darwin décrivait en 1859. Il a sculpté un Christ en croix. Sauf que le Fils de l’Homme a le corps d’un grand singe. L’objet devrait bouleverser les croyants et soulever la controverse. Tomas prévoit une véritable révolution.
Mais après sa traversée du pays, toutes les difficultés qu’il surmonte, le crucifix du père Ulisses perd de son importance. Comme on le répète, ce n’est pas d’atteindre le but qui importe, mais le parcours, le temps que l’on prend entre le départ et l’arrivée.


SECONDE ÉTAPE


Sur le chemin de la maison est plus étonnant. Surtout que nous nous retrouvons avec Eusebio Lozora, un médecin pathologiste qui pratique des autopsies pour trouver les causes d’un décès. Nous sommes ainsi. Nous nions souvent la mort, tentons d’expliquer le tout par un raté ou un bris du corps.

Tout cadavre est un livre avec une histoire à raconter, tout organe, un chapitre, les chapitres unis les uns aux autres par un récit commun. Il est du devoir professionnel d’Eusebio de lire ces histoires, en tournant les pages avec son scalpel, et d’écrire à la fin de chacune un compte rendu. Ce qu’il écrit dans son rapport doit refléter en toute exactitude ce qu’il lit dans le corps. Il en résulte un genre de poésie froide. Comme n’importe quel lecteur, c’est la curiosité qui le pousse à continuer. Qu’est-il arrivé à ce corps ? Comment ? Pourquoi ? Il cherche l’absence obligée et pleine de ruse qui finit par avoir raison de nous tous. Qu’est-ce que la mort ? Il y a le cadavre - sauf que c’est là la conséquence, et non pas la chose en soi. Quand Eusebio trouve un ganglion largement hypertrophié ou un tissu d’une rugosité anormale, il sait qu’il est sur la piste de la mort. Comme c’est curieux : la mort se présente souvent sous le déguisement de la vie, une masse de cellules irrégulière, exubérante - ou elle laisse un indice avant de fuir les lieux, comme un meurtrier, une arme encore fumante, une croûte sclérotique sur une artère. (p.145)

Je me suis régalé. Son épouse, Maria Louisa Motaal Lozora, se passionne pour la religion et les textes fondateurs. Une femme curieuse et intelligente qui décortique les miracles de Jésus et fait un parallèle entre les évangiles et les romans d’Agatha Christie. Si Yann Martel a mis du temps à m’apprivoiser, là j’étais prêt à tout avaler. Un moment magnifique. Une autopsie qui laisse sans mots.

TROISIÈME MONDE

Dans la dernière partie, À la maison, un sénateur, un homme politique canadien, après la mort de son épouse, fait un voyage à Oklahoma aux États-Unis où son regard croise celui d’Odo, un grand singe. Les vies de l’animal et du sénateur Peter Tovy ne seront plus les mêmes. Tout bascule. L’homme acquiert Odo et les deux  traversent les États-Unis, roulent vers New York, font d’étranges rencontres, s’apprivoisent et finissent par se poser au Portugal, à Tuizelo, le centre du monde, de l’histoire, de tous les départs et de tous les commencements. Le voyage chez Yann Martel est toujours l’occasion d’un grand bouleversement intérieur.
Les deux apprennent à vivre ensemble. Deux regards, deux manières d’appréhender la réalité se confrontent.

Peter s’aperçoit que c’est ainsi que tous les conflits entre Odo et les chiens prennent fin, toute tension mise au jour et puis purgée, après quoi plus rien ne reste, plus rien ne subsiste. Les animaux vivent dans une sorte d’amnésie émotionnelle centrée sur le moment présent. Tumulte et agitation sont pareils à des nuages d’orage, ils éclatent spectaculairement, mais ont tôt fait de s’épuiser et cèdent alors la place au ciel bleu de tous les instants. (p.325)

Un roman en trois temps, où chacune des parties renvoie à l’autre, des histoires difficiles, pour ne pas dire étranges. Béatrice et Virgile a dérouté bien des lecteurs à sa parution. Une manière d’appréhender ces grandes questions qui demeurent malgré nos étourdissements et nos fuites. Martel croit qu’il y a une autre dimension dans la vie, secoue l’être humain qui porte en lui une certaine animalité et une forme de spiritualité. Les deux ont tout à apprendre en s’apprivoisant et en vivant dans le respect l’un de l’autre. L’homme n’est pas qu’esprit comme on a voulu nous le faire croire au Siècle des lumières. Si la raison a cherché à dominer, ce fut toujours aux dépens du corps avec les conséquences que nous connaissons. Il faut peut-être laisser parler le singe en nous, laisser vivre l’animal et s’accrocher au moment présent pour être dans toutes les dimensions de son être comme j’aime souvent l’écrire.
Un roman passionnant, des histoires qui nous laissent sur un pied et c’est tant mieux. Les grands bouleversements, dans Les Hautes Montagnes du Portugal, se produisent après la perte d’un être cher, une douleur qui laisse le survivant meurtri et dans un état de fragilité. Le moment peut-être de tout remettre en question et de changer ses comportements futiles.
Yann Martel aime les allégories, les voies parallèles, les chemins de traverse. La vérité est dans les romans d’Agatha Christie et dans les évangiles. Elle est dans le regard d’un animal qui s’abandonne au plaisir du mouvement. Tout ce qui fait que nous sommes des vivants, des êtres qui savent plus formuler des questions que de trouver des réponses. Il faut se méfier des explications parce que ce sont des cages qui enferment et qu’il est très difficile, après, de trouver la clef qui ouvre la porte. Des histoires comme je les aime et qui demandent un effort. C’est souvent à vous donner le vertige. La vérité se cache peut-être là où nous oublions de regarder.

PROCHAINE CHRONIQUE : Le petit voleur de ROBERT LALONDE publié chez BORÉAL.

Les hautes montagnes du Portugal de Yann Martel est paru chez XYZ éditeur, 352 pages, 27,95 $.