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jeudi 8 novembre 2007

Un vrai bonheur signé Lise Tremblay

Pour connaître un peu Lise Tremblay, j’ai eu l’impression tout au long de ma lecture de l’entendre rire, raconter ses histoires avec l’humour qui lui est propre. Difficile de ne pas confondre la narratrice avec la romancière qui nous ramène à Chicoutimi-Nord, rue Mésy, à la fin des années soixante.
Son héroïne, une jeune fille de douze ans, voit sa vie basculer pendant ce qui devait être l’été de tous les enchantements.
Claire, la sœur de Judith, sa meilleure amie, la plus belle fille de la ville, doit rencontrer Bruce des Sultans et l’accompagner lors de sa grande tournée d’adieu. La danseuse à gogo est victime d’un accident d’auto et les rêves s’effritent. Même son mariage n’est plus possible avec le fils des Blackburn, un futur médecin. Marius, le garçon qui capte tous les regards, trahit en épousant une fille ordinaire en délaissant son uniforme de joueur de baseball. Le monde s’effrite.
Surtout, la fillette prend la relève de sa mère pour «faire le ménage», surveiller ses frères et garder chez des voisins pour amasser un peu d’argent. Elle confronte la violence, la mort, la folie, la sexualité et s’éloigne peu à peu de Judith. À Chicoutimi-Nord, comme partout au Québec, l’époque est incertaine en ce début de Révolution tranquille. Comme si tous les secrets de famille sortaient sur la galerie pour se promener au grand jour.

Fillette inoubliable

Des personnages fascinants. Une mère qui a sacrifié ses rêves en se mariant, mais qui est demeurée rétive, ne jurant que par l’éducation, refusant les chimères qui font soupirer les adolescentes et bomber le torse aux garçons. La politique la fascine et elle n’hésite surtout pas à faire connaître ses idées.
«Ça fait deux semaines que l’école est finie. Je ne peux pas beaucoup sortir parce que ma mère est toujours partie le soir. Elle fait du porte-à-porte dans le quartier pour faire élire un nouveau maire parce que l’autre, celui qui est là depuis vingt ans, est un vrai voleur et c’est le temps que les choses changent. Je n’aime pas qu’elle se mêle de cela, même monsieur Bolduc l’a dit à mon père, il ne laisserait pas madame Bolduc faire de la politique ainsi. Ce n’est pas la place des femmes.» (p.37)
Peu à peu le lecteur surprend des drames, des obsessions et des vies ratées dans ce quartier pourtant bien tranquille. La rue Mésy est un champ d’initiation qui glisse vers l’avenir et défait le passé. Il y a aussi cette passion pour les livres et des découvertes qui font espérer un monde autre. Tout peut être différent, peut-être…

Thèmes marquants

On retrouve dans «La sœur de Judith», une fascination pour la nourriture, l’obésité et les livres. Des thèmes qui marquent tous les ouvrages de Lise Tremblay.
«Le bonhomme Soucy n’était toujours pas réapparu. J’ai écouté ce que ma mère disait au téléphone à madame Bolduc. Après, elle a explosé : elle m’a dit d’arrêter de l’espionner comme ça. Je ne sais pas ce qui m’a pris mais j’ai explosé moi aussi. Ça m’arrive parfois, je ne peux pas m’en empêcher. Je lui ai crié qu’elle ne voulait jamais que je sorte, qu’elle trouvait toujours des défauts à mes amies. Je me demandais bien où je pouvais aller, je ne pouvais pas disparaître. Je ne voulais pas, mais je me suis mise à pleurer. Je suis partie dans ma chambre. J’ai pris un «Brigitte» et comme toujours, quand je commence à lire, j’oublie et je cesse de pleurer.» (p.80)
Un portrait saisissant! Qui sait, la rue Mésy à Chicoutimi-Nord deviendra peut-être aussi connue que la rue Fabre de Michel Tremblay un jour. Sans doute à cause de la mère qui subjugue malgré ses sautes d’humeur, du père si compréhensif qui doit s’exiler dans la forêt et tous les malmenées qui viennent se confier dans cette cuisine qui fait honte à la narratrice. Un véritable éloge du quotidien et de la vie dans ce qu’elle a de plus simple.
Cette fois, plus que jamais, l’écriture de Lise Tremblay laisse la place aux personnages et ne cherche jamais à compliquer les choses. Un pur bonheur.

«La sœur de Judith» de Lise Tremblay est paru chez Boréal Éditeur.
http://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/auteurs/lise-tremblay-1586.html

mardi 9 novembre 2004

Lise Tremblay remporte le prix France-Québec

Lise Tremblay remporte le prix littéraire France-Québec avec son recueil de nouvelles intitulé «La Héronnière» publié chez Leméac Éditeur.
Pour l’écrivaine d’origine saguenéenne, il s’agit d’un troisième prix qu’elle rafle avec cet ouvrage qui a été particulièrement bien reçu par la critique et qui devrait connaître une version anglaise bientôt. Elle a déjà remporté le «Grand prix de la ville de Montréal» l’automne dernier en plus du «Prix des libraires».
«C’est le tour du chapeau», lance l’écrivaine qui venait tout juste d’apprendre qu’elle était la lauréate pour l’année 2004. «C’est un beau prix et un troisième prix pour mon recueil de nouvelles, c’est quand même extraordinaire. Ça commence à être un peu gênant. Je suis très contente mais je crois bien que ce sera le dernier cette fois», de dire l’auteure qui était présente au Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean en septembre pour parler de ces nouvelles qui se déroulent à l’Île aux Grues.
Le prix lui sera attribué à Paris, en mars prochain, à l’occasion du Salon du livre. Elle devrait séjourner alors dans la capitale française pendant deux semaines pour faire la promotion de son livre.
«Je pense que c’est une assez grosse affaire à Paris. Ils accordent pas mal d’importance à ce prix. La bourse est de 1800 Euros environ, je ne sais pas comment cela donne en argent canadien mais c’est formidable», de dire la lauréate qui est aussi enseignante au cégep du Vieux-Montréal.

Les nouvelles


Rappelons que dans «La Héronnière», Lise Tremblay met en place des hommes et des femmes qui vivent depuis toujours dans l’Île aux Grues et de nouveaux arrivants qui s’installe au milieu du Saint-Laurent pour y trouver la paix et la tranquillité. Des retraités souvent qui cherchent un coin de campagne pour profiter du décor et y écouler des jours paisibles. Ces nouveaux arrivants ou ces résidants saisonniers se heurtent à ceux qui ne sont jamais partis et qui se méfient, ne se livrant jamais. Les amitiés ne doivent jamais franchir une certaine frontière même si les deux groupes sont condamnés à se côtoyer. Quand certaines limites sont transgressées, il peut arriver le pire. Des nouvelles qui permettent aux mêmes personnages de passer d’un texte à l’autre.
«La Héronnière» est un livre fort et magnifiquement écrit. Un bel honneur pour cette écrivaine. Elle a déjà remporté le prix du Gouverneur général avec son roman «La Danse juive» également publié chez Leméac Éditeur.

«La Héronnière» de Lise Tremblay est publié chez Leméac Éditeur.