mercredi 17 avril 2019

CES BRÈCHES QUI MARQUENT LA VIE


« J’AVANCE EN SAUTILLANT pour éviter les fentes de trottoir sur le chemin périlleux de l’école. Je sens le froid sous les pieds quand je traverse les fissures qui filent et s’entrecroisent, ruisseau, fleuves, deltas lilliputiens. Il faut être habile pour ne pas marcher sur les brèches qui risquent de s’élargir. »

Charlotte Gingras n’a pas su éviter ces fissures qui se sont élargies sous ses pieds. Elle s’y enfonce dans un carnet troublant, une réflexion patiente, comme le jour qui s'étire du matin au soir. Elle bascule dans les trous de son enfance et cherche à comprendre pourquoi elle était si seule, toujours. Ses sœurs sont parties tôt avec les oiseaux migrateurs, ne sont pas revenues. Seule avec une mère absente et distante, un père musicien et professeur de piano qu’elle ne voyait jamais. Seule avec le souvenir de sa grande sœur bien-aimée, danseuse, disparue si jeune dans ce pays d’Europe.
Pas étonnant que Charlotte Gingras ait emprunté le chemin de l’écriture pour donner une direction à sa vie, à cette longue dérive que semble avoir été son existence. La petite dernière de la famille n’a pas eu droit aux rires, aux jeux et aux courses folles dans un parc avec des voisines pour secouer des secrets. Pas de belles amitiés non plus pour inventer le monde et ses environs. Elle savait peut-être, devinait qu’elle était un malentendu ou le fruit d’une conspiration étrange. Elle a compris très tôt qu’elle n’était pas la fille désirée de l’amour. Elle a été une sorte de médicament qui devait donner du poids aux jours de sa mère, lui faire oublier sa mélancolie et son refus d’emboîter le pas. Autrement dit, de se mouler à la norme et de suivre toutes celles qui s’occupaient des enfants, baissaient la tête devant un mari, un curé comme l’exigeait une certaine société.

Je les imagine, lui et le médecin, en train de réfléchir ensemble, évaluer les options, décider entre hommes du sort de cette femme qui souffre de son époque, l’époque de l’épouse obéissante à l’époux, au curé. Une femme impossible à vivre, disent-ils, frigide, parfois délirante, qui ne veut voir personne, déserte le lit conjugal, passe ses nuits avec sa machine à coudre, qui vient à peine d’avoir le droit de vote et qui ne vote pas du bon bord. Une femme, surtout, qui éteint toutes les lumières. Les décideurs tranchent. On lui fera un enfant. (p.121)

Le résultat, cette panacée plutôt étonnante, ce sera Charlotte. Un bébé pour occuper Irène, la rebelle, celle qui ne fait rien comme les autres et que son mari Roland a songé à faire interner. Il n’y a pas si longtemps, au Québec, les hommes avaient le droit d’envoyer leur femme à l’asile pour s’en débarrasser quand elle refusait d’obéir ou de se soumettre.
Alors, imaginons les jours de cette fillette, la lourdeur qui pesait sur elle, la solitude et surtout l’indifférence. Prisonnière, condamnée pour une faute qu’elle n’a jamais commise. Il fallait qu’elle marche sur la pointe des pieds, ne jamais trop respirer, jamais rire à tue-tête pour libérer la folie et découvrir le monde. Ne pas parler, se taire. Elle était méfiante, jamais à la bonne place, en marge à l’école où elle ne comprenait rien. Toujours en maque d’attention et d’affection, perdue dans des gestes qui ne sont jamais ceux que l’on exige d’elle.

Remonte la bile acide, je te crache dessus, tu m’as volé mon enfance, tu m’as fait avaler tes frayeurs comme une nourriture viciée, tu m’as attachée à toi de force, à ce jour mes poignets ne supportent pas la présence d’un bracelet. Tu t’offusquais du peu d’amour que je te témoignais. Tu me trouvais égoïste, sans-cœur, c’est vrai que je n’ai pas pleuré quand ta mère est morte parce que je ne la connaissais pas, ta sage-femme de mère, jamais tu n’as pensé qu’une grand-mère pouvait avoir de l’importance pour une enfant esseulée. (p.103)

CHEMIN

Après plusieurs publications, elle se sent coincée dans ses jours et comme ailleurs. Elle a inventé des histoires pour les jeunes, peut-être pour se bercer dans une enfance qu’elle n’a jamais eue, dans cette grisaille où elle n’avait que les livres pour oublier le monde et faire en sorte que personne ne puisse l’atteindre. Maintenant, c’est autre chose. Elle se surprend dans le reflet des miroirs et c’est douloureux. Les mots ne veulent plus dire la même chose.

La séduction a foutu le camp, envolés les héros et leurs actions entraînantes, par de merveilleux dialogues que j’aimais élaguer jusqu’au squelette. Reste la présence, la marche hésitante. Est-ce que, par cette écriture du rien, j’apprivoise la mort ? Et, par ricochet, le désir de vivre vivant ? (p.89)

Sa vie avec un compagnon n’a pas duré. Il lui reste des phrases qui font la sourde oreille, quelques plantes qu’elle fait pousser sur sa galerie et un carré près de la rue, un morceau de campagne au pied d’un arbre qu’elle entretient minutieusement pour la beauté dans le quartier, laisser sa marque peut-être dans son coin de ville.

SOLITUDE

Charlotte Gingras se demande si l’écriture peut l’avoir abandonnée ou si ce carnet peut répondre à ses questions. Ce texte, elle l’arrache en elle, mot après mot, comme elle le fait pour les mauvaises herbes dans son coin de beauté. Ça ne coule jamais, ça exige tant d’efforts et de patience. De l’obstination même.
Elle rêve encore et cherche une maison à la campagne, face au fleuve pour voir le plus loin possible, d’arbres partout et de fleurs qui s’ouvrent pour la saluer dans le commencement du jour. Toujours à visiter des sites sur le web pour trouver le refuge qui l’attend et qu’elle pourra faire respirer.
L’écriture, ce travail qui lui a permis d’avoir des balises, devient souffrance. Pourquoi passe-t-on des heures à arranger les phrases comme on le fait d’un potager ou d’un carré de verdure ? Pas étonnant que les écrivains soient souvent des jardiniers qui ne comptent pas les heures pour désherber et surveiller des plantes éphémères. J’ai l’impression en juillet, quand je m’occupe des pivoines et des rosiers, de secouer la Terre et de me brancher à l’univers. Je pense à Victor-Lévy Beaulieu qui rôde au milieu des plates-bandes et des arbres dans son immense domaine de Trois-Pistoles pendant tout un mois d’été avant de retrouver les chemins des mots dans son bureau qui s’ouvre sur le fleuve tout en bas, de l’autre côté de la voie ferrée, sur les montagnes du Saguenay plus loin encore, dans l’autre versant du monde.
Toujours là à surveiller son carré comme si c’était la chose la plus précieuse, à regarder les oiseaux qui s’en donnent à cœur joie dans le bain qu’elle nettoie, à tourner dans un appartement, à se chercher un peu partout.

Cette écriture-ci tient par le mouvement des jours, des éclats de mémoire, l’apprentissage sans fin du tai-chi, le temps que ça prend, écrire, la présence. (p.78)

Et il y a le tai-chi comme une musique ou un leitmotiv. Elle suit des cours pour savoir les mouvements, plonger dans les territoires de son corps. Toute dans un geste de la main, dans une façon de se tenir debout, dans une seconde ou quand elle déplie la jambe.
L’écrivaine cherche peut-être dans cette discipline à secouer une histoire qui colle à sa peau, à retrouver une présence qui a toujours été négligée. Non pas se défaire, parce qu’on n’y arrive jamais, mais se calmer, s’apprivoiser certainement et vivre en paix avec son passé. Repousser les jours tristes et s’ancrer dans l’instant pour respirer la largeur du fleuve dont elle rêve.

RECHERCHE

Toute une vie à chercher un lieu où ancrer son être, s’installer dans des habitudes, pour enfoncer ses racines dans la terre avec les fleurs et les tomates, appeler les oiseaux et s’émerveiller de leurs vols et de leurs excitations dans les arbres. Être chez soi en soi.
La plupart des écrivains parcourent le chemin des souvenirs et de l’enfance. On n’y échappe pas. Je suis retourné si souvent dans mon village pour tenter de comprendre pourquoi j’ai ressenti si tôt l’obligation de m’éloigner même si tout m’accrochait à ce pays où j’avais mes aises. Je savais. Je ne pourrais jamais marcher vers moi si je restais à hanter les forêts avec mes frères. Je devais partir, sortir de mon corps pour être un autre. Moi aussi j’ai fouillé les boîtes de photos pour m’imbiber du passé de ma famille, celle que je connais si mal. Tout ça pour bouger dans le présent et respirer large comme le lac Saint-Jean.
Et me voilà maintenant dans une maison du bord de l’eau avec des arbres qui se dressent dans les jours de vents ou de calme plât. Pas une demeure, mais un capteur de lumière où j’ai l’impression de toucher les mésanges en tendant le doigt ou ce Grand Pic qui sonde patiemment l’écorce des pins.
Charlotte Gingras dans Brèches est terrible de vérité et de franchise. Ses « brèches » m’ont souvent bouleversé. Je me suis tellement retrouvé dans cette quête, ce désir d’être dans les gestes les plus simples, dans certains regards, des rêves qui coulent dans le versant des mots et des phrases. Un carnet incroyable de justesse et de lucidité à lire avec précaution. Ça bouscule l’être, la vie dans ce qu’elle a d’essentiel et de nécessaire. Des mots qui touchent l'âme.


BRÈCHES, CARNET de CHARLOTTE GINGRAS publié chez LÉVESQUE ÉDITEUR, 2019, 138 pages, 18,00 $.


http://www.levesqueediteur.com/breches.php

vendredi 12 avril 2019

LE BEAU GRAND VOYAGE D’ETTA

J’ARRIVE À LA FIN du roman d’Emma Hooper et traîne sur les pages d’Otto et Etta. J’aurais aimé que cette histoire ne s’arrête jamais, j’aurais voulu accompagner la vieille femme près de la mer, au bout de sa traversée du continent et me bercer dans les vagues avec elle. Il y a des livres comme ça qui vous hantent pour de bonnes ou de mauvaises raisons. La route du lilas d’Éric Dupont par exemple avec ses histoires épormyables. À la toute fin, je ne savais plus où j’en étais, ayant perdu l’odeur de ces fleurs pour me noyer dans des digressions qui sont autant de romans dans le roman. Une sorte de cube Rubrik qui vous laisse avec le sentiment d’avoir tout raté d’une aventure qui aurait pu être grandiose. Je me sentais, après avoir refermé La route du lilas, comme le Petit Poucet qui ne reconnaît plus les cailloux qui devaient le guider.

Dans Les chants du large, Emma Hooper permettait à ses personnages de voyager entre l’Ouest canadien et la Nouvelle-Écosse. Les parents devaient abandonner leurs enfants pour s’exiler pendant des semaines pour gagner des sous. Un va-et-vient constant qui porte l’intrigue et devient les pulsations de cette aventure fascinante.
Cette écrivaine semble séduite par l’espace canadien et les deux romans que j’ai lus d’elle sont de véritables tentatives d’appropriation de cet immense territoire. Le déplacement est une manière d’effleurer le bout de soi et de ce qui marque son existence.
Etta décide d’aller voir la mer qu’elle n’a pu qu’imaginer. La vieille femme a vécu dans un pays où la poussière s’infiltre partout et peut même vous faire perdre la voix. Ce lieu où l’eau et la terre se rencontrent lui a volé sa sœur qui est partie chez les religieuses pour dissimuler son état de fille enceinte. Les personnages d’Emma Hooper sont souvent secoués par d’étranges obsessions ou lubies. Ils agissent de façon toujours étonnante et inattendue. Je pense à la jeune Cora, dans Les chants du large, qui squatte les maisons abandonnées des voisins pour recréer les pays lointains, ces contrées qu’elle a étudiées dans les livres et dont elle rêve. Une manière de plonger dans les pages des encyclopédies pour vivre autrement une réalité désolante et échapper à un quotidien qui ne cesse de se détériorer.

MARCHE

Etta, avec ses 83 ans, n’est plus une jeunesse, mais elle a du ressort et surtout une volonté à toute épreuve. Certainement qu’elle a atteint une étape de sa vie où l’on peut se permettre toutes les folies. Elle plonge dans l’envers de l’aventure des découvreurs, de ceux et celles qui sont partis dans les grandes plaines pour s’installer dans un coin de paradis disait-on, inventer le monde et peut-être secouer la paix et l’amour. « Elle veut voir la mer » comme chante Michel Rivard, ce pays du bord de l’eau, remonter l’histoire en marchant vers l’Atlantique. C’est la seule direction qu’elle pouvait prendre, Otto le sait.

Si elle choisissait l’est, Etta aurait trois mille deux cent trente-deux kilomètres à parcourir. Si c’était l’ouest, vers Vancouver, mille deux cent un kilomètres. Mais elle irait à l’est, Otto le savait. Il sentait la peau sur sa poitrine se tendre de ce côté. Il remarqua que son fusil avait disparu du placard de l’entrée. Il restait une heure environ avant le lever du soleil. (p.8)

Elle se tient loin des routes et des villages, encore plus des grandes villes. Elle ne quitte pas le monde sauvage qu’elle connaît et qu’elle a côtoyé toute sa vie dans ces terres arides où il faut mettre des gouttes dans les yeux des vaches jour après jour pour qu’elles ne deviennent pas aveugles. Ce pays de poussière qui colle à la peau, s’infiltre partout. Marcher dans les champs et la forêt pour éviter de se retrouver devant un autre et des questions qui exigent des réponses quand il n’y en a peut-être pas.

Elle marchait à l’écart des routes, à travers les champs précoces. Elle savait que les fermiers n’aimeraient pas ça, mais sur la route les camions voudraient s’arrêter, la saluer, lui demander où elle allait et ce qu’elle faisait, alors elle marchait à travers les champs en essayant de ne pas trop écraser les pousses. (p.25)

Nous suivons cette femme courageuse et fort sympathique qui chante à tue-tête, dévoile peu à peu des épisodes de sa vie, parce qu’elle a le temps pendant ces journées de marche de ressasser des moments importants et surtout tout ce qu’elle n’a pas vécu avec son voisin Russell, un garçon qui a fait partie de la famille d’Otto, tout en demeurant un étranger. Une histoire familière, mais racontée de façon si singulière. Un triangle amoureux qui m’a tenu en haleine. Je me suis surpris à imiter la démarche un peu difficile d’Etta, l’accompagnant dans les collines, près d’un ruisseau où elle se rafraîchit, lui souhaitant tout le bien possible et imaginable quand elle s’installe sous un arbre pour dormir.

VIE RUDE

Elle a eu une vie particulièrement exigeante, faite de travaux toujours répétés et de tâches qui permettent de traverser le jour, des semaines, des mois et des années. Des gens sympathiques, ça semble une caractéristique d’Emma Hooper. Jamais méchant, formidablement patient, capables de dureté, mais jamais insensible ou revanchard. Tous habités d’un formidable don de résilience et de retenue, d’une empathie et d’une bonté plutôt étonnante.
Etta est arrivée dans ce pays pour y enseigner. Elle a connu la famille Vogel, Otto qui avait à peu près son âge et venait à l’école un jour sur deux. Tout comme Russell. Les deux sont attirés par la jeune femme, on s’en doute, mais ils possèdent peu de mots et surtout, ils ont tant à faire. Et il y a la guerre où tous les garçons rêvent d’aller. Partir pour revenir différent certainement.

ÉCRITURE

Étrangement ou je devrais dire heureusement, tout repose sur le papier et l’écriture dans cette histoire même si nous n’avons pas affaire à des gens qui ont hanté les couloirs des écoles. Etta apprend l’alphabet à Otto et sa correspondance, pendant qu’il est à la guerre, devient des leçons. Elle corrige les fautes de son ami et lui retourne ses missives tout en lui racontant sa vie. Une bien belle façon de se rapprocher, de se découvrir l’un l’autre. De véritables bijoux avec la censure que l’armée exerce dans les propos d’Otto pour ne pas livrer d’informations qui auraient pu nuire aux militaires et les mettre en danger.
Et comme dans les contes, Etta rencontre un coyote après quelques jours de marche qui va l’accompagner tout en discutant avec elle et la prévenant de certains dangers. C’est peut-être le même qui a causé l’accident de tracteur qui a fait que Russell est boiteux maintenant.

Et bien, fit Etta, je ne sais pas si tu me veux comme animal de compagnie ou si tu attends de me dévorer pendant mon sommeil, mais puisque tu es encore là, je peux aussi bien te donner un nom. Le coyote suivait deux pas derrière elle. Elle l’entendait sans le voir. On t’appellera James. Ils poursuivirent leur route. (p.68)

La marcheuse fait les manchettes  parce que les médias et les journalistes s’emparent de son histoire et la livrent à tout le monde, elle qui ne voulait déranger personne et passer inaperçue. C’est comme ça de nos jours. Comment réaliser certaines choses sans avoir la présence des caméras et des photographes ? Le privé devient de plus en plus public.
Elle fait la Une et une foule de curieux la suivent et l’attendent. Otto achète des centaines d’exemplaires de ces journaux et commence à bricoler des animaux avec du papier et de la colle. Comme s’il se servait de l’aventure de sa femme pour inventer une animalerie qui attire les familles des alentours et fait de lui une vedette que les gens veulent rencontrer et aider. Otto se hisse ainsi au rang d’Etta pour être digne d’elle et de son retour.

Et Otto ne dormait pas et créait, créait. Une chouette, un moineau, un narval, un gaufre brun, deux ratons laveurs, un renard, une oie, un écureuil, un serpent à sonnette, un bison qui lui des nuits et des nuits, un lynx, une poule, un coyote, un loup, une ribambelle de toutes petites et délicates sauterelles. (p.244)

J’ai retrouvé dans ce roman la fraîcheur et le merveilleux des contes qui vous happent complètement et vous subjuguent.
Impossible non plus de s’éloigner de ce monde qu’Emma Hooper crée dans des dialogues qui semblent échapper à l’histoire pour avoir une vie autonome et vous pousser dans une autre dimension. C’est ravissant. Une sorte de partition qui fait songer à un air de violon ou de piano qui vous fait sourire et être parfaitement bien. Emma Hooper nous entraîne dans une symphonie minimale, une musique à la Philip Glass qui finit par vous subjuguer. Je suis maintenant un lecteur inconditionnel de cette jeune écrivaine et je suis prêt à la suivre dans toutes les inventions de son imaginaire, même à traverser le Canada à pied pour l’écouter me raconter la plus folle des histoires.  


ETTA ET OTTO (et Russel et James), ROMAN de EMMA HOOPER publié aux ÉDITIONS ALTO, 2019, 408 pages, 17,95 $.




mardi 2 avril 2019

LA MORT NOUS COUPE DE TOUT

JOSÉE BILODEAU, dans Au milieu des vivants, aborde un sujet qui nous touche tous, qu’on le veuille ou non. La mort. Pas la sienne qu’on tente de repousser le plus loin possible et de biffer de nos pensées, mais celle d’un compagnon qui était le soleil autour duquel la narratrice gravitait. Un coup de vent, une neige nouvelle, un claquement des doigts et l’homme de tous ses désirs flanche à l’urgence, à l’hôpital où on est censé sauver tout le monde. Le cœur. Véritable coup de couteau entre les omoplates, la femme n’arrive pas à comprendre, foudroyée par la douleur. Comment peut-elle respirer encore, habiter un corps qui ne sait plus rien de la vie ?

Peut-on s’habituer à l’absence de l’être aimé ? J’allais écrire à la réalité de la tragédie qu’est la mort. Il faut certainement parler du vide terrible que creuse cette disparition, de l’hébétude qui se niche dans la tête quand cela vous heurte, de façon subite ou après une longue maladie. Cet autre, cette présence, ce regard qui vous permet d’avancer à peu près correctement dans les rues du jour, n’est plus. La mort d’un frère, d’une sœur, du père ou de la mère, c’est être amputé d’un grand bout de son histoire, de sa propre conscience. Tous ces amis qui vous accompagnent pendant des années et qui brusquement, un matin, sont aspirés hors du temps. Et l’après, ce proche devenu un corps étranger flottant dans l’indifférence.
J’ai affronté souvent la mort. L’impression qu’une fatalité frappait aveuglément à gauche et à droite dans ma famille. Comme si elle m’arrachait un pan de mon âme et que j’étais privé d’une partie de mon vécu, éloigné des chemins que je fréquentais.
La mort, on peut arriver à l’apprivoiser quand la maladie pousse vers ce saut inéluctable, mais il y a la fin que personne ne prévoit. Cet homme si présent il y a quelques heures à peine et qui disparaît dans le claquement d’une porte.

BASCULE

Une seconde, le temps d’un soupir et l’univers bascule. L’amoureux n’est plus, ne reviendra jamais et c’est la dérive sans aucune chance de s’accrocher à quoi que ce soit.

J’apprends sa mort brutale un soir de décembre. La première tempête de l’hiver a transformé le paysage, les voitures ensevelies. Pas un chien ne traîne dans la rue, les bruits de la ville sont étouffés par la neige dans la nuit qui tombe. Tout est si blanc déjà. (p.13)

Tout s’arrête dans la ville et c’est comme si la narratrice était poussée à l’écart. La Terre cesse de tourner et l’air manque. Le jour, lui enlève son homme et ces instants privilégiés, la prive de ses regards, de ses gestes et de ses mots. Pas un cri ne peut changer cette réalité, pas une larme ne peut provoquer le retour en arrière. Le monde s’écroule. Comment respirer encore, demeurer debout dans les abîmes du jour ? Un trou noir l’aspire, lui arrache la peau du cœur et de l’âme.
Que faire avec son corps, cette mécanique souffrante, cette apparence de femme qui va au bout de son souffle ? Celui qui l’animait, la réveillait, la stimulait, la caressait et la faisait se sentir si vivante n’est plus, ne reviendra pas, ne lui montrera plus jamais qu’elle est belle quand il la découvrait avec ses mains.

Le monde, désormais, n’a plus la même texture. Les gens, les repas, les heures sont de papier sablé. Une guerre éclate et je frémis à peine. Je ne sais plus lire ; tout m’est opaque. Les jours passent sans me toucher. L’hiver, le printemps n’arrivent plus à m’émouvoir. (p.17)

Comment s’accrocher à des mots et avancer sur les chemins du quotidien ? Quels bouts de phrases peuvent apaiser la douleur, l’absence, l’amputation de l’être ? Comment écrire ce qui étouffe, broie la poitrine, vous abandonne dans les murmures d’une résidence mortuaire où la famille ne sait plus où se tenir. Que faire devant ce corps fossilisé, cet étranger maquillé et méconnaissable ? Quelle mutation les responsables ont imposée à cet homme si proche et si présent il y a quelques heures à peine ?

SITUATION

Elle était l’étrangère, celle qui menaçait l’équilibre de cette famille, celle qu’il abandonnait souvent, celle du deuxième paragraphe, de l’autre chapitre. Il était le compagnon de cette épouse et le père de ces enfants, elle attendait sa présence, ces éclaircies qui permettaient un bout de chemin ensemble. La maîtresse est privée de tout, même de sa douleur et de ses larmes dans ce lieu funéraire où elle est un fantôme que tous évitent.
Quelques semaines après cette tragédie, n’en pouvant plus, elle s’éloigne de ce décor qui la pousse seconde après seconde vers ce qui ne peut plus être. Elle s’exile pour retrouver son corps, mettre une distance, respirer mieux peut-être.

Il existe au Mexique des fils apparents et des passeurs pour l’autre rive. La mort, là-bas, a quelques visages auxquels on peut s’adresser, la Catrina, la Santa Muerte, la Pelona. Les Mexicains célèbrent leurs morts — avec respect, avec excès, avec joie. Ils leur dressent des autels magnifiques pour partager encore un repas, boire un autre verre avec eux. (p.21)

Une réfugiée de l’amour, une convalescence pour donner du temps à son corps et peut-être apprivoiser ce moment qui l’a foudroyée. Revenir en elle, se tenir la tête hors de la douleur, respirer dans le chaud du monde.

IMPUISSANCE

Nous sommes si gauches avec nos disparus, ne savons plus comment nous en séparer, quoi dire depuis que les rites de la religion catholique sont devenus désuets. Et quand on les sort des boules à mites, ces formules, elles sonnent si creux. Je l’ai vécu récemment lors du décès de mon neveu. Des textes répétés machinalement, des mots qui roulent comme des billes sur un plancher de bois franc. Des phrases qui ne touchent plus personne. Et que faire de celui qui entreprend le voyage sans retour ? Les cendres dispersées à tous les vents pour ne plus jamais y penser, annihiler une présence dérangeante. Ou encore ces salons dans les funérariums, ce mur qui ressemble aux casiers de la poste que jamais personne ne viendra ouvrir. Tout pour éviter les cimetières, le recueillement, la méditation devant une pierre tombale où un nom résiste aux intempéries, entre deux dates qui coincent une existence, compresse une vie longue ou courte.
Les heures font leur chemin. Le corps se faufile dans les méandres du jour. Peu à peu, la narratrice retrouve le petit espace de son être et peut se tenir droite après un séjour dans ce pays du Mexique où la mort est une fête, où l’on invite « les morts à table » pour paraphraser Léo Ferré. Il faut bien revenir à soi un jour, rentrer à la maison, reprendre sa place, parcourir sa rue et retourner au travail.

Je pense à la vie qui m’attend, aux espérances si élevées des gens, aux souvenirs partagés qui forment la texture du temps. Je pense à ses cendres qui virevoltent quelque part loin d’ici, mêlées aux feuilles mortes, aux tourbillons de poussière, éparpillées dans le bruissement des arbres et le chant des oiseaux. Nos secrets n’habitent qu’en moi. D’en être la seule dépositaire les rend moins réels et plus blessants. Je ne sais pas où vont les sentiments des morts, ni leur mémoire, s’ils n’existent que dans l’esprit de ceux qui restent derrière, déformés et grotesques. Je suis fatiguée. (p.113)

Josée Bilodeau nous fait vivre un voyage dans le pays du deuil et de la perte, d’un amour kidnappé en plein jour, dans la beauté d’une première neige. Que dire devant un tel récit, sinon se recueillir et baisser la tête. Les mots peuvent si peu quand la mort frappe autour de vous. Réfugiée du silence, l’écrivaine retrouve le souffle pour continuer son métier de femme. La vie est plus forte que tout, nous le savons et nous devons secouer des souvenirs qui deviennent flous, hésitants avant de n’être plus qu’une photo ou une lettre qui jaunit. Nous semons des artéfacts qui s’éloignent peu à peu de leur signification et il faut certainement cela pour s’avancer à son tour vers le dernier rendez-vous.

Je fais toujours ce rêve. Il vente à écorner les bœufs. Je marche en tenant fermement contre moi son urne funéraire. Arrivée au bord d’une falaise, j’ouvre l’urne et l’offre au vent. Nos secrets s’éparpillent, se transforment en flocons fous dans lesquels les oiseaux se perdent. Ils vont un à un s’écraser sur le roc de la falaise. (p.139)

Une bourrasque, un souffle, des souvenirs qui s’effacent peu à peu et le chemin se replie derrière et devant. C’est la vie, le temps des terribles expériences. Nous ne pourrons jamais gagner sur cet adversaire qui vous guette dans l’ombre. C’est la tragédie du vivant et sa fascinante beauté. Josée Bilodeau est poignante dans ces pages lues tout doucement, avec dévotion pour communier je dirais avec cette douleur, ce courage patient qui la pousse à réinventer ses jours. Elle m’a fait me retourner vers mes morts si nombreux qui viennent me visiter parfois, dans un matin de grands vents, quand les pensées bondissent dans toutes les directions avec les corneilles qui se plaignent de la longueur des heures. Un récit, des confidences, une entreprise de survie, une avalanche devant la perte et l’absence. Toute cette souffrance qui noie le cœur et l’âme. Un texte bouleversant, nécessaire. Oui.


AU MILIEU DES VIVANTS, ROMAN de JOSÉE BILODEAU publié aux ÉDITIONS HAMAC, 2019, 150 pages, 17,95 $.
  

https://www.hamac.qc.ca/

mardi 26 mars 2019

DONALD ALARIE EXPLORE SA VILLE

DONALD ALARIE, depuis son entrée en littérature, reste fidèle à la poésie tout en faisant des incursions du côté du roman, de la nouvelle et du récit. Il partage ainsi sa passion pour les mots entre plusieurs genres et, il faut le préciser, pour l’avoir suivi depuis 1980, ses débuts presque, il excelle en tout. Je ne sais comment, j’ai mis la main sur l’une de ses publications. Un hasard, une attirance pour un titre, les chemins de la lecture sont souvent étranges. Arpenteur du quotidien est son dixième ou onzième recueil de poésie à paraître aux Écrits des forges, maison fondée par le regretté Gatien Lapointe, un homme qui a marqué l’imaginaire avec son Ode au Saint-Laurent, ce long texte qui nous donnait le pays dans toutes ses grandeurs. « J’ai pris souffle dans le limon du fleuve » me résonne encore dans la tête et c’est certainement une découverte qui m’a poussé vers la publication de L’Octobre des Indiens.

Arpenter, dans le sens d’explorer un endroit pour en connaître la topographie, le relief et peut-être aussi pour s’y retrouver dans toutes les dimensions de son esprit. Un homme sillonne la ville, un parc en particulier, les rues chaque jour, devenant une ombre que plus personne ne remarque, un marcheur qu’on ne voit plus. Donald Alarie, pourtant, vibre, entend, surveille les lieux et les gens qu’il rencontre.

Le passant se console avec des miettes de rêves qui nourrissent sa flânerie.

Quelques souvenirs lui allègent le cœur, l’aident habituellement à traverser les saisons moins fraternelles sans trop balbutier.

Un banc public devient pour lui un havre de paix où se reposer.

Le vent dans les arbres ne le déçoit pas. (p.11)


Le point de vue de ce poème témoigne de la démarche de Donald Alarie. Le marcheur devient objet d’attention et sujet d’exploration. Ce n’est pas seulement la ville que nous allons découvrir par les yeux du narrateur, mais surtout ce que l’homme en mouvement ressent, ce qu’il éprouve et ce qu’un événement ou une rencontre provoque en lui. Les arbres, le vent, la pluie viennent le surprendre, permettent la montée des rêves et des souvenirs. Comme si quelqu’un surveillait le marcheur, parvenait à entendre ses pensées et ses réflexions.

EXPLORATEUR

Et le voilà qui part beau temps mauvais temps pour prendre le pouls de la ville et peut-être aussi surprendre les agitations des femmes et des hommes qui tournent dans leurs activités ou qui luttent avec le temps qui file. Il se tient en marge et n’a plus à courir du matin au soir pour « gagner sa vie ». Que je déteste cette expression. J’ai toujours eu du mal à penser que l’on devait gagner sa vie quand il suffit de la vivre tout simplement. Comme si respirer se calculait au montant d’argent que nous recevons pour effectuer un travail.
Et le voilà dans le vaste monde qui prend la dimension d’une ville. Les trottoirs usés par toutes les courses des humains le portent, les bruits connus et parfois exécrables, les édifices, les restaurants et les commerces. Le promeneur mesure le jour. Il est celui qui vient, celui qui va, celui qui voyage dans sa tête et traverse les rues pour mieux se surprendre.

De l’autocar tout neuf, descendent des marcheurs hésitants.

Des regards fatigués, devenus tout à coup presque joyeux, persistent malgré les tremblements.

Demain, il sera trop tard pour la chasse aux images.

Ils retiennent ce qu’ils peuvent. On ne leur en demande pas plus.

Le passé est sur le point de se déliter.

Le futur ne tient plus qu’à un fil. (p.21)

Des gens âgés descendent péniblement d’un autobus et cette scène anodine devient une aquarelle. Le passant baisse la tête pour revenir à soi, tenter de cerner ce qu’est la vie, le temps qui bondit, nous emporte et s’avère impitoyable pour tous. Des voyageurs s’accrochent à des sourires, au groupe pour voir si le corps peut encore suivre dans un moment d’oubli et effacer les marques qui font plier l’échine.
Notre arpenteur circule bien plus dans ses réflexions que dans la ville qu’il ne quitte guère. Ce n’est pas un marcheur qui recherche le bout de soi, carbure aux exploits qui permettent de gravir une montagne ou traverser des parcs sauvages. Il aime ses habitudes, a ses endroits de prédilection pour faire face à ses pensées et ses questionnements pour bousculer les heures qui filent sans jamais réussir à le retenir. Il va et vient, solitaire et silencieux, un peu distant, n’étant souvent qu’une oreille ou un regard, toujours à la recherche d’un instant qu’il laisse rebondir dans sa main comme une balle.

Le passant connaît bien le but ultime, mais il préfère l’oublier.

Il dit : je ne sais rien.

Chaque pas est un gain sur l’immobilité. Ça, il le sait.

Chaque pas est comme un mot sur le bout de la langue qui sort enfin au grand jour.

Une petite promenade peut devenir l’occasion d’une phrase, réussie ou même d’un paragraphe lourd de signification. (p.28)

Le passant jongle avec les mots, un bout d’histoire ou encore une image qu’il polit et peut insérer comme une brique dans l’ouvrage qu’il est en train de mijoter. Ce peut être une nouvelle ou une scène d’un roman. Les écrivains sont souvent des marcheurs qui vont et viennent dans des lieux familiers et dans leur texte. Il faut arpenter des phrases pour battre la cadence, garder le rythme qui permet de s’avancer dans l’espace d’un poème ou rencontrer un personnage. Tout comme le musicien qui accorde son instrument avant de se lancer dans l’interprétation d’une pièce de Debussy.
Je ne fais pas autrement quand je perds la route ou n’arrive plus à secouer le mot juste. Je pars souvent courir, skier ou marcher, pédaler l’été dans le parc de pointe Taillon et je trouve immanquablement la petite fenêtre, la porte par laquelle me faufiler.
Je pense à Gaston Miron qui « ruminait ses poèmes » et les reprenait sans cesse afin de les peaufiner jusqu’à ce que ça sonne parfaitement à l’oreille. Gilbert Langevin ne faisait pas autrement et savait ses poèmes par cœur et pouvait les réciter sans rien oublier. Il possédait une mémoire phénoménale que je lui enviais. Il faut le voir dans Paroles du Québec, émission réalisée par Télé-Québec en 1981. Il parle comme ça, naturellement, comme s’il découvrait les mots en même temps qu’il les dit.

EXPLORER

Donald Alarie aime les lieux connus et souvent fréquentés parce qu’ils lui permettent d’explorer les dimensions d’un projet d’écriture. Il lui faut ce mouvement, ce parcours dans la ville pour se rassurer, se retrouver au milieu des mots qu’il surprend comme des pigeons qui tournent sur les pavés, s'envolent pour revenir.

Deux vieillards, canne à la main, pieds fatigués dès le matin, sont prêts malgré tout à vivre jusqu’au soir.

Le parc s’éveille. Le passant s’en réjouit.

Et si ce n’était qu’un rêve ? (p.40)

Je ne sais pourquoi, je pense à Baudelaire, à son poème Une passante. Ce si beau texte que j’ai tenté d’apprendre par cœur sans y parvenir. J’ai une mémoire pleine de trous.

La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet ;

Il va et vient dans l’agitation et les activités de la ville, se retrouve souvent devant un miroir où il surprend un individu qui lui ressemble étrangement.

Marcher est sa façon de commencer le monde. (p.51)

C’est ainsi que j’ai accompagné Donald Alarie dans ses promenades où il mesure le jour dans toute sa largeur et sa hauteur. J’ai tout fait pour ne pas le perturber. Je me suis fait discret, comme son ombre pour le suivre parce qu’il a du souffle et de l’endurance, me faufilant derrière des buissons pour l’entendre respirer et le voir pencher la tête, pour assister au jaillissement de l’écriture, aux oscillations de la pensée et de la réflexion.

Des pages de journal bousculées par le vent. Le monde est un visage froissé qui a mal voyagé.

Les catastrophes en d’autres lieux se multiplient.

La Terre n’est qu’un jouet fragile trop souvent confié à des mains sournoises.

Fermer les yeux n’est d’aucun secours. (p.64)

Et je pars sur mes skis, dévale la dune et glisse dans la blancheur du lac qui me fait toujours penser à une immense page que je dois réécrire sans cesse parce que le vent y efface toutes les empreintes nuit après nuit. C’est le travail de l’écrivain, c’est la tâche de Donald Alarie quand il s’éloigne dans les rues de la ville pour la sentir dans sa tête et dans ses jambes. Nous arpentons tous le quotidien, des lieux, des espaces pour respirer, voir en nous et en extraire des bouts de phrases qu’il faut polir avec la patience de l’orfèvre. Belles promenades avec Donald Alarie, un guide formidable. Des sujets que nous n’arrivons jamais à distancer et qui ne nous laisseront jamais en paix, surtout si on jongle avec les mots et des images qui peuvent muter en poème ou en nouvelles. Une réflexion, bien plus, une méditation sur la vie, la mort, le temps qui file devant soi et les souvenirs qui s’accrochent à nos talons. Une délicatesse, une finesse rare. C'est pourquoi j'aime Donald Alarie.


ARPENTEUR DU QUOTIDIEN, POÉSIE de DONALD ALARIE publiée aux ÉCRITS des FORGES, 2018, 78 pages, 15,00 $.