Hervé Gagnon est un conteur terrible
qui vous mène par le bout du nez dans «Le glaive de Dieu», jonglant avec le
vrai et le faux. Ceux et celles qui aiment les romans d’action seront comblés, l’auteur réussissant même à faire revivre les morts. Les scènes sanglantes se multiplient pour
corser le tout et Pierre Moreau n’est pas dépourvu, tout professeur d’histoire
qu’il soit.
Historien de formation,
romancier à succès, Hervé Gagnon n’est pas sans connaître les légendes qui
entourent nombre de sociétés secrètes. Des trésors seraient conservés dans les
caves du Vatican et ceux des Templiers auraient échappé à toutes les recherches.
Que de rumeurs autour des francs-maçons qui ont longtemps été vus par Rome
comme une secte où Satan occupait le meilleur fauteuil lors de certaines «messes
noires».
Plusieurs auteurs nous ont permis
de nous faufiler dans les coulisses de l’Église pour nous révéler des «vérités»
qui remettaient en question les dogmes des catholiques. «Au nom de la rose»
d’Umberto Eco a connu un immense succès même si on peut qualifier cet ouvrage
de savant. «Le code da Vinci» de Dan Brown est peut-être l’ouvrage qui a donné
l’envie à nombre de romanciers de s’aventurer dans ce monde secret.
Dans «Le glaive de Dieu»
Hervé Gagnon met en scène les francs-maçons et une ramification secrète de
l’Église, le Gladius dei qui ne
recule devant rien pour préserver la doctrine, le rôle du pape et de ses
représentants. Tout remonterait en l’année 1290 où le frère Aigremont, un
Templier, met la main sur un document singulier à Saint-Jean d’Acre.
«— Je ne suis pas certain des
détails, mais en gros, que tout est faux, soupira-t-il avec une infinie
lassitude. Tout ce qu’on nous a enseigné : toutes nos croyances; tous nos
espoirs, tout ce pour quoi nous nous sommes battus; tous nos morts. Tout cela
était vain. Ceux. Futile. Depuis le début, on nous a trompés.» (p.18)
Cette révélation peut faire
tomber l’église et le pape, détruire les fondements de toute la culture chrétienne.
L’Église a tout intérêt à s’approprier ce texte et les Templiers à le garder en
leur possession pour l’utiliser comme outil de négociation ou faire du chantage
si nécessaire. Les Templiers seront pourchassés et emprisonnés par le pape
Clément V et le roi Philippe IV.
«Pour la première fois, il
réalisait l’ampleur, jusque-là insoupçonnée de la puissance de l’ordre du
Temple. Il lui suffisait de brandir un simple document pour faire chanter
l’Église tout entière. Ou pire encore: de rendre public ce document pour lui
porter un coup fatal. Il ne pouvait courir ce risque. Philippe pouvait
accaparer toutes les richesses de l’ordre. Cela n’avait plus aucune importance.
Le pape ne souhaitait désormais qu’une chose: récupérer la monstruosité
sacrilège dont il venait de lire la transcription et la détruire.» (p.102)
Guerre sans merci
Cette guerre sans merci
traverse les siècles et débouche dans le Montréal des années 1880. Un jeune
professeur d’histoire possèderait la clef qui mènerait au fameux Argumentum. Les attentats se multiplient
autour de Pierre Moreau qui n’y comprend rien. Il entend juste enseigner
l’histoire et vivre son histoire d’amour avec Julie Fontaine. Son beau-père
l’entraîne dans les rituels des francs-maçons où l’entraide semble une «vertu
cardinale». Tous les organismes qui importent à Montréal sont infiltrés soit
par les francs-maçons ou le Gladius dei.
Certains prêtres travaillent comme agents secrets et manient le stylet quand la
raison de l’Église l’exige.
Histoire
Nous arrivons à la toute fin
avec plus de questions que de réponses. C’est pourquoi il y aura une suite. Le
lecteur ne peut que souhaiter qu’elle vienne rapidement pour dénouer les nœuds de
cette aventure qui prend des chemins étonnants.
«De là, en 1398, on l’emporta
à Arcadie, pour le déposer dans une tour dont les ruines se trouvent toujours à
Newport, Rhode Island. Mais Arcadie fut détruite et l’Argumentum fut abandonné là où on l’avait caché. Puis, en 1642,
sous couvert de fonder Ville-Marie, l’Opus
dépêcha Paul de Chomedey, Jeanne Mance et quelques autres dans le Nouveau Monde
pour y récupérer l’Argumentum et le
mettre de nouveau en sécurité.» (p.427)
Assez surprenant ce qu’Hervé
Gagnon fait de Paul Chomedey de Maisonneuve et de Jeanne Mance, les fondateurs
de Montréal. Qu’importe! Nous sommes dans un roman et le romancier a tous les
droits. Une histoire passionnante et folle de rebondissements. Une belle magie.
«Le glaive de Dieu» d’Hervé Gagnon est paru chez
Hurtubise.
Merci, Yvon, pour tes bons commentaires. Ils sont d'autant plus appréciés que j'en estime l'auteur.
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