Marc Boileau nous tient et puis il nous laisse tomber juste avant de nouer tous les fils. Il coupe court, se laisse entraîner par un personnage féminin et s’égare dans son récit. Un peu la caractéristique de ces onze histoires d'ailleurs. L’écrivain a réussi à m’entraîner dans une aventure parfaitement anodine, m’a fait m’avancer sur un fil ou encore m’a poussé au coeur d'une toile d'araignée et puis tout s’est effrité à chaque fois. J’ai perdu pied pour basculer dans l'anodin et le simplisme. Un peu frustrant.
«Elle était d'une beauté éthérée qui paralysait le regard. Son teint de porcelaine était parfait. Un tout petit grain de beauté sous sa lèvre inférieure ajoutait du relief à son visage, et une fine cicatrice sur son front amplifiait la profondeur de son regard. Ses yeux transparents étaient presque irréels. Ils étaient comme une mosaïque de bleu et de vert. De longs cheveux d'un blond sauvage caressaient ses joues. Sa tendresse pouvait se respirer.» (p.36)
Pirouette et cacaouette
Au lieu de creuser son sujet, de foncer dans une direction précise, l'auteur s'en tire par une pirouette. Il rabâche, glose et a réussi à m’énerver à chacun des textes. Toutes les fictions de Marc Boileau auraient eu intérêt à être élagués et ramassés.
«Finalement, elle se fit prendre à son propre jeu. Elle s'élança pour sauter par-dessus un tronc couché à travers le sentier. Mais, la fatigue jouant contre elle, l'obstacle s'avéra trop haut. En tombant, la femme se brisa quelque chose à la cheville. La blessure se mit instantanément à rugir dans tout son corps pour la paralyser de douleur et de peur. Étourdie, elle leva les yeux et elle vit le fou devant elle. L'homme était dégoûtant. Son sourire graisseux racontait tous les détails de ses appétits sordides,» (p.127)
Que de phrases inutiles, que de détails et d'images forcées. Les maladresses et les incorrections finissent par rebuter. «Anne-Marie accepta l'invitation sans hésiter et avec un sourire qui goûtait bon aux yeux de Morin. Un sourire de désir.», «... entendre ses poumons sur le point de hurler leur mort», «L'image lui glaça le sang d'un seul coup». Je pourrais accumuler quantité de ces phrases qui font hausser les épaules. Marc Boileau devra corriger cette manie et cette quête d'images gonflées aux hormones.
«Entre chien et chat» nous fait sombrer dans le loufoque et l'extravagant. Là, nous atteignons les bas-fond.
Marc Boileau semble capable du pire comme du meilleur. Il devra apprendre à maîtriser ses élans et son enthousiasme, à discipliner son écriture, à choisir le plus simple pour donner toute la place à l'action et aux personnages.
Une langue souvent boiteuse qui gâche vraiment le plaisir. Dommage parce que cet auteur a une façon de transformer la réalité, de jouer avec le possible et l'impossible qui peut étonner.
«Histoires fantastiques du Saguenay» de Marc Boileau est paru aux Éditions JCL.
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