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vendredi 13 janvier 2017

Marcelle Ferron a dû lutter pour faire sa place

MARCELLE FERRON A RÉUSSI à s’imposer comme peintre dans une période où la place des femmes n’était guère évidente. Signataire du Refus global, elle a participé aux activités du groupe des automatistes, s’est exilée en France pendant des années. De 1944 à 1985, elle entretient une correspondance avec ses sœurs Madeleine et Thérèse, ses frères  Jacques et Paul. Des lettres d’une franchise incroyable où l’artiste témoigne des difficultés de sa vie, de sa longue et lente ascension dans le milieu des arts, de ses problèmes financiers, de ses filles, de sa santé et de ses amours. Pendant ce temps, Madeleine tarde à s’imposer sur le plan littéraire. Jacques se cherche comme écrivain et finit par publier. Thérèse trouve sa voix comme journaliste après une vie matrimoniale houleuse. Paul vit sa vie de médecin discrètement.

Après la lecture de La femme qui fuit d’Anaïs Barbeau-Lavalette, j’avais envie de rester en contact avec cette période effervescente et de plonger dans la correspondance de Marcelle Ferron avec ses sœurs et ses frères. Des lettres qui s’échelonnent sur une quarantaine d’années et qui témoignent de la modernité qui s’impose au Québec. Une belle manière de traverser la Révolution tranquille par le biais de cette famille qui échappe aux normes. Les lettres nous entraînent dans le quotidien de l’artiste et les grands questionnements que la vie impose. Les obstacles seront nombreux pour Marcelle qui compose avec une santé fragile même si elle déborde d’énergie et est animée par une volonté qui ne la fait jamais reculer. Rien n’ébranle son idéal, sa volonté de peindre et de faire sa place dans un monde où il est difficile de survivre.
J’ai un peu hésité en amorçant la lecture de ce gros ouvrage. J’avais l’impression de m’égarer dans la banalité du quotidien. Pour tout dire, je suis un peu échaudé après avoir lu la correspondance de Gabrielle Roy avec son mari Marcel. Mon cher grand fou fait plus de 800 pages et ne livre pas grand-chose de la vie particulière de la romancière avec son médecin de mari. Madame Roy évite les sujets intimes et ne parle jamais de ses questionnements d’écrivaine et de ses vues sur l’écriture.

FRANCHISE

Marcelle Ferron est d’une franchise étonnante (tout comme ses sœurs et ses frères). Une qualité que tous partagent dans cette famille, même au risque de choquer ou de faire de la peine. Et quelle tendresse entre eux, quels liens indéfectibles malgré certains heurts !

Après l’insouciance de l’été, je prends de nouveau la littérature à cœur ; je songe à revoir ma grammaire et j’ai sorti mon dictionnaire. C’est un rite, car la tristesse qui commande d’écrire ne laisse pas à son employé le loisir de parfaire ses moyens. Ceux à qui elle l’a laissé souvent ne l’ont jamais revue. Je pense à Pierre Baillargeon ; quoique je l’aime, j’admets avec toi qu’il manque d’invention. « Il naquit, dites-vous, d’une grammaire. »
Fort bien, mais avant de trop médire de lui, admets à ton tour que plusieurs de tes jeunes enthousiastes seraient encore plus stériles en étant plus rigoureux. Leur génie n’est que de l’incorrection. Qu’ils se précisent, ils deviendront lucides et verront qu’ils n’ont rien à dire et qu’ils le disent mal. Pierre dit peu, mais écrit bien. (Lettre de Jacques à Marcelle, 1947) (p.63)

Personne n’écrit pour la postérité même si on peut avoir des doutes avec Jacques qui a entretenu une correspondance abondante avec Victor-Lévy Beaulieu, Robert Cliche et sa sœur Madeleine, John Grube, André Major et Julien Bigras.
Bien sûr, la lettre a perdu de sa noblesse avec l’arrivée d’Internet. Il n’est guère possible maintenant d’entretenir une correspondance et de développer des idées comme c’était le cas jadis. Nicole Houde aimait écrire des lettres et prenait un soin particulier à le faire jusqu’à la fin de sa vie. Je n’ai jamais su écrire des lettres. Internet a sauvegardé plusieurs amitiés dans mon cas.

UNE VIE

Marcelle Ferron, dès ses premiers moments au sein du groupe de Borduas, a su que la peinture ou les arts visuels, seraient plus qu’un passe-temps. Toute son énergie a été canalisée même si elle avait une vie de famille et que les enfants sont arrivés au début de la vingtaine. Madeleine repoussera son goût de l’écriture et y viendra après que ses enfants soient devenus autonomes. 
Je garde un souvenir ému d’une rencontre avec elle à la Bibliothèque de La Baie où nous avions fait une lecture publique. Elle venait de publier Le chemin des dames, je crois. Une rencontre inoubliable, une femme d’une gentillesse exceptionnelle.

À ma connaissance, je ne crois pas avoir changé de philosophie comme tu dis — mes idées changent et évoluent, ça c’est entendu. Je ne puis vraiment pas entrevoir d’être figée dans une attitude jusqu’à la fin de mes jours. La peinture peut-être comparée à une passion, une passion dont on ne peut se passer, qui, plus on s’y donne plus elle influence notre vie, notre pensée, nos amours.
Je ne parle pas des gens qui prennent la peinture comme hobby — même là, tu vois des gens devenir des esclaves de leur fichu hobby — de la pêche, de la chasse. Et qu’est-ce que c’est à côté de la peinture ! de la musique ou de la danse !
Chacun n’attache pas la même importance aux mêmes objets. C’est une question de tempérament, etc. On peint parce qu’on a besoin de peindre, comme on a besoin de manger, d’aimer. (Lettre de Marcelle à Madeleine, printemps 1948.) (pp. 107-108)

Madeleine et Thérèse feront toujours passer leurs enfants et leur mari en premier. Thérèse trouvera sa voix après sa séparation et quand elle doit subvenir à ses besoins. Elle écrira des contes et des articles pour les journaux. Toute la famille était fascinée par l’expression artistique sauf Paul, le frère médecin, qui s’est amusé avec Jacques dans le Parti rhinocéros.
Peu à peu, Marcelle s’impose, prépare ses expositions dans des conditions difficiles. Son atelier froid et humide n’aide pas à améliorer sa santé. Elle réussit à survivre en vendant des tableaux ici et là. Elle démontre un courage terrible et ne recule jamais. Elle n’hésitera pas à bousculer son quotidien et à aller voir ailleurs. Sa décision de s’exiler en France par exemple avec ses trois filles.

Je m’en vais là pour peindre. Et puis je suis fatiguée de vivre avec l’ombre de René qui (me) menace sans cesse de me tuer.
C’est très difficile de refaire sa vie avec trois enfants. J’en prends un peu mon parti et essaie de vivre là où mes goûts me portent. Ne va pas t’imaginer que tout va toujours bien.
Il y a des fois où de me voir engagée dans une vie choisie à vingt ans, que cette vie est quasi inchangeable sans sacrifier des êtres que j’aime, me fait sombrer dans un de ces cafards et affaissement qui semblent des gouffres. Je pars parce que j’ai un besoin urgent de partir. Je compte réorganiser ma vie de fond en comble et ça en ayant la possibilité d’une servante, etc. (Lettre de Marcelle à Thérèse, juillet 1953) (p.238)

On ne peut qu’admirer son courage et sa fermeté. Une décision que Jacques aura bien du mal à oublier. Il prendra des années avant de se réconcilier avec elle.
Marcelle joue des coudes pour entrer dans les galeries renommées d’Europe. Pas étonnant que les problèmes financiers reviennent souvent dans ses missives à Madeleine qui n’aura jamais ce genre de soucis. Robert Cliche, son mari, se fait un nom comme avocat et devient un notable de la Beauce. Il fera aussi sa place en politique comme on le sait.
Thérèse et Marcelle ont épousé des instables et des rêveurs qui arrivent mal à concrétiser leurs ambitions. Elles se sépareront. Jacques quittera sa première épouse et Paul se mariera un peu tardivement.

QUOTIDIEN

Des considérations sur l’art et l’écriture se glissent dans ces missives. On s’explique, on se parle dans le blanc des yeux et l’amitié connaît des hauts et des bas. Chacun tente de faire sa place, emprunte des chemins personnels.
Jacques sème la zizanie et comme il est l’aîné, se considère peut-être comme le patriarche qui doit se mêler de tout. Ses propos causeront souvent des frictions avec ses sœurs qui se montrent patientes et choisiront souvent de fermer les yeux pour ne pas envenimer les choses.

J’ai été brouillée avec Jacques pendant un long mois. Il faisait du petit placotage de commère qui me déplaisait beaucoup. Je n’ai plus aucune prise pour les chicanes de ce genre — ça ne m’atteint plus — il a eu l’air bête devant ma parfaite indifférence et a cru bon de faire amende honorable. (Lettre de Marcelle à Thérèse, décembre 1950) (p.201)


FASCINATION

Il est fascinant de voir Jacques faire ses premiers pas dans sa vie d’écrivain et de partager ses questionnements. Il reprendra plusieurs fois ses premiers textes qu’il tente de faire publier, s’aventure du côté du théâtre, semble s’amuser de tout, même de la tuberculose qui le cloue au sanatorium. Ses sœurs seront pour lui de fidèles lectrices et des critiques éclairées.
Marcelle multiplie les efforts et même quand elle commence à être connue, sa situation matérielle reste précaire. Parce que c’est plus difficile pour une femme et elle le répétera souvent. Elle plonge dans un monde d’hommes et doit travailler sans relâche.

Tu ne sais rien de ma vie à ce sujet. Ce que j’ai appris de tout ça, je t’en reparlerai, mais il y a une chose de certain : le monde actuel accepte, mais que par apparence, qu’une femme peintre puisse exister. Il faudrait être tout et ce n’est pas humainement possible. (Lettre de Marcelle à Madeleine, octobre 1962) (p.462)

Une fougue, une énergie et une passion admirable. Je suis devenu frénétique en lisant ces lettres, revenant souvent pour m’attarder à certaines considérations sur l’art, la vie ou l’amour. Une époque, des êtres qui ont fait ce que nous sommes maintenant. 
Marcelle Ferron a su réaliser un travail colossal, s’imposer dans un monde souvent hostile. Un livre magnifique. Ces lettres témoignent de la vie de trois femmes fascinantes, d’un Jacques original et un peu cynique, de Paul toujours là pour aider. À lire absolument pour ceux et celles qui aiment l’intelligence et découvrir une époque encore mal perçue.

CORRESPONDANCE DE MARCELLE FERRON de MARCELLE FERRON est publié aux ÉDITIONS DU BORÉAL.


PROCHAINE CHRONIQUE : Les superbes de LÉA CLEMRMONT-DION ET MARIE HÉLÈNE POITRAS, paru chez VLB ÉDITEUR.



vendredi 6 janvier 2017

Anaïs Barbeau-Lavalette recherche sa grand-mère

SUZANNE MELOCHE ÉTAIT du groupe qui a signé Le Refus global en 1948 sous l’instigation de Paul-Émile Borduas. La jeune femme, née à Ottawa, découvrait des créateurs, trouvait une liberté qui la fascinait et la stimulait. Elle a épousé le peintre Marcel Barbeau à vingt ans, a eu deux enfants, s’est vite sentie piégée par la vie de mère et d’épouse. Elle voulait faire de sa vie une aventure et a tout quitté, abandonnant enfants et mari pour s’exiler à New York. Elle a écrit, peint et repoussé tous les carcans, a connu des aventures amoureuses, est demeurée farouche et s’est retrouvée souvent seule. Anaïs Barbeau-Lavalette part à la recherche de cette grand-mère énigmatique, celle qui a toujours fui, qu’elle déteste et qui a tant fait souffrir sa mère Manon.

La femme qui fuit est paru il y a plus d’un an. En 2015 pour être précis. Je l’ai déjà écrit, je me méfie des ouvrages encensés par tout le monde. Parce que souvent, à la lecture, je suis déçu. Danielle, ma compagne, répétait que c’était excellent, que je négligeais un très bon livre. Plus qu’un roman même.
En cette période des Fêtes où les nouveautés se font rares, je me suis décidé. Peut-être aussi que la présence de l’auteure à l’émission Tout le monde en parle m’a convaincu. Oui, j’écoute l’émission de Guy A. Lepage, enregistre le tout et saute l’humoriste imposé, celui qui ne me fait jamais rire. Dans l’ensemble, les propos de certains invités attirent mon attention.
La femme qui fuit est un roman courageux qui nous plonge dans une époque importante du Québec. Suzanne Meloche vient d’une famille d’Ottawa qui a vécu durement la crise des années trente. Son père, instituteur, a dû arracher des pissenlits pour faire vivre sa famille. La jeune femme participe à un concours d’art oratoire à Montréal et l’emporte devant le favori, nul autre que Claude Gauvreau, le poète que nous connaissons pour sa poésie exploratoire et ses pièces de théâtre déroutantes. Il sera l’un des héros de Victor-Lévy Beaulieu dans Bibi où le personnage est interné avec d’autres figures improbables. Il rumine sa révolte, fonce dans les murs comme un orignal aveugle. Un poète qui a marqué son époque.

Tout de toi raconte maintenant une ère nouvelle. Tu te tiens droite, et malgré ta peau diaphane, on a l’impression que tu viens d’inventer le monde. Tu évoques les possibles et c’est bouleversant que quelque chose d’immense et d’invisible naisse d’une présence effilée comme la tienne. Tu termines. On se lève et t’ovationne. Le jeune homme à la chute savamment contrôlée vient te féliciter. De près, il a encore l’air de tomber. Il se présente : Claude Gauvreau. Il t’invite à passer la soirée chez des amis. Ravie, tu acceptes. (p.81)

Tout commence alors pour Suzanne Meloche.


REFUS GLOBAL

Paul-Émile Borduas pousse les jeunes artistes à se surpasser et à faire éclater les frontières. Suzanne croise Jean-Paul Riopelle, Marcel Barbeau, Marcelle Ferron, Claude Gauvreau et Murielle Guilbault. Tous rejettent les carcans de l’époque et veulent se mettre à l’heure de l’Europe et des mouvements d’arts contemporains. Suzanne, ce n’est pas celle de Léonard Cohen, découvre la liberté et l’audace, ose des petits tableaux, donne la réplique à Gauvreau qui bouscule toutes les normes et plonge dans ce que l’on nommera l’exploréen, une langue inventée qui devient un véritable vertige sonore. Une entreprise folle et souvent mal comprise, une manière de dire qui horripilait Jacques Ferron.
La belle et audacieuse Suzanne est attirée par Marcel Barbeau, un peintre qui n’est pas celui que l’on remarque le plus dans les rencontres où l’on discute en grillant des cigarettes, attendant les verdicts du maître Borduas.
L’amour, les enfants viennent. La carrière de Barbeau tarde à lever. Borduas perd son emploi à l’École du meuble et voit sa famille se disloquer. C’est la misère, celle que Suzanne a voulu fuir en quittant Ottawa. Elle ne peut abdiquer, piétiner ses rêves même si elle aime ses enfants. Un hiver plutôt rude et éprouvant à la campagne la convainc de partir.

MOMENT

La même année que la parution du Refus global, un jeune homme de Saint-Félicien lance un recueil de poésie qui en fera l’un des poètes les plus importants de sa génération. Paul-Marie Lapointe publie Le Vierge incendié grâce à Claude Gauvreau. Ce poète est originaire du même coin de pays que moi et son frère m’a enseigné à Saint-Félicien au secondaire. Il ne participera pas aux activités du groupe cependant.
Suzanne écrit, peint, mais on ne la prend guère au sérieux. Les femmes font face à des hommes qui retrouvent souvent leurs réflexes même s’ils cherchent une autre façon de dire et de vivre.

Borduas s’approche alors du cercle. Il jette un œil à l’encre de Marcel qui, sous tension, se suspend à ses lèvres. Puis il te regarde. Tu soutiens son attention. Tu dis que tu trouves ça beau. Que tu as très envie de te coucher dedans et de te faire avaler. Borduas rit. Un rire sobre et spontané. Ça semble rare, car tout le monde reste d’abord choqué, avant de se donner la permission d’en faire autant. (p.84)

La fatalité biologique bouscule les rêves. Les moyens de contraception n’existent pas alors. Un enfant, ça retourne le corps et change le quotidien. Un petit être qui exige tout de Suzanne, une petite fille qu’elle nomme Mousse, qui deviendra la mère d’Anaïs. Un fils aussi.
Suzanne n’en peut plus de sa vie de misère pendant que Marcel tente sa chance à New York. Ce n’est pas ce qu’elle voulait en migrant à Montréal. Elle a l’impression de basculer dans la vie de sa mère qui a renoncé au piano pour s’occuper des siens. Elle veut vivre sans avoir à plier devant les obligations et les devoirs.
Elle part aux États-Unis, participe à la marche historique pour l’égalité des Noirs, vit bien des péripéties et des amours. Elle publiera ses poèmes des années plus tard et vivra en marge, défendant farouchement sa liberté, repoussant tous les rapprochements avec ses enfants. Elle reste une sauvage, fait des efforts terribles pour s’affirmer et protéger son indépendance. Une indomptable. Peut-être la plus radicale du groupe des automatistes.

LIBERTÉ

Anaïs Barbeau-Lavalette reconstruit la vie de sa grand-mère à partir de ses lettres et de la documentation qu’elle trouve dans l’appartement d’Ottawa où Suzanne a fini ses jours. Une véritable enquête pour comprendre cette femme mystérieuse. L’écrivaine et cinéaste découvre une figure qui lui plaît malgré les souffrances qu’elle a infligées à sa mère. Elle comprend sa vie difficile, ses frustrations parce que dans le groupe des automatistes, elle n’a jamais compté. Elle était la femme de Marcel Barbeau.
Je pense à ce moment terrible où Suzanne peint un grand oiseau qui porte son désir de liberté. Marcel s’empare de sa toile. C’est brutal, douloureux. Terrible.

Quand tu rentres à la maison, tu trouves Marcel en train de peindre. C’est âpre et ardent. Tu t’apprêtes à lui annoncer que ses toiles reposent dans le bureau du directeur du Musée des beaux-arts. Quand, sous les éclats cyan et magenta, tu décèles l’aile rouge de ton oiseau. C’est tout ce qu’il reste de son envol momentané. Marcel te dit simplement qu’il manquait de toile, qu’on doit les compter, qu’elles sont denrées rares. (p.174)


Plusieurs tragédies secouent les amis. Le suicide de Murielle Guilbault et de Claude Gauvreau qui ne s’est jamais remis de la mort de son amoureuse, le départ de Borduas pour la France. L’histoire secoue chaque phrase. Des rencontres lumineuses comme celle de Marcelle Ferron ou encore l’ombre de Jean-Paul Riopelle qui s’envole vers la gloire.
Une écriture minimaliste. C’est quasi un scénario tellement le roman est concis, fait de courtes scènes qui se succèdent comme des miniatures. L’histoire d’une femme fascinante, mais aussi d’une époque. Un regard émouvant et d’une justesse qui coupe le souffle. Il y a tout pour faire un film de cette histoire, raconter cette époque mal connue et importante dans la psyché québécoise. Un roman à lire absolument.
Tout de suite après, je me suis tourné vers la correspondance de Marcelle Ferron pour avoir un autre point de vue sur cette période qui marque la modernité et la liberté d’expression au Québec.
Peut-être que je vais être moins méfiant dorénavant quand on louange un ouvrage. La femme qui fuit mérite l’attention qu’on lui porte parce que c’est un récit magnifique, une plongée dans la vie d’une femme qui a assumé sa liberté sans faire de compromis et qui en a payé un prix terrible. Elle n’a jamais eu la reconnaissance qu’elle aurait pu avoir. Personne n’a respecté ce qu’elle était, le talent qu’elle avait. Peut-être que nul ne lui a pardonné sa fuite. Une tragédie.
La liberté dans le cas de Suzanne Meloche a été un poids terrible à porter. Il était temps qu’on lui rende justice et Anaïs Barbeau-Lavalette le fait magnifiquement.

LA FEMME QUI FUIT d’ANAÏS BARBEAU-LAVALETTE est publié chez LE MARCHAND DE FEUILLES.


PROCHAINE CHRONIQUE : Le droit d’être rebelle de MARCELLE FERRON, paru aux ÉDITIONS du BORÉAL.



jeudi 29 décembre 2016

Serge Bouchard fait du bien à l’intelligence

SERGE BOUCHARD surveille les agitations de ses contemporains, leurs manies, leurs obsessions et tente de trouver un peu de sens dans tout ce qui va trop vite, tout ce qui s’agite frénétiquement. Dans Les yeux tristes de mon camion, il permet au lecteur de respirer et de prendre conscience de tout ce qui est vivant autour de lui. Il faut s’attarder longuement devant une forêt d’épinettes qui résistent aux saisons, se pencher sur la vie de ces illustres oubliés qui ont parcouru l’Amérique, vécu avec d’autres peuples et ont fait de leur vie une expérience. Un moment de l’Amérique française que l’on a biffé de nos mémoires. L’anthropologue et homme de radio fait du bien à l’intelligence.

Ces textes permettent encore une fois de plonger dans l’univers de Serge Bouchard, de partager son amour pour la route, ces randonnées qui ne semblent jamais vouloir prendre fin, une traversée de l’Amérique du Nord dans une vieille Honda qui tient la route par miracle. Rouler pour le plaisir de découvrir, être en mouvement et rester vivant. C’était au temps de sa jeunesse folle, au temps des rêves. Il pouvait conduire jour et nuit, aller d’un océan à l’autre, du Nord au Sud pour prendre le pouls du Nouveau Monde.
Serge Bouchard est avant tout un nomade qui se sent vivant quand il se déplace lentement d’un point à un autre. Dans une vie antérieure, il aurait été un coureur des bois qui escaladait les montagnes pour voir de l’autre côté, un explorateur, un traducteur qui connaît toutes les rivières et les nations autochtones. Un rêveur qui  se sent vivant en suivant les méandres des grandes rivières qui coupent la plaine américaine.
Pas étonnant qu’il porte un amour démesuré pour les camions, ces navires contemporains qui vont du Nord au Sud dans un ronronnement où il est possible de saisir la quintessence du continent, d’un monde qui ne cesse de se faire et de se réinventer à chaque montée. Ces camions qu’il admirait tant quand il était petit garçon et qu’il rêvait de conduire jusqu’au bout du monde. Et ce grand fleuve qu’il surveillait en se demandant d’où venait toute cette eau et où elle allait.
Un nostalgique qui aime se bercer dans ses rêves d’enfance, se rappeler son père qui regardait le temps filer dans ses derniers jours pour saisir peut-être le fil de la vie qui finit toujours par se rompre.
Je suis un fidèle de ses émissions à la radio où il se questionne sur le racisme, le temps qui file, l’amour et l’amitié. Une émission rare qui permet un arrêt dans la frénésie de la semaine. C’est mon moment précieux. Je ne ratais jamais non plus Les chemins de travers où il nous entraînait dans des sentiers peu fréquentés et souvent étonnants. Parce que Serge Bouchard nous donne de nouveaux yeux pour surprendre le monde et le voir comme si c’était la première fois. C’est toujours avec bonheur que j’écoute sa voix grave nous confier des secrets, des réflexions, s’attarder à des doutes et des incertitudes. Parce que vivre et penser, c’est jongler avec une question qui ne trouve jamais de réponse.

La voix humaine est puissante. La radio lui fait honneur. Et pour l’entendre, l’auto devient une chapelle privée où, dans la solitude de sa mobilité, l’être médite au son de sa propre humanité. Cela soigne et rassure, cela nous attache. Bien sûr, nous touchons là à la prière, à la musique rituelle et sacrée, aux incantations des prêtres, des imans, sorciers et bardes de tout acabit. La voix humaine a un pouvoir inouï. Disons simplement qu’à la surprise générale des croyants que nous sommes, la voix humaine est plus forte que l’image. Voir le sacré est une chose étonnante, entendre sa voix l’est encore plus. La radio traverse les époques, survivant à des technologies qui lui sont mille fois supérieures. La simple voix humaine est irremplaçable, elle va à l’essentiel. (p.48)

Je me suis réjoui de voir la file devant son stand au dernier Salon du livre de Montréal. C’est rassurant. C’est dire qu’il y a encore des femmes et des hommes pour partager des réflexions et des penseurs qui n’ont pas besoin de se déguiser en humoristes pour attirer la foule. Il avait tout son temps pour discuter avec un lecteur ou une lectrice avant de dédicacer son livre. Je l’ai regardé un moment et n’ai pas osé m'approcher. Ça m’arrive d’être intimidé et de rater une occasion unique. Je l’ai aussi entendu dans une conférence où il sait vous tenir en haleine pendant des heures en racontant les exploits de Nolasque Tremblay et Émilie Fortin, ou de Marie-Anne Gaboury qui a été la première femme blanche à parcourir l’Ouest canadien à dos de cheval.

RÉFLEXION

Avec Serge Bouchard, chacun possède une histoire et il est important de l’entendre et de la raconter. Chaque individu est témoin de son époque. La grande histoire que l’on enferme dans les livres masque souvent le réel. J’aime particulièrement quand il s’attarde aux découvreurs du continent, aux exploits de ces hommes et de ces femmes que l’on a biffés de nos manuels scolaires. Que j’aurais aimé, à la petite école, découvrir la vie de ces explorateurs partis de Québec ou des Trois-Rivières pour se rendre à Saint-Louis, la plaque tournante de l’Ouest au temps de l’Amérique française. Ils étaient partout, ont traversé les montagnes en suivant les cols et les rivières pour surprendre ce Nouveau Monde bien avant les Américains. Des curieux qui n’hésitaient pas à vivre à l’indienne pour commercer et souvent fonder une famille métisse comme ce fut le cas dans l’Ouest canadien avec Marie-Anne Gaboury, l’ancêtre de Louis Riel. Une histoire oubliée, des figures fascinantes qui donnent une fierté à ceux qui savent que la langue française régnait en Californie bien avant l’arrivée des Anglophones.
 
En 1814, les hommes de Philibert sont une trentaine à faire le voyage de traite des fourrures dans le grand Sud-Ouest. Sous la gouverne de leur patron, on les retrouve dans la région de Santa Fe. Lespérance est du groupe et il voyage avec de bien grands noms : Étienne Provost, la future légende des montagnes de l’Ouest, François Leclaire, son associé, Toussaint Charbonneau, le célèbre mari de Sacagawea. On retrouve aussi Michel Bissonnette, qui sera tué par les guerriers de Mauvais Gaucher lors du traquenard tendu aux hommes d’Étienne Provost en 1818 dans les montagnes de l’Utah, près du grand lac Salé. Louis Robidoux, fils du patriarche Joseph, accompagne aussi la troupe, c’est l’un des rares survivants de cette bataille (où dix coureurs des bois furent tués). Mentionnons finalement la présence de Jacques Laramée, celui qui donnera son nom à tant de lieux au Wyoming, où il perdra la vie dramatiquement cinq ans plus tard, tombé dans une crevasse ou tué par les Arapahos, nul ne sait plus très bien. (pp.137-138)

Serge Bouchard est touchant quand il raconte qu’il doit se départir de son camion Mack, une splendeur, parce qu’il a de plus en plus de mal à se déplacer sur ses jambes et que le nomade ne pourra plus s’installer au volant et parcourir les chemins de la montagne qui mènent au bout du monde.

NÉCESSAIRE

L’écrivain redonne le goût de regarder un paysage de la toundra, de se rendre à Chibougamau ou encore de surveiller le temps qui va au fil de l’eau et qui emporte les rires humains. Une belle leçon de vie. C’est un plaisir toujours renouvelé que de pouvoir s’attarder sur ses textes. J’entends toujours sa voix grave qui me berce quand il m’emporte dans une histoire. Alors, il peut lancer certaines vérités et dénoncer les manoeuvres de John A Macdonald, un raciste notoire qu’un certain Stephen Harper voulait donner comme modèle au Canada.
Une réflexion qui tourne le dos aux rires et aux blagues qui eveloppent à peu près tout ce qui se dit dans les médias au Québec depuis quelques années. Bouchard est le meilleur médicament que j’ai trouvé pour garder confiance en la vie et retrouver une pensée qui bat de l’aile dans ce siècle de la réussite et de la performance à tout prix. Lire Serge Bouchard, c’est se donner du temps pour la réflexion, regarder autour de soi, fouiller son passé et devenir un meilleur humain.
Livre précieux, réflexion sur la vie, la mort, l’histoire que l’on fausse pour créer des mythes, des faits que l’on tronque selon les besoins du présent. Le sédentarisme en Amérique s’est dressé devant le nomadisme et les nations indiennes ont été les grandes perdantes de cet affrontement. Il faut s'en souvenir et le raconter.

LES YEUX TRISTES DE MON CAMION de SERGE BOUCHARD est publié chez BORÉAL ÉDITEUR.


PROCHAINE CHRONIQUE : La femme qui fuit de ANAÏS BARBEAU-LAVALETTE, paru chez LE MARCHAND DE FEUILLES.
  
http://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/auteurs/serge-bouchard-683.html

jeudi 22 décembre 2016

Caroline Vu offre une véritable fresque vietnamienne

LES VIETNAMIENS ONT VÉCU bien des pérégrinations avec la guerre d’indépendance contre la France et aussi ce conflit qui a scindé le pays en deux. Plusieurs familles du Nord, surtout les plus nantis, ont quitté Hanoï pour migrer vers le Sud en espérant retrouver la vie d’avant avec l’intervention des Américains. On sait ce qui s’est produit avec la victoire des troupes communistes. Des milliers de personnes ont pris la fuite pour s’installer dans différents pays. Plusieurs sont venus au Canada et au Québec. La famille de Kim Thuy est peut-être la plus connue avec la célébrité de l’écrivaine. Caroline Vu raconte son périple, l’histoire d’une famille étonnante.

Bien des réfugiés vietnamiens ont fui les communistes, trouvé des bateaux, souvent en très mauvais état, pour migrer en Amérique où ils pensaient trouver la paix. La famille Vu était bien nantie à Hanoï avant la guerre. Le grand-père avait fait des études en Europe, était devenu médecin et avait participé à la guerre contre l’Allemagne. Il ne jurait que par la France et comme l’écrit la narratrice, sa petite-fille, il était parfaitement aliéné. À son retour au pays, il a vite fait de s’installer et de s’enrichir malgré un penchant pour l’opium. Plusieurs Vietnamiens choisissaient la drogue pour oublier les affres de la vie et cette guerre fratricide. Des familles entières quittèrent les zones de combats, se réfugièrent à la campagne. Des jeunes hommes s’enrôlèrent dans un camp comme dans l’autre pour participer à l’histoire, créant des tensions.
La famille Vu vit des moments singuliers avec la guerre contre les Français d’abord et ce conflit où les Américains régentent tout.

Les livres d’histoire appelleraient ce nouveau conflit une « Guerre par procuration » entre les deux superpuissances de l’époque : les États-Unis et l’Union soviétique. Ils la classeraient habilement dans la rubrique « Guerre froide ». Les médias occidentaux, quand ils feraient allusion à cette sanglante période, l’appelleraient Guerre du Vietnam. Mais au Vietnam, les gens l’appelaient Guerre américaine. Pour eux, la guerre n’était pas froide ; elle était brûlante. (p.20)

La famille finira par quitter le pays pour venir en Amérique, aux États-Unis d’abord, et à Montréal ensuite. Après tout, on parle français à Montréal et c’est l’endroit idéal pour plusieurs qui connaissaient la langue. La famille aura tout perdu dans cette aventure.

La cité que nous quittions puait le diesel qui montait de ses sordides  ruelles dans lesquelles à tout moment on risquait de se faire tuer ou au contraire d’avoir de la chance au jeu, de trouver l’amour ou le plaisir dans la drogue. Saïgon ne dormait jamais, malgré le couvre-feu et les missiles. Partis d’un tel endroit où tous les excès étaient possibles, nous fûmes parachutés du jour au lendemain dans une petite ville de Nouvelle-Angleterre, paralysée le soir où nous arrivâmes par la première tempête de neige de la saison. (p.31)

Le grand-père, perdu dans les volutes de l’opium, devient de plus en plus absent et perd contact avec la réalité. La grand-mère, une femme autoritaire, s’accroche aux traditions qui ont toujours régi la famille. Les mariages des filles, par exemple, qui sont organisés par les parents pour créer des alliances entre des clans et améliorer leurs conditions matérielles. Elle forcera ses filles à épouser des hommes qu’elles n’aiment pas alors qu’elles sont encore des adolescentes. Ce sera le cas de la mère de la narratrice, une femme de tête, une rebelle qui entend faire sa vie et vivre ses émotions.

En ces temps troublés, l’amour importait peu. Tomber amoureuse de quelqu’un avant de l’épouser était devenu une idée farfelue. Comme beaucoup d’hommes de sa génération, grand-père n’imaginait pas que les femmes soient capables de prendre seules soin d’elles-mêmes. Oui, les jeunes filles avaient effectivement besoin de maris pour les protéger ! Ce furent donc les soldats japonais qui scellèrent le destin de ma mère. Mes grands-parents arrangèrent les mariages de leurs trois filles plus âgées en quelques mois. Ma mère se révolta mais sa rébellion ne la mena nulle part. (p.44)

Elle aura des aventures hors mariage et même des enfants avec un cousin. Un frère étudiera en France, épousera une Française et reviendra au Vietnam. Cette Européenne n’arrivera pas à s’adapter et abandonnera son fils. Des enfants mal-aimés, perdus et cette grand-mère qui réussit, la plupart du temps, à imposer ses diktats. Elle m’a fait penser à un personnage de Gabriel Garcia Marquez qui vit plus de cent ans.

SAGA

Véritable fresque qu’esquisse Caroline Vu avec cette tribu où des femmes résistent aux traditions et aux perversités des hommes. Elles vivent leur vie comme la mère de la narratrice qui devient femme d’affaires au Vietnam, dirige un restaurant français très fréquenté avant de migrer à Montréal, de faire des études en médecine pour devenir indépendante matériellement. Elle s’impose, mais d’autres seront brisées par ces mariages qui ressemblent plus à des condamnations.
Des oncles, des cousins, des coureurs de jupons qui agressent les femmes du clan, finissent par les mettre enceinte sous le regard complaisant de l’aïeule qui fait tout pour protéger sa réputation. Il y aura aussi un mari qui se faufile dans les chambres le soir pour caresser les petites filles. Et Daniel, le mal-aimé, vivra son homosexualité en prenant tous les risques. Il sera victime du sida qui commence à faire des ravages dans la communauté gaie même si son père et la grand-mère nieront toujours cette réalité.

Puis elle ajouta rapidement : « Il n’y a pas d’homosexualité dans ma famille vietnamienne. Je ne sais pas ce que c’est et je n’en ai jamais entendu parler ! » Grand-mère aimait opposer une fin de non-recevoir à certaines choses. Elle prenait plaisir aussi à critiquer les autres. Elle ne s’accusait bien sûr jamais, ne remettait jamais ses propres actes en question. S’il s’avérait que Daniel s’était avili, grand-mère en rejetait la faute ailleurs. Dans son esprit, les problèmes de Daniel trouvaient leur origine dans les gênes médiocres de Catherine. Ces gênes français de bas-étage, qui avaient donné naissance à un individu lascif et narcissique, n’étaient assurément pas de qualité « Champs Élysées », mais semblaient sortir tout droit des catacombes de Paris. (p.124)

Véritable saga qu’esquisse Caroline Vu avec ses drogués, ses prédateurs, ses femmes fortes, ses victimes et surtout cette terrible grand-mère qui s’accroche à des traditions malgré la vie qui ne peut plus être la même avec les migrations.
Je pensais en savoir beaucoup sur le Vietnam après avoir lu Kim Thuy qui a raconté un parcours similaire. Caroline Vu va plus loin en dressant un portrait sans compromis, décrivant des hommes et des femmes dans leur grandeur et leur petitesse, dans des vices que l’on tente de dissimuler pour sauver sa réputation. La grand-mère n’hésite jamais à sacrifier un membre de sa tribu pour garder son pouvoir et son image. Un monde qui s’effrite avec ses fous, ses irresponsables, des incompris, des rebelles qui réussissent à faire des études et à faire leur chemin dans leur nouvelle société.
Un roman formidable qui présente des figures inoubliables comme celle de cette grand-mère séduisante malgré ses travers. Il a fallu beaucoup de courage à Caroline Vu pour ouvrir les coffres de sa famille et tout mettre sur la table. Elle en sentait le besoin, surtout l’obligation. Il fallait dire certaines vérités à ses enfants.

En Amérique du Nord, mes enfants mènent une vie plutôt normale. Ils suivent les drames des vedettes des émissions de téléréalité. Ils passent des heures sur Facebook, photoshoppent ce qui leur arrive tous les jours. Dans leur quête d’identité, ils se googlent. Mais les identités ne se trouvent pas sur Internet. Elles se trouvent dans les mots transmis d’une génération à une autre. Les récits familiaux, tout à la fois dérangeants et fascinants, hurlent pour se faire entendre… Cette histoire d’un pays dont tout le monde parlait naguère, mais qu’on oublie aujourd’hui, mérite d’être racontée. C’est pour eux que je la raconte, pour les enfants de la prochaine génération. (p.178)

Un récit qui m'a laissé le souffle court et le cœur en chamade. Un moment de l’histoire qu’il faut connaître, ne jamais oublier. Une tragédie qui ne cesse de se répéter avec tous les conflits, les millions de réfugiés qui ne savent où aller pour arriver à respirer tout simplement. Un livre brûlant d’actualité.

UN ÉTÉ À PROVINCETOWN de CAROLINE VU est publié aux ÉDITIONS DE LA PLEINE LUNE.


PROCHAINE CHRONIQUE : LES YEUX TRISTES DE MON CAMION de SERGE BOUCHARD, paru chez BORÉAL ÉDITEUR. 

http://www.pleinelune.qc.ca/titre/443/un-ete-a-provincetown